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Critique de VALENTYNE


Paris, milieu des années 1930. le narrateur est journaliste, écrivain. Il passe ses soirées dans le quartier de Montmartre, principalement attablé à un bar, le Sans- Souci. Un matin, il aperçoit une femme qui semble fuir. Intrigué, il s'interroge, la suit. Il finit par apprendre son nom, Elsa Wiener, elle a fuit l'Allemagne nazie, avec Max un enfant infirme d'une douzaine d'années.
Ce passage est un extrait de la première rencontre entre le narrateur (Kessel?) et Elsa :
"Un effroi sans nom déformait ce tremblant murmure. Une terreur qui confinait à la panique écartelait le beau visage.
- Mais quel crime inexpiable avez vous donc commis envers Hitler ? demandai-je, en plaisantant.
- Moi aucun, mais ils ont arrêté mon mari, dès leur arrivée au pouvoir. Si je ne m'étais pas enfuie, ils me jetaient en prison comme complice.
- de quoi donc ?
- Est ce que je sais ! Est ce qu'ils savent eux mêmes! Michel, mon mari, était éditeur. Il paraît qu'il publiait surtout les écrivains de gauche. Des livres contre la guerre. Mon pauvre Michel ! Il ne s'est jamais occupé de politique.
- On le relâchera bientôt, dis-je avec assurance.
- Dieu vous entende. Il doit passer bientôt en jugement. Dans un autre pays, je serais sûre de sa libération. Mais avec ces brutes horribles...
Elsa promena sur la salle un regard traqué, et reprit :
- Horrible, oh, oui. Ils aiment le sang, la souffrance. Pensez qu'ils ont estropié le petit Max. Simplement parce qu'il est juif. Son père, très bon musicien, venait me faire travailler. L'enfant l'accompagnait parfois. Un jour en route, ils furent lapidés par les miliciens. le père y resta : le petit eut les jambes et le bassin brisés. On le rapporta chez nous. Il n'avait plus personne, car sa mère était morte depuis longtemps. Je l'ai gardé. Cela se passait avant même que Hitler ait tout pouvoir. Maintenant les bourreaux sont les maîtres. Je n'ai jamais pu haïr personne. Mais eux, je les hais autant que j'en ai peur." (p45)
.
Dès lors, il devient son ami, et essaie tant bien que mal de l'accompagner dans son désir de sauver son mari interné. Au début, il l'aide, trouve à Elsa et Max un pied à terre près de la mer pour se ressourcer. Au retour d'Elsa et de Max à Paris, il assiste, impuissant à la lente descente aux enfers d'Elsa. le lecteur suit leur relation (platonique) avec un peu de distance car on voit essentiellement Elsa à travers le regard du narrateur. Comme il est journaliste, il s'éloigne souvent de Paris et part à l'étranger. Lors de ses retours successifs en France, il prend conscience de la déchéance d'Elsa, qui devient peu à peu obnubilée par son mari prisonnier et qui cherche par tous les moyens à lui envoyer de l'argent, sacrifiant sa santé (physique et mentale) dans cette fixation.

Le narrateur arrive à la convaincre d'arrêter de se droguer à l'héroïne mais pas à l'alcool.

J'ai beaucoup aimé ce roman, tant pour la richesse des personnages, que pour le contexte historique. Comme le dit la quatrième de couverture, ce livre paru en 1936, montre avant l'heure, la dangerosité d'Hitler et du nazisme. Elsa sera broyée par L Histoire. Michel et Max , très touchés également, sont très émouvants, en particulier Max, qui malgré sa jeunesse comprend parfaitement les motivations d'Elsa dans sa quête éperdue et son sacrifice.

Lien : http://l-echo-des-ecuries.ov..
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