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EAN : 9791041412631
168 pages
Points (05/05/2023)
3.94/5   117 notes
Résumé :
« Je suis un nomade exalté par la découverte. Voilà, découvrir sans cesse... C est le seul moment où l on peut supposer que va surgir le "merveilleux". Fouiller le monde de tous les côtés, c est exaltant. Je suis comme un chercheur d or. Ce n est pas tant l or que je cherche que le moment magique quand je vais le découvrir. C est toujours, au vrai, l émotion que je cherche. Le nomadisme, c est ça. Tous les jours, un chercheur d or est tenu par sa capacité d émerveil... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (25) Voir plus Ajouter une critique
3,94

sur 117 notes
Ce type est né liquide,
arpent d'océan, soubresaut impétueux des flots,
sanguin au goût de sel, fardé de rien, peau nue marine empoissée d'embruns,
matière façonnée au seul tapage du vent du large, celui tempétueux, qui grise et saoule et vous emporte vers les parfums iodés du risque et de l'aventure.

C'est un échappé-mer aux couleurs de ses yeux : bleu !

Ce type est né granit,
monolithe rugueux, dressé droit comme un mât, fier, solide et sur,
indemne d'érosions, sinon celle des houles et celles, plus contenues, de quelques pertes chères, amis, marins, intimes fissures au coeur du roc …
Cet homme CHOISIT sa vie et l'excellence, DECIDE sans états d'âme, REGARDE devant, toujours devant, COLERISE « chaleureusement inhumain » - TEMPÊTE froidement humain.

C'est un exilé-terre à l'habit clandestin !

Hors cadres, hors normes,
échappé volontaire des remugles du monde, où le mot « monde » pour lui signifie « terre », foule, villes-béton, grises et ternes, sans air, sans voiles, sans horizon.

Cet homme est un poète, seul en bordure de brume,
poète chercheur d'or quand le mot « or » étincelle des lumières sur mer ou quand il brille d'éternité sur des « lamés de mauve » …
Mer, enveloppante,
Mer à se fondre, comme dans un corps de femme.

Le monde de Kersauson est un monde qui me parle, sans doute parce qu'il est d'une simplicité primitive. Il me fait l'effet d'un grand ciel vidé des nuages qui l'encombrent : n'y reste alors que l'absolu nécessaire.
Et ?
Ce monde est respirant.


Ce type suinte la liberté … et bon sang que j'aime ça !

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Olivier de Kersauson est un homme qui aime piloter sa vie, choisir, sans influence, son sillage, son horizon.

Il a le goût d'être seul, le goût du risque, du plaisir, de la liberté, de la beauté. Et pour tout cela, l'Océan est idéal. Le bateau est l'outil de l'aventure. L'aventure pour échapper à la routine, à l'ambiance morose, à l'hypocrisie, à la course à l'argent, au manque de cohérence. C'est un clandestin social.

Pour être cohérent avec lui-même il a décidé de suivre ses envies, son instinct. C'est son envie qui le construit, pas l'envie à la mode dans la société. Il va à la rencontre du vrai monde. Il veut être et non avoir. Puisque nous ne sommes que de passage, autant aller à l'essentiel.

Il respecte les hommes, leur vulnérabilité, leur ignorance. Ils font ce qu'ils peuvent avec les moyens qu'ils ont. Mais il ne supporte pas la malhonnêteté, l'arrogance, l'indélicatesse. Les hommes peuvent avoir des idées de génie quand ils se mettent à penser vraiment, en ressentant les choses. On peut s'émerveiller devant l'homme le plus simple, le plus humble, le moins diplômé.

Le monde comme il me parle, et non le monde comme on veut le faire parler. Il s'agit de sentir les choses, d'écouter, et d'accepter d'être un passager dérisoire et vulnérable, ne laissant pas de trace.

« Il faut comprendre ce qu'on vit et ce qu'on est ».

C'est un livre intime, qui dévoile le parcours et la philosophie de vie d'un navigateur solitaire. Il n'est pas prétentieux, il n'a pas de certitudes, ce qui fait de lui un bon marin. C'est un homme en qui l'équipage peut avoir confiance, et chacun de nous aimerait bien suivre son sillage. Le sillage d'un homme qui se veut libre de ses tactiques, libre de choisir parmi le panel des possibles, d'un homme qui ose l'aventure, qui se fait confiance, n'écoutant que son cœur. Un homme qui recherche, avant tout, l'émotion, l'émerveillement.

« J'ai voulu vivre ce que je sentais être ma vie. C'est lumineux. Et c'est simple. »

Son écriture aussi est simple et lumineuse, aussi rugueuse que peut l'être la vie.



