Je crois que
Philip Kerr ne parviendra jamais à me décevoir. Une autre aventure de Bernie Gunther, un autre moment de lecture incroyable.
Bleu de Prusse commence exactement là où le dernier tome s'est terminé : l'ex-inspecteur, après être sorti indemne d'un double-jeu d'espionnage dans le sud de la France, s'y trouve ramené par le chef de la Stasi. On le menace, on lui ordonne d'éliminer une agente superflue. Seulement, au lieu d'accomplir cette mission, il fait faux bond et tente de rentrer en Allemagne. C'est l'occasion pour lui de remonter dans ses souvenirs, presque vingt ans plus tôt, en 1939, alors qu'il travaillait encore à la police de Berlin et qu'il s'est fait confier une mission : trouver l'assassin d'un haut gradé nazi en plein milieu du Berghof, la résidence secondaire de Hitler dans les Alpes bavaroises. Il faut trouver le coupable avant sept jours, date à laquelle le Führer doit y retourner.
Ce tome me rappelle beaucoup les premières aventures de la série, Trilogie berlinoise, où Gunther jouait moins l'espion et davantage l'inspecteur. Il semble plus dans son élément, un crime est commis, une enquête est menée, on cherche un mobile, des preuves, des coupables, etc. Toutefois, il s'agit pas d'une enquête ordinaire puisque plusieurs des suspects sont des hauts gradés nazis, des gens qu'on ne peut tout simplement malmener dans un interrogatoire musclé. Par exemple,
Martin Bormann, son frère Albert, J. H. Rattenhuber, Wilhelm Zander... Ils ne collaborent pas tous également, certains profitent de leur position pour s'enrichir et ne tiennent pas à ce que leurs affaires soient éventées. En fait, ils sont prêts à tout pour que ça n'arrive pas.
Bleu de Prusse offre une aventure enlevante, à deux niveaux (la tentative de fuite en 1956 et l'enquête en 1939). Toutefois, ce que j'apprécie encore plus, ce l'expérience complète que
Philip Kerr fournit à ses lecteurs. La description des villes, les noms de rues, les restaurants, ce qu'on y mange, jusqu'au vin (un Corton-charlemagne), tout! J'avais l'impression d'entrer dans ce restaurant de Nice ou ce village de Lorraine ou bien de me promener dans Obersalzbourg ou au Berghof. Il y a ces citations de
Goethe que tout bon Allemand doit savoir. Aussi, des références glissées ici et là, sur lesquelles on peut passer rapidement sans les remarquer comme la laideur des tableaux de
George Grosz et
Otto Dix, une marque de parfum ou encore des films ou des stars de cinéma du moment. Même des cambrioleurs célèbres (les frères Krauss)!
Il est assez évident que j'ai adoré ce roman, je le recommande à tous, particulièrement aux amateurs de policiers historiques.