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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Lorsque Michel était enfant, son père, Henri, parlait très peu de sa famille. D'ailleurs, il ne lui restait que trois photos d'elle. Il lisait beaucoup de livres sur la guerre, Hitler ou l'holocauste et le jeune garçon les feuilletait dans la crainte de voir son propre père dans l'une de ces pages. Avait-il encore des cheveux? Portait-il une calotte? Dans ces pages, il craignait également de reconnaître son grand-père, celui-là même qui n'eut même pas le droit à une pierre tombale. Les quelques anecdotes d'Henri sur la guerre et les camps suffisent au jeune garçon pour faire de vilains cauchemars dans lesquels des fantômes venaient hanter ses nuits. Mais il ne les racontait pas à son père tout comme ce dernier ne se livrait pas sur la Shoah...

Le jeune Michel Kichka dit Mitchi devra composer avec un père taiseux qui, pourtant, aurait tant à dire sur son passé, sa détention dans les camps, les conditions dans lesquelles il vivait... Victime de la Shoah, il sera le seul rescapé de sa famille, après trois longues années enfermé. Fils de rescapé, Michel, à défaut d'entendre son père parler de son passé, s'imaginera tout un tas de choses et de nombreux cauchemars le hanteront. Par bribes, gentiment, son père finira par se raconter. L'auteur livre un témoignage fort, d'une grande sincérité et chargé d'émotions. Tel un acte qu'il se devait de faire pour satisfaire ou soulager son père, Michel Michka prendra les crayons et racontera avec force et et justesse l'histoire de ce dernier. de son enfance à Bruxelles à son aménagement en Israël, de sa vie avec ses parents puis celle avec ses propres enfants, il relate des pans de son existence avec une certaine dose d'humour, de tendresse et d'intelligence. Un récit touchant, humain et sincère...

Deuxième génération... un lourd passé à porter...
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Deuxième génération fut pour moi un roman graphique et autobiographique très agréable à lire et donnant un autre regard sur la Shoah : comment a-t-elle été vécue non par les survivants mais par leurs enfants
Michel Kichka est en effet le fils d'Henri Kichka, seul rescapé de sa famille des camps d'extermination nazis, bien connu en Belgique pour avoir témoigné de son expérience dans les écoles et avoir accompagné des voyages à Auschwitz.

le livre nous relate l'enfance de l'auteur, enfance toujours hantée par ce qu'a vécu son père, ce n'est pas une description des camps mais plutôt les effets de la Shoah sur la seconde génération qui ne l'a pas vécue. Cela commence par le non-dit et les interrogations. Son père ne parle pas de sa famille, mais oppose à la vie de ses enfants la vie dans les camps. Mais c'est quoi les camps ? Qui lui a écrit un numéro sur les poils ? Michel cherche les réponses dans les livres et ses nuits sont hantées de cauchemars.
Au pensionnat , son père exige qu'il soit le meilleur - « Je n'ai pas pu finir l'école à cause des Nazis alors sois toujours le premier de classe ! « , cela représente pour lui une revanche sur Hitler.

Tout l'ouvrage est plein d'anecdotes, certaines humoristiques. d'autres plus émouvantes ou tragiques. Et les questions fusent : « Ne suis-je pas voué à toujours le satisfaire en compensation de ce qu'il a vécu ? Se libère-t-on jamais du traumatisme des parents ? »

Michel partira en Israël.

Un événement métamorphosera son père qui commencera alors - mais de manière quelque peu inappropriée - à parler de ce qu'il a vécu, à l'écrire, à faire visiter Auschwitz, à essayer d'y entraîner son fils.

le portrait du père est décrit honnêtement, sans l'idéaliser, en n'hésitant pas à montrer ses travers, sa propension à tout rapporter à lui.

Un roman graphique avec des dessins à la ligne claire, un roman combinant moments d'émotion et moments de la vie quotidienne, où le fils essaie de comprendre son père.

