« On n'abat pas un arbre sans que des copeaux volent » .
Lénine .
« On ne peut pas construire le paradis des travailleurs sans que le maillon faible soi rééduqué ou détruit » .
« Il y a déjà de ces ethnologues qui ont trotté par ici pour faire causer la langue et mesurer les crânes , cracha Petó qui ne semblait pas en avoir gardé un noble souvenir » .
« Des histoires d'arbres sacrés habités par les divinités terrestres bienfaisantes » .
« Les prisonniers envoyés dans l'Archipel des camps n'étaient - ils pas tous , dans le fond , victimes de meurtres ? . »
Autant de citations qui plongent le lecteur dans les us et coutumes ancestrales d'un peuple finno - ougrien autant et surtout au sein de la cruelle , atroce réalité des camps russes à l'époque stalinienne , allers et retours entre 1937 Persano : Finlande , Inga quinze ans , fille du redoutable Henrik Malinen , chef des gardes - frontières, homme le plus puissant de la région . et 2015 .. village de Lavra , en Russie où Verna débarque en pays mari après avoir reçu une lettre de son père l'implorant de la rejoindre, il avait quitté la Finlande dans le but de lever enfin le voile sur le destin tragique de sa mère …
N'en disons pas plus .
Cet ouvrage est sidérant , très difficile à lire , pétri de courage et d'espoir , mêlant avec talent faits ethnographiques et L'HISTOIRE avec un grand A.
L'auteur n'hésite pas à opposer deux passés antinomiques re- découverts avec réalité , au sein d'une Russie contemporaine affaiblie .
Il questionne le lecteur sur la misère , la brutalité aveugle , sanguinaire des camps , résultat de son éloignement des croyances animistes et sa belle , ancienne relation en totale harmonie avec la nature .
Les femmes y apparaissent comme des victimes , en suivant les péripéties d'Inga , cette jeune fille finlandaise , nous découvrons tout un pan de la Russie communiste .
Révoltante , l'inhumanité de ces vies dans les camps de travail , une succession d'horreurs arrive à Inga—- j'ai failli cesser ma lecture ——-: on lui coupe la langue , elle est violée , accouche au fond obscur d'une galerie de mine …
Cette oeuvre instruit ——-entre sublime pour certains passages poétiques et sordide ——et un réalisme tragique à propos des traumatismes vécus au delà de l'horreur dans cette région….
Malgré tout , Inga gardera espoir , croira en une meilleure vie , quoiqu'il il lui en coûte .
Elle atteindra ses objectifs , n'aura plus peur de rien comme si elle s'élevait d'un coup d'ailes dans le Bois lumineux , elle est et reste « la fille du Dieu Blanc » .
Elle vivra jusqu'à près de cent ans ….
C'est un livre complexe ,parfois grotesque, noir, féministe , politique , étrange , poétique , naturaliste , mêlant misère , mythologie marie, histoires sacrées, truculence , et horreurs … pétri de courage .
Beaucoup de surenchère dans les horreurs , âme sensible s'abstenir.
« Nous pourrions être dans la Finlande du siècle dernier. Une couronne de bougies en forme de roue de charrette illumine la pièce . Sur les photographies encadrées au mur , les gens des décennies passées nous contemplent , sérieux et concentrés » ..
Traduit du Finnois par Sébastien' Cagnoli .