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Pierre Guglielmina (Traducteur)
EAN : 9782073017697
240 pages
Gallimard (12/10/2023)
3.75/5   69 notes
Résumé :
Bien avant de devenir célèbre avec la publication de Sur la route, avant même de publier The Town and the City (qui allait être son premier roman officiel), Jack Kerouac était marin. L'Océan est mon frère, resté jusqu'ici inédit, est le fruit de cette histoire d'amour avec l'océan.
C'est le récit des aventures et fortunes diverses de Wesley Martin, marin solitaire et taciturne, qui voue à l'océan « un amour unique et étrange », et de Bill Everhart, intellect... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (17) Voir plus Ajouter une critique
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Il s'agit du premier roman écrit par mon beau Jack (oui, c'est ainsi que je pense à lui) en 1943, mais qui n'a été publié en France qu'en 2022.
Kerouac y raconte Wesley, un marin à terre dans la chaleur de l'été 42 à New York. Un soir de beuverie, il rencontre un groupe de jeunes zazous américains, et l'un d'eux, Bill, décide de quitter son poste de professeur de littérature à Columbia pour embarquer avec lui sur un cargo à destination du Groenland, ou de l'URSS peut-être.

J'avoue : ça a mal commencé. J'ai trouvé l'écriture lourde et gourde pendant la première partie du récit (à terre). Certains effets de style sont prétentieux et tombent à plat. Mais Jack avait alors 21 ans lorsqu'il a écrit ce roman, donc il mérite l'indulgence, même si ses personnages sont poussifs , bavards, et d'une exubérance épuisante.
Dans la deuxième partie (sur mer), ça s'améliore. Comme si Kerouac se retrouvait dans son élément et libérait son écriture (ce livre a d'ailleurs été rédigé sur un navire, alors qu'il était marin). J'ai retrouvé avec émotion les doutes et interrogations existentiels qui le traversaient déjà, sa poésie éthérée et son sentimentalisme un peu farouche, sa fascination pour l'évasion, la liberté, les expériences nouvelles. Mais j'ai également été surprise de découvrir autant d'évocations politiques et une telle apologie de la solidarité ; je n'ai pas souvenir qu'il aborde ces thématiques dans ses romans suivants.
Kerouac n'était pas satisfait de ce récit, qu'il n'a jamais achevé -ni publié, donc. Pourtant, je le trouve finalement bien. Il a une forme de candeur et une générosité rafraichissantes et touchantes. Il écrit déjà avec son coeur -et ça me fait fondre, malgré ses maladresses de débutant.

C'est donc une lecture étonnante et attachante pour les fans du beau Jack, à ne pas rater pour apprécier l'évolution de son style et de sa maîtrise narrative.
Même quand il est moins bon, il reste admirable... (soupir)
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Comme quoi ! Je vais avoir un point commun avec l'auteur, je ne vais pas être sympa (il a été sévère avec son propre texte, elle le laissant au grenier - où il aurait dû resté !). On croit lire le grand Jack Kerouac, et on découvre qu'il s'agit de son tout premier roman, inachevé en plus, sorte de brouillon de "Sur la route". Peut-être plus autobiographique ici : il a été cet universitaire, dans une vie rangée, qui décide de devenir marin (sur un navire marchand après avoir rencontré un autre marin amoureux de l'océan bien plus que de sa propre femme). On retrouve les thèmes chers à J. Kerouac et qui ont fait de cet auteur le symbole de la liberté et des grands espaces. En attendant, ici, à part quelques dialogues anti-conformistes, la globalité se concentre autour de bières : ça picole ! Bref, sans grand intérêt. Heureusement, il s'agit là du brouillon, préparant le chef d'oeuvre qu'on connait. Déçu donc vous l'aurez compris.
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D'origine canadienne, Jean-Louis Kérouac ou Jean-Louis Lebris de Kérouac dit Jack Kerouac (1922-1969), est un écrivain et poète américain. Les oeuvres les plus connues de Kerouac, Sur la route (considéré comme le manifeste de la Beat Generation), Les Clochards célestes, Big Sur ou le Vagabond solitaire, narrent de manière romancée ses voyages à travers les Etats-Unis. L'Océan est mon frère qui vient de paraître, est un roman inachevé (1942) et inédit de l'écrivain.