PS
Henri Kichka, est décédé récemment (en avril 2020) de la Covid-19. Son fils en l'annonçant a déclaré : « Un petit coronavirus microscopique a réussi là où toute l'armée nazie avait échoué. »



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On imagine difficile la charge émotionnelle des non-dits quand on a eu un père rescapé des camps de concentration.
Un père qui a beaucoup souffert et qui a élevé quatre enfants en ne parlant jamais de son expérience de déporté, si ce n'est en considérant cette fratrie comme une revanche sur Hitler, une victoire sur le régime nazi.

Ce n'est qu'au décès par suicide d'un des fils que la parole paternelle se libère, se débloque comme un verrou rouillé, au point de devenir un combat pour un homme qui va s'investir dans le témoignage auprès des jeunes et dans les associations, au détriment de l'écoute dans sa propre famille.

« Mon père est passé du statut de victime - ce que j'ai connu pendant toute mon enfance - à celui de héros de la Shoah. »

Michel Kichka fait donc partie de la Deuxième Génération, celle qui doit etre sans faille, qui doit se comporter de manière irréprochable, car il est impensable de décevoir ses parents. Lourde responsabilité, que son frère n'a sans doute pas pu assumer.

Prenant du recul géographiquement par choix et par son travail, l'auteur, installé à Jérusalem, a utilisé sa palette d'encre noire pour partager une enfance, une intimité familiale, cette difficulté à construire une vie en se détachant du passé, sans pour autant l'oublier.

Excellente BD, chargée d'émotion, adoucie par un zeste d'humour et de gaité. Les planches fourmillent de détails, les personnages sont travaillés, à l'image de cette photo de famille prise avant-guerre et reproduite en noir et blanc.
Michel Michka a enfin pu « dire » à son père…
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Deuxième génération aurait pu être un énième ouvrage qui relate les évènements de la Shoah et de la vie après la Shoah. Mais il n'en est rien.

Pour cette bande dessinée, Michel Kichka s'est inspiré de sa propre vie, et de celle de son père, un rescapé des camps et de la marche de la mort.
Ce que j'ai trouvé particulièrement bien fait, c'est le fait d'avoir exposé les difficultés des deux "partis. D'un côté les fantômes et les difficultés à reprendre une vie "ordinaire" des survivants, mais aussi leurs nombreuses frustrations : les études, le froid, la faim, les difficultés à exprimer son affection et à transmettre. Transmettre, oui, c'est le rôle des parents avec leur enfants, mais dans ce cas précis, que peut-on transmettre ? La mort ? C'est pourquoi il est impératif pour le chef de la famille Kichka de prendre sa revanche sur "les Boches" (termes presque anachronique puisqu'il a surtout été utilisé pendant la Première Guerre mondiale).

En réalité, l'auteur montre très bien que ce désir effréné de revanche par la voie familiale donne une lourde responsabilité à la deuxième génération qui porte cet héritage malgré elle. Michel Kichka se souvient, par exemple, d'un moment de sa vie où il était amoureux d'une goy. Mais oh malheur ! Quel impie ! Il briserait le 11ème Commandement : "Contribuer à repeupler la Terre de petits juifs tu devras".
Ce poids devient vite trop lourd à porter sur les frêles épaules d'enfants et d'adolescents qui n'ont pas demander à avoir la Shoah comme membre invisible (et envahissant) de la famille. Cette culpabilisation (plus ou moins) involontaire amène une inversion des rôles : ce sont les enfants qui cherchent à protéger leurs parents ! A ne rien dire pour ne pas les contrarier. A ne pas répondre aux phrases assassines du père qui dit à son fils qui ose se plaindre lorsqu'il est malade : mais comment aurais-tu survis dans le camp ! le constat est donc sans appel : la seule fautes de ces enfants, c'est de ne pas avoir subi les atrocités de cette période.

Et finalement, c'est bien l'écrit (BD ou roman) qui aide à combattre ce silence qui règne et qui est le fruit pourri de l'incapacité à exprimer ses douleurs et à les partager avec ses proches.

