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EAN : 9782258117945
544 pages
Presses de la Cité (04/02/2016)
3.03/5   17 notes
Résumé :
Quelle surprise pour Kate Philo et ses coéquipiers lorsqu'ils trouvent, au cours d'une mission scientifique dans l'océan arctique, un corps conservé dans la glace depuis plus d'un siècle. L'homme, d'abord baptisé « Frank », puis plus sobrement « Sujet Numéro Un », est ramené à la vie grâce à une technique révolutionnaire – jusqu'alors testée sur des sardines et autres petites créatures marines.
« Sujet Numéro Un » s'appelle en réalité Jeremiah Rice. Né en 186... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (10) Voir plus Ajouter une critique
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Voici l'exemple-type d'un livre que j'ai acheté et même lu pendant ma longue panne de lecture qui a duré une quinzaine d'années – il est sorti chez France (et donc aussi Belgique) Loisirs tout fin 2016, je présume que j'ai dû l'acheter au 1er trimestre 2017, les livres FL ayant une durée de vie limitée ; en revanche, quand l'ai-je lu ? c'est plus difficile à cerner, disons que ça fait tout au plus 3-4 ans. Mais c'est aussi ce livre typique que j'ai ensuite laissé traîner au milieu des autres, sans distinguer les lus des non-lus, et sans aucune trace de ce que j'en ai pensé à l'époque, puisque je ne tenais alors aucun suivi, de quelque façon que ce soit !
Et ainsi, dès les toutes premières pages, j'ai su que je l'avais déjà lu. J'aurais certes pu en rester là et passer à autre chose mais, d'une part, je m'étais engagée à la lire pour un challenge et j'avais envie d'en garder un souvenir « frais » pour pouvoir cette fois donner un avis en connaissance de cause et, d'autre part, j'avais le vague souvenir qu'il ne m'avait pas déplu, alors pourquoi pas ?

Et je confirme que ce livre a un charme tout empreint de désuétude et d'une certaine mélancolie, mais aussi d'une vraie beauté, sans épargner le lecteur qu'il pousse à la réflexion.
Je ne vais pas refaire un résumé : celui proposé par l'éditeur est déjà bien assez réaliste et quelque peu spoilant. En revanche, il ne précise pas qu'on a là un roman choral à quatre voix, et c'en est un très réussi car, si on retrouve indéniablement la patte de l'auteur dans chacune de ces quatre voix, elles sont suffisamment différenciées pour qu'on ait l'impression d'un vrai quatuor… de plus en plus discordant ! c'est aussi à travers ces quatre voix que l'auteur soulève des thèmes sensibles, ceux-là mêmes qui font réfléchir, on ne peut pas reposer ce livre sans avoir l'esprit en ébullition !

La première et véritable héroïne du roman est la jeune Kate Philo, chercheuse en biologie moléculaire, passionnée par son travail comme une scientifique autant idéaliste qu'idéalisée (mais je sais d'expérience qu'il en existe pour de vrai !). Elle ne vit que pour la découverte, repousser ses propres limites de la connaissance, affuter encore et encore sa curiosité (tiens donc !), avec un vague sentiment de « carrière », mais qui semble passer en dernier lieu. Elle s'exprime ici à la 1re personne du singulier, avec un souci pédagogique constant et une grande sensibilité, car en plus elle est soucieuse de partager le fruit de son travail avec autrui, tout simplement. Elle a cette particularité de rester détachée en (presque) toutes circonstances, ce qui lui donne une grande force intérieure et provoque bien un peu l'admiration. Il y a un magnifique passage à la fin du livre, qui résume l'état d'esprit de Kate, elle dont la 2e passion est l'enseignement de cette science qu'elle aime tant, et qui est tout à la fois une forme d'hommage à tous ces enseignants qui aiment ce qu'ils font : « (…) je me soucie peu de savoir si les élèves retiennent tous les faits. Ce que je veux, c'est cultiver leur curiosité. Oui, ce vieil ami est toujours là, toujours aussi puissant : le simple désir de savoir. Si ces jeunes gens ne savent pas la différence entre xylème et phloème, leurs espérances universitaires et leurs futures carrières n'en souffriront pas. Mais leurs vies dépendront entièrement de leur capacité d'émerveillement, de leur sensibilité à la beauté. »

