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EAN : 9782847344288
237 pages
Tallandier (22/03/2007)
3.96/5   37 notes
Résumé :
4° de couverture :
(Edition source : Christian de Bartillat - 05/1995)


Il faut remonter à Louis XVI, à Jeanne d'Arc, aux Templiers pour trouver des procès d'une dimension historique égale à ceux qui marquèrent en 1945 la fin de la guerre et la fin d'une époque. Cinquante ans plus tard, le rideau n'est toujours pas tombé sur le maréchal Pétain, chef de l'État français, ni sur les criminels nazis mis en accusation à Nuremberg. Les jugemen... >Voir plus
Que lire après Jugements derniers : Les procès Pétain, de Nuremberg et EichmanVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (6) Voir plus Ajouter une critique
Trois parties dans ce livre consacrées à trois procès d'envergure qui ont marqué l'Histoire :
Joseph Kessel est, chaque fois, présent dans les rangs de la presse, il est l'envoyé spécial de France-Soir, mandaté par Pierre Lazareff, le directeur général du quotidien .

- La première : Pétain comparait devant la Haute Cour de justice.( Recréée par ordonnance dans le cadre de l'épuration légale pour juger le chef de l'État Pétain, le chef du gouvernement Laval, les ministres, les commissaires généraux, les résidents, les gouverneurs généraux, et les hauts fonctionnaires) le procès se tint du 24 juillet au 16 août 1945 .
- La deuxième, c'est le Procès de Nuremberg qui se déroula du 27 novembre au 2-3 décembre 1945. Sont alignés sur le banc des accusés :
Hermann Göring, Karl Dönitz, Hans Frank, Wilhelm Frick, Hans Fritzsche, Walter Funk, Rudolf Hess, Alfred Jodl, Ernst Kaltenbrunner ,Wilhelm Keitel, Konstantin von Neurath, Franz von Papen, Erich Raeder, Joachim von Ribbentrop, Alfred Rosenberg, Fritz Sauckel, Hjalmar Schacht, Baldur von Schirach, Arthur Seyss-Inquart, Albert Speer, Julius Streicher,(21 hauts dignitaires nazis et non 20 comme le mentionne Kessel)
- La troisième concerne le procès Eichmann à Jérusalem en 1961 -12 avril- 16 août-.

Dans cet ouvrage, il ne s'agit pas d'une reconstitution exhaustive de ces trois évènements majeurs.
Pour les deux premiers procès, les comptes-rendus d'audiences, sont autant de chroniques quotidiennes, permettant au lecteur de saisir, comme s'il était présent, les moments forts de ces journées historiques, de ressentir le poids de chaque témoignage, de capter, par de menus détails tels que les attitudes, le regard, un geste de la main, un rictus, un faciès impassible , marmoréen , ou qui s'empourpre brusquement par la peur, la colère, l'émotion, la cassure d'une voix , une coulée de sueur… , l'état physique et mental de chaque protagoniste , de se plonger dans l'ambiance houleuse et dramatique du prétoire surchauffé...

Pour le troisième procès, le reportage change de ton, devient plus personnel, prend souvent la forme d'une longue narration plus intimiste, plus émouvante, plus d'affect, notamment, quand Kessel, le juif résistant est confronté à la narration de la rafle général des juifs à Monaco , il se souvient avoir sauvé une famille amie en la conduisant dans un asile sûr, il avait porté le bambin et avait senti contre sa poitrine « ce coeur minuscule qui battait, affolé comme un oiseau à l'agonie » . A l'évocation de cet épisode, tous ses souvenirs dramatiques ont afflué et il ressentit « toutes les terreurs, toutes les larmes, toutes les clameurs, tous les silences désespérés, tous les tourments dont Eichmann avait été l'ouvrier (…) »
La longue mais très intéressante préface de Francis Lacassin déroule fort judicieusement ce qui déclencha la seconde guerre mondiale et rappelle le contexte dans lequel se déroulèrent ces procès qui « ont pour même racine le funeste traité de Versailles de 1919 ».
Outre l'intérêt historique de ces reportages, on y retrouve la plume talentueuse et aventureuse de Kessel , la même qui rythma le Chant des Partisans, celle qui féconda ses romans , et cela rend cette lecture particulièrement prégnante.

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C'est le compte rendu de trois grand jugements - Pétain, Nuremberg et Alfred Eichmann - écrits par Joseph Kessel, en tant que journaliste. Vaut la peine rappeler que, en plus de journaliste, Kessel était aussi résistant et juif.

Même si, à l'exception du préface, le contenu tout entier a été écrit par Joseph Kessel, on remarque bien la changement de style entre les différents jugements. Il s'agissait, au départ, des deux premiers jugements, assemblés par Francis Lacassin (qui a aussi écrit la préface), auxquels a été rajouté le récit du jugement de Eichmann.

