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Si nous l'aimions avant il n'y avait aucune raison pour qu'on ne l'en aimât pas davantage. Il est consistant par son aura, par son verbe et en plus il a ce regard de mer, calme ou agité, ça dépend ! Cette poésie magnifique témoigne qu'aucune de ses traversées ne lui a ravi l'attraction qu'il porte à tous ces horizons parcourus et qu'aucune mer, fût-t-elle sournoise dangereuse même, ne parviendra jamais à l'éloigner. Il est l'homme, fait de ses voyages et celui de ses aspirations. J'aime bien que l'on attribue à ce récit de la sensualité puisque son amour est incommensurable et que c'est à courir le monde que son coeur a été conquis. S'il vient nous le raconter, c'est un grand plaisir pour le lecteur de prendre le large avec lui pour découvrir sa géographie maritime.
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Je ne m'autoriserai pas à parler de l'Océan. Je n'en n'ai acquis les droits. Ce serait de ma part une usurpation, un vol manifeste. Rien à partager, de ce qui m'est étranger et n'ai été chercher. Du fond de mes Ardennes, je n'ai pu capter son appel. L'on est plus marqué par le lieu de sa naissance qu'on ne veut l'admettre.

Par deux fois, la Bretagne m'a rejeté. Par deux fois déjà. Rudement, violemment. Probablement je ne la méritais pas. Aussi quelle arrogance : prétendre découvrir la Bretagne en ayant dédaigné l'Océan. "Au bout du compte, je me dis que nous ne nous sommes pas compris mutuellement, qu'il y a eu vingt-cinq ans de rendez-vous loupés avec l'autre. J'ai l'impression que l'échange a été un peu raté." p.185 (à propos des Antilles). Je prépare finalement une nouvelle tentative. J'ai demandé à un ami d'enfance qui affectionne la Bretagne de me prêter quelques livres, nous en avions jadis feuilleté un très beau sur les phares bretons, c'est à celui-là que je pensais. Je me retrouve avec deux guides Michelin. Mais ce n'est pas à ce genre de rencontre que j'aspire.

Quels meilleurs ambassadeurs pourrais-je trouver que des Bretons ? D'où cet emprunt Ocean's Songs. de toute façon, il y a deux ou trois ans que j'ai décidé de lire Mr de Kersauson après un passage à On n'est pas couché pour présenter un de ses livres. Celui-ci, un autre ? Peu importe, j'ai écouté ses silences et comment ne pas être marqué par ce regard vif où transparaissent une brillante intelligence et une profonde émotion. Bien sûr quelques flèches pour se défendre, quelques bons mots pour se détendre, quelques convictions pour s'identifier, une ou l'autre réflexion par l'occasion, la moitié d'une confidence par la connivence d'un autre Breton. Mais ces silences éloquents. Qui me hurlaient : j'ai tout écrit ; qui leur hurlaient : c'est bientôt fini toutes ces questions à la con.

Alors j'ai lu : "Voyager, c'est rechercher toujours les lumières, les instants de grâce promis. De ce point de vue, les femmes possèdent souvent les clés du voyage. Ce sont les plus grands peintres de mes lieux visités." p.91 Je serais mufle de ne pas remercier ces Bretonnes qui m'aident dans ma préparation, elles se reconnaitront:-) Oui, Mr de Kersauson, j'ai tout lu de ces belles pages couvertes de votre prose vraie, délicate car toute en retenue. Je me suis attardé dans les interlignes, cette intériorité des grands écrivains comme le sont les silences des grands hommes.

Aussi je partirai me perdre pour me trouver. Et comme toujours, dans cette chronique et ce proche voyage, je ne vole rien mais je garde tout. du reste si vous vous tâtez, je vous renvois vers les belles critiques bretonnes qui vous parlent d'Ocean's Songs en toute légitimité. Pour ma part je me prépare :
https://www.youtube.com/watch?v=JgvKMnrig74
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Merveilleux Olivier de Kersauson, grand navigateur, bourru, capable d'aligner des mots d'une sensibilité étonnante aussi bien pour parler de la mer et de son infinité que de l'homme, celui qu'il est, communiquant ses certitudes et ses doutes, ceux qu'il côtoie, essentiellement en mer mais aussi sur terre.

