AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
3,12

sur 16 notes
5
0 avis
4
4 avis
3
3 avis
2
0 avis
1
0 avis
Lecture janvier 2019- Emprunt à la médiathèque..

"J'ignore si ces pages deviendront un livre, si mes conversations avec Mie sont utiles pour le déroulement de l'action et si je n'ai pas intérêt à mieux raconter le village maternel, préciser qu'à part les veuves et les chèvres qui dévoraient tout ce qui tombait sous leurs maxillaires, il y avait le poète enterré dans l'excavation d'un rocher qui surplombe le village . Khalil Gibran, auteur du fameux -Prophète- best-seller en Amérique, était revenu se faire enterrer dans le bois où il jouait enfant. (p. 13)"

Récit autobiographique de cette auteure libanaise , née dans le même village qu'un autre poète, Khalil Gibran !...Récit très personnel qui fait comme une suite à un autre texte publié en 1998, "Une Maison au bord des larmes", que j'ai lu il y a très longtemps... le souvenir d'un récit plein de douleur et de chagrins: le frère bien-aimé, enfermé dans un asile; une figure paternelle très âpre et violente...et une Mère-courage qui se bat contre l'adversité, impuissante à aider son fils poète, trop différente et maltraité par le père ....


Dans "Cette maison aux orties", Vénus Khouy-Ghata donne rendez-vos avec son enfance, sa jeunesse, sa famille, son village...dialogue sans cesse avec ses morts... sa mère, son frère, ses amis... l'omniprésence des images de guerre...

Magnifiquement écrit... mais que de chagrins, de cicatrices impossibles à guérir !

L'auteure nous raconte aussi ses amitiés, ses rencontres avec ses pairs, d'autres poètes, écrivains, comme de beaux portraits d'Alain Bosquet, Guillevic... et des lignes très denses sur sa passion des mots, de l'écriture qui l'ont construite, aidée à vivre, fait dépasser les peines infinies apportées par le destin !!

"Les bras chargés de mon Olympia vieille de plusieurs décennies (...) Olympia posée à mes pieds, je signe puis rebrousse chemin vers chez moi. Je continuerai à écrire, même si je n'ai qu'un seul lecteur au monde.
Je ne peux pas me passer des mots, ils sont ce que je connais le mieux dans ce monde. D'un commerce agréable , ils se laissent faire par ma plume, arrivent à exprimer deux avis contraires si l'envie m'en prend , me suivent au doigt et à l'oeil. Une cohabitation vieille de quatre décennies m'a appris à les reconnaître même déguisés sous une autre langue que la mienne. Je connais leur forme, leur couleur, leur odeur." (p. 64)

© Soazic Boucard- Janvier 2019
Commenter  J’apprécie          370
Livre choisi à la médiathèque du village pour son titre. Besoin de réconfort et c'est ce que représente la maison. Les orties me faisaient penser à l'enfance, la nature.

Mais dans ce récit poétique, la maison aux orties est celle de l'enfance de Vénus. Sa mère analphabète et dépassée par les tâches journalières, laisse le jardin à l'abandon, alors les orties poussent griffant les jambes à chaque passage. Son père, un peu brute sur les bords ne fait que passer dans le récit surtout pour maltraiter le frère de Vénus, jeune homme différent, ne correspondant pas à l'idée que le père se faisait de son fils. Ils sont tous les trois décédés mais restent dans la vie de Vénus, surtout sa mère, qui regarde ses écrits par dessus son épaule en critiquant ou donnant ses avis, elle qui n'a jamais su lire.

Puis il y a Jean son amour, mort aussi, qui ne la laisse pas, il apparaît, lui parle, la conseille. Puis l'amant consolateur qui philosophe et ordonne un peu.

Vénus doit vivre et fait vivre ses morts. ses cris deviennent des écrits, ses chagrins, des regrets.

Comment faire le deuil de tous ces êtres aimés ?

C'est la mort du chat de son voisin, voisin un brin acariâtre et encombrant, qui va délivrer Vénus et lui permettre de laisser partir ses chers disparus.

Très beau texte.


Lien : http://pyrouette.canalblog.c..
Commenter  J’apprécie          363
On vogue à travers le temps, l'espace....
On accompagne la narratrice ou plutôt, elle nous accompagne dans notre mémoire à la recherche de ceux qui sont partis trop tôt, trop mal ... elle nous aide à les retrouver au travers d'un mot, d'un rayon de soleil, d'un bruit ... les retrouver pour mieux les accompagner dans leur dernier logis.
Chacun de nous peut se souvenir d'une mère qui n'a pas pu tout nous dire, d'un frère de sang ou de coeur que nous avons laissé sur le bord de notre route à un moment donné de notre vie, d'un homme qui a pu être pour nous, un mari, un ami, un voisin ou un amant qu'un beau jour nous avons abandonné pour pouvoir continuer à exister par nous mêmes sans nous soucier de ce qu'ils allaient devenir.
La maison aux orties nous invite à une belle ballade poétique dans notre mémoire avec des images qui après nous avoir déstabilisé en évoquant le passé ... nous rassurent et nous ouvrent la porte de notre avenir.
Commenter  J’apprécie          60
Khoury Ghata intègre à son roman La maison aux orties sa mère, son mari et son frère disparus, de façon si intime qu'on ne réussit plus à dissocier la part de vérité de la fiction. « Ce que j'appelle mes romans est écrit impulsivement comme on crie. Je couds tel un patchwork des morceaux de ma vie, fais de mes amis des personnages. Tant pis pour ceux qui se reconnaissent. Mon écriture ne va pas au-delà de ma peau et des maisons que j'ai habitées. » (p. 18) On plonge dans un univers où la frontière entre l'ici et l'au-delà n'est que symbolique, le passé rejoignant le présent, les morts dialoguant avec les vivants, dans un émouvant texte qui nous enveloppe comme un châle qu'on se transmettrait de génération en génération.
Commenter  J’apprécie          40
Vénus Khoury Ghata est une romancière et une poétesse confirmée. J'ai lu par le passé mais je ne prenais pas la peine alors de noter mes lectures, Babelio m'était alors inconnu. « le fils empaillé », « la maîtresse du notable », « les fiancées du Cap Ténès » (un délice), « la Maestra », etc etc. Même si ses différents romans sont un peu ou prou autobiographiques, celui-ci « la maison aux orties », l'est complètement. Et l'on retrouve le style très beau de Khoury Ghata, son ton de prose flirtant avec la poésie. Je lirais le précédent « la maison aux bords des larmes, plus tard.

