Après des séries telles que « L'âge de la déraison », une uchronie sur le monde du XIXe siècle, ou bien « Les royaumes d'épines et d'os »,
Greg Keyes nous offre avec « Les élus du Changelin » un remarquable diptyque qui se distingue par sa grande originalité. le lecteur y découvre le destin de deux personnages, la jeune Hezhi, princesse de la famille royale de Nhol dans laquelle coule le sang du dieu Fleuve et vivant une vie protégée et solitaire dans son immense palais, et Perkar, guerrier miséreux en quête de gloire résidant dans une terre lointaine. Si tout semble les opposer, nos deux protagonistes ne sont pourtant pas si différents et vont se retrouver unis par leur haine du dieu Fleuve, la première parce qu'elle lui impute la mystérieuse mort de son bien-aimé cousin, le second parce qu'il menace l'existence de son amour, un esprit des eaux dépendant du Fleuve dont il s'est éprit. Tous deux s'engagent alors dans des quêtes bien différentes mais aussi dangereuses et incertaines l'une que l'autre.
L'intrigue est alléchante et ne manque pas de captiver l'intérêt du lecteur du début à la fin. Les personnages pour leur part sont particulièrement réussis, à commencer par les deux protagonistes : Hezhi, jeune fille solitaire et un peu rebelle en quête de connaissance, et Perkar, jeune guerrier impétueux avide de faire ses preuves et plein de bonnes intentions mais dont les décisions ne sont pas toujours les bonnes. Les personnages secondaires ne sont pas en reste, qu'il s'agisse de Ghan, vieil archiviste acariâtre très attachant, de Tsem, l'ombre d'Hezhi, ou encore du perfide et manipulateur Yen. le plus grand atout du roman reste toutefois le décor qui se distingue par son originalité. L'auteur nous plonge ici dans un univers passionnant qui peut, par certains côtés, faire penser à la Mésopotamie antique avec sa capitale cosmopolite regorgeant de richesse et ses tribus et peuplades plus archaïques, le tout cerné par une végétation luxuriante.
Avec « Les enfants du fleuve », G. Keyes nous offre à nouveau un roman de qualité qui ne manquera pas de ravir les amateurs d'une fantasy un peu plus exotique. Une excellente découverte qui se poursuit avec le second et dernier tome, « Le Dieu Noir ».