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EAN : 9789973581143
156 pages
Elyzad (22/01/2019)
3.75/5   12 notes
Résumé :
1951. Stéphane est tombé amoureux de la fantasque et fragile Mia lors d'un séjour au Caire. Depuis Ismaïlia, petite ville au bord du Canal de Suez où il exerce en qualité de médecin, il courtise la jeune fille. Tous deux, imprégnés de culture française et protégés par le cocon de leurs familles syro-libanaises aisées et raffinées, peinent à comprendre cette grande Égypte où se côtoye aussi tant de misère. Ils se sentent un peu en dehors. Ils s'interrogent sur leur d... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (5) Ajouter une critique
Égypte 51 est un roman épistolaire où l'on découvre Mia, une très jeune fille, qui se remet difficilement d'un chagrin d'amour platonique car inconcevable par la différence de milieu social et Stéphane, médecin, la quarantaine, qui se présente comme rassurant, protecteur à l'écoute de la jeune femme un peu perdue....En cette année 1951, l'Égypte n'est pas encore dans le tourment de la révolution qui va aboutir à la conquête du pouvoir par Nasser et la nationalisation du canal de Suez, et pourtant la tension monte au fil des échanges de lettres qui permettent d'imaginer les premiers heurts au Caire.
Vingt-cinq ans plus tard, c'est à Beyrouth que l'on retrouve une deuxième génération qui va connaître également les tourments de la guerre, tout en continuant le récit familial et en donner une autre version dramatique...

Si j'ai aimé l'ensemble du récit, j'ai eu un peu de mal avec les premiers échanges épistolaires, avec une relation sentimentale que j'ai trouvée un peu mièvre, Mia m'apparaissant plus comme une petite fille capricieuse et son histoire d'amour très éthérée, peu touchante...les évènements relatés sont quelquefois amenés de façon maladroite - écrire une lettre où l'on se déclare et bifurquer sur l'historique de la construction du canal - m'a paru mal adapté. En revanche, la partie concernant les enfants - devenus adultes m'a intéressée, peut-être parce que plus contemporaine et plus réaliste et dramatique.
Égypte 51 est écrit sous forme de conte, c'est Joe, le vieux gardien qui a connu parents et enfants qui relate la chaîne des évènements et qui confie les lettres de la famille à un interlocuteur que l'on ne connaîtra pas... du Caire à Monrovia, en passant par le Liban et Paris, c'est l'histoire tumultueuse et contrariée de l'Afrique et du Moyen-orient qui est évoquée au travers cette correspondance intime mais aussi universelle.
Un roman intéressant et touchant qui m'a permis de découvrir la belle prose de Yasmine Khlat, une auteure dont je vais lire, sans doute, d'autres écrits.
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Tout d'abord je voudrais juste vous dire un petit mot sur cette maison d'édition Elyzad. La connaissez-vous ? C'est un petit bijou de part la qualité de ses choix éditoriaux et de la conception graphique de ses livres. Un plaisir à tenir entre ses mains, le temps d'une lecture, ses jolis et gracieux formats, de tourner les pages d'un papier fin et si agréable. Un bonheur du livre objet !

Ce très beau roman donc nous est présenté sous forme de correspondance, voilà bien une forme que me séduit totalement. L'écriture, cette plume délicate et élégante que je découvre de Yasmine Khlat me ravie à merveille. C'est une envolée romanesque. Une passion délicatement décrite entre deux êtres protégés par leur milieu. Elle, Mia, c'est une artiste, grande rêveuse, fantasque. Lui, Stéphane est médecin et il est éperdument amoureux de cette toute jeune femme rencontrée au Caire. Seulement, elle n'est pas prête pour l'amour, car son coeur s'est épris d'un autre homme, Ramo, pauvre et donc qui lui est inaccessible. Deux mondes aussi différents soient-ils, ne peuvent se mélanger, s'unir. Alors pourquoi penser encore à lui ?

