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EAN : 9781090175045
Serge Safran éditeur (03/05/2012)
2.79/5   7 notes
Résumé :
Une jeune fille perchée en haut d’un cerisier, le vol d’un cadavre, une fête religieuse révélant la vie secrète d’un quartier, l’enlèvement et l’exécution à la mitrailleuse d’un homme, les méditations d’un sniper ou les élucubrations d’un gamin qui dans le jeûne du ramadan voit un viatique pour gagner le monde des grands et le cœur d’une belle cousine sont autant d’approches qui font exploser, l’un après l’autre, les principaux tabous de la société iranienne contemp... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique
L'opération masse critique du mois de mai/juin m'a envoyée en Iran. Et ça tombe bien, je n'avais encore pas eu l'occasion de lire quoi que ce soit venant de ce côté là du globe. En fait, c'est même un peu pour cette raison que j'ai sélectionné "une cerise".

Alors la bonne surprise, c'est qu'il s'agit d'un recueil de nouvelles et j'aime beaucoup les nouvelles.
Le point commun entre toutes serait des instantanés de la vie quotidienne, mais peu banale, dans une ville que l'on imagine perdue dans une région assez montagneuse de l'Iran, peut être à la frontière de la Turquie ou d'Azerbaidjan ( il est question dans le premier texte d'un personnage qui parle le turc azéri).
Impossible de savoir à quelle époque se passe l'histoire exactement ( probablement fin 20° siècle, mais il est difficile de le savoir, une des nouvelles met en scène un sniper , il est question d'une guerre, de tranchées...l'auteur étant né dans les années 70, je dirais que ça pourrait tout à fait correspondre a priori avec la période de sa jeunesse)

Donc lieu indéfini, période indéfinie, l'unité est donnée par des personnages en marge du récit, mentionnés ici où la - m'sieur Amine le boulanger, ou Mehdiqoli, l'homme qui a un jardin près du cimetière et semble être le mort dont il est question dans la nouvelle suivante, la soeur du narrateur nommée Raana dans les trois premiers textes...).
Un flou, mais qui du coup garde une certaine unité.

L'autre point intéressant est qu'il y a une gradation: les 3 premiers textes, plus légers, mettent en scène un petit garçon, probablement le même, aux prises avec des sujets en lien avec la religion qui dirige la vie de tous sans que personne ne la remette en question, mais qu'il a du mal a comprendre: le Ramadan, qu'il veut accomplir alors qu'il n'a pas l'âge requis.. mais seulement pour impressionner sa cousine et lui prouver qu'il n'est plus un gamin; la fête religieuse où doit se jouer un mystère, qu'il aborde comme une pièce de théâtre sans bien comprendre ce qui se passe autour de lui; le serment sur l'olive, trouvé dans le Coran, qui le fait s'interroger sur ce que peut bien être une olive ( ce qui me fait penser qu'il s'agit d'une région montagneuse), et sa déception lorsqu'il en goûte pour la première fois.

Changement brusque de ton pour les deux suivantes: c'est cette fois un homme adulte qui est au centre de sujets beaucoup moins joyeux dans un climat de guerre civile: un sniper désabusé en premier lieu, puis un homme, enlevé et exécuté sans que l'on sache les raisons qui ont mené l'un a devenir une machine à tuer, l'autre une victime désignée.

Troisième point de vue pour les deux nouvelles suivantes, qui ont la vieillesse pour fil directeur. Via la vengeance posthume de deux hommes, abusés sexuellement dans leur enfance par un vieillard qui vient de mourir, et la déambulation sur le marché d'une ancienne prostituée au milieu de ses anciens clients, tout aussi âgés qu'elles.

Au final, j'ai trouvé tout cela très intéressant, parce que construit au niveau global, bien que les nouvelles n'aient a première vue pas grand chose en commun ( si ce n'est le récit autour des pensées parfois absurdes qui peuvent surgir dans la tête de quelqu'un dans un moment dramatique ou solennel); souvent c'est ce que je regrette dans les recueil de nouvelles, le manque d'organisation au sein du recueil, et là ce n'est pas le cas.
Esuite, je dois quand même dire que j'ai quand même failli me perdre, surtout dans la nouvelle qui parle de la fêe religieuse, par manque de connaissances sur la culture locale, mais l'éditeur a eu la bonne idée de mettre par -ci par là quelques discrètes notes de bas de page, et je m'y suis retrouvée.

