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Critique de encoredunoir


Dave Callaghan a fait huit ans de prison pour meurtre après une rixe qui a mal tournée. Depuis, il essaie de retrouver une vie normale avec l'aide de son ami Novak, patron d'un pub et d'une petite entreprise. Quand deux types débarquent dans le pub avec la ferme intention de descendre l'un des clients, Dave s'interpose. Ce faisant, il contrarie les plans de Lar Mackendrick, un des chefs de la pègre locale. Dès lors, Dave se retrouve sous la coupe de ce mafieux qui fait pression sur lui en menaçant ses proches et l'oblige à participer à la vengeance qu'il prépare contre un autre gang.

Après avoir lu À la petite semaine, difficile de résister à l'appel d'un autre Kerrigan. On retrouve donc l'Irlande, au moment où le Tigre celtique commence à tirer la langue et à perdre de sa superbe. La crise économique fait maintenant rage mais le pli a été pris au moment du dernier âge d'or et les nouveaux hérauts du libéralisme sont les malfrats :

« Des entrepreneurs du ghetto. Ouvre les yeux Colin, notre île n'est plus le pays des saints et des érudits. Nous sommes une nation d'entrepreneurs. Tout le monde veut en être, même ces tarés de trafiquants de drogue. Ils ont compris le jeu des parts de marché. Comme ils ne peuvent pas s'adresser à la justice pour faire respecter leurs fusions et leurs rachats, ils recourent aux armes ».

Et comme auparavant, les plus petits, à l'image de Danny Callaghan, restent au bas de l'échelle et subissent la loi du libéralisme et de l'entreprenariat. Qu'ils n'aient comme Danny, aucune ambition particulière ou que, comme le petit truand Karl Prowse, ils cherchent à se faire une place au soleil en piétinant leurs semblables, ils demeurent les pions d'un jeu qui les dépassent, où les fusions-acquisitions et les OPA hostiles se règlent à coups de kidnappings, de meurtres et de passages à tabac.

Avec L'impasse, Gene Kerrigan continue à se faire le portraitiste de son île à la dérive, sur laquelle il pose un regard aigu pour la décrire sans fard. D'aucuns y verront sans doute une expression de la noirceur des écrivains irlandais. Pourtant, Kerrigan ne se complait pas dans une description uniformément noire et ses personnages, à de rares exceptions près, sont plutôt ambivalents. Si Lar Mackendrick, par exemple, est de toute évidence un psychopathe un peu limité qui pense avoir trouvé le guide du parfait gangster en lisant Sun Tzu, c'est aussi un mari aimant, éperdument amoureux de sa femme et qui, à sa manière, possède aussi une éthique (tout personnelle, il est vrai).
Il ne faut pas voir dans les romans de Gene Kerrigan des histoires pessimistes, juste une vision réaliste de la société et de la vie où ce ne sont pas forcément les gentils qui gagnent à la fin et où les hasards ne sont pas toujours heureux. Ce sont en tout cas toujours des histoires à la construction implacable portées par des personnages englués dans le marasme de la société dans laquelle ils vivent ou survivent et dont ils essaient de se tirer chacun à leur manière, en en bavant ou en enfonçant les autres au passage. Où quand la vie devient peu à peu un simple avatar du monde de l'entreprise.

Lien : http://encoredunoir.over-blo..
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