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EAN : 9782070440641
256 pages
Gallimard (29/04/2011)
4.01/5   80 notes
Résumé :

Joseph Kessel voit plus de choses en une page que d'autres en un volume. En publiant "Hong-Kong et Macao" en 1957, il nous offre l'histoire d'un mythe. Celui du plus grand centre de l'opium et de la capitale du jeu, métamorphosés en deux postes frontières du monde occidental et de la Chine. Défilent les personnages les plus étranges, les récits les plus singuliers, entre police secrète, no man's land, richesses insoup&#x... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (14) Voir plus Ajouter une critique
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Petit retour dans le temps, quand Hong-Kong était encore britannique, Macao portugais et que la Chine était tout juste communiste. Ce livre n'est pas classé dans les Reportages de Kessel. Et pourtant, il pourrait sans doute y trouver sa place. Avec des locaux, il visite les deux territoires. Pas uniquement les lieux les plus en vue, ceux pour la "face". Non, aussi les plus misérables, infâmes, où les hommes font le choix entre le riz et l'opium, où les enfants mendient dès tout petit. Il en apprend plus sur les conditions de vie, les trafics que plus d'un gouverneur. Il montre à côté des splendeurs de la nature, des l'homme et des clichés de carte postale les villages de boue et les invalides de guerre brodeurs. Les usines de feux d'artifice où un salaire des misère enchaine les femmes. Il évente les légendes et clichés, pour rapporter d'autres histoires, qui elles aussi semblent sortir tout droit de la nuit des temps.
Kessel fait du journalisme, même quand il semble ne pas y toucher. Chercher des intermédiaires pour tout voir. Pour remettre en question ; l'homme n'en sort pas forcément grandi, mais un peu meilleur, il doit l'espérer.
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Joseph Kessel arrive à Hong Kong en 1955. Six ans après l'arrivée au pouvoir de Mao, la colonie anglaise a vu sa population tripler, elle vient d'absorber plus de deux millions de réfugiés chinois.
La ville, posée sur un rocher jusque-là quasi inhabité, le subjugue. Il est fasciné par la beauté de façade qu'il observe en haut du «Victoria Peak». La vie, la foule, la volonté, la palpitation de la cité, la végétation de ce «havre embaumé» (traduction littérale du nom chinois Hong Kong), la baie où se croisent toutes sortes d'embarcations, lui font très forte impression.
Mais rapidement, le journaliste reprend le dessus et à l'aide de George, son guide et ami, il découvre l'autre face de la ville, la réalité des quartiers continentaux de Kowloon, de Mong Kok et les «Nouveaux territoires». Celle-ci est beaucoup moins reluisante et la misère qu'il y découvre semble un abîme sans fond. Il va alors nous livrer des portraits sidérants qui font le grand écart entre la plus grande richesse et l'extrême pauvreté. Il décrit l'omniprésence de la misère et relate crûment les trafics qui prospèrent sur ce terreau (l'opium, la prostitution, le marché d'enfants, le jeu).
Un extraordinaire récit de voyage !
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« La baie de Canton part du delta de la Rivière des Perles pour s'évaser largement, comme les branches d'une tenaille ouverte. Au bout de la branche est se trouvent Hong-Kong et Kowloon. Sur la pointe extrême de la branche ouest, il y a Macao ».

Un extraordinaire récit de voyage paru en 1957.
En fin connaisseur et observateur expérimenté, Joseph Kessel écrivain-voyageur, romancier, journaliste, nous offre un panorama complet et nous révèle ce coin d'Extrême-Orient, à l'époque grande place de l'opium, enfer du jeu, repaires de contrebande…
Hong-Kong et Macao, transformés en deux rochers postes frontières du monde occidental face à l'immense Chine.

Au fil des confidences reçues, se dévoile, au cours de la lecture, ce que fut cet endroit du monde à l'époque.

Lieux de légendes et de débauche.

Effarant, étrange, merveilleux, des personnages singuliers dans une complexité et une adaptation aux épreuves les plus rudes.
Richesses, misère, no man's land...
« (…) après la brève zone des palaces et des grands magasins (…) habitée par la moyenne et petite bourgeoisie européenne et chinoise, j'ai vu (…) le revers de la médaille étincelante, les terribles coulisses de la parade et du paradis de Hong-Kong. »

« Il semblait impossible que la même île portât cette effrayante désolation et la tumultueuse, l'éclatante cité de Hong-Kong ».

Une « douce léthargie » habite des lieux d'un autre temps.

« Et leurs visages immobiles d'une jaune ivoirin semblaient enduits par la poussière des siècles ».

Les splendeurs et les magnificences côtoient la misère humaine.
« La fange humaine se mêlait à celle de la terre ».
Richesse, enchantement et merveilleux face à la détresse extrême, trafics multiples, prostitution, mendicité…
Une réalité contrastée des plus frappantes.

La violence et la grâce.

Joseph Kessel raconte, et décrit une misère omniprésente, une détresse humaine qui se fond au coeur de paysages d'une beauté magnifique.

Il porte un regard plein d'empathie et le récit est richement documenté.