Wesley Martin, jeune marin a déjà beaucoup roulé sa bosse, que ce soit sur terre à travers les Etats-Unis ou sur mer aux quatre coins du monde depuis une dizaine d'années. Actuellement à New York, il profite de cette pause pour boire des bières et prendre du bon temps. Dans un bar il fait la connaissance d'un groupe d'amis et il va se lier avec Bill Everhart, enseignant à Columbia. Nuit bien arrosée, discussions passionnées et Bill de prendre conscience de sa condition, une petite vie étriquée entre son père impotent et le couple de sa soeur. Wesley lui semble une révélation, lui l'homme libre avec un esprit de pionnier. Sur un coup de tête il décide de quitter son job universitaire pour s'engager dans la marine marchande aux côtés de Wesley…
La première précision qui s'impose : oui, il s'agit d'un inédit, oui, il s'agit de plus du premier roman écrit par Kerouac et oui, encore, il est inachevé, mais contrairement à ce qu'on pourrait craindre et qu'on a pu constater dans d'autres cas similaires, c'est un très bon roman ! Même la notion d'inachevé ne prête pas à conséquence, le bouquin tient très bien ainsi et si ce n'était la ponctuation finale et ambigüe […] on peut très bien imaginer qu'il s'achève là.
Le roman n'a rien de maritime puisque tout se déroule avant le départ du navire. Il y est question de politique, la guerre est déclarée, certains des intervenants ont combattu en Espagne contre Franco, résolument antifascistes, d'autres prônent le communisme et voudraient aller en Russie, discussions dans les bars avec le groupe d'amis ou de rencontres. Quand Bill décide de s'engager, les deux compères vont rallier Boston en stop, où ils s'engageront sur un navire marchand participant à l'effort de guerre. Ce voyage « décoiffant » pour Bill jamais sorti de ses bouquins est l'occasion pour les deux hommes d'évoquer leur vie, deux vies bien opposées on s'en doute, ce qui ne fait qu'exciter Bill à muer vers cette fameuse liberté qui n'était qu'un concept intellectuel pour lui jusqu'alors.
Une très belle scène assez émouvante à Boston quand Wesley rencontre impromptu, sa femme Edna. Car notre héros est marié mais l'a larguée comme on largue les amarres, irrésistiblement attiré par l'océan. Edna qui l'aime encore et l'attend.
La fin du roman se passe sur le navire, chacun a un job bien précis à accomplir, puis c'est l'heure du départ, le navire marchand escorté par un destroyer s'élance sur les mers où dans les profondeurs guettent des sous-marins allemands… Des hommes jeunes, plein de vitalité et d'espoirs, affamés de vie, quel sera leur destin ? Honnêtement, je ne vois pas comment le roman aurait pu se terminer autrement.
Si on part du principe que dans un premier roman un écrivain met beaucoup de lui-même, si on compare ce texte avec sa biographie on y trouve de multiples détails qui abondent dans ce sens. On peut même avancer que Wesley et Bill sont deux facettes de Jack.
Vous lirez ce bouquin parce qu'il est bien écrit mais surtout parce qu'il est terriblement frais, il y règne une certaine naïveté et un genre d'optimisme qui font plaisir à rencontrer, une denrée qui semble épuisée de nos jours.

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A New-York, au début des années 40 Wesley, jeune matelot en permission, croise la route d'une bande de jeunes tant idéalistes que fêtards, parmi lequel Bill, professeur à Columbia. Séduit par ce mode de vie aventureux, et un peu désabusé par l'avènement du confort consumériste le jeune professeur de lettres décide de s'engager dans la marine marchande avec son nouvel ami.
« , si tu étais assistant comme moi en littérature anglaise, avec ses chants, ses chants qui ne cesse de répéter : en avant ! En avant ! Et puis que tu jettes un coup d'oeil à ta classe, tu regardes par la fenêtre et ton Amérique est là, tes chants, son du pionnier s'apprêtant à braver l'Ouest - classe entière d'abrutis morts d'ennuis, fenêtre salle donnant sur Broadway et ses boucheries et ses bars et Dieu sait quoi encore. Est-ce que ça veut dire que les frontières vont se situer dans l'imaginaire dorénavant ? »
Direction Boston et c'est parti pour un périple aventureux au cours duquel Nick, se joindra à eux.
C'est le premier livre que je lis de Kerouac et je dois avouer que c'est le format qui a guidé mon choix. le célèbre 'Sur la route' était disponible seulement dans une édition type oeuvres complètes, soit une brique écrite en tout petit et moi je roule à vélo et je suis presbyte.
