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sur 612 notes
Quel beau titre onirique pour qualifier ces Fous du Zen, sur un fond de « Everybody's Got A Home But Me », de Roy Hamilton ! C'est l'histoire de ces jeunes adultes marginaux de l'Amérique des années 1950, un peu « artistes », qui ne se retrouvent pas dans l'american way of life du « toujours plus de travail pour avoir une maison avec télé et famille ». Ils partent du constat que les travailleurs ne profitent pas de ce qu'ils ont amassés, tant l'abrutissement du travail les occupe sur le moment et les fatigue pour leur temps libre, les enfermant dans une prison d'obligations et de pensées, parfois dorée, ou parfois même pas.


Ces jeunes rêvent de liberté, même si elle est synonyme de moins de confort et de conformisme. Ils la cherchent d'abord dans leur tête, puis dans leur corps, l'un n'allant pas sans l'autre. Ils pratiquent la méditation pour la première, les voyages ou le vagabondage pour la seconde. Sensible à la poésie japonaise, qu'ils étudient, ils s'instruisent aussi de préceptes bouddhistes qu'ils adaptent et appliquent à leur vie, tentant d'atteindre le Nirvana.


Parfois incompris de leurs familles, souvent admirés des étudiants et des artistes pour leur vie hors norme et leur absence de cadre, ces vagabonds bohèmes préfèrent barouder sur les routes, auto-stoppeurs ou clandestins d'un train de marchandises, cherchant des enseignements dans l'aventure, s'installant chez les uns ou les autres rencontrés au gré de leurs périples ; distillant leur philosophies entre eux, ou à toute cantonade qui veut bien les écouter un instant, entre deux petits boulots alimentaires, ou des nuits d'ivresse et d'orgie destinées à se libérer des conventions.
Plus ou moins méditatifs, plus ou moins actifs, ils pensent parfois à tout plaquer pour s'installer, avoir un chez soi stable et confortable ; Mais toujours cette nostalgie de la solitude disparaît face au couperet des chaînes du conformisme, et à leur recherche d'un sens à la Vie.


***

L'idée et les personnages sont intéressants. Mais ils auraient pu l'être beaucoup plus si l'auteur avait fait l'effort d'initier son lecteur à leur philosophie. Au lieu de ça, nous prenons l'histoire de Ray littéralement en cours de route (sur un train de marchandise), entre deux auto-stop : Il a déjà acquis son style de philosophie et de méditation, qui consiste à dire que de toute façon, tout est « vide ». Ce concept sera survolé, mais jamais vraiment expliqué. Aussi je n'ai jamais pu vraiment intégrer la psychologie du personnage. Son discours et sa quête spirituelle me sont demeurés abstraits, étrangers voire artificiels et, pour le coup, vide… de sens. « Tout est vide », oui, certes. Mais ce vide a fait manqué d'épaisseur à ma lecture, il m'a laissé à la surface, dans un flou plus superficiel qu'artistique.


Je voulais me nourrir de sa spiritualité, ou en tout cas de sa recherche. Je me suis sentie flouée, apercevant où l'on allait, sans jamais pouvoir réellement comprendre en profondeur le propos, ni donc le vivre avec le personnage. Je suis restée à l'extérieur. Et pour un lecteur, ce n'est pas une sensation agréable. Au lieu de pénétrer profondément les pensées ou la méditation du personnage, comme dans d'autres lectures, j'ai eu l'impression que l'auteur m'abandonnait en bord de route, moi aussi ; Mais pas comme s'il voulait que j'apprenne par moi-même, plutôt comme si lui-même ne savait pas décrire l'état de son personnage, et donc peut-être racontait quelque chose qu'il n'avait pas lui-même approché d'assez près. Alors qu'en réalité, il semble avoir baigné dans ce milieu.