A découvrir !
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Bien sûr, on ne peut pas ne pas penser à Maus, d'Art Spiegelman, en ouvrant ce roman graphique, et je permets de le rappeler parce que l'auteur lui-même en parle comme d'une référence.
Michel Kischka, alias Mitchi, est un auteur de bandes dessinées humoristiques reconnu en Israël - d'où ces illustrations qui tirent sur le comique alors que le récit est grave - qui a une révélation en lisant ce fameux Maus. Il mettra quand même 7 ans, si je ne me trompe pas, à l'écrire et illustrer.
Ce roman graphique n'a rien d'original dans le sens où ce genre de romans autobiographiques et historiques s'est largement développé ces dernières années, mais il n'en est pas moins intéressant et bouleversant.
Mitchi grandit en Belgique, dans une famille de trois enfants, dont les parents ont été marqués, traumatisés, l'une par une éducation peu affectueuse et l'autre par sa déportation à Auschwitz, dont il reviendra "tout seul au monde".
Pendant l'enfance de Mitchi, son père parlera très peu de son passé, tandis que sa mère justifie l'autorité et les droits sans dérogations de celui-ci par les trois années de souffrance qu'il a endurées.
Ce n'est qu'une fois les enfants adultes et après un fait tragique que la parole se libérera dans la famille, unie autour de la Shoah.
J'ai particulièrement aimé la description du père, affectueux, aimant, mais obnubilé par son expérience jusqu'à la saturation.
Les traits sont clairs, ce qui rend la lecture facile et agréable, un bon roman graphique que je conseille à tous ceux intéressés par le sujet, amateur de BD ou non.


Lien : http://pourunmot.blogspot.fr..
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Cette BD s'inscrit dans la continuité des témoignages sur la Shoah tels que Si c'est un homme de Primo Levi ou encore Maus d'Art Spiegelman. Original par le point de vue adopté, son auteur prend le parti d'analyser comment les enfants d'un rescapé des camps de la mort vivent avec ce lourd héritage familial, comment chacun cherche à s'en émanciper. L'un des fils ne trouvera pas d'autre moyen d'expression de son malaise que de se suicider. Pour le père, vient le temps de témoigner, témoigner encore, en faire la pierre angulaire de son quotidien, ne penser qu'à ça, comme si c'était la seule façon désormais de survivre. Depuis tout petit, Michel, lui, vit avec des fantômes. Il fait des cauchemars où s'entassent des corps squelettiques. Il cherche par les livres à replacer l'épreuve de son père dans L Histoire. Lorsque son frère meurt, il décide d'exprimer ses démons intérieurs dans le dessin. Bel hommage à la BD que cet ouvrage, qui devient une manière d'exorciser la souffrance familiale. le sujet de cette BD est lourd, vous pourriez vous dire : "trop sombre pour moi". Ce qu'il y a de formidable c'est que sa lecture n'est pas pesante. L'auteur a su en effet éviter l'écueil du pathos. Au contraire, il sait distiller une certaine dose d'humour, il sait mettre en image les petits défauts des personnages dont on rit volontiers. Passeur de mémoire, Michel Kichka gagne donc le pari de parler de la Shoah sans retomber vraiment dans les traces de ses prédécesseurs. A lire donc!
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J'ai emprunté cette bande dessinée à la médiathèque. Je ne peux éviter la comparaison avec « Maus » d'Art Spiegelman dont l'influence est d'ailleurs revendiquée par l'auteur. Il s'agit en effet des relations entre un père et son fils, lorsque le père est rescapé des camps de la mort de la seconde guerre mondiale. le traitement graphique est ici réaliste avec un trait agréable qui me fait aussi penser à « Petit Polio ». On découvre au fil des pages combien il était difficile pour l'auteur, enfant, de vivre aux côtés de ce père qui avait des exigences et un mode de vie forcément marqué par son passé mais refusait d'évoquer celui-ci. L'auteur essaye donc de traduire ce qu'il pouvait comprendre étant enfant et comment il avait reconstruit en imagination ce qu'avait pu vivre son père. Il explique ensuite comment les choses se sont éclairées au fil des ans par des évènements où la parole a été libérée ou en recoupant les informations historiques en sa possession avec le parcours supposé de son père. Il est aussi question de la relation à la judéité, et des relations entre frères et soeurs mais c'est avant tout la relation père-fils qui est ici analysée.
J'ai trouvé cet album vraiment très intéressant par sa volonté de montrer comment chacun construit ses histoires de famille à partir des bribes qu'il arrive à en percevoir, parfois de manière déformée.