Les évènements tragiques de 1956, lors de la nationalisation du Canal de Suez vont tout faire basculer cet idéal de vie, ce romantisme à fleur de peau et surtout leur avenir.

Je ne peux vous en révéler davantage, c'est impossible, je vous invite à cette très belle lecture sur l'amour, les guerres et l'exil. Un petit roman qui se lit si aisément tant il nous happe du début à sa fin, et je vous confierai que surtout toute la dernière partie m'a pleinement émue, me laissant des larmes de colère, d'incompréhension.... face à l'inexplicable, à la honte humaine des guerres sans nom qui détruisent toujours autant ... hier comme aujourd'hui.

Un très beau voyage entre l'Égypte et le Liban imprégné de sentiments éblouissants de sincérité.
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Egypte 51. S'ouvre l' échange épistolaire conduit par Mia et Stéphane. Issus de familles syro-libanaises, il aura suffi d'une rencontre pour que l'un s'amourache de l'autre. le coeur de Mia est encore occupé par l'ombre d'un homme. Les lendemains égyptiens verront-ils enfin la naissance d'une idylle réciproque ?
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Je lis les soixante-dix premières pages sans être réellement sensible aux mots de ces deux jeunes gens quand arrive l'année 56. Là, je pressens que l'émotion va me gagner, petit à petit.
56. Agression tripartite contre l'Egypte. L'exil. Monrovia racontée par Jo m'attrape. Je découvre cet homme, suis touchée par sa solitude, ce qu'il me raconte. ça y est. Les mots de Jo et l'évocation de ses souvenirs m'ont ferrée. Je suis prise dans les rets de cette histoire familiale dont je n'avais vu que l'ébauche. Mon coeur est touché.
Liban 75. Quelques lettres de Mia et Stéphane. Je les retrouve. Il est des exils et des guerres qui rassemblent et d'autres qui séparent. Pourtant je suis confiante, l'amour est là. Fuir Beyrouth. Gagner ensemble Faraya. Oui, rester ensemble à tout jamais.
Liban 84. J'esquisse un sourire me disant que les histoires familiales peuvent se répéter, prendre une même tournure lorsque je découvre les mots de Téo. Mon coeur se serre à la lecture de sa fragilité, sa solitude et cet espoir qui s'écrivent sous mes yeux. Je voudrais la sérénité pour lui, voir ses espérances prendre forme. Quelques-uns en auront décidé autrement. Mon coeur se serre, explose, fait jaillir mes larmes. Bouleversée par cette fin.
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Sauver la mémoire par les lettres

Le roman est constitué de lettres. Un narrateur trouve un paquet de lettres et commence à les lire.

« Elles sont classées par année je crois. Il y a celles du Docteur qui était employé à l'époque à la compagnie universelle du canal de Suez. Et celles de Mrs Mia. En 51, elle venait d'emménager au Caire avec sa famille mais elle est née et a grandi à Alexandrie » (p.11).

D'une lettre à l'autre, des vies se construisent et d'autres s'écroulent, des pays changent, des familles se brisent, et des histoires se lèguent…

En 1951, le médecin Stéphane rencontre Mia à la plage. Un coup de foudre. Commence alors une riche correspondance entre eux. Il la demande en mariage. Chagrinée par une ancienne histoire d'amour, Mia hésite et se refugie dans un cocon à elle, passant la plupart du temps à peindre des encres de Chine. Ces peintures lui permettent de retrouver le monde et de se retrouver elle-même.

En 1956, la nationalisation du Canal bouleverse l'histoire d'Egypte et ses habitants. Des attaques ont lieu, les courriers sont espionnés, les téléphones mis sur écoute. L'Egypte n'est plus elle-même.

La troisième partie de la correspondance date de 1975. Stéphane et Mia sont mariés et ont deux enfants : Liliane et Téo. Ayant quitté l'Egypte, ils sont au Liban déchiré par la guerre civile. le couple est fusillé.

