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Critique de Slimanos12


Chronique d'un fiasco annoncé.
Deux romans en l'espace de sept mois, cette profusion nous rappelle les chanteurs de Raï des années quatre-vingts qui produisaient deux cassettes par jour sans se soucier de l'aspect commercial ni du destin de leur création. Yasmina Khadra semble donc atteint par le syndrome du « chanteur de Raï ». le petit chapeau introductif est juste une mise en bouche humoristique, car concrètement ce qui a motivé la publication de deux romans l'un derrière l'autre par le meilleur écrivain du monde comme il se proclame, reste la création par son ancien éditeur Bernard Barrault d'une nouvelle maison d'édition portée par Flammarion. Donc Yasmina Khadra en bon soldat se devait de marquer sa fidélité au nouvel arrivant sur la scène littéraire en signant, Pour l'amour d'Elena, histoire d'étoffer le catalogue de ce dernier. Déjà le titre à lui-même sent la précipitation et le manque d'originalité, indigne d'un écrivain qui se targue d'être traduit dans trente-quatre langues. L'autre motivation est plus personnelle pour Yasmina Khadra car, le sel de tous les oublis, publié à la rentrée 2020, fut une catastrophe industrielle. Et, comme d'habitude au lieu de se remettre en question, l'auteur a accusé les média de l'avoir ignoré. Á force d'essayer d'être présent à chaque rentrée littéraire, Khadra a épuisé toutes ses munitions créatrices sans oublier la patience de ses lecteurs. Je lui conseille de prendre exemple sur Kamel Daoud qui après le fiasco total de son « Zabor », a pris une pause pour peut-être nous pondre un prochain roman de haute facture. Ensuite, en lisant, Pour l'amour d'Elena, Yasmina Khadra donne l'impression d'un flambeur qui s'endette jusqu'à la ruine pour essayer de se refaire. Cet acharnement littéraire est vraiment pathétique. Dans ce roman insipide au titre qui flaire bon les amourettes puériles, on sent l'artifice à mille lieues, l'auteur a fait une vraie compilation de clichés sur le milieu des narcotrafiquants. Rien ne fonctionne dans le roman, ni l'histoire d'amour, ni le duo de pseudos héros Diego/ Ramirez car ils sont construits comme une pâle copie de Rastignac et Lucien de Rubempré les deux personnages emblématiques de la comédie humaine balzacienne. le choix de la thématique usée jusqu'à la corde par les séries qui fleurissent sur Netflix n'arrange rien car Khadra ne retravaille pas les clichés mais les confortent en les reproduisant. Ainsi, comme à son habitude, l'auteur tombe rapidement dans le pathos avec des personnages abîmés par la vie et qui essaient de s'en sortir vaillamment mais le narrateur avec ses bons sentiments ne fait que les enfoncer. Ce fameux narrateur omniscient parasite le récit par des interventions impromptues et inopportunes, ça me fait penser à la chanson de Patrick Sébastien : « Ah ! Si tu pouvais fermer ta gueule ! ». On a l'impression qu'il veut prendre la place de tout le monde sans se trouver quelque part. Alors que normalement l'omniscience est une vertu quand elle est utilisée à bon escient car elle apporte souvent de l'intelligence au texte et de l'expertise pédagogique. Khadra succombe aussi à cette mode qui s'est emparée de beaucoup écrivains qui s'inspirent des séries pour écrire leurs romans avec l'arrière-pensée de séduire un large public et les plates-formes de streaming pour l'achat des droits. Cependant de tout temps ce fut la littérature qui nourrissait la télévision et le cinéma, valeurs renversées et travesties par la course au bestseller. Voilà ce que j'ai à dire sur ce nouveau roman de Yasmina Khadra. Je ne donnerai pas le résumé de l'histoire car je l'ai déjà posté. Enfin, cette chronique reste mon point de vue et vous pouvez toujours vous en faire le vôtre. Je vous souhaite de prendre du plaisir en le lisant et surtout qu'on débatte dans la sérénité.
Slimanos 12
Yasmina Khadra, Pour l'amour d'Elena, Barrault et Miallet, 2021.
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