Hélas, je viens de terminer cette biographie magnifique.
J'ai pris mon temps. C'est ma façon de lire Kessel dont j'admire tant l'écriture.
Cette biographie, Kessel avait projeté de l'écrire avec son ami Mermoz. Hélas, le destin en a décidé autrement.
C'est donc seul que l'auteur retrace la vie de son ami, qu'il aima démesurément.
Il y a mis tout son coeur, tout son talent, il a fait des recherches, interrogé des proches, lu des écrits de Mermoz, il n'a rien laissé au hasard.
Vous souvenez-vous de ce film de 1965 « Ces merveilleux fous volants dans leurs drôles de machines » ?
Certes, la vie de Mermoz ne ressemble pas à ça...mais Mermoz était « un merveilleux fou volant » prêt à tout pour assouvir sa passion : l'aviation !
... Mais à l'époque, les avions étaient « de drôles de machines » rescapées de la guerre 14-18, tombant en panne, sans aucun moyen de communication, avec le pilote à la merci des éléments : le froid, le chaud, la tempête, les vents de sable etc.
Sa vie est une épopée dont l'auteur ne nous cache rien, le bon comme le moins bon. Mermoz était ivre de vie. C'était un explorateur, un génie de l'aviation, un passionné d'aventure, un homme qui croyait à l'amitié plus qu'à l'amour ( me semble-t-il ).
La naissance de l'Aéropostale fait partie de sa vie. Tous les grands aviateurs de l'époque font partie de sa vie. Le courrier passe avant tout, même si des hommes doivent y laisser leur vie.
Aujourd'hui, seulement 84,9 % des lettres prioritaires sont distribuées J+1 par La Poste. Qu'en penserait Mermoz ?
Certes, l'époque n'est plus la même me direz-vous. Certes. Et bien, je regrette celle qu'a connue Mermoz !
Je vous invite à participer à ce grand combat que fut l'ouverture des lignes postales aériennes à travers le monde, combat mené pour beaucoup par Mermoz.
Il y a laissé sa vie. Mais c'est ainsi qu'il voulait mourir...
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Vol, périls, pureté, amitié, Mermoz avait appris à Palmyre tout ce qui lui était nécessaire pour vivre. Il avait subi le sortilège que connaissent les êtres de qualité dont une partie de l'existence a été donnée au désert. Dans sa substance souterraine s'était glissé le démon des sables et de la solitude. Ces longues journées de soleil accablant, cette nuit lunaire, inhumaine où près des barbelés il avait sangloté, faisant écho aux chiens de Palmyre, l'épais vent jaune qui déracinait les tentes, comptaient pour autant d'enchantements inexplicables. Sans le savoir il avait connu sa vérité. Il n'en mesura le privilège qu'à l'instant où il dut envisager l'heure du départ.
J'ai demandé une fois à Mermoz s'il avait peur dans ses luttes avec la mort.
- Peur ?avait-il répété pensivement.Non ça ne peut pas s'appeler ainsi. Je ne peux pas te l'expliquer. Les camarades seuls pourraient comprendre. C'est une affaire entre nous.
Il réfléchit quelques secondes et ajouta :
- Vois tu la vraie peur, la sale peur, je l'ai éprouvé sur le pavé de Paris, quand j'étais clochard, à l'idée de ne plus pouvoir voler, c'est à dire vivre ma seule vie possible.
Mermoz fut attiré par ce nouveau camarade. Son originalité puissante le séduisit. Ils se lièrent sur un plan qui ne relevait pas de leur métier. Saint-Exupéry reconnut en Mermoz un être exceptionnel par la sève, la chaleur vitale, la sensibilité. Il lui parla comme il ne parlait à personne. Sa culture, son esprit aigu, ses préoccupations abstraites, toute l'étonnante machine à penser que contenait son front bombé, firent sur Mermoz une impression décisive. Mermoz a toujours admiré - avec une ferveur d'enfant ébloui - l'intelligence, le savoir, le talent. Ces biens immatériels, Saint-Exupéry en était prodigieusement riche. Les rapports qui s'établirent entre les deux jeunes hommes furent empreints d'une déférence mutuelle assez singulière dans ce milieu. Ils ne se tutoyèrent que dix années plus tard. Mais c'est à Juby que Saint-Exupéry mit Mermoz dans la confidence de ses travaux nocturnes : il écrivait un livre qui aurait pour titre : Courrier Sud.
Un soir, il vint lui en lire des passages.
549 - [Le Livre de poche n° 1001/1002, p. 194]
J’ai dit que toute l’existence de Mermoz a été hanté de symboles. Leur jeu magique continue au-delà d’elle. Dans la maison de Rocquigny parmi les tapis de Palmyre, les soieries de Damas, les nattes maures, les étoffes du Maroc et les cuirs d’Argentine, je vis, l’été dernier, près de la mère de Jean Mermoz, une jeune femme timide et simple avec deux enfants : - Ce sont les petits Collenot et leur mère, me dit Madame Mermoz. Quand nous fûmes seuls, elle ajouta : - Ils sont ici chez eux.
Ce que je crois de toute mon âme c'est que, se voyant mourir comme il l'avait voulu, après avoir vécu comme il l'avait fait, libre de toute compromission, pur de toute souillure, n'ayant fait qu'aimer, combattre, rire et souffrir, [...]Jean Mermoz connut le sacre de la vérité. On ne peut être certain d'elle que sur le pas de la mort.
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