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3,88

sur 629 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Yasmina Khadra a une plume délectable, il me le prouve à nouveau dans son titre "Les anges meurent de nos blessures", et dont on ne comprend le sens qu'à la toute fin (ou presque). Il est de ces auteurs vers qui je reviens régulièrement, parce que son style me charme à chaque fois.

Yasmina Khadra aime à nous parler de son pays natal, à des époques différentes. Cette fois-ci, c'est dans l'Algérie française des années 1920 et 1930 qu'il a campé son personnage. Turambo qu'il s'appelle, et au moment où débute le livre, il a 27 ans, est en prison et attend qu'on vienne le chercher... Il a rendez-vous, pour un ultime combat, avec Dame Guillotine...

Dans le couloir de la mort, l'attente est longue et Turambo peine à faire remonter les souvenirs. Mais alors qu'on le pousse vers son dernier adversaire et qu'il lui fait désormais face, qu'il réalise qu'il vit ses derniers instants tellement le combat sera inégal, « les flashes fulminent dans [sa] tête »... Son village natal qui disparaît dans un éboulement de terrain, avec son père... La vie miséreuse à Graba... Son rêve qui s'écroule à Sidi Bel Abbes... Son arrivée à Oran... Son direct du gauche qui le fait sortir de la précarité... le ring, les victoires, les trophées... Les femmes aussi : Nora, Louise, Aïda, Irène... Et puis le drame, la chute...

Turambo n'a que 11 ans quand débute son histoire, que l'on va suivre sur une quinzaine d'années. L'auteur nous laisse donc le temps de bien le connaître, ce "bougnoule" du ghetto, qui décoche son gauche plus vite que son ombre mais avec la tête plein de rêves et le coeur tendre. Est-ce que je m'y suis attachée à ce jeune homme qui prend et donne les coups pour manger et non par passion ? Est-ce que je m'y suis attachée à ce jeune homme qui tombe amoureux sur un simple regard ? Est-ce que je m'y suis attachée à ce jeune homme qui fonctionne à l'affectif dans un monde de requins – et dont on comprend, grâce au prologue, que ça ne lui portera pas chance... ? À votre avis ?

Encore une fois, je ressors charmée et chamboulée grâce à Yasmina Khadra, qui écrit merveilleusement bien, qui sait trouver les mots justes pour nous percuter et nous faire frémir. Tout est si bien dépeint : la psychologie de son personnage principal, ses ressentis et ses réactions, le contexte historique, les croyances, traditions, mentalités et préjugés de l'époque, tout ce qui a trait au monde de la boxe également (les matches, les entraînements, les enjeux, les séquelles, etc).

J'y étais, dans cette Algérie de l'entre-deux-guerres. J'étais là, avec Turambo, tout au long des événements qui ont scellé son destin. Impuissante que j'étais, je n'ai pu que le comprendre, compatir et ressentir ses propres émotions. L'auteur a su me faire partager les espoirs et les rêves de Turambo, son amertume et ses désillusions, ses sentiments amoureux et ses déceptions, son euphorie face à la victoire. J'ai vécu avec lui la misère, la faim et le racisme, j'ai traîné avec lui dans les rues d'Oran, je me suis pris de sacrés coups sur le ring et ai eu la satisfaction de pouvoir les rendre, j'ai eu le coeur brisé à plusieurs reprises, j'ai goûté à la gloire. Et j'ai vu le danger se profiler bien avant lui...

J'ai adoré ce roman où tout y est approfondi, où l'on ne fait plus qu'un avec le personnage, où l'on voit tout comme si on y était. Un roman qui raconte le destin tragique d'un homme intègre et perméable, que l'on prend en affection dès le début, alors même que l'on ne connaît encore rien de lui (si ce n'est qu'il est condamné à mort...) et que l'on peine à quitter à la toute dernière page... Un roman poignant et réaliste, tristement beau, intense, d'un auteur à la plume envoûtante, poétique, sensible et profondément humaine.
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du peu de livres de Yasmina Khadra que j' ai eu à lire , " Les
anges meurent de nos blessures" est le plus beau , à mon
avis . La période où se déroule le récit correspond à l' ère
coloniale .
Il s' agit d' un jeune Algérien surnommé Turambo du nom
du bidonville où il habite .C' est un enfant misérable comme tous les Arabes de l' époque . Cet enfant est remarqué pour
son don de boxeur . Alors un manager s' intéresse à lui et le
forme pour devenir un véritable boxeur . Devenu boxeur ,
Turambo est adulé par le public .C' est la belle vie pour lui .
Il aime les femmes . Mais à l' époque la population n' est pas
homogène et il y a trois : les Arabes , elle est démunie de
tout et vit misérablement . Il y a la population juive et la
population la plus gâtée est celle des colons à qui tout est
permis .Turambo a rêvé et puis c' est la descente aux enfers . Car dès le départ tout est contre lui .
Dommage pour le jeune prodige .Un roman qui mérite
d' être lu . Bonne lecture à tous .
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Un roman lumineux profondément humain

