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Critique de CelineChaix


Avoir lu Mein Kampf il y a 4 ou 5 ans m'a permis, à la lumière cette biographie, de mieux comprendre les écrits du Führer et de constater que la déformation des faits y était parfois assez flagrante.
La biographie de Kershaw désacralise cet homme qui parvient au pouvoir grâce au terrain préparé par les hommes politiques qui voulaient la mort de la nouvelle République, par l'humiliation subie lors de la 1ère guerre mondiale et par les mentalités des élites et des masses, elles-mêmes fruits de courants politiques allemands datant de 20 ans avant la 1ère guerre.
Certes, le lit avait été préparé mais c'est aussi parce qu'il avait du génie et une personnalité hors du commun que Hitler a été hissé au plus haut grâce à l'appui de certains politiques qui l'ont pris sous leur aile.
La première partie est consacrée à la jeunesse du Führer, très intéressante, ses frustrations, son opportunisme, sa capacité à vouloir changer le monde tout en profitant du système, notamment des fonds de sa tante puis de sa rémunération de soldat démobilisé bien tardivement.
Cette partie m'a rappelé le roman « la part de l'autre » de Pierre-Emmanuel Schmitt très bien documenté, soit dit en passant.
Kershaw aborde par la suite de manière très fluide la stratégie politique intérieure et extérieure ainsi que les décisions liées à la guerre. le déroulement de l'opération Barbarossa est extrêmement captivant, bien décrit. D'autres scènes de guerre sont relatées et aident bien à la compréhension des évènements. Les atrocités des nazis ne sont pas détaillées, l'auteur reste très pudique. Pour autant, les chiffres évoqués font froid dans le dos et renvoient bien à la dureté des épreuves endurées par les Juifs et toutes les populations opprimées, allemands compris.
Une idée centrale ressort bien dans cet ouvrage : la désorganisation qui régna dans les structures, conséquence du refus de Hitler d'organiser des réunions avec les cadres dirigeants qui ne communiquaient pas entre eux par ailleurs. Il traitait tout en bilatéral si bien que les ordres étaient parfois contradictoires et une stratégie décousue en résultait. le Führer avait du mal à prendre lui-même les décisions, ce qui générait des choix dictés par des cadres qui pensaient agir dans le sens de ce que souhaitait le dirigeant. D'où la fameuse expression du livre « travailler en direction du Führer » qui, je suppose, fait dire à certains lecteurs que la traduction n'est pas vraiment de qualité.
Kershaw met bien en exergue cette désorganisation, sa plume prend des airs de récit décousu, mais ce n'est pas le cas. On ressent bien ce que vivaient Hitler et ses généraux dans la dernière partie du livre, c'est une narration en accord avec ce qu'elle exprime.

De toutes les biographies que j'ai lues, celle-ci est la seule qui se lit vraiment comme une histoire et je ne peux que vous la conseiller avec enthousiasme.
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