Ces chroniques sont parues dans les journaux de l'époque, puis rassemblés dans des livres : "Les instants de vérité", "Terre d'amour et de feu. Israël, 1926-1961" et "L'heure des châtiments".

La première partie (Pétain), il s'agit d'un récit du jugement, jour par jour. Kessel ne rentre pas trop dans les détails des discussions. C'était plutôt une chronique. Kessel se montre un fin observateur des réactions des uns et des autres, rapportant les sauts d'humeur de Pétain, son parfois agacement avec les photographes, la position de ses mains, ... et la réaction finale de Pétain lorsqu'il apprend qu'il a été condamné à mort.

La deuxième partie, Jugement de Nuremberg, se sont des fragments pas nécessairement dans l'ordre chronologique. Là encore, ce qui ressort est surtout le côté observateur de Joseph Kessel. C'est presque comme si, tout en connaissant le but du jugement, il faisait abstraction de ce qui se passait pour ne faire qu'observer le comportement des uns et des autres.

Dans la troisième partie, bien plus longue, Joseph Kessel entre dans le détail du contenu des débats, la stratégie de défense de Eichmann, l'attaque du Procureur, ... Comme avant, il observe attentivement le comportement de l'accusé, mais aussi du président de la cour e du procureur. Si dans les deux premiers jugements Joseph Kessel se montrait presque neutre dans celui-ci il démontre, beaucoup plus, prendre parti de l'accusation. Ceci n'est pas une critique, mais juste une remarque - même sans le recul que nous avons aujourd'hui, j'imagine qu'à l'époque on ne pourrait pas penser autrement.

Finalement, c'est un livre de 250 pages qui parle de trois procès historiques. On ne peut pas s'attendre un récit complet, mais il n'est pas inintéressant. Il ne s'agit pas d'un récit écrit pas un historien, mais un récit d'un journaliste rapportant ses impressions sur le moment, un journaliste qui était un fin observateur.



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Si des textes peuvent nous faire comprendre le noble rôle du journaliste alors ce sont bien les reportages de Monsieur Joseph Kessel. Et c'est en lisant Jugements derniers que nous réalisons que nous nous devons de veiller, tous ensemble, de part le monde, à ce que cet exigeant travail ne doit jamais être entravé par quelque pouvoir.
Si je pouvais émettre un souhait : que tous les journalistes deviennent les enfants de Kessel et que nous soyons tous conscients que nous nous devons de les protéger.
Ils sont nos yeux, et nos oreilles, et seront pour demain la parole de l'Histoire.

Astrid SHRIQUI GARAIN
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J'ai lu avec beaucoup d'intérêt ces chroniques d'audience des procès Pétain, Nuremberg et Eichmann. J'ai beaucoup apprécié la façon dont Joseph Kessel s'attache à décrire les attitudes, les réactions des accusés. Il ne s'agit pas de comptes-rendus d'audience mais plutôt de raconter une atmosphère, des caractères. C'est très intéressant.
A noter une différence de point de vue pour le procès Eichmann où l'on sent l'expérience et une plus grande maturité de l'auteur. le point de vue est plus détaillé, plus documenté.
On pense évidemment à la banalité du mal d'Hannah Arendt, ce ne sont que des hommes, monstrueux pour la plupart mais que des hommes.
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Pétain : été 1945. Nuremberg : hiver 1945. Eichmann : 1961. Trois procès retentissants de l'après Seconde guerre mondiale, médiatisés dans le monde entier. Les plus hauts dignitaires militaires placés sur le banc des accusés pour répondre de leurs crimes. Des hommes face au jugement de l'Histoire.