Kersauzon, c'est l'homme libre, baudelairien, qui chérit la mer, toutes les mers et tous les océans où il emmène ses lecteurs qu'ils aient entendu ou non l'appel du grand large, et qui ressentiront dans tous les cas ce qu'il exprime dans ces lignes, avec vigueur, pudeur, sincérité.

Et puis, il y a dans ce livre l'évocation de cette nuit où il apprend en mer la mort de Tabarly et nous fait partager sa peine et même sa prière. C'est le marin et l'humain qui souffre de la disparition de celui qui était la référence, celui qui domptait vent et mer qui l'emportèrent vers son linceul.

Ce chant de l'océan offert par Olivier de Kezsauzon est celui qu'entendront parfaitement tous les solitaires, un chant qui vient des vagues, de tous les marins perdus, plus langoureux que celui des sirènes d'Ulysse, qui nous entraîne pour de trop brèves pages à la suite de ce grand navigateur.
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Olivier de Kersauson et l'océan , une belle histoire qui dure .

Quel plaisir de retrouver ce mec que l'on sait pudique mais aussi capable de vous étendre pour le compte au détour d'une répartie cinglante dont lui seul a le secret . S'il est un sujet qu'il maîtrise parfaitement , c'est bien celui qui le passionne depuis tout gamin , l'appel du grand large . Il suffit , pour s'en convaincre , de parcourir son foisonnant relevé de navigation s'échelonnant de 1967 à 2008 ( date de parution du bouquin ) .
Bien loin du vide abyssal habituellement côtoyé par un Ribery , voir un Benzema des grands jours , le bonhomme , en plus d'être gouailleur , semble réellement érudit , ce qui ne gâche rien .

OdK se propose de vous embarquer sur tous les océans , vous faire part de son ressenti quant aux autochtones fréquentés et ce , en quelques 250 pages , tout en se livrant à dose homéopathique , l' étalage n'ayant jamais été son fort .
Le bouquin est calibré comme un véritable petit lexique maritime . Chapitré judicieusement , il survole les océans et les continents puis vous sèche sans en avoir l'air au détour d'une petite anecdote bien sentie .
Son rapport au père spirituel et mentor qu'était Tabarly traduit parfaitement la retenue touchante du bonhomme . OdK consent à se raconter , avec parcimonie , dissimulant régulièrement sa réserve naturelle derrière le masque d'une causticité cinglante .
Ce vieux loup de mer fait partie de cette race de taiseux solitaires que l'on écoute attentivement histoire de faire mentir l'adage : la parole est d'argent...

Ocean's Songs , vous n'en reviendrez pas , dixit Costa Croisières !
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C'est pas l'homme qui prend la mer… C'est avec cette pensée que j'embarque sur le Pen Duick, le Kriter ou le Geronimo. A son bord, l'amiral, seul ou en équipage. Entre deux escales, il fait une pause d'embruns pour se poser, seul sur un banc. Là, il regarde l'horizon, le ciel qui se couche dans l'océan, une musique qui le berce, le chant du vent. Ocean's Songs. A quoi pense-t-il ? A d'autres latitudes, d'autres vents, des étoiles, à Eric Tabarly, à Alain Colas, à Florence Arthaud.

L'homme garde le silence devant l'immensité de cette étendue. Par respect, par humilité. Assis sur son banc, il a un autre regard sur le monde. Dans la cabine de son commandement, il pose aussi ses yeux sur notre monde. Et si l'amiral n'avait pas été marin, je l'aurais imaginé peintre. A sa façon de décrire la mer. A sa façon de noter les nuances de gris, de bleu et de noir de l'océan. Il a l'oeil du peintre.

