Cette grande aventure humaine nous est contée par un patient en hôpital psychiatrique, qui nous livre les secrets inavouables de ce lieu effrayant, où l'infirmière en chef règne en tyran. Très stricte sur la routine qu'elle dit instaurer pour le bien des patients, elle ne tolère aucun écart de conduite sans le sanctionner par des électrochocs ou, pire, des lobotomies qui font de ces patients des légumes. Cette façon de régler toute attitude à peine déviante tue dans l'oeuf toute envie de ne pas la contenter. Et comme elle encourage la délation, il y a bien longtemps qu'aucun rire n'a raisonné au sein du service…
Et puis arrive McMurphy, un repris de justice provocateur qui veut se faire passer pour fou dans le but d'échapper à la ferme pénitentiaire. Passé le temps de sa peine, il projette de se faire reconnaître apte à reprendre sa vie d'homme libre. Son rire raisonne donc dans les sombres couloirs de l'asile, qui dérangent l'infirmière en chef. Celle-ci est bien décidée à le mater ou à le faire partir, mais Mac en décide autrement : La politique de l'asile l'effare, il s'attache aux autres patients et cherche à comprendre pourquoi ils restent là alors qu'ils ne sont pas fous au sens clinique du terme, juste un peu inadaptés à la vie dehors. Il se met alors en tête de les rappeler à la vie ; Pourquoi ont-ils peur de rire à ses blagues inoffensives ou ne plaisantent-ils jamais ? S'il s'est mis en tête de le découvrir et d'y remédier, ce sera malheureusement à ses risques et périls…
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Aussi incroyable que cela puisse paraître, je ne connaissais ce grand classique de 1962 que de nom, sans jamais avoir eu envie de m'y intéresser ni savoir de quoi il parlait. Après l'avoir repéré dans un tag puis enfin lu, il me paraît impensable de passer à côté de ce petit bijou qui dénonce les méthodes de traitement psychiatriques de l'époque.
Dès le départ nous pénétrons au coeur de l'établissement grâce au récit de l'un des patients, et aussi grâce au vécu de l'auteur qui s'était lui-même porté volontaire pour un programme expérimental à base de drogues dans un hôpital psychiatrique. Mais contrairement à ce que je redoutais, si l'ambiance est parfois étrange, elle n'est jamais déprimante grâce au personnage de Mac Murphy, ni violente grâce au fait que le narrateur perçoit la plupart des choses désagréable sous le brouillard des cachets (Le premier titre du roman était d'ailleurs "La machine à brouillard"), ce qui estompe la réalité et avec elle la description de bien des choses que l'on ne peut donc que supposer… Ce clair-obscur dans les faits, et cet espoir permanent dans le désespoir ambiant, sont les deux atouts majeurs de l'auteur qui ont contribué à me faire beaucoup aimer ce roman.
Mais il y a aussi la galerie de personnages savoureux pris individuellement et, encore plus, cette émulation que nous ressentons en tant que lecteur toutes les fois que le collectif parvient à gagner du terrain sur l'individuel. Notre coeur se gonfle à chaque sourire, à chaque victoire sur la morosité et le laisser-aller, à chaque reprise en main de son destin, à chaque geste envers les autres qu'apprennent à faire les patients au contact de l'élément rebelle : le camarade McMurphy. Sous ses faux airs de chenapan se cache un vrai coeur de justicier oeuvrant pour l'intérêt général au mépris de ce qui peut arriver à sa personne… Ce qui risque de lui coûter cher. Les personnes pour qui il continue son numéro en valent-elles la peine, seront-elles dignes de ses sacrifices, ou ses efforts seront-ils vains et retomberont-ils comme un soufflé dès qu'il passera le relais… ?
Pour le découvrir, je vous conseille l'édition La Cosmopolite de chez STOCK : Car en plus d'être très lisible et agréable à tenir, elle comporte des dessins inédits des patients du service par l'auteur, disséminés au fil des pages. Quant à moi, il ne me reste plus qu'à voir le film avec Jack Nicholson, même si je redoute qu'il soit plus flippant que le livre…
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