Que dire de ce roman qui est en fait le roman de sa vie de ses regrets de ses amours, le roman de sa vie d'écrivain, de sa vie sociale fort « parisienne ». Des incursions au Liban, de sa vie familiale, sa mère, son père, son frère, encore et encore la nostalgie, le passé, que l'on fouille encore et encore pour comprendre le présent. Ce présent qui est aussi le passé récent d'un veuvage trop vite expérimenté, et qui à l'orée de sa vie ou tout au moins à l'orée de la maturité prend des allures divinatoires, que sera le futur ?. Et tout cette écriture, toutes ses pages admirablement agencées, contées avec la richesse d'une langue française qu'elle a su orner et enrichir d'une touche orientale, nous entraînent dans un monde de tristesse, de souffrance, de mort, peu à peu la nuit nous envahit….. J'aurais bien aimé y trouver matière à sourire de temps à autre. « Pour que vienne la paix intérieure » La paix intérieure était-elle toujours aussi triste. Il lui manquerait alors « le sourire intérieur » dont parle les chinois pratiquant le Qi Gong….
Commenter  J’apprécie          20
C'est un chant d'amour aux êtres aimés, ils revivent sous sa plume. Durant la canicule d'août, à Paris la narratrice évoque ses morts. Elle le rend hommage à sa mère analphabète, qui n'a jamais trouvé le temps pour arracher les orties qui entoure sa maison. Elle évoque aussi les souvenirs douloureux entre son père et son frère. Son père était militaire et n'admettait pas que son fils écrive de la poésie. Vénus donc, elle évoque le passé bien sûr, le chagrin de la perte de sa mère, dont elle se sent orpheline, comme sa petite fille qui vient de perdre son père. " Mie, une orpheline de cinq ans. Moi, orpheline à cinquante ans. Elle est en deuil de son père et elle le sait pas. Je suis en deuil de ma mère et je suis inconsolable."
L'importance de la terre, du territoire, de la maison. Mais les vivants, elle ne les oublie pas il y a M, l'amant, le peintre fou passionné, il y a le voisin, l'ami des chats, ses amis poètes sont là pour lui donner de la force et du courage. Mais la narratrice, c'est à dire l'auteur ne sait plus très bien quel sens donner à sa vie avec ses morts, sa langue est l'arabe, sa terre natal s'est le Liban, et elle vit en France, à Paris. Elle aime ce pays d'accueil cette langue si belle est plein de retenu pour elle, cette langue est à l'opposé de la langue arabe, langue d'émotion.
" Folle, je deviens de plus en plus folle et fais exprès d'enfreindre les lois. J'évite de traverser dans les clous et gambade entre les voitures, libre comme les chèvres de mon village. Fâchée avec la langue française depuis que tu n'es plus là. Je m'adresse aux autres en arabe, ma vraie langue. La boulangère, une Normande pure souche, fait des yeux gros comme des soucoupes."
Un roman d'une très grande sensibilité à fleur de peau, accompagné d'une écriture sublime. "La plume dans une main, une cuillère dans l'autre, je touille un potage et corrige un texte en même temps, désherbe une plate-bande tout en cherchant la jute d'un poème" C'est aussi un livre qui rend hommage à la poésie et aux poètes.
Commenter  J’apprécie          10
Je connaissais Khoury-Ghata pour sa poésie et c'est bien sa poésie que j'ai retrouvée dans ce court roman autobiographique. Veuve au milieu de ses chattes, de ses souvenirs, de sa fille Mie et de ses voisins et amis fantasques, l'autrice n'a de cesse de voir, d'entendre et d'attendre son défunt mari. Un récit doux et plein de malice sur le deuil, comment dire adieu à ses mort-e-s et embrasser la vie qui continue.
Commenter  J’apprécie          00
Un écrin de poésie
Commenter  J’apprécie          00


Lecteurs (48) Voir plus



Quiz Voir plus

Les écrivains et le suicide

En 1941, cette immense écrivaine, pensant devenir folle, va se jeter dans une rivière les poches pleine de pierres. Avant de mourir, elle écrit à son mari une lettre où elle dit prendre la meilleure décision qui soit.

Virginia Woolf
Marguerite Duras
Sylvia Plath
Victoria Ocampo

8 questions
1710 lecteurs ont répondu
Thèmes : suicide , biographie , littératureCréer un quiz sur ce livre

{* *}