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sur 3143 notes
Les Hirondelles de Kaboul, par l'écrivain algérien Yasmina Khadra est un roman terrifiant. le premier d'une trilogie sur les relations entre l'Orient et l'Occident. A travers quelques personnages très différents, un gardien de prison, un commerçant, il dépeint la société afghane actuelle, sous la coupe des talibans.

J'ai lu beaucoup d'ouvrages sur l'Afghanistan, des tonnes de romans ont été écrits. D'emblée, je peux dire que celui-ci ne sort pas de l'ordinaire, nous fournissant son lot de morts, de vexations envers les femmes et d'exactions horribles des talibans.

Je l'ai refermé, écoeurée, mais sans rien avoir appris de plus.
Je l'ai refermé pourtant en me demandant encore et encore comment les femmes peuvent accepter de vivre sous de telles lois. Lorsqu'on entend un homme dire de sa femme : “Elle ne représente pas grand-chose en dehors de ce que tu représentes pour elle. Ce n'est qu'une subalterne. de plus, aucun homme ne doit quoi que ce soit à une femme. le malheur du monde vient justement de ce malentendu.”, on a presque envie d'éclater de rire tant cela semble sortir de la bouche d'un adolescent écrit et déçu par ses premières relations amoureuses. Et pourtant un pays entier vit sous ce régime. Et pourtant des millions de femmes endurent ces paroles et pire encore, de continuelles vexations, injustices (et les mots semblent faibles pour exprimer cela). le pire étant pour celle qui ont connu la liberté auparavant, comme celle qui était avocate et du jour au lendemain est assignée à résidence, releguée aux soins ménagers par un régime atroce, et un mari qui ne peut qu'obéir malgré tout l'amour qu'il lui porte.

Comment peut-on accepter de vivre sous un tel joug ? Un des personnages nous donne une partie de la clé : “La peur est la plus efficace des vigilances”. La peur est partout bien sûr, la peur de souffrir, de mourir, cette peur si humaine (si tant est que la peur ne soit pas un sentiment purement humain). Et pourtant, à la fin du roman, on se demande si la mort n'est pas préférable à cette non-vie.

Une vie où « les joies ayant été rangées parmi les péchés capitaux, il devient inutile de chercher auprès d'une tierce personne un quelconque réconfort. Quel réconfort pourrait-on encore entretenir dans un monde chaotique fait de brutalité et d'invraisemblance, saigné à blanc par un enchaînement de guerres d'une rare violence; un monde déserté par ses saints patrons, livré aux bourreaux et aux corbeaux, et que les prières les plus ferventes semblent incapables de ramener à la raison. »

Difficile de dire mieux, de mieux résumer le chaos qui règne à Kaboul, dans les corps, dans les coeurs de chacun.

“Nous avons tous été tués. Il y a si longtemps que nous l'avons oublié.”

Je n'en dirai pas plus.
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Toute femme ne peut qu'être heurtée par l'asservissement que vivent les hirondelles de Kaboul.
Nous sommes au degré zéro de l'horreur.
Tellement horrible que cela nous dépasse et que les mots me semblent faibles pour exprimer l'anéantissement qui me frappe lorsque j'imagine vivre dans un tel état de peur, de soumission, de saleté, d'exécutions.
Y être femme sans identité, sans reconnaissance est le summum de l'inhumanité.
Même si l'histoire finale se devine rapidement, même si elle nous paraît "énorme", c'est toute la métaphore qu'elle représente qu'il nous faut décoder.
Les paroles de l'épouse d'Atiq sont percutantes et le livre se termine en rendant une dignité à l'homme conditionné par un monde où il n'a jamais pu se laisser aller, ni à l'amour, ni à ses émotions.
La banalité de la cruauté fouette même l'intellectuel affaibli dans son esprit critique puisque ni rêves ni projets ne peuvent plus l'accompagner.
La banalité de la cruauté rend fou l'homme le plus sage.
C'est pourquoi nous ne pouvons juger aucun de ces héros, simplement tenter de comprendre leur descente aux enfers.
Le bien et le mal ne sont pas opposés, il y a le bien ET le mal, nous devons y faire face.
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Cet ouvrage, paru en 2002, décrit le destin, dans un monde dépourvu d'humanité et dénué de sens, de 2 couples à Kaboul. Il s'agit de ma deuxième lecture d'un roman de Yasmina Khadra. Sa plume est poétique et aiguisée. Je ressens à nouveau l'engagement de l'auteur pour l'émancipation des femmes musulmanes. Vingt ans après leurs débâcles, les talibans sont de retour au pouvoir dans la capitale afghane, ce qui rend ce roman tristement d'actualité. Un quotidien abominablement déshumanisant est à nouveau la norme pour les femmes de cette contrée. Une chose est sûre : les hirondelles de Kaboul de retour en cage... l'espoir de liberté légitime de ces femmes est en deuil.
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Après le conflit avec la Russie, Kaboul est tombé aux mains des Taliban. Tout a basculé : on n'y rit plus, on n'y danse plus, on n'y voit plus un seul visage de femme, toutes cachées derrière leur tchadri. La cité est sale, crasseuse, on n'y mange plus à sa faim, les exécutions publiques s'enchainent sous les yeux d'un peuple devenu fou.
Au milieu de ce chaos, Zunaira, avocate, sublime, survit avec son mari Mohsen dans une maisonnette misérable. Ils ne peuvent même plus se parler en public. Atiq, le geôlier, tente d'échapper à la réalité : son épouse se meurt d'une longue maladie. Les routes de ces personnages se croiseront, dans des circonstances terribles.

