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Critique de Fandol


J'ai pu découvrir le film grâce au 37° Festival International du Premier Film d'Annonay et je n'ai pas été déçu par l'adaptation de ce court roman mais le livre, comme d'habitude, apporte davantage de détails, de précisions et les deux se complètent admirablement.

Cette plongée dans l'Afghanistan des talibans est terrible de réalisme et de folie. L'adaptation au cinéma de ce roman court et tellement fort, Les Hirondelles de Kaboul, par Zabou Breitman et Eléa Gobbé-Mévellec, sous la forme d'un film d'animation m'a motivé pour réparer un oubli fâcheux, la lecture du livre de Yasmina Khadra.
Cet écrivain algérien, de son vrai nom Mohammed Moulessehoul, a adopté les deux prénoms de sa femme comme pseudonyme en hommage à celle qui l'a toujours soutenu. Ex-officier de l'armée algérienne, il avait publié déjà plusieurs livres quand il a décidé de se consacré au métier d'écrivain en 2000. Son oeuvre littéraire est importante et reconnue mondialement.
Dans Les Hirondelles de Kaboul, Yasmina Khadra s'attache aux pas d'Atiq Shaukat (42 ans), gardien de la geôle où sont enfermées les femmes condamnées à mort. Il joue facilement de la cravache lorsqu'il se déplace dans les rues surpeuplées de Kaboul. Bien sûr, sa femme, Mussarat, très malade, reste à la maison.
Nous sommes en 2001. Les talibans ont conquis le pouvoir par la guerre et appliquent leurs principes religieux comme des forcenés, s'en prenant essentiellement aux femmes, bannissant toute musique, interdisant de rire dans la rue et envoyant de force les hommes à la mosquée écouter les prêches enflammés de mollahs illuminés.
D'emblée, l'horreur s'impose avec cette lapidation publique d'une prostituée, scène insupportable au cours de laquelle Moshen Ramat, fils de bourgeois bien élevé, marié à la belle Zunaira, jeune magistrate licenciée sans procès ni indemnité, participe à l'horreur, emporté par l'hystérie collective.
C'est lorsqu'il avoue cela à Zunaira que leur couple craque. Au fil des pages, lisant le style épuré de l'auteur, j'ai constamment ressenti toute l'horreur d'un régime traitant les femmes comme des êtres inférieurs, les enfermant sous cette toile de tente grillagée devant leur visage dès qu'elles sortent, le tchadri, obligatoirement accompagnées par un homme.
L'histoire de ces deux couples que tout oppose, Atiq et Mussarat d'un côté, Moshen et Zunaira de l'autre, m'angoisse au fil des pages alors que les talibans brutalisent, arrêtent, exécutent, que les enfants sales traînent dans les rues de la capitale, que les blessés de guerre tentent d'épater les passants en enjolivant leurs exploits et que le mollah Bashir prêche pendant plus de deux heures à la mosquée où Moshen a été conduit à coups de cravache.
Il y a aussi le vieux Nazish qui était muphti à Kaboul et qui rêve de partir alors que ses fils ont été tués à la guerre. Qassim Abdul Jabbar, milicien réputé, méprise sa famille et n'espère qu'une chose : diriger la forteresse, le plus grand centre pénitentiaire du pays. Pour plaire aux mollahs, il fournit des condamnés à mort dont les exécutions attirent la foule et ravissent les dirigeants.

Je n'en dis pas plus car ce roman révèle une surprise que je n'ose qualifier de belle mais je salue l'imagination de l'auteur qui réussit à apporter une note d'espoir dans un pays qui, s'il a été depuis délivré des talibans, est toujours déchiré par des luttes sanglantes.
Lien : http://notre-jardin-des-livr..
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