Par son récit, Kerouac m'aura au moins fait toucher du doigt l'existence de cette « beat generation » : pauvre mais joyeuse, dont il a fait partie intégrante, et qu'il nous livre à travers : ses questionnements de la société de consommation, son inspiration des grands espaces, sa quête de spiritualité presque chamanique. Tous les prémices de mai 68 sont là, la liberté sexuelle est déjà sous-jacente. L'écriture est fluide et les personnages originaux, attachants malgré tout. Je regrette d'être passée un peu à côté de ce qui aurait pu être une belle aventure. Mais je repartirai quand même bientôt « Sur la route » avec Kerouac, par curiosité et pour être sûre de ce à côté de quoi je suis passée. Bien à vous, beat babéliotes !
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Les clochards célestes m'a réconcilié (un peu) avec Jack Kerouac. Il y a quelques années, j'ai lu Sur la route et j'en avais été extrêmemnt déçu. Quoi ? Toute cette histoire avec un type qui passe son temps à traverser l'immensité des Etats-Unis pour de disputer et se remettre de ses cuites ? Quand l'argent vient à manquer, on retourne chez les siens de la côte est ; quand l'ennui devient trop pesant, on donne rendez-vous à ses amis en Californie. Et on recommence ! Encore et encore !

Les clochards célestes, ce n'est pas la grande révélation non plus, mais il offre quelque chose de plus, une dimension spirituelle qui manquait terriblement dans d'autres romans de Kerouac. D'abord, ses voyages périlleux sur les trains, ses rencontres avec d'autres aventuriers, des clochards comme le petit vieux de sainte Thérèse, oui, mais aussi de jeunes paumés qui cherchent une façon économique de découvrir le monde et des maitres spirituels. Par exemple, Japhy Ryder, le maitre à penser du narrateur. Grand orientaliste, érudit, spécialiste en anthropologie et en mythologie indienne, professeur de chinois et de japonais et, surtout, adepte de bouddhisme zen. Ouf ! La sagesse incarnée ? Surtout qu'il délaisse le monde matériel pour vivre dans une petite cahute.

Ensemble, et parfois avec d'autres amis, ils se promènent en Californie, font des randonnées en montagne jusqu'en Oregon et dans l'état de Washington. « […] le cran, l'endurance, la sueur et maintenant ce chant d'un humanité déboussolée c'était comme de la crème fouettée sur une pièce montée. » (p. 131) Voir Kerouac parler de karma au lieu de beuveries et d'errements était effectivement déboussolant mais agréable. Mais il ne faut pas croire qu'on lit un roman initiatique, trop philosophique et ésotérique, à saveur orientale. On croise des gens ordinaire, comme la jolie Rosie, le menuisier Sean Monahan et d'autres jeunes amis.