Et donc, il me reste à remercier à nouveau Babelio et les éditions Serge Safran de m'avoir permis de participer au programme Masse Critique.. et d'ajouter un pays à ma carte de "voyages-lectures")
Lien : http://chezpurple.blogspot.f..
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Un certain regard sur l'Iran: voilà ce que l'écrivain iranien Hafez Khiyadi propose au lectorat francophone dans "Une cerise pour couper le jeûne", son premier recueil de nouvelles traduit en français. Il y a de quoi dépeindre un petit monde, et l'auteur a disposé ces sept récits de manière à construire une certaine gradation dans l'ambiance.

C'est que si la première nouvelle, celle qui donne son titre au recueil, recèle un ton presque badin, les textes qui suivent arborent peu à peu un style plus sérieux, plus grave. "Une cerise pour couper le jeûne" est une nouvelle à chute qui, sous une structure assez classique, donne au lecteur l'occasion de découvrir l'univers de l'auteur: un certain islam bien présent dans l'existence de ses personnages, et des défis entre ces derniers sur fond de ramadan: tiendra, tiendra pas? Mettant en scène des enfants, l'auteur a l'adresse de les faire parler de manière naturelle, au gré de constructions segmentées qui soulignent, à traits fins, le caractère oral du récit.

Ce discours naturel fait écho à la place naturelle que l'islam prend dans le récit. Force est de constater que la religion est omniprésente dans ce recueil, même si cette présence n'a pas la lourdeur qu'un Jouhandeau donne au christianisme dans Prudence Hautechaume. le jeûne, les habitudes vestimentaires, le djihad, le fanatisme même, sont présentées comme allant de soi; cela va jusqu'aux moments où le récit côtoie la mort, formant la constellation d'un islam heureux ou, à défaut, consensuellement accepté. Quitte à utiliser l'humour pour conjurer ce qui ne convient pas.

Au fil des nouvelles, le recueil bascule dans la gravité, résolument, après quelques textes non dépourvus d'une certaine légèreté qui sont les marches d'une gradation. "Comment ils font, eux, pour pleurer?" constitue un tableau de la vie iranienne hésitant entre la lourdeur du devoir religieux et les bons mots échangés par ceux qui l'accomplissent. Plus loin, on s'en va à la guerre, sans que le lecteur (ni le narrateur) n'en sache les tenants et les aboutissants; la mort concerne directement les narrateurs des nouvelles "Une longue colonne de fourmis" et "L'homme dont la tombe était perdue". Une mort accompagnée du caractère dérisoire de certains ultimes ressentis.

L'unité du recueil est assurée par une gestion de l'incertitude de la part de l'auteur: celui-ci met en scène des personnages qui portent tous des noms similaires voire identiques d'une nouvelle à l'autre, sans affirmer catégoriquement qu'il s'agit toujours du même univers. Les narrateurs eux-mêmes paraissent à la fois divers et identiques. Astucieux, ce procédé donne au lecteur l'impression d'explorer un univers restreint, toujours identique donc familier - une impression renforcée par le retour de certains arguments, liés par exemple à la scolarisation, et de prénoms, toujours les mêmes: faut-il leur donner le même visage d'une nouvelle à l'autre?

Gradation et récurrence sont donc les éléments qui façonnent la cohésion de "Une cerise pour couper le jeûne". Partant d'un sujet pour arriver parfois à tout autre chose, pratiquement à la manière d'un coq-à-l'âne, chacune des nouvelles est un tableau du monde islamique iranien. le recueil laisse au lecteur une impression où domine la gravité, mais d'où un certain sourire n'est pas absent - cela, dans un univers littéraire peu exploré.
Lien : http://fattorius.over-blog.c..
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critiques presse (1)
Actualitte
23 juillet 2012
7 nouvelles ciselées, des deuils, beaucoup […], et l'autorité, soit militaire, soit religieuse, qui explique aux Iraniens comment mener leur vie.
Lire la critique sur le site : Actualitte

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