L'autre personnage principal est –évidemment !- ce fameux homme congelé, l'ex-juge Jeremiah Rice, réanimé 100 ans après sa disparition grâce au « projet Lazare ». Lui aussi s'adresse à la 1re personne du singulier, dans un style « d'époque » plutôt bien rendu, et qui lui donne dès lors une grande crédibilité. Avec lui, on redécouvre la valeur de l'intimité – que signifie être un objet d'étude, surtout lorsqu'on est un être humain ? – et la valeur des petites choses de la vie, du quotidien, dont on ne se rend pas toujours compte mais qui deviennent si importantes quand on en est privé. Mais plus encore, aux côtés de Jeremiah on voit d'un autre regard notre société actuelle. Oh ! jamais il n'est question de « c'était mieux avant », les seules pensées nostalgiques vont vers son épouse et sa fille qu'il a perdues dans la force de l'âge, et qu'il regrette tant d'avoir ainsi « abandonnées » bien malgré lui. Néanmoins, il observe notre monde moderne avec étonnement et parfois perplexité – comme par exemple ce paradoxe que les gens se touchent désormais pour tout et pour rien (le livre date de bien avant le covid !) dans la vie de tous les jours, et semblent avoir une sexualité débridée qui s'étale au monde sans plus aucun frein, ce qui n'était pas le cas 100 ans plus tôt ! mais il relève aussi leur incroyable solitude : seuls face à leur écran d'ordinateur pour « communiquer », seuls dans leurs danses en gestes désarticulés dans les discothèques malgré quelques effleurements… Il ne critique jamais, il est trop civilisé (évidemment, ça aurait été plus difficile de créer une telle ambiance si l'homme décongelé avait été un rustre !) ; comme Kate, il est animé de cette curiosité qui l'a amené à partir en exploration vers le Pôle Nord, d'où il n'est jamais revenu… et désormais, c'est lui qui est devenu « la curiosité » que l'on s'arrache, que l'on exhibe, que les paparazzis poursuivent…

Comme on peut le deviner, les deux autres voix sont nettement moins sympathiques.
On a Daniel Dixon, également à la 1re personne du singulier. Journaliste raté, au physique repoussant, s'exprimant toujours à la limite d'une certaine grossièreté, mais aussi animé de blessures d'enfance qui le rendraient presque touchant par moments, il représente d'une façon souvent caricaturale, mais bien menée, tous les excès d'un journalisme de foire. Avec lui, c'est la recherche du scoop, et quand il obtient l'exclusivité sur le projet Lazare, il se vautre dedans en entretenant une désinformation chronique, que ce soit par la reproduction naïve et aveugle de ce qu'on veut bien lui laisser dire (lui si facilement manipulable à condition d'avoir le scoop !) ou, lorsqu'il est finalement discrédité, par la mise en place d'un dossier créé de toutes pièces, mais étayé de fausses preuves à partir d'éléments disparates et tronqués de ce qu'il a vu / enregistré / photographié au fil des jours… et que la majorité des autres journalistes va gober comme véridique ! et dès lors reproduire à son tour. C'est toute la manipulation d'une certaine presse, et la crédibilité aveugle du public qui sont indirectement mises en cause avec ce personnage peu attirant.