Après une introduction forte, presque traumatisante, voici les tribulations, dans les années 30, de Turambo, jeune algérien arabe, à travers son pays colonisé. Ses rencontres plus ou moins heureuses, les chocs qui le marqueront et le forgeront, ses émois amoureux, ses choix, sa chute.

Yasmina Kahdra sait rendre le personnage principal particulièrement attachant par sa fraîcheur simple faite pour beaucoup d'ignorance et de jeunesse. Il a ce talent de nous immerger intensément dans cette époque et dans ces lieux.
Le style de l'ouvrage est nettement littéraire avec des descriptions profondes, épaisses.
Ainsi, je resterai marqué longtemps par cet odieux parcours qui mène Turambo vers la guillotine, cette montée de la peur qui envahit l'esprit, le corps, l'âme jusqu'à les tuer successivement.

Tout petit bémol : La fin de l'histoire m'a un peu surpris et déçu mais elle a le mérite de distiller de nouvelles belles vérités sur la nature humaine dont une conclusion plus attendue nous aurait privés.

Ce roman m'aura initié un peu à l'âme arabe ; sa façon de voir la vie, les traditions, la famille, les interdits, le Mektoub, les Roumis, le mélange subtile des cultures musulmane, juive et chrétienne qui imprégnait la vie du petit peuple.

Il m'aura aussi fait prendre conscience de ce que pouvait être la ségrégation dans l'Algérie française des années 30 et son lot de pensées et d'actes odieux.

Et surtout, surtout, l'auteur m'a rappelé combien la bêtise raciste est laide face à la finesse, la sensibilité, la fraîcheur, la noblesse de notre jeune héros.

Cela fait du bien à l'époque actuelle.


Petit résumé si ça vous tente :

Turambo a 27 ans et il va être guillotiné. Il nous raconte ses derniers instants et surtout cet improbable moment où sentant sa vie partir ou la mort venir, il revit, le temps d'un éclair, le temps de sa courte vie.
Il se revoit courir, pieds nus, sur les terres sèches du reg.
Il revoit son père, revenu « gueule cassée » de la guerre.
Il revoit sa mère berbère.
Il revit l'engloutissement de son village, Turambo, emporté par un glissement de terrain.
Il revoit la disparition de son père, sans doute ensevelit sous la boue.
Il revoit ce qui reste de sa famille fuir et s'installer dans un quartier sordide d'Oran et tenter de reconquérir un peu d'humanité.
Et puis les galettes que sa mère et ses soeurs confectionnent pour gagner quelques pièces, et puis cet étrange enfant qui le suit lorsqu'il parcourt la campagne ; un orphelin benêt.
Ils vont rencontrer Pedro, gitan, puis sa famille exubérante.
Bref les derniers moments d'insouciance d'une enfance déjà bien chahutée.
Il y a l'incident du train, une bêtise d'enfant : Turambo qui saute et l'orphelin qui reste dans le wagon et se perd.
L'enfant Turambo va se faire exploiter par beaucoup, projeté de gauche et de droite comme une boule de billard qui rebondit longtemps.
Mais il a un atout majeur : il sait cogner et à Graba c'est quelque chose !
La famille va quitter le bidonville et s'installer dans un lieu plus attrayant.
Sur ces entrefaites, Turambo découvre la ville Sidi bel abbes, son âpreté, sa ségrégation, ses injustices. Il l'a fuira aussi.
Un jour il rencontre Gino les deux jeunes gens se lient d'amitié.
Un autre c'est Pierre qu'il rencontre ; une sorte de maquereau qui lui propose des petits boulots en échange de la moitié de son salaire.
Le père de Turambo n'est pas mort, Turambo le retrouve gardien du cimetière juif. Il a fuit sa famille profitant de l'engloutissement du village. C'est le choc, l'effondrement de l'image du père héros de la guerre.
Jouant de malchance, il est incapable de garder une place.
Il finit par être remarqué par le directeur d'une salle de boxe, aux oreilles duquel est venue la promptitude aux bons coups que Turambo distribue lorsqu'il est acculé.
Cahin caha il gravit les échelons, est pris sous l'aile du Duc, un nabab de la boxe.
A partir de là beaucoup de choses vont basculer mais je n'irai pas plus loin dans ce résumé
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Le plaisir de la lecture. Que demander de plus à un écrivain digne de ce nom?
Turambo,est un héros déchu, symbole d'un peuple accro aux coups du sort, empêtré dans le corps à corps stérile avec lui-même, englué dans un décor pagnolesque érigé au rang de Panthéon mortifère par des conquérants" aveuglés par leur pouvoir.
Le conteur nous enchante et son personnage nous bouleverse. Une totale immersion dans l'Oranie coloniale des années 1920-30 où Turambo valse sa vie d'"araboberbère" pourfendu au centre d'un ring où la misère, l'obscurantisme, la violence et le racisme se joueront d'un enfant du pays épris d'idéalisme.
Ce nouvel opus de l'oeuvre de Yasmina Khadra déplaira aux parangons pointillistes d'une littérature servie par une langue euthanisiée.
Qu'importe! La plume virile Yasmina Khadra manie aussi les registres les plus nuancés. le sans-grade a gagné son bâton de maréchal en imposant un style, et une voix qui ennoblie une langue qu'il s'est conquise, et qui se donne à lui pour notre plus grand bonheur.
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Il y a du Julien Sorel chez Turambo... ou du Stendhal, peut-être, chez Yasmina Khadra. Toutes proportions gardées, cette histoire de la vie d'un homme né dans la pauvreté, à l'écart de tout en son propre pays, comme nombre de ses compatriotes, parvenu à la "force du poing" au sommet pour ensuite déchoir, m'a ramenée aux plus belles heures de mes lectures du 19ème.