Une belle découverte très dépaysante et touchante dans un style au charme suranné.
Merci à mon amie Véro.
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« La petite mendiante qui avait déclenché le jeu de ces souvenirs ne bougea pas. Je m'approchai d'elle. Sa paume était ouverte sur ses genoux repliés. Mais elle n'en savait rien. Elle dormait… Je mis quelques pièces dans cette main qui se referma inconsciemment, innocemment, comme une fleur blessée. Je pensai alors à ce que Dostoïevski faisait dire à l'un de ses personnages :
-Tant qu'il y aura au monde un enfant, un seul enfant malheureux, je ne pourrai pas croire à Dieu.
Et, regardant la petite fille de Macao, j'ajoutai intérieurement :
-Encore moins aux hommes… »

Quand on aime voyager, il est presque impossible de passer à côté des écrits de Kessel. Ses romans sont une invitation à prendre le large. Et il m'en faut peu pour céder à la tentation, remplir un sac et m'évader. le plus difficile a été de choisir la destination vers laquelle j'avais envie de partir. J'ai hésité entre plusieurs, La piste fauve de l'Afrique, Les cavaliers de l'Afghanistan, Les nuits de Sibérie, La vallée des rubis de la jungle birmane, La steppe rouge de la Russie bolcheviste. Plusieurs encore… Pour finalement arrêter mon choix sur la découverte du pays des dragons, la Cité Interdite. Goûter un « vrai » canard laqué Made in China, ça me plairait bien!

Kessel a suivi les traces de son ami George, Chinois de Shanghaï, dans les recoins les plus obscurs du grand monstre sacré. Son ami fait parti de ces hommes rares, pleins de bonté, obsédés par la misère humaine. Ensemble, ils nous font découvrir, à travers leurs dialogues, la fureur d'une ville qui ne dort jamais. Parce que Hong-Kong, ce n'est pas que le charme de ses campagnes, avec ses petites rizières, ses paysans et ses attelages de boeufs. Ce n'est pas non plus que la beauté des femmes, cette grâce dont l'auteur fait éloge avec pas mal d'enthousiasme. Ni que la magie des sampans, ces barques flottantes qui, à la nuit tombée, emplissent le fleuve d'un immense navire nocturne, spectacle de feux multicolores. Ah ça, j'aimerais trop…

La Chine, c'est aussi ces grands ports qui sentent le mazout et le charbon. Là où chaque jour des contrebandiers d'opium de la Compagnie des Indes orientales s'en mettent plein les poches, sous la complicité des autorités chinoises. L'un des plus grands marchés clandestins au monde. Beaucoup d'argent pour un petit nombre de gens et tant de misère pour la majorité… Mais ça, ce n'est pas qu'en Chine! Sans oublier le trafic clandestin de l'or. Kessel a aussi rencontré cette « vendeuse d'enfants », c'est son titre, elle met au monde de beaux enfants pour les revendre à des prix exorbitants et se faire une fortune. le moyen qu'elle a trouvé pour survivre. Sinon, l'auteur parle très peu de l'invasion de la Chine par les Japonais. En revanche, comme Hong-Kong est situé au seuil de la Chine communiste, Mao Tsé-Toung et le nationaliste Tchang Kaï-Chek sont au coeur de bons nombres de ses débats. La Chine communiste! Ça me fait rire… « communiste », mais avec une économie et le capitalisme!

Quand on pense à Hong-Kong et Macao, on pense aux maisons de jeux, là où après une partie de Ma-Jong ou de fanfan, les hommes vont se choisir une femme pour passer la nuit, comme dans un buffet « all you can eat ». le paradis de la débauche version orientale. M. Fu est à la tête de l'une des plus grandes maisons de jeux mondialement connue. Une chose est certaine, il ne vit pas dans la rue à manger des restants de table! Miss coca Cola non plus. Kowloon est un no man's land qui a forcément marqué Kessel puisqu'il y consacre un chapitre entier. Un enfer de boue et de ruelles obscures, douteuses, d'une odeur corrompue. Avec ses fumeries d'opium, ses cases de prostituées.

En gros, l'auteur ne donne pas tellement envie d'y aller, mais il nous fait connaître ces deux villes avec l'authenticité du voyageur qui s'est mêlé à ses habitants. Celui qui sort des grands hôtels pour touristes et plonge au coeur de leur quotidien. C'est ainsi que j'aime voyager, loin de la foule, loin des sentiers déjà tracés. de toute façon, je préfère les grands espaces sauvages à la foule étourdissante des grandes villes où les gens sont entassés et vivent les uns sur les autres. 
Lien : http://www.lamarreedesmots.c..
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Je crois que je préfère le Kessel reporter au Kessel romancier.
Ca manière pudique et tranquille de raconter, tant ce qu'il voit et vit que ce qui lui est conté au hasard des rencontres, m'enchante.

Un sentiment s'est imposé à moi rapidement, la convergence de nos perceptions malgré les 35 ans séparant nos passages respectifs en ces lieux.