Mais on est de la Beat Generation ou on ne l'est pas. Et Kerouac l'est. Entre ses escapades avec Japhy, le narrateur retrouve ses amis, la musique, la danse, les divertissements. Cette vie parfois vide de sens (ou en quête de sens) était constamment entrecoupée de questions parfois existencielles, oui, mais parfois plus simple. La recherche du bonheur ne devrait être réservée à une seule bande de mystiques, d'élus illuminés. Donc, cette fois-ci, j'étais capable de supporter Kerouac. Suis-je en train de peut-être commencer à l'apprécier à sa juste valeur ? À suivre…
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Je n'avais encore rien lu de Kerouac.
Voilà un livre qui appelle aux voyages, à la communion avec la nature qui nous entoure, presque un retour aux premiers temps, où l'homme se contentait de ce qu'il trouvait sur place. Ses descriptions de ballades en montagne sont très réalistes. C'est un livre emplit de fraîcheur, où l'homme se retrouve dépouillé de tous ses artifices qu'il s'impose, ou que la société qu'il a crée lui impose.
En tous les cas, c'est pour moi, une heureuse découverte. Et hop! mon sac à dos.
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Avec « les clochards célestes », Kerouac a nous certainement offert son plus beau roman. Selon moi, supérieur même à « La route » qui a pourtant fait son succès planétaire. Quel bonheur en effet de retrouver la fraicheur des premiers instants de la beat génération. Quelle liberté, quelle liberté profonde… ! La vie s'égrainait en poèmes et en déclamations, en odes à la nature, et en beuveries joyeuses. le personnage de Japhy (Garry Snyder) donne toute sa force au roman. C'est lui qui le premier redécouvre les maitres du T'chan, emprunte à leurs folies, poursuit leurs contemplations. Lui, qui prend le large, comme appelé par l'autre rive ; et qui part déjà…
Merci Jack.
Merci Garry.
Merveilleux fous du Zen…
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C'est bien dans ce livre où l'auteur décide d'effectuer une randonnée sur plusieurs jours, de gravir une haute montagne pour se sentir en etroite communion avec la nature, en pleine contemplation ? C'est jusqu'à présent mon Kerouac préféré ! Je m'identifie pleinement, pour autant que je me souvienne du récit. Les déviances, les débauches de toutes sortes ne sont pas à opposer à la quête d'une nature originelle, mais au contraire servent à en potentialiser les effets. le but ultime pour Kerouac est de s'échapper des contingences et du conformisme. Fait-il référence à Thoreau ? Je ne m'en souvient plus. Difficile d'aller jusqu'au bout de choix aussi radicaux. Snyder, Brautigan, Kaufmann mourront de leurs dissidence anti-conformiste, persuadés que la vérité se trouve ailleurs que dans la consommation et la télé. Il est des quêtes dont on ne sort pas indemme et une fois le point-limite franchi, pas de retour en arrière possible. Un jour j'atteindrai peut-être ce point.

Juste un petit apparté : les auteurs de la Beat generation ont parfois pu être comparés au Taoïstes, notamment les 7 sages de la Forêt de bambous qui, pour manifester leur désaccord avec le pouvoir central, d'obédience confucéenne, se sont réfugiés dans cette forêt pour écrire leur ressenti. Un peu à la manière des poètes Beat qui ont choisi le non-conformisme face au matérialisme de la société americaine. Comme quoi tout se rejoint. Et il n'est pas étonnant que le Zen ou le Tao accompagnent les turpitudes des Beat.
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Que les fans de Jack Kerouak me pardonnent deux choses:
-La première, mais là c'est réparé : je n'avais jamais lu de roman de ce grand écrivain ...
-La deuxième, plus difficile à avouer : je me suis demandée assez longtemps si c'était du premier ou du second degré .
C'est d'abord par méconnaissance de ce mouvement littéraire et artistique des années 1950 aux Etats Unis et de ses protagonistes comme Gary Snider.
Je connaissais, bien sur, le mouvement "Beat génération "mais sans le relier au bouddhisme Zen.
D'ailleurs, j'ai eu une certaine difficulté à trouver l'esprit du bouddhisme dans les moeurs sexuelles fort libérées de ces jeunes gens qui refusent toute convention et où l'alcool et la drogue semblent également un principe de base !
On est loin de la sagesse et de la réserve du moine Matthieu Ricard ...

Seul ce besoin de grands espaces, de nature sauvage parait propice à la méditation, à l'évasion mais lors de leurs randonnées dans les montagnes nos lascars partent en espadrilles, sans sac de couchage loin des préceptes de base de tout montagnard !

On peut envier, bien sûr, cette façon de penser et de vivre, détachée des boulets que l'on traine quotidiennement , des contingences matérielles , cette liberté en dehors de toute obligation morale : c'est bien ce qui a entrainé une partie de la génération suivante dans le mouvement hippie mais pour moi cette lecture arrive beaucoup trop tard dans mon cheminement idéologique !
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C'est une maison bleue
Adossée à la colline
On y vient à pied
On ne frappe pas
Ceux qui vivent là
Ont jeté la clé
On se retrouve ensemble
Après des années de route
Et on vient s'asseoir
Autour du repas
Tout le monde est là
À cinq heures du soir

San Francisco - Maxime le Forestier.