Enfin, il faut parler d'Erastus Carthage, le directeur de ce fameux projet Lazare. Scientifique génial, il a déjà fait son petit chemin dans le monde de la recherche et on parle même de prix Nobel. Cependant, ce génie scientifique est bien loin de l'image de la chercheuse représentée par Kate et sa curiosité. On peut espérer qu'il y a bien quelque chose de cela, sinon pourquoi aurait-il embrassé une telle carrière ? mais cela n'est même pas évoqué ; ici, c'est le chercheur vénal, qui s'intéresse à la science dans la mesure où elle lui donne pouvoir, reconnaissance universelle quel qu'en soit le prix, et bien sûr autant d'argent que possible ! Il est ignominieux avec son personnel, imbu de lui-même jusqu'à l'extrême et, pour accentuer cette impression, il ne s'exprime jamais qu'à la forme d'un « vous majestatif » : Il parle de lui-même en se vouvoyant ! C'est même pire que le plus connu nous majestif, utilisé jusqu'il y a peu (et peut-être encore aujourd'hui, mais j'ai un petit doute) par le Roi des Belges dans certains textes officiels ; ou qu'un Jules César qui a écrit ses mémoires en parlant de lui à la 3e personne du singulier. Cette forme carrément exagérée ferait presque sourire si elle ne dégoulinait pas de suffisance ; c'est un coup de maître de l'auteur !
Bien sûr, Carthage n'a pas davantage de respect pour Jeremiah que pour les scientifique qui travaillent sous ses ordres : pour lui, Jeremiah n'est pas une personne, mais un objet qui restera jusqu'au bout le « Sujet Numéro Un »…

Ces quatre voix définissent donc l'avancée de l'intrigue, dont je ne dirai rien de plus au risque de spoiler. Elles soulèvent encore d'autres thèmes sociétaux divers et variés, un peu trop peut-être pour être tous cités dans cet avis qui est déjà bien long ! icon_wink Elles n'échappent pas, quelquefois, à quelques longueurs – je n'irais pas jusqu'à dire que certains passages sont inutiles, on ne se lasse pas vraiment mais par moments on est quand même à la limite du pesant. Pourtant, tout se tient et tout trouve sa place jusqu'au final que j'ai trouvé aussi triste que grandiose ; mais l'auteur va parfois très loin dans les détails, notamment scientifiques, qui sont certes intéressants, mais qui auraient pu être un tout petit peu plus résumés pour garder un bon rythme.

Et à côté de ça, on a aussi l'inévitable (?) romance entre Kate et Jeremiah – romance qui n'ira jamais jusqu'à l'acte, pourtant évoqué… et j'avais le souvenir que cela m'avait « manqué » lors de ma première lecture, à une époque où je ne lisais pourtant pas de littérature de ce genre ! Il fallait donc que je fasse le point sur cela ! Et donc, aujourd'hui, c'est avec des yeux beaucoup plus sereins et touchés que je reconsidère ces passages-là. Comme Kate le dit si bien, il y a différentes façons de faire l'amour, de « connaître » l'autre, pour reprendre les termes de la 1re vie de Jeremiah. Alors, bien sûr, si mon mari venait à vouloir me « connaître » d'une façon aussi philosophique, je crois bien que je ne serais pas tout à fait contente icon_wink ; mais ici, dans le contexte de l'histoire particulière de nos deux beaux protagonistes, ça paraît incroyablement juste.

Je ne regrette donc en aucune façon cette relecture imprévue, écrite par une plume fluide et habilement adaptée à chacune des voix de ce choral qui s'oriente vers la dissonance, malgré l'harmonie profonde de ce qui devient un duo. Il ne faut pas y chercher ce grand frisson que certaines oeuvres de la science-fiction peuvent apporter, mais bien un récit plein de tendresse, de mélancolie et prônant l'ouverture d'esprit, la curiosité et l'émerveillement pour ces choses simples mais importantes de la vie.
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Dans la première partie « Récupération » et deuxième partie « Réanimation »Stephen Kiernan plonge tout de suite le lecteur dans le vif du sujet.
Certains pourront considérer ce livre comme une normalité dans notre futur mais personnellement je considère ce début de roman comme un thriller et il me fait froid dans le dos (sans jeu de mots !)
En effet un homme est retrouvé mort de froid dans une banquise et une équipe de chercheurs va tout faire pour lui redonner la vie. Personnellement j'ai beaucoup aimé le début du roman puisqu'il se passe en Arctique et que c'est une de région du globe (avec l'Antarctique) que j'aimerais un jour visiter (oui j'ai des idées bizarres…).
Pour en revenir au roman j'ai eu l'impression que l'auteur avait fait beaucoup de recherches et je trouve cela vraiment très intéressant. le souci c'est que nous, lecteurs, n'en avons pas fait et que parfois j'ai trouvé les explications un peu longues et je ne comprenais pas tout.
J'aurais peut-être souhaité avoir moins d'explications scientifiques et un peu plus de descriptions concernant la découverte et l'expédition en elle-même.
Les descriptions physiques et mentales des personnages sont un peu mises au second plan pourtant ce n'est pas tous les jours qu'une telle découverte est faite !