L'écriture est superbe, poétique souvent, mais aussi pertinemment incisive, plus proche des grands auteurs de jadis, avec ses longues phrases chantantes et son vocabulaire florissant, que nombre des malheureux auteurs d'aujourd'hui, où l'on coupe au hachoir dans la richesse de la langue française. L'histoire prend aux tripes. Comment ne pas s'attacher au destin de ce héros, de condition simple, certes, d'ailleurs analphabète, mais à la sensibilité et à l'intelligence remarquables ? Et pourtant lui non plus ne sortira pas intact dans l'estime du lecteur, car "les anges meurent de nos blessures"... Ils sont tous, dans ce roman, ou presque des gens " bien" qui auraient pu le rester si la vie n'était pas capable, à force d'épreuves, d'avilir profondément les êtres. Et l'auteur qui meurtrit ses personnages n'épargne rien, ni la face noire de la colonisation, ni celle de la culture "indigène".

Laissez chanter les mots de Yasmina Khadra, enivrez-vous de cette prose en forme de cri d'indignation humaine. Il est assurément l'un des plus grands écrivains de son temps. Pour moi, une révélation.
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Yasmina Khadra, je le lis à voix haute pour mieux savourer la musicalité de sa langue.. et cet opus ne déroge pas à la règle.
"Plus dure sera la chute" dans l'Algérie département français des années 30. L'histoire semble d'ailleurs prendre fin en 1962. Turambo, ce jeune qui n'a que ses poings, à qui personne n'apprendra à lire, ni même à réfléchir, comme une métaphore des enfants algériens mis à l'honneur pour la gloire des colons et laissés pour compte quand le vent a tourné...
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Sûrement l'un des meilleurs romans de Khadra selon moi. L'auteur nous y dépeind un jeune homme, Turambo, en proie à une profonde misère tout au long de son enfance mais qui, grace à son crochet du gauche magique, parvient à atteindre les sommets à travers une belle carrière de boxer, le tout sous le spectre d'une belle évocation de l'Algerie de cette époque (donc une Algérie hétéroclite en proie à de très grandes inégalités). Mais la gloire ne lui suffit pas: ce que lui recherche avant tout, c'est l'amour, au sens noble du terme, ces palpitations de bonheur qu'il ne connaît que lorsqu'il se retrouve face à la femme aimée, et non pas après avoir massacré un adversaire lors d'un combat.
Ce que Khadra nous présente n'est donc pas tant l'ascension d'une personne qu'une opposition dialectique entre la violence et l'amour, opposition qui est au coeur même de ce qu'est Turambo: un être tiraillé entre une brutalité qui est la base de son "métier" mais pourtant plein d'amour pour les êtres qui lui sont chers.
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Yasmina Khadra, cette fois, ne nous fera pas traverser le temps, mais au contraire, a choisi une époque bien particulière de l'histoire de l'Algérie. Nous sommes au sortir de la Grande guerre, et si les différentes composantes de la population semblent vivre dans une certaine bonne entente, en tout cas de façade, il n'en reste pas moins un climat de racisme et de rejet qui finissent par exploser à la face des petites gens. A eux, qui vivent la défiance, et les mauvais coups du sort, ne reste que le sport pour espérer sortir du lot, et prendre l'ascenseur social.
Turambo est de ceux- là. Il ne ménage pas sa peine. Sa rapide mise en lumière, ne le fera pas pour autant grandir émotionnellement. Et c'est de l'amour, que viendra sa chute.

