AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de mesrives


Hallal, Hallal ! La clameur sacrée s'élève. Les cris du vainqueur résonnent encore dans ma tête. Les fiers cavaliers et leurs montures fourbues ont tout donné. Mais à présent la partie de bouzkachi est finie, le vainqueur a jeté la dépouille du bouc décapité dans le Cercle de la justice (cercle de craie tracé au sol entre deux mâts où la dépouille doit être lancé pour gagner). Il pourra rentré auréolé de gloire dans son village, y être fêté et ses prouesses seront longtemps chantées et contées.

Ouh la la ! Je me demande encore comment j'ai pu passer à côté de ce chef d'oeuvre.
Ah, c'est sûr je ne suis pas prête de les oublier ces sacrés tchopendoz et je crois même qu'ils, Les cavaliers, vont partir avec moi sur une île déserte.
Je suis conquise et fascinée !

Oui, j'ai aimé les tchopendoz, ces hommes perchés sur des bottes à talonnettes, le crâne couvert d'un bonnet fourré de loup, dieux vivants de tout un peuple aux qualités équestres incomparables, leur violence et leur fureur, leur noblesse, leur démarche déglinguée...
J'ai aimé Toursène, le Maître des écuries, au corps torturé et à la face abîmée
J'ai aimé Ouroz, son fils, au rictus de loup rongé par l'orgueil et rêvant de gloire

J'ai aimé leurs serviteurs, les saïs.

J'ai aimé leurs femmes mais pas leurs conditions, confinées aux tâches domestiques et non autorisées à regarder les bouzkachis, ne pouvant même pas être les témoins de la gloire de leurs fils!
J'ai compris Zéré, la fille du petit peuple nomade, écartelée entre ses rêves d'amour et d'ascension sociale, traitée de putain car libre de son corps.

J'ai apprécié la beauté des décors, imaginé la steppe brûlante, la vallée de Bamyan et le défilé des lacs sacrés de Band-e-mir .
Harassée, je me suis reposée dans les tchaïkanas, les maisons à thé.

Je me suis occupée de l'un des plus beaux chevaux: Jehol, le cheval fou.
J'ai respiré l'odeur forte des chameaux, des boucs, essuyé leur sueur .
J'ai tout pris, tout accueilli : la faim, la soif, la fièvre, les couleurs, les parfums ...
Je me suis embrasée à la lecture de ce magnifique et superbe roman.

Alors prenez place pour savoir si le tchopendoz qui a été désigné relèvera le défi lancé par le Maître des écuries de la province de Maïmana: gagner le premier bouzkachi royal organisé à Kaboul sur le plateau de Bagrami où s'affrontent les trois provinces du nord.

Avec ce titre Kessel nous convie à la découverte d' une contrée légendaire, la partie occidentale de l'Afghanistan et , il nous invite à partager la culture ancestrale de cette société, de son peuple nomade qui a su si bien l'accueillir lors de ses reportages dans les années 1950.

Une évasion totale, un voyage époustouflant!
Un roman au souffle épique, riche, foisonnant, inspiré des voyages de Joseph Kessel .
Un vrai bonheur.

Pour finir de vous convaincre, je cite Olivier Weber dans Kessel, le nomade éternel:
« Tout est là: le danger, l'imprévu, les odeurs de l'Orient, des personnages incroyables, la magie des contes, les antiques caravanes, l'amitié et la férocité . » 

De mon côté, je vais aller mettre le nez dans le jeu du roi dès que je le déniche.
Commenter  J’apprécie          17218



Ont apprécié cette critique (153)voir plus




{* *}