Petit à petit l'auteur nous fait vivre le quotidien de ces chercheurs et en particulier celui de Kate.
J'aime beaucoup le duo que forme Kate avec Jeremiah dans ces deux premières parties. Selon moi elle a tout compris et c'est la seule personne sensible à tout ce qui se passe.

La fin de ces deux premières parties est intéressante mais il n'y a pas trop de mystère contrairement à tout le reste du roman. Par contre je me doute bien que malheureusement tout ne fait que commencer pour Jeremiah…

J'avoue avoir été déçue des parties trois « Guérison » et quatre « Stabilisation ». Je m'attendais à une histoire plus sombre et plus scientifique. Et je me suis complètement trompée…
Dans ces deux parties on peut suivre la progression de cet homme d'une autre époque. Nous assistons à des changements et à ses découvertes de notre époque qu'il ne connaît évidemment pas.
Dans ces parties nous sommes plus confrontés à une routine et à des découvertes de la vie quotidienne plutôt qu'à une partie plus scientifique.
Je pensais que les scientifiques pousseraient le vice jusqu'à faire des expériences sur lui, le tester, le traiter un peu comme une bête de foire mais finalement il vit comme tout individu normal…

Je ne pense pas que dans la réalité avec tous les scientifiques, les expérimentations que les laboratoires font sur des animaux un être humain comme lui serait traité aussi bien que l'est Jeremiah…
Je m'attendais à un roman beaucoup plus sombre et j'ai été déçue de constater que l'auteur arrivait même à intégrer un début de romance.
Pourtant, le résumé ne nous donne pas cette impression et je pense sincèrement que cela devrait être indiqué afin que le lecteur ne cherche pas un thriller ou des expérimentations à travers cette histoire.

Concernant la cinquième et dernière partie « Frénésie », elle est assez intéressante.
En fait il n'y a que le milieu du roman qui m'a vraiment dérangée.
J'ai vraiment pris plaisir à lire cette fin touchante, émouvante et aussi réaliste.

L'auteur a su toucher ses lecteurs et nous montrer que l'être humain pouvait être aussi bon que mauvais.
J'ai beaucoup aimé le fait que Stephen Kiernan nous raconte ce qu'étaient devenus tous les personnages. Ce n'est pas résumé en une ou deux lignes comme on peut le voir parfois mais il nous raconte vraiment leur présent des mois après la fin de l'expérience.
Finalement même s'il reste encore quelques questions sans réponses je trouve que c'est une très bonne partie.

En résumé ne vous attendez pas à un thriller comme le résumé pourrait y faire penser mais je pense qu'après avoir lu ce roman on peut en tirer une belle leçon de vie.

Lien : http://fais-moi-peur.blogspo..
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Avis de Grybouille [Chroniqueur sur le blog Léa Touch Book] :

Bonjour à toutes et à tous,

Aujourd'hui je vous présente un livre qui va attirer votre… curiosité. Bon, je sais, c'était facile mais je n'ai pas pu y résister…
En prenant en mains ce livre, j'ai eu un peu peur de retrouver une intrigue « like » notre « Hibernatus » national avec ses dérives et ses raccourcis.
Et bien pas du tout !
Ensuite un premier livre, Stephen Kiernan a surement besoin d'un temps de chauffe ?
Et bien pas du tout !

Nous assistons à la naissance d'un écrivain qui nous livre une première production de très bonne facture.
L'idée est novatrice, le style est solide, l'intrigue est palpitante et cette idée de faire parler tour à tour les principaux acteurs de l'histoire est un réel plus.
Un « je » à tour de rôle en quelque sorte ce qui donne la possibilité de gérer les changements de rythme avec fluidité et intelligence.