La dernière partie a lieu au Liban de 1984. Liliane vit en France, Téo, blessé par les balles, reste à Beyrouth. Ils s'écrivent comme leurs parents. Vont-ils s'exiler pour survivre ou resteront-ils au Liban des racines en cultivant l'espérance ?

Le roman peint une belle histoire d'amour dans un contexte historique (Canal, la guerre civile du Liban…). S'alternent alors les images douloureuses de l'Histoire et les belles sensations d'amour. le roman est un duel entre la tendresse et la guerre. Et cette duplicité thématique dessine d'autres thèmes comme l'exil, l'identité, l'interculturel…

« Afin de rendre possible la vie dans ce désert, Ferdinand de Lesseps a acheminé l'eau du Nil, du Caire jusqu'à l'isthme, grâce à un système de canaux et a inventé une technique sophistiquée pour la filtrer »(p.34).

L'altérité est omniprésente. Toutes les religions, identités, langues et cultures, cohabitent dans ce roman. Stéphane et Mia sont d'origine syro-libanaise, chrétiens vivant en Egypte. « C'est sans doute ma pauvreté plus que notre différence de religion, car j'imagine que vous êtes musulmane, qui est un barrage à notre union » écrit Téo à sa voisine (p.131).

Ce roman est le fruit d'une grande documentation. Les narrateurs insèrent çà et là des fragments historiques réels. Les personnages fictifs côtoient ceux de la réalité comme Ferdinand de Lesseps, Gamal Abd Nasser, Nawal el Saadawi… le roman se situe donc entre la vérité amère de l'Histoire et le doux mensonge de la fiction.

L'autobiographie est omniprésente. L'auteure insère plusieurs fragments de sa vie à l'intérieur de la fiction. La biographie de Yasmine Khlat illustre clairement ce constat.

Le choix du genre épistolaire n'est pas fortuit : l'auteure s'est inspirée de la correspondance de ses parents. Elle le révèle elle-même au début : « A la mémoire de mes parents dont la correspondance, notamment avec les uns et les autres, a été la source de mon inspiration » (p.7). L'emploi du présent de l'indicatif actualise la correspondance et attire davantage le lecteur comme si l'histoire se passait au moment présent devant ses yeux.

Egypte 51 est un roman profond par sa simple écriture. Il peint à la fois l'Egypte et le monde. Mêlant histoire et fiction, il explore la frontière entre la guerre et la vie, l'espérance et le désespoir, la tendresse et le chagrin, l'exil et la terre natale. Yasmine Khlat rend un poignant hommage à ses parents, au genre épistolaire, et à l'Egypte des années 50. C'est un beau roman qui sauve la mémoire !
Lien : http://www.lacauselitteraire..
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Stéphane, docteur et employé à la Compagnie universelle du canal de Suez, s'est épris de Mia, une jeune fille d'une famille bourgeoise syro-libanaise. Encouragé par le prêtre de la communauté, Stéphane courtise par correspondance la jeune fille, qui se remet difficilement d'un amour impossible avec un jeune homme qui n'est pas issu du milieu social.

Cet échange épistolaire entre les deux va mettre en exergue au-delà de la relation en elle-même, tout un pan de l'Histoire. D'abord celle de l'Egypte, de l'arrivée au pouvoir de Nasser à la nationalisation du canal de Suez, en passant par les heurts et violences populaires ; celle du Liban, déchiré par la guerre ; enfin celle des communautés juives ou chrétiennes en exil ou en fuite.

Un choix de construction qui confronte l'amour et les projets de vie à un pays qui s'étiole et qui sombre. Une dualité présente tout le long du récit et qui amène d'autres sujets comme l'exil, l'interculturalité et l'identité.

L'écriture est lyrique, poignante et se lit au présent, donnant au récit un caractère actuel et universel. Les mots sont précis, bien choisis. le contexte est très documenté et s'inspire de la propre correspondance des parents de l'auteure auxquels elle rend hommage. Un roman-témoignage poignant comme un instantané d'une vie.