De sa Bretagne, Olivier de Kersauson me fait partager ses voyages, ses « tours du monde », avec ou sans escale, la Polynésie, les Antilles, de secondes terres qui accueillirent si bien ce breton. . Mais avant tout, OdK me fait partager tous les océans, ses dangers et ses couleurs, ses reflets et ses scintillements. Quelle aventure, ces portraits de mer à frissonner de froid et de peur. Avec ou sans vent, mais pour un marin, avec c'est toujours mieux. Un allier de poids, même s'il peut se retourner contre soi.

De Cape Town au Cap Horn, naviguer ou mouiller, dans la solitude d'un océan, dans le déferlement d'un courant, dans le regard porté sur une étoile aperçue dans une trouée de nuages. Quelques instants de poésie que seuls la mer et le silence peuvent apporter.
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Je referme le livre, relève la tête, regarde les objets qui m'entourent, j'hésite …

Mes yeux s'abaissent, croisent une fois de plus la couverture du livre, ce visage buriné, fouetté d'intempéries,
ces yeux ivres de bleus … J'y plonge.
Tour à tour incisif, tranchant comme une lame, passionné, rude, irritant, dérangeant,
puis subrepticement nostalgique, émouvant et si souvent poétique dans sa façon de « me » conter les houles, les vents et les couleurs des différents océans, Kersauson me bouscule, me chahute , m' illumine ou m'attendrit.

Sa pertinence me claque aux joues, je bouillonne … m'abandonne.
Surprenante description que ces « portraits de mers » ciselés comme un orfèvre,
dont je retiendrai celui qui sans doute me tient le plus à coeur, celui de la mer d'Iroise :

« Ouessant, Sein, Molène, l'une des zones du monde où il y a le plus de bouées et de balises, de phares et de feux.
Entre l'île de Sein, le Four, Ouessant, la pointe Saint-Mathieu, le cap de la Chèvre, la pointe du Raz,
tout n'est qu'un jardin d'épines sur une mer médiévale qui se défendrait contre les intrus.
Au couchant on dirait un orchestre des ténèbres où brille l'éclat des cuivres. Un accordéon de récifs sur lesquels
viennent culbuter les forts courants. C'est la mer des grandes nefs et des grandes orgues …
L'Iroise est une mer sanguine qui plante ses couverts dans la table … Une mer habitée par le vent …
Une mer de souffrance … qui meurtrit, blesse et mord jusqu'au sang.
C'est le royaume de la peinture à l'huile. Quatre saisons dans la même journée …
L'Iroise c'est ma tapisserie d'Aubusson. »

Mu par un déterminisme et une volonté qui me saisit, Kersauson me semble taillé dans la roche,
inébranlable, imperturbable, parfois presque intouchable.
En lui depuis l'enfance cette irrépressible envie de « partir », voyager, courir le monde ... Je l'envie.
C'est l'Océan son miroir d'immensité, de liberté, de dépouillement et d'absolu,
c'est dans ses teintes qu'il se retrouve, c'est dans son souffle qu'il se ressource … Je le suis.

« Je fais confiance au voyage pour qu'il me conduise dans le tourbillon émotionnel du monde …
C'est toujours comme ça que j'ai vécu le voyage. Cette infinité de bleus, de lumières
et ces arrivées de nuit ouvrent mon coeur en deux. »
« Pour moi, là où il n'y a pas de mer, le monde est gras, il sent l'humus, la glaise ou la ville ;
sans la mer, ça ne peut pas être joli ! La terre ne m'intéresse pas du tout,
sauf quand elle est frangée de mer, alors elle est belle … »
« Prendre la mer … C'est l'extraordinaire tentation de l'immensité.
La mer c'est le coeur du monde. Vouloir visiter les océans, c'est aller se frotter aux couleurs de l'absolu »

A peine trois pages sur Eric Tabarly, à peine trois mots, mais tout est dit, fort :
« C'était mon maître.»
Et puis cette brume aux yeux quand dans « l'à peine » surgit la peine, un sombre soir de juin 98 …
Je larme, touchée par ce passage où « l'intouchable » est vulnérable.