Le Français Jospeh Kessel, qui fut également un romancier hors pair – je vous recommande notamment la lecture de Fortune carrée (1932) et le Lion (1958) – fut un des meilleurs reporters du XXe siècle. Comme indiqué en quatrième de couverture, voilà un journaliste qui couvrit, entre autres, « les guerres civiles irlandaise et espagnole, les premières tensions en Palestine, les vols transsahariens de l'Aéropostale comme la traite négrière en mer Rouge. » Dans Jugements derniers il dresse le portrait d'accusés qui ne semblent pas mesurer la portée de leurs actes passés, tout simplement parce que la lâcheté est devenue depuis longtemps leur unique guide. Qu'il s'agisse de Philippe Pétain, le maréchal de la collaboration avec Hitler, des Nazis de Nuremberg, reponsables en quelques années de plusieurs dizaines de millions de morts, ou bien encore d'Adolf Eichmann, le pourvoyeur des camps d'extermination, le pathétique de ces puissants déchus se mêle constamment à l'abjection des crimes et au tragique de la situation. Les comptes rendus journalistiques de Kessel se concentrent sur l'attitude et les visages de ceux que l'on sait par avance condamnés. Il narre avec concision et vivacité les arguties et débats houleux qui font ressurgir l'innommable dans l'enceinte de ces trois tribunaux. Mais les passages les plus saisissants de ces chroniques juridiques sont deux duels, celui opposant Paul Reynaud au général Weygand lors du procès Pétain, et celui opposant le procureur Hausner à Eichmann. Là sourde une haine réciproque, à la fois impalpable et explosive. Et que dire de (...)
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Citations et extraits (8) Voir plus Ajouter une citation
Le procureur général passait en revue un à un les pays occupés pendant la guerre par l'Allemagne nazie, et où Eichmann avait organisé, pressé l'extermination des Juifs. L Pologne, la Hollande, la Belgique, la Norvège, le Danemark, la France, la Yougoslavie, la Grèce, la Roumanie, la Bulgarie, la Hongrie...
Partout les mêmes principes et les mêmes procédés : les lois spéciales, l'inscription raciale obligatoire, l'étoile jaune, le rassemblement dans les camps d'internement, la déportation vers les camps de la mort.
Et les mêmes résultats : des dizaines, des centaines de milliers de cadavres dont on utilisait minutieusement les habits, les souliers, les cheveux, les dents en r, les alliances.
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Mais Pierre Laval ne regrette rien. Il est sûr d'avoir bien agi. Il est sûr que le fascisme, le nazisme sont des régimes aussi bon que les autres. Il parle de Mussolini avec révérence et amitié. (...) Parfois, cependant, son oeil plat de serpent va, comme traqué, d'une travée à l'autre.
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(p.101-103)
Le premier président Mongibeaux, sa toque sur la tête, commence la lecture des attendus.

Elle va durer vingt minutes. Vingt minutes interminables. Vingt minutes au cours desquelles la voix impassible, impitoyable cite une à une les fautes, les défaillances, les trahisons retenues par la Haute Cour.

Dès le premier instant, dès que le président Mongibeaux a désigné l'accusé par son seul nom, dès qu'il a dit : "Pétain" tout court, chacun, dans la salle, où le silence est soudé comme un bloc, chacun a compris à quelle sentence vont mener tous ces alinéas, tous ces paragraphes.

...

Il touchait son képi d'or et de gloire d'un mouvement nerveux. Il caressait impatiemment le bras de son fauteil. Il mettait un doigt entre ses lèvres frémissantes. Il portait en pavillon la main à son oreille. Parfois, il se tournait vers ses défenseurs qui, immobiles, rigides, le surplombaient de leurs robes noires et de leurs visages anxieux.

Le maréchal Pétain comprenait-il ? Entendait-il ?
"Peine de mort."
"Indignité nationale."
"Confiscation de tous les biens."

La voix du président Mongibeaux n'a pas changé de timbre.

Puis elle s'est tue.

Celui qui - de par la sentence - n'est plus le maréchal Pétain, regarde le tribunal, regarde ses avocats. Il ne se lève pas.

A-t-il compris ? A-t-il entendu ?

- Gardes, emmenez le condamné, dit le président.

Et l'accusé se lève. Mais il n'a plus ses mouvements assurés, les jambes hésitent. Il fait un pas vers la gauche. Un autre vers la droite. On dirait, pour un instant, qu'il est aveugle.

Et voilà qu'il s'en va, qu'il passe par la porte étroite, qu'il disparaît.

Il était 4h30; le 15 août 1945.
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M. Trochu, témoin cité par la défense, a lui même condamné Petain lorsqu'il a raconté que , en 1943, essayant de faire renoncer le Maréchal à son pouvoir; il lui a dit :

" Vous parti, il n'y aura plus un policier français pour arrêter les maquisards, plus un fonctionnaire pour poursuivre les patriotes".
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Enfin, au cours de cette troisième audience (...) on a revécu la première période de Vichy, avec son adulation servile et morbide du Maréchal chef de l'Etat en même temps que de la défaite. On s'est souvenu d ce style immonde où les plus beaux mots de la langue française servaient à encenser tout ce qui est contraire à la vraie noblesse, à la vraie grandeur d'un peuple.
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Jusqu'où peut nous entrainer l'amitié avec un animal ? Surtout quand cet animal est farouche : ici, il s'agit du roi des animaux. le lion.
« le Lion », de Joseph Kessel, c'est à lire et à relire en poche chez Folio.
>Histoire générale de l'Europe>Histoire de l'Europe depuis 1918>Seconde guerre mondiale: 1939-1945 (252)
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