Une belle découverte, faisant suite à un entretien de Christian Bobin dans les médias. Une écriture simple et belle avec des mots qui touchent. On y découvre le monde des gitans par la poésie et cela change notre vision. Dieu y est un peu trop présent mais avec ce titre, j'étais prévenu !
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Je cherche à lire ce livre épuisé.
Un échange ou prêt est-il possible parmi les lecteurs du site ?
Merci d'avance.
Anne B.
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Une pure merveille que ce livre...
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Les poètes
J’ai appris à écrire sur le cahier de la souffrance. Si Dieu choisit ses poètes, mieux vaut ne pas croiser son regard, car la mission est sans pitié. J’ai écrit deux livres mais ce ne sont pas des livres : ce sont des morceaux de ma chair, un bout de bras, une main. Le poète est consumé par l’âme et le cœur. Son écriture est enchaînée à sa vie. Aucune échappatoire : il appartient à Dieu, il est son martyr. Cet homme est un peuplier qui suit le rythme du vent. Il porte des chaussures gitanes à talons hauts, on voit son esprit trébucher le long de la chaussée. J’ai connu quelques grands poètes. Ce sont des vagabonds des mots, des princes des rues sales. Ce sont des gens qui font peur. Leurs yeux vous déshabillent l’âme : ils ont une capacité animale à vous deviner qui ferait peur à un cougar. Mais c’est cette grâce qui me séduit, car ils sont seuls à tenir la pluie par la main.
L’Évangile du gitan, extrait.
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On croit que les étoiles sont dans le ciel mais elles sont sous nos pas. On les écrase. Ce qu'on voit briller dans la nuit, ce sont leurs cris.
Certains soirs il m'arrive de chanter en duo avec le vent . Oh , ce sont des chansons improvisées . Tous les deux on se tient par les épaules et on chante à voix basse .
Je m'assois sur un caillou à côté de Dieu. Tous les deux on regarde ce monde corrompu et on restes perplexes. Je n'ose pas lui dire qu'il a commis des erreurs, car ce serait le faire souffrir plus qu'il ne souffre déjà.
page 42
Dans quel lieu puis-je aller où je ne sois pas rejeté ? Quelle chance de savoir que le ciel possède un terrain pour le nomade que je suis, où mes ancêtres vivent heureux.