Tout l'univers de la beat generation. Les filles portent des bottes en caoutchouc et des manteaux tibétains à boutons de bois. Les garçons sont tous un peu poètes, composent des Haïkus et s'adonnent à la méditation. On se déplace en auto-stop ou l'on saute sur la plateforme des trains de marchandises. le soir, dans les appartements, on pose des foulards rouges sur les lampes et on sort les guitares, on boit, on fume et on refait le monde. Notre sac à dos est toujours prêt, on déroule une natte de paille sous un arbre, on allume un feu de camp, on nage dans les rivières, on boit du lait de chèvre, on fait des bouquets de fleurs. On refuse de travailler et de consommer et c'est sur la route qu'on est dans son élément.
C'est ainsi que va la vie de ces clochards célestes, adeptes avant l'heure du minimalisme et de la sobriété heureuse.

A courir du Pacifique à l'Inde, on voulait quoi?
On voyait partout des sardines
Alignées dans de l'huile de moteurs.
Fallait donc qu'on couse à nos Jean's
Des fils de couleurs.
On était nés sur des ruines.
The times were changing.
On pouvait planter des fleurs.
On voulait juste des jours meilleurs,
Juste des jours meilleurs.

Les jours meilleurs - Maxime le Forestier.

Challenge Multi-Défis 2022.
Challenge ABC 2021-2022.
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Je relie Kerouac à ma jeunesse, à ma spiritualité d'alors de catholique libertaire, au stop, aux routes que nous tentions de prendre comme nos héros tutélaire de sur la route ou des clochards céleste en écoutant du Doors.
40 ans plus tard, après un certain nombre de boire et déboire avec retour, de chutes et de rebonds, d'un monde aujourd'hui fonçant tête baissée vers une morale simpliste en lieu et place de toutes pensées humaines complexe, sociale, politique ou - intimité des intimité - spirituel, je garde de ce roman l'image d'un miroir aux alouette.
Il fut libre en son temps, je l'ai lu 20 ans après son écriture et j'y repense 60 ans plus tard. Je connais la biographie de monsieur Kerouac, filialement il me reste le goût amer d'une impasse qu'il fallait visiter.
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Cocktail alléchant: montagnes et forêts, poésie et zen. Franchement, que demander de plus ?

Quelques années après « sur la route », Kerouac est devenu un clochard céleste, parmi d'autres poètes, imitant les pèlerins chinois et japonais, fous de Zen, de poésie et d'estampes, qui sillonnaient aux siècles passés les montagnes de monastères en monastères, et affrontaient les éléments et les brigands.

C'est truffé de références au bouddhisme et au zen (soutra du diamant, philosophie du Vide chère au zen, koan célèbre de la maison en proie aux flammes, entre autre), et peut paraitre obscur ou abscons au lecteur qui ne s'intéresse pas à ce sujet.

Même si politiquement je comprends le propos de l'auteur et le rejoins tout à fait dans sa dénonciation du « travailler pour consommer », je suis plus réservée au niveau littéraire. On ne retrouve pas ici la fougue, la spontanéité, la magie que « sur la route ». le texte est moins pétulant, moins direct, plus « travaillé ».
Poids des années, probablement, que certains appellent maturité ou sagesse … ou aigreur, c'est selon …
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La Californie à l'heure de la philosophie zen.

La méditation zen et le retour aux sources auprès d'une nature des plus sauvage, le vagabondage dans les coins les plus sordides des Etats-Unis aux "parties" sans fin de la "beat generation", cet ouvrage de Jack Kerouac nous mène à la suite de Ray, un garçon un peu paumé, à la recherche d'un peu de sens dans ce monde trop conformiste.
Dans cette petite société à la marge, nous rencontrons des gens originaux, adeptes de la contre-culture, entre phases de profondes introspections et d'interrogations collectives débridées.
Petit roman sensible aux personnages attachants.
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