IVRESSE POETIQUE
Il y a longtemps, fort longtemps (au XIIème siècle), dans un pays fort fort lointain (la Perse), un mystérieux mathématicien,
Omar Khayyâm, aurait écrit une myriade de quatrains pour chanter une forme d'épicurisme à tendance « carpe diem » (mais pas que !).
Une philosophie réunie dans ce titre par l' « odeur de vin et de rose », rappelant déjà que la vie doit être goûtée et surtout dégustée car elle est belle, furtive et éphémère comme l'est la rose qui n'a rien d'éternel.
Beaucoup se sont penchés longuement sur l'authenticité, la quantité et la traduction de ces quatrains qui aujourd'hui encore continuent de fasciner, cependant même si de nombreux mystères n'ont pas révélé leur vérité (et ne la révèleront sans doute jamais), ils confèrent justement une aura et une brillance particulière et forte à cette oeuvre si singulière.
De la création à la mort, les quatrains successifs, comme des sauts fragiles et répétés soulignent l'extraordinaire fugacité de nos existences.
Alors,
Omar Khayyâm en appelle dans un itération poétique à se protéger des douleurs, du destin et de l'irrésistible fuite du temps en goûtant aux plaisirs de l'ivresse (surtout), mais aussi de la chair, prônant cette attitude à tout prix pour se sentir vivant et profiter pleinement de la vie (oui, il y a du
Omar Khayyâm chez
Ronsard).
Recueil ponctué de références à l'Histoire des dynasties iraniennes, il n'en demeure pas moins que son caractère profondément universel et intemporel trouble et éveille aussi la conscience du lecteur occidental du XXIème siècle.
C'est sans dote pour cette raison qu'
Emmanuelle Collas et
Patrick Reumaux nous offrent à lire ces quatrains aujourd'hui, comme un geste pour abolir les frontières aussi bien géographiques, culturelles que temporelles.
Car il est question de la relativité de nos vies, du destin, de l'ignorance, de l'éternité, de la vanité, du néant, de la transmission… le tout dans une constante oscillation entre pessimisme et optimisme, soulignant ainsi toute la fragilité et peut-être le caractère chimérique de nos existences.
Alors, écoutons les vers et la musicalité des mots d'
Omar Khayyâm : où que nous soyons et qui que nous soyons, buvons le vin de la vie, jusqu'à l'ivresse !!