Lien : http://toutzazimuth.eklablog..
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Pour moi Deuxième génération a été un véritable coup de coeur, j'ai été profondément émue et attendrie par les dessins et le texte de cet ouvrage. Monsieur Klichka parle de sa famille, de son père surtout, rescapé des camps de concentration nazis. Il nous parle de sa fratrie qui grandit avec cette présence pesante de la tragédie paternelle. Les dessins, en noir et blanc, sont précis et expressif. le ton de l'ensemble -images et textes- est subtil et profond. Deuxième génération est d'une grande franchise et l'auteur aborde sans tabou les difficulté qu'il a pu rencontrer en grandissant dans l'ombre de la Shoah. Tout dans le livre respire une grande maturité, et l'on suit le cheminement de vie de l'auteur qui semble au fil des pages aller vers une sérénité méritée. Face à ce genre de lecture, on pourrait redouter quelque chose de trop dur mais ce n'est pas le cas, c'est finalement un ouvrage plein d'optimisme, débordant de vie et d'humanité. le sujet du poids des traumatismes sur les générations suivantes me passionne et ce bouquin est une pépite pour qui s'y intéresse. Je ne saurais donc que te conseiller cette lecture ami lecteur, et si tu en as l'occasion vient me dire ce que tu en as pensé.
Lien : http://altervorace.canalblog..
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Le père de l'auteur est un rescapé des camps de concentration, où il a passé 3 ans (de 1942 à la libération des camps) puis des marches de la mort. Il y a perdu toute sa famille et ne doit sa survie qu'à un tas de cadavres. Il a élevé ses enfants à l'ombre des camps, sans jamais leur en parler vraiment, mais en transmettant son traumatisme.
Comme Art Spiegelman, l'auteur a ressenti le besoin de parler des camps, des survivants. Mais non pas en racontant l'histoire de son père, qui a écrit un ouvrage sur cette "expérience" et fait des visites d'Auschwitz, mais des répercussions sur la génération suivante : incompréhension, culpabilité, suicide pour les plus fragiles.
Un graphisme en noir et blanc qui met en valeur le texte et l'histoire. L'auteur ne cherche pas à embellir mais à exorciser ses démons, à comprendre.
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Moins puissant qu'un Art Spiegelman, l'oeuvre autobiographique de Michel Kichka n'en est pas moins un témoignage marquant des séquelles de la Shoah sur les enfants des survivants.

A travers ses dessins précis et efficaces, il relate son enfance et sa relation avec son père. Il use d'humour mais cela n'enlève rien à la gravité de l'histoire. On comprend la complexité des situations, que chaque vie est une victoire sur la haine antisémite mais on voit bien également que ces enfants rappellent parfois aux survivants ceux qu'ils ont perdu. Ils doivent vivre avec des fantômes qu'ils transmettent, volontairement ou involontairement, à leurs descendants. Des familles ont presque disparu, se sont perdues de vue ou sont brisées par ce qui s'est passé et ces enfants ont parfois de grandes difficultés à retracer leurs origines. C'est immensément triste et tous les témoignages sont nécessaires pour ne pas oublier les individus qui ont souffert de la Haine, surtout quand ils sont aussi bien écrits que celui-là.
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