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Voilà un livre que j'ai bien fait de rencontrer un peu par hasard!
Je voyais Olivier de Kersauson comme un navigateur un peu bougon, et je découvre un homme exceptionnel ( Je n'ai jamais vécu dans le schéma des envies et des besoins. le dépouillement ça me va), plein de bon sens ( On ne s'impose pas sur la mer. Impossible. On passe simplement sur la pointe des pieds. Un peu comme dans la vie...)
Dans une belle écriture, il parle de son amour pour la mer ( Partir faire un tour du monde, c'est mettre le cap sur la féerie.) et du privilège qu'il a eu de pouvoir nager et apprendre à naviguer à une époque où cela ne se faisait pratiquement pas ( j'en sais quelque chose).
Il fait découvrir le monde de la navigation, les relations entre les hommes, leur manière de faire évoluer ce sport.
Il écrit avec poésie (La brume c'est de l'eau qui va partout. C'est enchanteur d'être noyé dans la vapeur d'eau.), avec humour
(Je me souviens de ma conversation avec le gardien du phare au cap. C'était en 2004, à bord de Géronimo. le gardien m'interroge avec sa radio VHF:
"Where are you from?
- Brest.
-Where are you going?
- Brest."
Le type me fait répéter plusieurs fois "Brest ". )
Avec ce livre, j'ai pris un grand bol d'air!
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Avec le franc-parler qu'on lui connaît, Olivier de Kersauson livre quelques pages où la sensibilité flirte avec une pensée quasi philosophique.
Une leçon de conception de la vie -la sienne- y est rendue. Point de tricheries sauf utiles et garantes d'une paix où l'homme peut s'épanouir, point de jeux s'ils mettent en déroute l'âme humaine.
Il y a de grands accents d'amour humain (je pense entre autres à ce garçon condamné) qui vous mordent au passage et une immense loyauté vis-à-vis de la vie.
La mer lui a appris à se connaître et à comprendre l'autre dans le silence. La leçon qu'il nous transmet est à méditer : tant de paroles inutiles au contraire de cette complicité dénuée de langage futile que certains êtres rares peuvent partager.
Ainsi cette relation respectueuse et émouvante avec Éric Tabarly, l'autre grand de la mer qui lui donna sa chance.
Olivier de Kersauzon ne se préoccupe pas que l'on soit d'accord ou non. Liberté assumée, il égratigne tout ce qui le dérange ou tient pour dérangeant voire inconsistant (Mai 68, la politique, l'école, la place de la femme...), peu importe parfois les nuances à apporter.
Un livre qui nous entoure des embruns d'une mer libératrice, la seule où l'homme mesuré aux éléments, risquant sa vie, se retrouve dans la vraie liberté.
Point de nostalgie devant l'évolution des techniques, des moyens de communication qui n'ont plus rien à voir avec les courses d'il y a deux à trois dizaines d'années... et c'est très bien, l'homme est là, présent et un jour peut-être, il retrouvera la mer, « sa » mer.
« Le Monde comme il me parle » nous parle aussi.
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Pour un type qui se dit solitaire et taciturne, quel bavard!
Déjà une quinzaine de bouquins pour nous conter ses aventures de vieux loup des mers, sans parler de ses jobs à la radio ou à la télé, des reportages dans Match sur son récent remariage, ce Kersauson est connu comme le loup blanc et ne crache pas sur un peu de notoriété.
Le bonhomme a tout pour m'énerver et pourtant, au final, il n'est pas aussi con qu'il veut le faire croire.
Certes, M. le vicomte ne voudrait pas vivre dans une cité achélème du 9-3. Il préfère admirer l'aube d'été sur les jardins de Vaux-le-Vicomte, ou se laisser bercer par le bruit du ressac aux iles Tuamotu. Son ancêtre a fait bonne figure en Terre Sainte au temps des Croisades, et jamais il n'a envisagé de faire une carrière de fonctionnaire des Postes ni de diriger un club de voile à La Napoule.
M. de Kersauson de Pennendreff a du sang bleu, et il eût probablement choisi de servir dans la Marine de Sa Majesté si Louis XVI ne s'était pas fait bêtement couper la tête. Cependant il ne manque pas de souligner l'actuelle suprématie des skippers français sur l'ennemi héréditaire depuis Surcouf et Jacques Cartier, les Anglais.
Faute de pouvoir commander une frégate royale, il a pris le large aussi vite que possible, affrontant l'océan comme un vrai gentilhomme, sans peur et sans reproche. Sans attache non plus, misogyne assumé, aussi barré que barreur, un peu bourrin, plutôt bourrique, marrant à ses heures, bref, totalement insupportable depuis toujours.