L'histoire, un laboratoire indépendant piloté par son Directeur Erastus Carthage, a déjà réalisé des expériences de réanimation sur des créatures marines de petites tailles (Krill, sardine…) qui avaient été retrouvées congelées.

2h12 du matin, au-dessus du quatre vingt troisième degré de latitude à la recherche des icebergs contenant des glaces primaires pour y trouver des corps congelés.

L'expédition du jour a embarqué à son bord, pour les principaux personnages :
Daniel Dixon, un journaliste de seconde zone qui est chargé de couvrir l'aventure ;
Graham Billings, un savant confirmé est à bord ;
Kate Philo, la jeune scientifique, dynamique, investie ;
Thomas, l'âme damnée de Carthage, à sa botte, prêt à tout pour son maître ;
Gerber, le matheux de l'équipe, un fou de musique, plus particulièrement des « Grateful Dead ».

Un iceberg, le plus énorme jamais découvert, le scanner a détecté une forme.
Kate plonge avec une équipe pour explorer et éventuellement retirer de sa ganse glacée l'animal marin qui a été détecté.
Dernier moment sur le bateau avant la plongée qui va changée le monde.
Une nageoire apparait ? Non une main… celle de Jeremiah Rice, né en 1868…

Carthage n'aura de cesse de dépersonnaliser Jeremiah sous l'appellation « Sujet numéro un », un sujet d'étude, un cobaye, sa chose… Son but, le commerce, 40.000 personnes cryogénisées dans le monde, une manne financière pour son laboratoire indépendant, réanimer des clients.

Jeremiah, juge de son état au 19ème siècle, aura-t-il la liberté de vivre sa seconde vie pleinement, et les siens que lui ont-ils laissé, quel message l'attend, comment va-t-il être perçu par la population, la déontologie, l'amour lui est-il à nouveau possible ? Tant de questions, mais « …le désir porte en lui-même ses propres réponses…»

« Je m'appelle Jeremiah Rice et le monde s'ouvre à moi. »

Jeremiah est un voyageur du Temps… La simple vie est une découverte de tous les instants !
Suivons-le !
Lien : http://leatouchbook.blogspot..
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Lors d'une mission scientifique en Arctique, Kate et son équipage découvre un homme conservé dans la glace primaire. Kate est la première à nous parler de cette expédition scientifique. C'est la chercheuse chargée de mener à bien ce voyage, avec l'objectif de trouver des petits spécimens prisonniers de la glace pour réaliser des expériences. Elle nous fait le récit d'une merveilleuse trouvaille. Une découverte exceptionnelle puisqu'ils avaient mis au point une technique de réanimation qu'ils n'avaient encore jamais testée sur l'homme. Mais dès les premiers instants, elle déclare que c'est aussi une histoire qui lui a causé bien des soucis. J'avais envie de connaître l'impact de cette découverte sur sa vie. Kate est celle qui a le plus de coeur, dans ce projet qui fait beaucoup parler. En effet, elle prend la responsabilité de protéger Jeremiah, l'homme congelé, du monde qui l'entoure. Elle pense à l'homme et non au spécimen qu'il représente et plus tard elle l'accompagne pas à pas dans sa découverte de notre époque.


La Curiosité n'est pas seulement le récit de Kate. C'est aussi le récit alterné de trois autres personnages. Des points de vue multiples appréciables avec celui de Dixon le journaliste, celui de Carthage, le grand patron, puis celui de Jeremiah Rice, l'homme congelé. Chacun avec sa personnalité, et chacun portant un intérêt différent à ce petit miracle. Carthage, par exemple, ne pense qu'à l'argent. C'est la découverte de sa vie et il en joue. Il est arrogant et sans coeur. Les chapitres qui lui sont consacrés sont d'ailleurs écrits à la deuxième personne du pluriel, c'est d'abord curieux mais ça n'étonnera guère le lecteur au final. Il n'inspire aucune sympathie et sa curiosité scientifique semble vite malsaine. Il jouit de cette subite avalanche médiatique qu'il espérait tant.