Une fois de plus, Yasmina Khadra m'a émue. Même plus que cela. Ce roman est déchirant, bouleversant. Que d'émotions dans cette lecture, allant de l'épouvante à l'attendrissement !
La lecture est rapide, le roman ne faisant que 150 pages, mais quel voyage !

Challenge ABC 2016/2017
Challenge Petits plaisirs 2017
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Je ne sais pas si le fait de regarder les informations télévisées débitant quotidiennement des images des guerres du monde, des tortures du monde, de la barbarie du monde que ce livre m'a beaucoup moins touché qu'il n'aurait dû.
Je déplore l'idée même d'avoir ce sentiment, je ne peux croire que ma sensibilité se soit émoussée, mais la régularité des atrocités cathodiques m'ont certainement fait doucement digérer les horreurs de l'humanité, ce qui est tout aussi grave.
Au travers de deux « couples » afghans, ce roman relate une suite d'exactions commises par les talibans dans le Kaboul des années noires. Au-delà des atrocités de l'obscurantisme, j'ai été beaucoup plus ému par la condition féminine, c'est la négation de la femme en général qui est marquante, reléguée uniquement au rôle de mère dont le vagin n'est que la « darkgate » de futurs endoctrinés n'ayant que pour seule reconnaissance ce passage obligé pour exister.
Quand l'amour est banni, que reste t-il à bannir ? C'est toute la question des protagonistes de ce roman très bien écrit.
Reste un livre qu'il faut avoir lu mais que M. Khadra n'aurait jamais dû avoir à écrire.
On ne passe jamais du roman historique à la fiction mais le contraire est parfois atrocement possible.


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« Laisse-la crever. Je t'assure qu'elle est à sa place là où elle est. Après tout, ce n'est qu'une femme. » Dans la bouche du milicien taliban Qassim Abul Jabbar, cette phrase résume le livre. C'est un ouvrage court et cinglant, comme un coup de cravache. Tels ceux avec lesquels ces fous de Dieu, dans Kaboul, rabattent les fidèles vers la mosquée.
C'est un ouvrage sur la disparition de la femme du paysage humain. Reléguée au rang de vecteur de procréation, à la seule fin de perpétuer les adorateurs de Dieu. La femme chosifiée, ainsi que se qualifie Zunaira, l'avocate condamnée à dissimuler sa beauté sous ce tchadri qu'elle exècre.
C'est un ouvrage sur l'effacement des cultures, sur le détournement des écritures saintes à des fins d'appropriation du pouvoir.
C'est un ouvrage dans lequel des créatures sanguinaires, avec pour toute culture celle de la Kalachnikov, y parachèvent un obscurantisme nauséabond.
C'est l'ouvrage du désespoir fait homme.
Kaboul n'est plus qu'un épiderme squameux où les tumulus des tombes comblées à la hâte, au gré des exécutions, sont autant de bubons qui témoignent de sa maladie.
Et pourtant, quelques sentiments émergent avec prudence de l'océan noir qui a englouti la joie de vivre dans ses abysses de haine. Des relents d'humanité se raniment alors, comme la flamme d'une bougie dans l'obscurité des catacombes. C'est ce qui arrive à Atiq, le geôlier malgré lui, qui laisse dépérir sa femme malade, sans le moindre secours. Il découvre un jour la grandeur d'âme de celle-ci, lorsqu'elle lui propose de prendre la place de Zunaira, condamnée à mort, à la faveur du tchadri, le voleur d'identité, qui pourra tromper les bourreaux.
Yasmina Khadra n'a pas son pareil pour traduire les ressentis, les infiltrer dans l'esprit de son lecteur et le convertir aux états d'âme de ses personnages.
Et au final le message qui passe. Prends garde ! Toi qui vis dans l'insouciance du confort. le sournois est dans ton dos. Jaloux de ton succès, il sera d'autant plus cruel qu'il aura forgé son ignorance et trompé son discernement au discours du prêcheur.
A lire absolument, d'un seul trait, comme un coup de cravache en travers de la figure.
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On arrête de rire, lecteur, le rire est interdit, tout autant que la musique et, d'ailleurs, que tout ce qui pourrait t'apporter le moindre petit contentement.

Cette histoire commence par une lapidation, réalisée en bonne et due forme… encore que l'auteur a la décence de ne pas faire durer le supplice. Te voilà au coeur d'une atmosphère de fin du monde, là où les corps ne savent plus se toucher sans se faire mal, où les langues ne savent plus se délier sans s'écharper, où les mains calleuses ne savent même plus prodiguer la douceur.