Un personnage sculpté dans le granit, comme dirait une chroniqueuse de Gala, guidé par son cerveau reptilien - c'est lui qui le dit - ce qui ne l'empêche pas de philosopher innocemment, tel M. Jourdain faisant de la prose. Il envoie à fond de cale les intellectuels et les politiciens, et jette les écolos aux requins. Pas de quartier!
Pas de commentaire à propos des sponsors qui financent les coûteux bateaux de course, transformant les voiliers en enseignes publicitaires, qui pour une banque ou un charcutier, un marchand de bidoche ou une multinationale.
Adieu les Pen Duick, bonjour le trimaran Jacques- Ribourel, un promoteur des années 70 qui a bétonné le littoral et va construire 20ha de lotissements à Narbonne entre 2016 et 2022.
Mais la passion de la mer, ça n'a pas de prix, et il faut bien que les terriens bouffent du jambon aux nitrates et se logent dans les clapiers des promoteurs. Tout le monde s'y retrouve et M. le vicomte "n'en a rien à siffler" de tout ça. Car un jour, on va tous mourir, et "après nous, le déluge". Comme disait Louis XV.
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critiques presse (1)
Lexpress
20 septembre 2013
Entre souvenirs pudiques et vérités assénées, coups de gueule et poésie, on retrouve "l'Amiral" des Grosses Têtes en philosophe des océans.
Lire la critique sur le site : Lexpress
Citations et extraits (296) Voir plus Ajouter une citation
Je suis un nomade exalté par la découverte. Voilà, découvrir sans cesse... C'est le seul moment où l’on peut supposer que va surgir le "merveilleux". Fouiller le monde de tous les côtés, c'est exaltant. Je suis comme un chercheur d'or. Ce n’est pas tant l’or que je cherche que le moment magique quand je vais le découvrir. C'est toujours, au vrai, l’émotion que je cherche. Le nomadisme, c'est ça.
Tous les jours, un chercheur d or est tenu par sa capacité d émerveillement. La magie. Le "merveilleux" est la raison de tout ce que je fais.
L’émerveillement, c’est de la pluie d’or morale qui vous tombe dessus.
Le tout, c’est de se trouver dans les bons endroits, là où il pleut de l or.
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Au nord-est de Fakarava, aux Tuamotu, quand la mer vient briser, le monde parle… Seule la mer s’exprime. Rien d’autre que l’effet de la mer et de la vague ne peut modifier la bande-son du récif. Ici, on a l’impression déchirante que ça tape depuis des milliers d’années. Ce temps de la vague qui s’écrase, ce bruit de l’océan qui respire, signifie que nous ne sommes pas là pour longtemps. Le monde ici me dit clairement que je ne suis qu’un passant.
Alors je pense dans mon for intérieur : « il me suffirait d’être ce mouvement-là pour être éternel. » Le bruit du récif m’indique que je suis déjà vaincu. Ce bruit va continuer, continuer et continuer encore …
Cette respiration n’est pas la mienne, c’est celle du monde. Elle ne me rend que plus dérisoire et vulnérable. Je n’ai, moi, qu’un tout petit souffle.
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J'ai toujours presque par philosophie, choisi dans ma vie la route la plus difficile. Le risque. L’extrême. C'est l'une des plus vieilles règles du monde que j'ai comprise lorsque je devais avoir 10 ou 12 ans : dans la vie, il y a toujours deux voies face à soi, une difficile et l'autre facile. Si on emprunte la plus dure, on a toutes les chances de faire le bon choix. C'est presque une loi physique. la voie la plus dure construit. Il faut aller vers le plus dur, toujours.
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Il faut aller vers le plus dur, toujours. C'est comme à la guerre : on peut mourir à l'assaut des tranchées ou mourir en fuyant. Entre la balle dans le dos et la balle dans le cœur, j'ai toujours préféré l'idée de la balle dans le cœur. Le fait de vivre emmène obligatoirement dans des phases où l'on ne contrôle plus rien. Il s'agit de résister. C'est moins dangereux de risquer que de subir. La facilité, c'est l'impasse. Ce n'est pas le danger auquel on échappe qui procure du plaisir, c'est l'habilité avec laquelle nous y avons échappé - on peut appeler cette habileté de la chance.
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Le monde ici me dit clairement que je ne suis qu’un passant. Alors je pense dans mon for intérieur : Il me suffirait d’être ce mouvement-là pour être éternel. Le bruit du récif m’indique que je suis déjà vaincu. Ce bruit va continuer, continuer et continuer encore…
Cette respiration n’est pas la mienne, c’est celle du monde. Elle ne me rend que plus dérisoire et vulnérable. Je n’ai, moi, qu’un tout petit souffle.
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