Je ne le regrette pas, pour un livre écrit dans sa jeunesse, dont l'auteur n'était pas satisfait je dois dire que j'ai été séduite par l'écriture comme par les péripéties.
Il s'agit dun court roman inachevé et publié à titre posthume duquel se dégage une fraîcheur idéaliste et dont la fin s'ouvre sur le début d'une navigation et donc sur l'immensité de l'océan et l'infini des possibles.
«Faire sien l'océan, veiller sur lui, ressasser son âme en lui, l'accepter et l'aimer comme si lui seul comptait et existait !»
J'ai particulièrement aimé suivre les débats d'idées enflammées et avinés de ces marins d'un jour ou bourlingueurs de toujours. La vision théorique de Bill, se confronte à l'expérience de lutte de Nick. La confrontation de l'intellectuel et de l'homme d'action.
«Non, nous ne pouvons rien faire, poursuivit-il. Nous, le troupeau, le peuple, on est là pour être vu, mais pas pour être entendu. Laissons ceux qui ont les poches bien pleines décider des guerres, et nous, on ira les faire et on aimera ça.»
« un soir, on a décidé de partir pour l'Espagne et on est parti. On s'est retrouvé là-bas dans la brigade internationale Abe lincoln [•••] l'Espagne saignée à blanc et le reste du monde qui ne faisait rien. Je suis rentré entier en Amérique et je m'attendais à des feux d'artifice, et qu'est-ce que j'ai vu ? Je te jure, il y avait des Américains qui ne savaient même pas qu'il y avait une guerre. [•••] Ces infâmes fascistes ont eu tout le temps qu'il leur fallait pour se préparer au combat et - qui peut venir le nier aujourd'hui ? - Franco s'est emparé de l'Espagne et personne n'a levé le petit doigt pour protester. Et combien de mes potes ont été tués pour rien ? Ce n'était rien sur le moment, on combattait les fascistes et c'était très bien. Mais maintenant que c'est terminé et qu'on regarde en arrière, on a tous le sentiment d'avoir été une bande de pigeons. Trahis par tous ceux qui auraient pu nous aider, y compris Léon Blum. [•••] Mais ne va pas croire une seconde qu'un seul de nous a jeté l'éponge - plus on se faisait écraser, plus on était trompés, poignardés dans le dos, je te le dis, plus on revenait avec l'envie de se battre et un de ces jours on va rendre la monnaie ... et les républicains espagnols aussi»
« attends ! Je ne suis pas la voix rétrograde qui résonne depuis les pages de l'Ancien testament. Je suis comme toi, je nierai la fragilité humaine aussi longtemps que je vivrai -j'essaierai de guérir la nature humaine dans la tradition du mouvement progressiste. Je ne vois pas d'issue facile et rapide. Je pense que les antifascistes vivent dans cette illusion. Ils pointent le doigt sur le fascisme comme la source de tout mal. Ils pointent le doigt sur tout fasciste bien de chez nous comme étant par nature la source de tout le mal. Ils pensent qu'en détruisant le fascisme ils vont détruire tout le mal dans le monde d'aujourd'hui. Alors qu'ils ne font que détruire, je crois, ce qui est peut-être le dernier grand mal concentré. Une fois détruit, le mal individuel désorganisé sera toujours avec nous... »
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Premier roman de Jack Kerouac, écrit en 1942 alors qu'il n'a que 21 ans. Mis de côté par son auteur, le livre est publié à titre posthume il y a dix ans aux États - Unis et sort maintenant en France à l'occasion du centenaire de sa naissance.

L'océan est mon frère , c'est la rencontre, dans un bar new-yorkais, entre Wesley Martin, marin solitaire, sans attache et peu loquace, et Bill Everhart, assistant de littérature anglaise à l'université Columbia, idéaliste et bavard. L' universitaire, coincé dans une vie un peu étriquée et qui rêve d'« une vie qui ait du sens, avec une impulsion », est fasciné par Wesley et la liberté qu'il incarne et, sur un coup de tête, décide d'embarquer avec lui sur un paquebot de marine marchande en partance pour le Groenland.

Ce récit est visiblement en partie autobiographique puisque Kerouac était étudiant à Columbia et s'est lui-même engagé dans la marine marchande à 20 ans en 1942. le personnage de Bill lui permet d'exposer sa vision sur un certain nombre de sujets, politiques ou sociétaux et celui de Wesley semble incarner ce besoin de liberté, cette envie de fuir et de tailler la route que l'on retrouvera ensuite dans son oeuvre.