Yasmina Khadra immerge brutalement le lecteur en pleine chute pour mieux lui faire faire le chemin inverse, en sachant doser intelligemment une forme de suspense. Mais pourquoi nous trouvons notre héros promis à la bascule à Charlot ? Son destin est en marche, tout est écrit…
Enfin presque. Yasmina Khadra fera le reste en nous brossant un portrait attachant d'un homme que l'on aurait aimé pouvoir conseiller, et raisonner.
Ce que j'apprécie chez lui, c'est que les choses ne sont jamis noires ou blanches, les gens ni bon ou mauvais, mais au contraire il nuance, tente de se faire objectif, mais sans complaisance. Les choses et les personnages sont complexes, comme l'a été l'histoire de ce pays.

Si j'ai retrouvé avec plaisir Yasmina Khadra dont la plume imagée , poétique et réaliste à la fois, si plonger dans cette époque de l'histoire de l'Algérie peu abordée m'a beaucoup appris, je reste malgré tout toujours en attente des émotions ressenties lors de ma lecture de Ce que le jour doit à la nuit, sans doute un de ses meilleurs romans , pour moi, à ce jour.
Lien : http://leblogdemimipinson.bl..
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Turambo, né dans un petit village de l' Algérie des années 20 grandira dans la pauvreté jusqu'à ce qu'il soit repéré pour faire de la boxe. Il deviendra une machine à gagner, dirigé par un staff qui ne voit que ses propres intérêts.
Il rencontrera Irène et devra choisir entre elle et la boxe.
Résumé ainsi, on pourrait penser lire un roman léger. Mais c'est tout le contraire.
Yasmina Khadra nous plonge dans une atmosphère de violences physiques et verbales où les algériens se font traiter de « bicots « par les colons français, où la misère, l'illettrisme transparaissent à chaque page.
Et Turambo, malmené tout au long de ce magnifique roman ne sera, en fait, jamais maître de sa vie. Poignant !
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Mon avis :
Yasmina Khadra est considéré comme l'un des plus grands écrivains francophones algériens de sa génération, et sa réputation n'est pas galvaudée. J'ai toujours un grand plaisir à retrouver cette plume lucide et forte qui dessine les mouvements de l'esprit comme un paysage. Les doutes, les contradictions, comme les certitudes et les mensonges qu'on se fait à soi-même sont les décors dans lesquels il aime à nous promener. Il nous parle de gens ordinaires et les rend tellement vivants qu'on a l'impression qu'on va les croiser au coin de la rue.
Dans Les anges meurent de nos blessures, on suit le cheminement qui entraîne irrémédiablement le personnage vers le drame, déchiré entre le respect des valeurs qui lui ont été inculquées et sa volonté de sortir de sa condition, dans une Algérie colonisée où les natifs ne sont guère mieux considérés que des animaux. À travers la vie de Turambo, Yasmina Khadra nous offre un instantané sans concession de la société algérienne de l'entre-deux-guerres, avec des personnages hauts en couleur et riches en nuances. On en croise de tout genre, des gentils et des salauds, mais aucun n'est tout blanc ou tout noir et tous ont leurs fêlures, leurs rêves et leurs regrets. Et on arrive à comprendre chacun d'eux.
C'est toute la force de Yasmina Khadra, de nous connecter directement au cerveau de ses personnages. Rien de leurs motivations, des sentiments qui les poussent à agir de telle ou telle manière ne nous est étranger. Et c'est la façon de nous retranscrire cela qui fait de lui un grand écrivain.
Lien : http://poljackleblog.blogspo..
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