Elle s’assit dans l’un des nombreux sofas et positionna ses jambes avec soin, ce qui veut dire que j’avais maintenant sous les yeux une géométrie de chair et de hauts talons si parfaite qu’Euclide en personne n’aurait jamais osé en rêver – dont la seule et unique formule algébrique ne pouvait être que S=EX2.
- Il me semble qu’un club de foot reste le plus gros éléphant blanc que puisse se payer un milliardaire. Un mammouth bien laineux et bien blanc, sans doute.
- Je ne sais pas. Appliquées au football, les lois de l’économie opèrent différemment. Je pense parfois que John Maynard Keynes aurait du écrire un chapitre spécial consacré aux équipes de football. Dans les grands clubs, les pertes et profits ne signifient pas toujours ce qu’ils sont censés signifier.
Anna Loverdos croisa ses jambes nues et bronzées et me tendit sa carte de visite. Comme elle, cette carte avait deux faces : l’une grecque, l’autre anglaise. Les jambes étaient joliment galbées et certainement plus intéressantes que ce qui était imprimé sur la carte. Dés qu’elle est croisée, une belle paire de jambes a de quoi distraire un homme d’à peu prés tout.
On raconte qu’en 1485, après la bataille de Bosworth, l’équipe victorieuse des Tudor jeta le corps du roi Richard III dans l’eau de cette rivière qui a l’air bien dégueulasse. Sauf qu’évidemment cela ne peut pas être vrai puisqu’on a récemment trouvé son squelette sous un parking dans le centre de Leicester. J’imagine que le pauvre sagouin avait perdu son ticket de parking et n’arrivait plus à en ressortir.
Je m’étais longuement demandé pourquoi Socrate s’était senti obligé de boire la ciguë ; j’imagine qu’il avait du lui aussi manquer un penalty pour l‘Olympiakos.
- Ça dans la bio de n’importe quel entraîneur, c’est encore mieux que le sexe.
- Cela ne figure pas dans la tienne.
- Tu l’as lue ?
- Il y en a dix exemplaires dans ta bibliothèque. J’aurais eu du mal à la louper.
- Mais tu n’en a lu qu’un exemplaire, non ?
Je finissais par m’habituer à ce que les Grecs se plaignent pour une chose ou pour une autre. Si vous les laissez dire, ils se plaindront même des Romains, de ce qu’ils ont tut chipé à la Grèce – cela remontait à deux millénaires.
Le football... lâchais-je. Quatre vingt dix minutes de sport et tout une colonne Trajane de haine et de ressentiment.
Oubliez Mourinho, le « Special One », l’unique. Si j’en crois la presse sportive, moi, je suis le « Lucky One », le chanceux.
Dans tous les pays, la relève de la garde est toujours un monument dédié à l’absurde, au ridicule, au grotesque. En Grèce, ce monument atteint un degré d’absurdité proprement inouï. Avec leurs souliers à pompons, leur robe de bal blanche, leur grosse moustache et leur bonnet de clown rouge à gland, les Evzones ressemblent déjà eux-même à un cirque des Balkans, mais tout ceci n’est rien comparé à leur farcesque numéro, qui donne l’impression de pauvres soldats se livrant à une pantomime mécanique pour le compte d’un ministère de la Bêtise en marche.