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Critique de Meps


On pourrait être tenté de rapprocher de ce Khalil un autre livre de Khadra: l'Attentat. L'auteur fait en effet partie de ceux qui peuvent écrire sur un sujet aussi sensible que le terrorisme sans que l'on puisse trouver beaucoup de raisons d'attaquer sa démarche. Tout d'abord, son passé plaide pour lui : presque 20 ans dans l'armée algérienne à traquer les terroristes du GIA. Ensuite, il réussit à éviter l'écueil du livre à charge en choisissant soigneusement son angle de narration.

Mais là où il choisissait dans l'attentat l'angle de la famille d'une terroriste qui cherchait à comprendre, il se plonge ici littéralement dans la peau du terroriste lui-même. Et alors que l'attentat décrit dans le premier faisait partie de la longue liste des attaques suicides commises en Israël, c'est bien les attentats parisiens du 13 Novembre 2015 qui sont ici la toile de fond. Khadra décide donc d'aller au coeur de ce qui fait le plus mal, dans la plaie béante, récente et proche pour son lectorat francophone.

J'ai d'abord éprouvé une impression mitigée. Alors que les pages consacrées aux réflexions du terroriste sont brillantes dans la capacité de l'auteur à comprendre le cheminement qui mène à de tels actes, dans l'empathie qu'il parvient à retranscrire (dans le sens premier du mot, parce qu'il arrive à se mettre à sa place et non pas forcément parce qu'il le soutient), les passages où l'auteur cherche à retranscrire les positions des anti-terroristes semblent au contraires fades, comme des copies d'un discours médiatique trop faible et redondant pour réellement être intéressant. Quand on connait les positions de Khadra, on se dit alors qu'il risque de manquer sa cible et de servir la cause qu'il cherche forcément à combattre.

Heureusement la survenue d'un personnage plus modeste qui parvient à toucher juste avec ses mots plus simples a renversé mon jugement. L'accumulation de ces discours formatés était forcément un choix volontaire de Khadra pour en démontrer toute la vacuité et la dangerosité. Et le final ne fait que magnifier ce choix narratif que j'ai pris au départ pour une faiblesse.

Je ne peux que saluer le courage et le talent de Khadra: s'attaquer à un passé presque présent et si douloureux et parvenir à le transcender pour en tirer des leçons pour un futur certes sombre, mais à éclairer, c'est une prouesse que l'on ne peut que souligner.
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