J'avale « sa » Polynésie, les Antilles, l'Asie ou l'Angleterre … anecdotes, aquarelles …
J'avale tout, avide jusqu'à la fin …
Je reviens sur Tabarly
C''est là que je m'arrête, émerveillée et proche,
C'est là que je m'arrête, au ras de l'eau, au milieu d'un silence, au bord d'une solitude, pleine.

Je referme le livre, relève la tête, regarde les objets qui m'entourent, les quitte
Je prends mon rien de rêve, mon tout de vie, monte sur le « tapis volant »
Ivre de bleus … j'y plonge.
Je vais, moi aussi, rejoindre « les griffures de la mer ».
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Dans cette période de tensions, de grèves et énervements y relatifs, de bousculades d'achats de Noël et de fêtes chargées en excès divers, j'avais besoin de m'évader… quoi de mieux que l'air du large et la prose humoristique et poétique d'un de nos marins préférés, Olivier de Kersauson, amoureux des mers et océans, s'il en fut !
Olivier, merci… mission accomplie ; ces bouffées iodées m'ont fait un bien fou.

Rien que le titre fait déjà rêver : ‘'Ocean's songs''. Vous n'avez pas encore ouvert le livre que vous entendez les chants des vagues, du vent, des marins, des oiseaux, des baleines ; vous naviguez dans les plus beaux sites ou luttez contre la furie des océans.
Le livre vous emmène sur tous les océans et sur tous les continents (côté mer, évidemment) ; il vous fait partager les rencontres de l'auteur avec des personnages atypiques, originaux et/ou flamboyants (« J'ai le plaisir de l'autre, je n'en ai pas le besoin. Ça fait une grosse différence. » interview).
Tout cela mâtiné de réflexions philosophiques propres à ‘'l'Amiral'', exprimées de manière cash, brutes de décoffrage !

Ce livre autobiographique a été écrit il y a plus de dix ans ; mais toutes les allusions au monde en général et à l'actualité ne datent quasiment pas : parce que le monde change peu fondamentalement ou parce qu'Olivier de Kersauson a un oeil qui voit au-delà des apparences ? C'est un homme ‘'vrai'' : « Je me suis toujours appliqué, de façon instinctive, avec mes moyens limités, à mener ma vie de façon à ne jamais dire “j'aurais aimé”. (…) J'ai beaucoup aimé, j'ai beaucoup vécu, j'ai beaucoup recherché » (interview)
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j'ai lu ce livre uniquement par curiosité.Nous avons tous en tête le de kersauzon des grosses têtes.Fort des bons mots et cultivant allégrement son coté misogyne.Et bien j'ai été agréablement surpris, ce livre est superbement écrit.Il fait l'apologie de l'errance, et nous donnent les clefs d'un voyage réussi.Ne pas agir comme le touriste de base qui visite chrono en main, et passe à coté des choses essentielles.Il vaut mieux s'asseoir et attendre que les gens viennent à vous.Franchement une philosophie de vie qui me convient.
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Ce grand navigateur est aussi un poète,un grand écrivain à mon sens;car mis à part les classiques ça faisait longtemps que je n'
avais lu un livre aussi passionnant.Notamment l'avant propos m'a
scotché et le style d'Olivier de Kersauson est pur merveille un vrai
orfèvre des mots.Rien d'étonnant que ce livre ai rencontré un grand
succès ce n'est que justice.
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De la couleur des eaux qui habillent la terre et changent constamment. A l'observation d'un viel homme réparant les filets.

Un hymne à la mer et au voyage traduit par un homme aussi discret que profond, un livre à lire absolument qui vous restera ancré au coeur...
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