Clairement pas le livre avec lequel entrer dans l'oeuvre de
Kertész - mais tous les avis élogieux m'avaient donné très envie de le lire, et c'était le seul titre disponible à la médiathèque ce jour-là.
Première partie : "Notes".
C'est le journal d'un vieux ronchon.
Il écrit bien, certaines scènes sont très évocatrices de sensations, de souvenirs...
Mais comment s'attacher au narrateur ? Il ne parle que de lui, du roman dont il accouche avec difficulté, de ses pensées suicidaires. Il n'aime pas vieillir (pourtant, le seul moyen de vivre longtemps) et poursuit une intense vie mondaine et des voyages incessants, tout en se plaignant sans arrêt d'être fatigué. Son épouse est malade, il n'aborde le sujet que pour décrire sa tristesse à lui, avec un tel manque d'empathie que l'on en vient à plaindre la pauvre femme.
Alors oui c'est vrai, il souffre de maladie lui aussi, et se voit avec horreur privé de ses forces, de son acuité intellectuelle et de sa libido. Mais ses propos dépressifs sont un vrai pensum.
S'y ajoutent une grande méfiance vis-à-vis du monde hostile aux Juifs, des considérations désabusées sur les villes entre lesquelles il navigue, et des réflexions assez narcissiques sur ses précédents livres. le pire est son islamophobie décomplexée : "Il faudrait des lois particulières pour les citoyens libres, et d'autres lois devraient s'appliquer aux musulmans." Ne se rend-il pas compte qu'il reproduit à l'identique la rhétorique antisémite des années 30 ?
Ces extraits de son journal sont précédés de notes pas passionnantes sur "le roman".
Deuxième partie : c'est la même chose, sauf que le "il" remplace le "je".
Troisième partie : le Jardin des trivialités, encore la même chose mais avec moult détails sur les restaurants qu'il a fréquentés et les plats qu'il y a mangés.
Et pour finir,
L'ultime auberge "seconde ébauche" : un texte bavard dont le seul intérêt à mes yeux est d'être la partie la plus courte.
Comme il le dit lui-même : "Tel qu'il est maintenant, le texte reste une esquisse lacunaire malgré l'abondance de la matière."
Le seul passage qui m'ait arraché une émotion, c'est (parlant du prix Nobel qu'il espérait) ce mémorable "Finalement, c'est
Naipaul qui l'a eu" : j'ai ri.
Traduction fluide de
Natalia Zaremba-Huzsvai et
Charles Zaremba.
Challenge Nobel
Challenge Globe-trotter (Hongrie)