Je ne vous parlerai pas trop de Jeremiah mais je peux dire que j'ai particulièrement apprécié découvrir ses souvenirs. Il nous dévoile son passé de juge, son passé d'époux, son passé de père, avec beaucoup de nostalgie, de mélancolie, mais aussi d'angoisse. A travers le point de vue des autres personnages, je trouvais Jeremiah trop serein lors de son réveil. Il n'avait pas l'air effrayé du tout. Finalement, ses pensées nous permettent de comprendre vraiment comment il se sent. On découvre un homme plus bouleversé qu'il n'y paraît, et un homme ouvert d'esprit. C'est un peu comme une seconde vie pour lui et j'étais curieuse de voir ce qu'il comptait en faire. Il nous fait aussi part de ses remarques sur notre époque, tout en découvrant ce qu'il s'est passé pendant son "absence". Nous suivons son adaptation avec le sourire. Les moeurs sont évidemment différentes de son époque et de nombreux progrès techniques ont vu le jour. C'est intéressant de voir comment on lui expose l'évolution de l'homme et toutes ces nouveautés.


J'étais un peu surprise par le rythme tout doux de ce roman. Roman entrant dans la catégorie Science-Fiction, je m'attendais à de nombreux rebondissements, beaucoup d'action. J'en espérais vraiment plus de ce coté là. Pourtant on se laisse entraîner par les réflexions de l'auteur, celle de l'équipe scientifique qui travaille autour du Sujet n°1 et c'est agréable à lire. On pointe surtout du doigt les réactions du monde et ce que provoque la réanimation de Jeremiah. Les questions soulevées sont nombreuses : Doit-on lui redonner la vie? Doit-on oublier nos valeurs pour faire avancer la science? Certains sont dévorés par la curiosité et les possibilités de cette réanimation. D'autres parlent de travaux contraire à l'éthique. Ou finalement, d'une grosse mascarade, d'une manipulation. le questionnement vaut aussi au sujet de Jeremiah. Doit-on le considérer comme un être humain, un cadavre? Un sujet de recherche, une expérience?

Verdict : Une lecture agréable qui pousse à la réflexion. C'est une histoire dans laquelle on cherche les limites de la science, dans laquelle on confronte notre curiosité naturelle, aux valeurs et aux sentiments humains.
Lien : http://revesurpapier.blog4ev..
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Ce livre est dans ma bibliothèque depuis 2017 mais à l'époque, je n'étais pas rentrée dedans et pour cause : j'enchainais les thrillers noirs, macabres. Pas du tout le même genre de lecture. Mais ayant fortement évolué au fil des années, je l'ai ressorti pour tenter l'aventure.

Outre les questions d'éthique que ce livre pose (réanimer un être humain plusieurs siècles après sa mort sans savoir si ses convictions allaient à l'encontre d'un tel procédé), j'avais envie de voir à quoi ressemblerait une société ayant réussi cette prouesse : le retour à la vie.

Sur la forme, l'auteur nous propose plusieurs points de vue distincts. Il mérite quelques éloges à ce sujet car les points de vue sont "adaptés" aux personnalités des protagonistes, jusque dans le ton, la façon de narrer l'histoire. Je trouve que c'est un sacré tour de force car c'est écrire la même histoire de façon différente tout en les imbriquant les unes dans les autres pour ne pas faire de répétition puisque le temps s'écoule et aucune scène n'est racontée 2 fois, selon deux points de vue.

Mais je dois bien avouer que passer les 200 premières pages très prenantes, j'ai commencé à m'ennuyer... le récit traîne en longueur et je me suis retrouvée à tourner les pages en pilote automatique.

Mais ce qui m'a définitivement fait refermer le bouquin, c'est le côté caricatural qui s'amplifie au fil des pages... le scientifique un peu fou, le journaliste médiocre mais pas trop, le génie incompris, la scientifique dévouée, etc... Bref ! Au début je pouvais m'en accommoder mais au bout d'un moment, tout se met à tourner autour du sexe et c'est bien dommage...



Autant d'éléments qui m'ont découragée pour finir ce livre de 600 pages... j'ai tenu jusqu'à la page 347 mais pas plus...