A lire absolument.
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Citations et extraits (8) Voir plus Ajouter une citation
Cela avait trait au système imposé, m'a t-il dit, à l’Égypte par l'Empire britannique au XIXème siècle : le libre-échange. Aux ravages entraînés alors par le démantèlement des monopoles publics. Il m'a parlé aussi des dépenses engagées pour le Canal et son inauguration. Et de cette dette contractée surtout auprès des banquiers et petits porteurs français et anglais à laquelle l’Égypte, prise à la gorge, a dû céder aux Britanniques les actions de la Compagnie du canal de Suez qu'elle possédait.
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"Tu vois Stéphane, j'ai été - comme toi, comme nous tous qui avons été éduqués par les jésuites ou dans les écoles françaises - imprégné par l'histoire de la Révolution de 1789. Et aujourd'hui j'ai peur. La société est fédérée par le désir de voir partir les Britanniques qui s'éternisent ici, dans la zone du Canal. Mais après ? Je pense que le mécontentement se retournera contre la bourgeoisie. Je ne sais pas combien de temps tiendra le roi".
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Il loge où je ne peux rien pour le déplacer. Il me touche avec des dessins de silence que j'essaie de projeter dans mes œuvres pour retrouver la pleine présence du monde. J'ai l'impression de le porter en moi. Il est, me semble-t-il, des amours définitifs contre lesquels on ne peut rien. Mais quand mes parents ne seront plus là, que deviendrai-je, me direz-vous, moi qui ne vis plus à l'écoute de l'infime qui ne parlerait de lui.
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― On s'écrira, on s'appellera.
― Mais tu sais bien qu'on ne pourra ni s'appeler ni s'écrire. Israël et l'Égypte sont pour l'instant deux pays ennemis.
― On fera passer nos lettres par l'Europe.
― Et si on n'avait plus rien à se dire ? Si on n'était pas d'accord ?
― Mais si, Léa, on sera toujours du côté de la vérité et de la justice.
― Quelle vérité ? On ne pourra pas résister chacune à la propagande officielle dans laquelle on baignera. La radio, la télévision, les journaux... Tout ça nous séparera. La région se tend, Mia. Il y aura peut-être d'autres guerres.
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Ce serait facile s'il y avait d'un côté les bons et les méchants, si les choses étaient simples mais elles ne le sont pas, ni à propos de la civilisation arabe-musulmane que certains dédaignent avec beaucoup d'ignorance et de fatuité, ni à propos du Canal.
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Videos de Yasmine Khlat (5) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Yasmine Khlat
REMISE DES PRIX DU CONCOURS INALCO DE LA NOUVELLE PLURILINGUE 2020
Avec les lauréats 2020, Yasmine Khlat & Jean-Simon DesRochers, écrivains parrains de l'édition 2020 & Cécile Dominjon
En 2020, les étudiants francophones du monde entier ont été invités, dans le cadre du Concours Inalco de la nouvelle plurilingue, à écrire « en présence de toutes les langues du monde », comme nous y invitait Édouard Glissant. Les étudiants lauréats seront mis à l'honneur au cours de cette soirée : leurs nouvelles sont publiées aux jeunes éditions Tangentielles et les quatre premiers textes primés, ainsi que ceux des écrivains parrainant le concours, sont lus par leurs auteurs et la comédienne Cécile Dominjon.
Ces lectures polyphoniques, à l'instar des textes eux-mêmes, sont accompagnées par une table-ronde autour des potentialités de renouvellement poétique – et plus encore – offertes par le plurilinguisme. Celle-ci fera dialoguer écrivains et jeunes auteurs, éditeurs, organisateurs et membres du jury du concours. Elle sera aussi l'occasion de lancer l'édition 2021 du concours.
Ce projet est lauréat du programme de l'OIF Langues en dialogue. Il a également reçu le soutien du programme Licence + (Inalco). Il se déroule dans le cadre du colloque Ecrire entre les langues : littérature, enseignement, traduction : https://ecrire.sciencesconf.org/resource/page/id/3
À lire – Langues en dialogue 2020, éd. Tangentielles, 2021.
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