Ici, la frontière entre l'Homme, l'Animal et le Monstre est devenue si poreuse que l'on ne sait plus très bien si les fantômes que l'on croise sont ceux de vivants ou de morts. Ici, les vies des femelles au regard grillagé sont interchangeables. Ici, même la nostalgie est bannie. Ici, tout n'est que décombre.

Empruntant le double prénom de son épouse, l'auteur signe ici un roman d'une infinie mélancolie, court dense et troublant à la fois. Il te projette dans un récit où la folie guette la moindre parcelle d'humanité, où le soleil brûlant semble avoir décimé la plus petite lueur d'espoir. du geôlier à l'épouse soumise, les destins se croisent sans vraiment se rencontrer et aucun de ces personnages ne semble pouvoir échapper à la meurtrissure, à l'ignominie qui dévorent chaque morceau de leur identité.

Tu en ressors groggy, sonné et assoiffé de ta propre liberté.
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Khadra c'est mon petit plaisir, à chaque fois que mes yeux se posent sur l'une de ses oeuvres, je ne peux m'empêcher de le lire. Je sais qu'il va me plaire et que sous la couverture j'y trouverais un trésor authentique.
J'aime son écriture riche, ses thèmes empreint de réalisme, son univers totalement à l'opposé du mien. Il raconte une histoire, des vies et j'y crois. Ses personnages sont humains, avec leurs forces, leurs faiblesses, leurs croyances et principes, je lis ces romans comme je lirais un témoignage dans le Time magazine. C'est cette force que j'apprécie particulièrement. Si certains livres ont des âmes, ceux de Yasmina Khadra en font partie.

J'ai retrouvé tout ça dans ce roman. Il a un peu plus de 15 ans et l'intrigue semble se dérouler sous mes yeux. Je ne suis pas assommé de détails, je n'en manque pas, ni trop rapide ni trop lent, j'apprends sans que l'auteur fasse étalage de sa culture. L'essentiel.
Le roman est dur, si vous n'aimez pas les scènes de violences il risque de vous choquer. Entre lapidation, exécutions, guerre et violences morales, il ne faut pas être trop sensible. Cependant ce qui caractérise les personnages principaux, à commencer part Atiq, c'est leur volonté. Que ce soit pour arriver à vivre ou plutôt survivre, combler une mission ou un idéal religieux.

Je vais faire court parce que je ne vois pas trop l'utilité de l'encenser sur 50 pages.
La fin ! Cette dernière phrase qui laisse à réfléchir sur tout ce que le personnage vient de traverser et qui laisse une saveur douce-amère parfaitement dans le ton du livre.
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« Les terres afghanes ne sont que champs de bataille, arènes et cimetières. Les prières s'émiettent dans la furie des mitrailles, les loups hurlent chaque soir à la mort, et le vent, lorsqu'il se lève, livre la complainte des mendiants au croassement des corbeaux. » (p. 6) le roman s'ouvre sur la lapidation d'une prostituée et finit par le lynchage d'un homme rendu fou par la beauté d'une femme. Entre les deux, il y a un époux qui tente d'être juste envers la compagne qui l'a sauvé, même si elle n'est plus que l'ombre d'elle-même. Et il y a un autre époux qui perd toute dignité aux yeux de sa femme. Et tout autour, il y a Kaboul et l'Afghanistan, ravagés par la haine et la folie religieuse. « Kaboul est devenue l'antichambre de l'au-delà. Une antichambre obscure où les repères sont falsifiés ; un calvaire pudibond ; une insoutenable latence observée dans la plus stricte intimité. » (p. 12)

Dans ce roman bref, ramassé et dur comme un poing, on croise des hommes au coeur asséché et des femmes effacées sous des kilos de toile. « Hormis celui de son épouse, Atiq n'a pas vu un seul visage de femme depuis plusieurs années. Il a même appris à vivre sans. » (p. 101) Les rares velléités d'opposition résistent mal aux cravaches, à la charia aveugle et à l'injustice établie en système. Comme dans L'attentat et dans La dernière nuit du Raïs, Yasmina Khadra sait donner à voir un pays supplicié et faire entendre les voix de ses victimes.
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Je n'avais pas aimé ma première lecture d'un livre de Yasmina Khadra avec Qu'attendent les singes, on m'a donc conseillé Les hirondelles de Kaboul du même auteur.

Et je dois avouer qu'avec ce court bouquin de 148 pages on est frappé par la puissance de ce récit ancré en pleine ville de Kaboul ou l'on suit deux couples dont Atiq geôlier d'une prison ainsi que sa femme Mussarat qui se sait condamné par la maladie.

On suit également Mohsen et Zunaira qui tente de vivre le plus normalement possible comme auparavant mais ils se font vite rattrapé par les talibans lors d'une de leur sortie.

Ce livre nous décrit très bien le quotidien des habitants de Kaboul et plus particulièrement la condition féminine sur place. On ne peut sortir insensible de cette lecture.
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