J'ai eu un peu de mal à entrer dans le roman avant d'être touchée par ces personnages et l'ambiance assez fraternelle sur le bateau. Je connais très mal Kerouac et ce livre m'a donné envie de le découvrir.
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critiques presse (4)
Telerama
18 décembre 2023
Impeccablement traduit par Pierre Guglielmina, ce livre, commencé en 1942 et demeuré inachevé, est une mine d’informations quant au processus d’accès à la littérature de Kerouac.
Lire la critique sur le site : Telerama
LesInrocks
09 août 2022
Les écrivains, comme tous les artistes, ne sont pas toujours les meilleurs juges de leur propre travail. Parfois trop sévères envers eux-mêmes, ils laissent de côté des pans entiers de leur œuvre. C’est ce qui s’est passé avec L’océan est mon frère, premier roman de Jack Kerouac, écrit en 1942 et mis immédiatement de côté par son auteur.
Lire la critique sur le site : LesInrocks
LeMonde
03 mai 2022
Le jeune écrivain jugea sévèrement – à tort – ce premier roman inspiré par ce choix de vie et par ses tribulations en mer. Et en remisa le manuscrit. Qui fut publié outre-Atlantique à titre posthume, en 2011. Il aura donc fallu plus d’une décennie pour le voir traduit en français. Curieux délai s’agissant d’un auteur considéré comme l’un des plus importants du XXe siècle.
Lire la critique sur le site : LeMonde
LeFigaro
17 mars 2022
L’océan est mon frère, oeuvre inédite de l’écrivain américain, est un roman inachevé, mais parfaitement travaillé, réfléchi.
Lire la critique sur le site : LeFigaro
Citations et extraits (16) Voir plus Ajouter une citation
Cigarette au bec et mains dans les poches de son pantalon, le jeune homme dévala les quelques marches de brique devant l’entrée d’un hôtel sur Broadway, dans le haut de la ville, et prit la direction de Riverside Drive, d’un pas nonchalant, curieusement ralenti. C’était le crépuscule. Les rues chaudes du mois de juillet, voilées par la touffeur qui brouillait les perspectives ordinairement nettes de Broadway, étaient envahies par un véritable spectacle de badauds, de bus, de taxis, de voitures étincelantes, d’étals de marchands des quatre-saisons riches en couleurs, d’épiceries kascher, de marquises de cinéma et des innombrables merveilles com posant l’atmosphère chatoyante de carnaval caractéristique de la rue new-yorkaise au milieu de l’été. Le jeune homme, vêtu simplement d’une chemise blanche, sans cravate, d’une veste en gabardine verte un peu élimée, d’un pantalon noir et de mocassins, s’arrêta devant l’étal d’un marchand des quatre-saisons pour jeter un coup d’œil à la marchandise.
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« - Tu as mené une vie plutôt insouciante, hein ? poursuivit Everhart. Débauche dans les ports et retour en mer. ET pendant ce temps… - Exact. – Tu ne t’es jamais soucié de planter des racines dans la société, je suppose. – Essayé une fois, essayer de planter des racines, comme tu le dis… J’avais une femme, un bébé en route, un boulot stable, on avait une maison. » Wesley s’interrompit et but une gorgée pour faire passer les pensées amères. Il continua : « Je me suis tiré après la naissance du bébé, mort-né, ce genre de conneries. Je suis parti sur la route, j’ai vagabondé dans tous les Etats-Unis et j’ai fini par m’embarquer. »
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p.184 :
Un homme ne peut passer sa vie à mépriser ses semblables, où est-ce que ça nous mènerait ? Nous devons apprendre à nous respecter et à nous aimer les uns les autres, et si nous n'en sommes pas capables, alors le mot d'ordre, nom de Dieu, doit être tolérance ! Tolérance ! Si des gens comme Nick ne me tolèrent pas, alors c'est moi qui vais les tolérer. [...]
Sans quoi rien ne changera jamais, pas vraiment... Et nous devons changer.
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Ô âme damnée ! Un homme ne peut passer sa vie à mépriser ses semblables, où est-ce que cela nous mènerait ? Nous devons apprendre à nous respecter et à nous aimer les uns les autres, et nous n'en sommes pas capables, alors le mot d'ordre, nom de Dieu, doit être tolérance !
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Je ne pense pas avoir été aussi fou depuis bien longtemps, mais c’est drôle, c’est nouveau et, merde, c’est rafraîchissant.
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