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Critique de heartnsoul


A la lecture des premières pages de ce récit à la première personne du singulier, j'ai eu une légère frayeur et quelques interrogations. Ce livre retrace la fin tragique d'un dictateur mais mon image formatée par celle des médias n'a rien à voir avec celle que l'auteur développé dans son livre.

Je m'explique : Kadhafi est un tyran…. la dessus pas de doute.

Il a pris le pouvoir par un coup d'état et donc non démocratiquement ce qui fait bel et bien de lui un dictateur. Mais et c'est là que mes frayeurs se sont muées en certitudes, cet homme voulait faire des libyens un peuple fort et respecter dans le monde entier. Il a d'ailleurs réussi l'union entre les nombreuses tribus que constituaient la Libye à l'époque de la monarchie qu'il a renversée par la force.

Au fil des pages, on apprend que Kadhafi aime son peuple et qu'il ne comprend pas cette rébellion. Ce soulèvement armé contre lui, l'homme qui avait réussi à se faire reconnaître comme un leader par les puissances mondiales et comme un allié dans une région du monde instable.

ll faut bien sûr apporter une nuance à la notion d'amour de son peuple. Kadhafi imbu de sa personne, mégalomane, pervers avec les femmes n'acceptait pas qu'on lui refuse une demande et surtout n'acceptait pas qu'on le contredise ou le discrédite. Les opposants du frère guide (comme il aimait se faire appeler) finissaient bien souvent dans un trou enterrés vivants dans une prison obscure en guise de tombeau ou bien étaient liquidés simplement sur un claquement de doigts.

L'autre notion qui ressort clairement de ce livre c'est la peur. Tout le monde avait peur de lui même ses plus proches conseillers qui d'ailleurs étaient en première ligne en cas de manquement ou en cas de popularité. Kadhafi ne s'encombre pas de rivaux. En dehors de ses fils, aucune autre personnalité du régime ne doit avoir l'air d'avoir un certain pouvoir sur le peuple. Car ce qui a précipité la chute de Kadhafi c'est bien la soif du pouvoir.

Cet homme parti de rien, issu d'une famille pauvre du désert, qui n'a pas connu son père, avait une soif de vengeance contre le destin. D'ailleurs Yasmina Khadra nous le présente comme un croyant qui pensait que Dieu était avec lui quelque soit la situation.

Même si ce livre est court et que certains sujets sont traités rapidement, il n'en demeure pas moins un livre très bien construit. L'auteur donne même la parole à Saddam Hussein qui s'invite dans les cauchemars de Kadhafi et lui explique les erreurs qui l'ont fait tomber de son piédestal.

Si la référence à Saddam Hussein ou encore à Benali ne m'a pas étonné, celle faite tout le long envers Van Gogh pose question... La réponse est donnée par l'auteur dans une conclusion qui se veut aussi réaliste que la scène du lynchage filmé par le téléphone d'un combattant et que chacun d'entre nous aura au moins vu une fois à la télévision. Dans cette scène qui clos le bouquin avec grandiose, pas de doute que Yasmina Khadra est habité par le personnage de Kadhafi qui lui dicte une mise à mort bien éloignée de celle dont il a toujours rêvé, en se comparant à ces autres dictateurs comme Staline qui ont fait du syndrome de Stockholm un allié pour l'éternité.

Pour conclure, « La dernière nuit du Raïs » est un livre qu'il faut absolument lire car c'est un exercice très difficile que Yasmina Khadra a su réaliser grâce a un talent et une plume qui régalent le lecteur de la première à la dernière ligne.
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