Je ne lui mets donc pas de note, n'ayant pas une vision globale de l'oeuvre.
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Citations et extraits (8) Voir plus Ajouter une citation
Il y a en ce monde environ quarante mille individus cryogénisés, n'attendant que le moment où la science sera suffisamment avancée pour qu'on puisse les faire revivre. On peut y ajouter les soixante mille personnes qui, en permanence, hantent les services de soins intensifs des hôpitaux, atteints d'affections incurables. Et si on pouvait les conserver dans la glace primaire, en attendant que le traitement adapté à leur maladie soit découvert? Ou je ne sais quel agent de lutte contre le vieillissement? Il n'y aurait plus qu'à les réveiller. Et les cent mille personnes en attente d'une greffe? On pourrait congeler les gens qui viennent de mourir et les décongeler organe par organe en temps et en heure, au gré des besoins. Vous voulez une transplantation? C'est aussi simple que d'aller chercher une bière au frigo
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- Mesdames et messieurs, a annoncé Kulak en croisant les bras, nous avons là l’iceberg postulant le plus énorme jamais découvert.
Je ne sais pourquoi, tous les regards se sont tournés vers moi. Dixon a cessé d’écrire et Kulak a haussé les sourcils, tandis qu’un sourire enfantin apparaissait sur le visage de Billings.
J’ai réfléchi, avant de m’exprimer en chercheuse que j’étais.
- Peut-être, oui. Et c’est un peut-être qui pèse dix millions de tonnes.
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Bientôt, pourtant, mon attention s’est concentrée sur la jeune femme qui s’occupait de notre file d’attente. Elle utilisait une machine qui ressemblait à une caisse enregistreuse, mais eu lieu de tinter en affichant le prix, celle-ci émettait un bip et finissait par produire une étroite bande de papier imprimé. La demoiselle ne faisait certes aucun effort pour dissimuler l’ennui profond que lui inspirait sa tâche, néanmoins elle l’exécutait avec la célérité d’un derviche. Un individu corpulent, derrière la caisse, empaquetait tant bien que mal les achats des clients, incapable de suivre le rythme. Mais plus encore sa compétence, c’est l’anneau que la jeune femme avait dans le nez qui me fascinait. Appartenait-elle à quelque tribu pygmée ? Elle en avait un autre qui lui perçait le sourcil droit. Hmm. J’ai peine à imaginer souffrance plus pénible, pourtant, de toute évidence, elle y était insensible. Lorsque nous sommes arrivés à sa hauteur, j’ai constaté qu’elle avait également trois anneaux à chaque oreille. Et quand elle a ouvert la bouche pour annoncer au Dr Philo le montant de ses emplettes, je ne sais pas ce qui m’a le plus affecté : le prix exigé pour notre petit sac de marchandises ou la vision de la langue de notre caissière, où s’empalait une tige d’acier.
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La veille, les manifestants avaient perdu leur dernier recours en justice.J'étais soulagée , même si la décision de justice était rédigée en des termes parfois inquiétants.Le juge ne s'opposait pas à la poursuite du Projet Lazare,tant mieux.Le fait est qu'il classait notre homme congelé dans la catégorie des "matériaux de récupération", ce qui signifiait que nous en étions propriétaires. Aucun manifestant n'avait le droit de nous dicter la manière de traiter ce qui nous appartenait.Pas terrible
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Le singe peut bien accepter les barreaux d'une cage, lot de l'animal ignorant, mais un homme sait au plus profond de son âme s'il est ou non libre.Un siècles est passé , mais cela n’altère en rien mes perceptions de la réalité présente. Je suis surveillé jour et nuit. Je n'ai ni vrais vêtements ni argent liquide. Je passe mes journées et mes nuits de sommeil dans une chambre qui ressemble plus à un laboratoire qu'à un boudoir. Pour y entrer et en sortir, il faut un code électronique qu'on ne m'a pas confié. Les gens du présent ne me veulent pas de mal, me dis je , mais n'en est-il pas de même du muletier et de sa mule? Même si la loi et la Constitution me confèrent le titre d'homme libre,libre je ne le suis pas vraiment.
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