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Critique de milan


Je viens de finir la lecture de Big Sur et je l'ai rangé avec ce même sentiment qui vous assaille après avoir passé un moment avec un ami, perdu de vue depuis longtemps, qu'on a revu avec grand plaisir, mais qu'on a retrouvé triste, malheureux et qu'on a quitté dans cet état, avec dans le coeur, une mélancolie à l'idée de ne pas pouvoir l'aider. du début jusqu'à la fin de ce récit, celui des quelques semaines passées entre San Francisco et une cabane isolée à Big Sur, Kerouac souffre, il est triste, a des hallucinations, des crises de paranoïa, avec de temps en temps des moments d'apaisement, mais qui ne durent pas longtemps. Alors Kerouac s'encourage, ne veut pas se laisser aller, puis il s'abandonne à ce qu'il a fui au début: l'alcool, et les folles virées. Puis il a des remords, prend la décision de tout changer, tient quelques heures, reboit, et rebelote...le tout avec une générosité sans faille,générosité du coeur et du portefeuille. Les passages où il retrouve Cody (Dean Moriarty), où il repense aux moments passés ensemble sur la route, à leurs discussions et confidences, et où il sent que le temps est passé par là, et que c'est perdu à tout jamais, sont doux-amers. Et la mort, partout, réelle (son chat, une loutre, une souris dans sa cabane), ou imaginée, hallucinée, avec ses acolytes: angoisse, terreur et colère. Et c'est peut être ça le problème: quand on met de côté le très facile:"tout ça c'est à cause de l'alcool", on se dit que cette incroyable acuité, cette formidable conscience de la fatuité de la vie, malgré sa beauté, tout cet éphémère, que ressent Kerouac durant sa jeunesse, et qui ont fait de lui cet écrivain merveilleux, sont justement portés à la jubilation par la force de la jeunesse,encore vierge des sales coups de la vie et des déceptions inévitables, grandes ou insignifiantes. Mais quand on a quarante ans,et qu'en plus on a été happé par un monde de consommation, qui travesti votre oeuvre en marque déposée, et qui vous harcèle, cette prise de conscience de la réalité de la vie devient uniquement douleur. Elle est stérile et ne peut plus vous aider à aller de l'avant, à prendre le monde et les hommes à bras le corps. Fatigué en somme. Mais heureusement, les amis sont là, fidèles, patients, sincères, conscients des problèmes de Kerouac, physiques et métaphysiques. Kerouac est tellement "présent" dans ce livre, presque physiquement qu'on se demande si c'est encore de la littérature, de l'écriture...mais au fond, on s'en fiche: c'est sincère, jusqu'au bout, et c'est beau.
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