En 1990 il restait un peu du Hong Kong de Kessel, l'extrême pauvreté en moins ou mieux dissimulée. Les mêmes ferrys verts débarquaient toujours des foules industrieuses, cosmopolites et frénétiques dans les venelles abruptes de l'Ile.
Mais sur les quais les jonques avaient quasiment disparu et les quelques rickshows rescapés rutilaient sous les fesses mafflues de touristes en bermudas.

Dans le hall d'entrée de ma guest house, de nombreuses affichettes promettaient solide rémunération contre cours de langues . Il s'agissait pour les candidats à l'exile de renforcer leurs chances d'émigrer au Canada, en Nouvelle Zélande ou en Europe, car déjà l'anxiété était palpable face au spectre inexorable de la rétrocession à la Chine.

Débarquer à Macao après quelques semaines électriques à Hong Kong c'était retrouver une ambiance méditerranéenne, apaisée.
Point de gratte-ciel ni d'embouteillage, des rue calmes, des chats somnolant au soleil, des gens papotant, assis devant chez eux. Une ville engourdie, qui ne semblait guère redouter sa rétrocession, peut-être avait-elle moins à perdre.

Quant à l'assourdissant vacarme des joueurs de majong évoqué par Kessel, j'eu droit à mon échantillon. Alors que je cherchais le sommeil le patron de mon hôtel et quelques camarades fracassèrent inlassablement la nuit de leurs dominos.

Qu'en est-il de Hong Kong et de Macao aujourd'hui ?
Il y a-t-il, dans un avion, un Kessel qui rentre nous raconter?
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critiques presse (1)
Lexpress
09 juillet 2011
Hong-Kong et Macao est un hymne envoûtant au courage et à la poésie. Une leçon de sagesse comme seule la rencontre de deux cultures peut nous en servir.
Lire la critique sur le site : Lexpress
Citations et extraits (9) Voir plus Ajouter une citation
Le Constellation, de la compagnie Air India, qui avait quitté l’aérodrome de Bangkok cinq heures plus tôt, survolait maintenant les côtes de la mer de Chine et approchait de la baie de Canton. Mais la couche de nuages qui cachait la terre et les flots était si épaisse et si dense que l’ombre de l’avion projetée en minuscule filigrane sur la surface laiteuse suivait notre vol. […]

Mais un immense trou creva soudain la base des nuages et du fond de l’espace une étendue d’eau étincelante surgit, semée d’îles sans nombre. Elles n’étaient que des morceaux de rocs ancrés dans la mer, tantôt nues et tantôt boisées ; et toutes sauvages et désertes. Toutes — sauf une. Par contre, sur celle-là, il n’y avait pas un pouce qui fût libre. […]

Cette île était Hong-Kong…
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Hong-Kong veut dire, en chinois, Havre embaumé.
Le nom vient des temps où, vierge et quasi déserte, cette île de la baie de Canton servait seulement d'abri à quelques huttes de pêcheurs, quelques jonques de pirates et aux nids des oiseaux sauvages. Les brises des mers, alors, dispersaient au loin sur les flots de l'archipel innombrable les aromes de la jungle fleurie qui poussait le long de ses flancs abrupts.
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Mais j'étais bien incapable de prêter la moindre attention aux sentinelles jaunes. Je contemplais avec une stupeur incrédule les soldats portugais qui se tournaient vers moi.
C'étaient des nègres énormes. Et rien ne pouvait sembler plus extravagant, en un pays de corps graciles, de fins visages et de regards mi clos, que de voir soudain ces torses puissants, ces faces noires et massives, ces yeux au blanc éclatant, ces cheveux crépus et ces bouches d'ogre.

... ils sont très heureux ici... Les filles les aiment bien et ils apprennent grâce à elles le chinois beaucoup plus vite que leur langue natale…
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Là, un autre village apparut soudain, comme collé au premier, mais un village flottant.
Aussi loin que portait le regard, ce n'était qu'un ondoiement compact et dense, une incroyable mêlée d'embarcations serrées bord à bord. Il y en avait des centaines et des centaines et de toutes les formes et de toutes les tailles. Jonques de fret, lourdes et ventrues, jonques de pêche dont les filets séchaient près des voiles ramassées, fières et fines jonques de course, gros sampans à plusieurs paires de rames et tout petits que l'on maniait à la godille...
Ces bateaux se touchaient de si près qu'ils semblaient ne faire qu'un immense et fantastique navire aux mille mâts, aux mille proues, ou bien une étrange cité à l'ancre, balancée par le ressac...
(extrait du chapitre VII "Les invalides aux doigts de fée")
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Et il y avait les marchands de charmes en métaux précieux, et les rues montantes où, sur les escaliers, entourés de vieilles maisons penchées, couvertes d'enseignes frémissantes et chargées d'hiéroglyphes, des femmes sans âge vendaient l'encens, les poissons secs et la bonne aventure.
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Jusqu'où peut nous entrainer l'amitié avec un animal ? Surtout quand cet animal est farouche : ici, il s'agit du roi des animaux. le lion.
« le Lion », de Joseph Kessel, c'est à lire et à relire en poche chez Folio.
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