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EAN : 9782809714265
120 pages
Editions Philippe Picquier (02/05/2019)
3.94/5   25 notes
Résumé :
Parfois on a l'impression d'être le dernier à parler une langue que tout le monde aurait oubliée.
C'est juste qu'on se sent seul au monde. On a perdu quelqu'un que l'on aimait plus que tout, comme un père pour sa fille préférée. Ou son enfant pour un jeune couple. Leur fils de deux ans a disparu un matin au supermarché et quand il leur est restitué, des années plus tard, il est si différent de l'image qu'ils avaient précieusement gardée de lui que c'est comme... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (8) Voir plus Ajouter une critique
«  L'ignorance enferme l'homme dans les ténèbres » ..

«Hum…   Un roman de mille pages…..désordonné , expérimental, obscène et en même temps déconstructif,,…. » .

Deux extraits de ces nouvelles , oui, l'auteur renoue avec ce genre si particulier, il nous en offre trois: la deuxième , la plus piquante , burlesque présente un écrivain en mal d'inspiration, enclin à la paresse , dépressif et morose.
Il finit par trouver son pied dans le sexe débridé, exacerbé, quelque peu délirant un remède miracle …..

La première met en scène une «  fille » à son papa , relation plus ou moins malsaine mais sans connotation sexuelle «  Rien de tel avec mon père. Il est ma langue maternelle . Nous nous comprenons sans même nous parler . Il n'est question ni de bien ni de mal. C'est juste un destin partagé » , des rapports bizarres destructeurs —- abusifs ——entre un père et sa fille .
C'est celle que j'ai le moins aimée .

La troisième , un véritable cauchemar, met en scène un couple de jeunes parents qui vivent avec stupeur et douleur —— une vraie descente aux enfers —— l'enlèvement de leur fils , âgé de deux ans lors de leurs courses dans un supermarché. .

Suivront des événements dramatiques, recherche à l'aide de centaines de flyers par le père, folie de la mère , abandon progressif de leurs repères.

Pire : lors des retrouvailles , dix ans après , leur fils est si différent de l'image qu'ils avaient gardée de lui précieusement que les angoisses augmenteront jusqu'au final éprouvant, triste, fort, surprenant .

Ces trois nouvelles sont bien ficelées , les portraits incisifs, les dialogues amusants ,mordants , les situations cocasses , drôles , burlesques entre la morosité de l'écrivain dépressif au remède miracle qu'est pour lui le sexe, rencontres embarrassantes entre lecteurs et auteurs en panne, et le tourbillon de folie à travers rires et larmes ,tromperies , cocasseries et fantasmes .

Le style est habile, alerte , la solitude omniprésente:: des affres et des déboires de la vie jusqu'aux failles béantes et aux angoisses profondes .que génère l'absence de l'être aimé .

On oscille entre désastre et burlesque , on y reconnaît nos failles , nos amours bancals , défaillances, consolations , pertes , arrangements avec nous- mêmes , désillusions …..déconvenues …

«  Oui, on se sent seul au monde comme si on avait perdu quelqu'un que l'on aimait plus que tout , comme un père, pour sa fille préférée » …

«  Tu penses que Papa m'a abandonnée.
Comment te dire?
C'est moi qui suis partie . Tu penses que je souffre d'un manque d'amour paternel .
Celui qui a besoin d'être pardonné , c'est lui, pas moi » …

Un livre court, dense , magnifiquement écrit dont les images chocs resteront longtemps dans mon esprit.
Pas facile à décrypter .
Un grand plaisir de lecture !
Nouvelles traduites du coréen par Choi kyungran et Pierre Bisiou .
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Young-ha Kim est un talentueux écrivain coréen né en 1968. Les trois nouvelles ont en commun la thématique de la perte et ses conséquences. Elles sont aussi magistralement construites avec des méandres surprenants et des fins toujours imprévisibles. Mais le ton des trois récits est très différent.

1) Deux personnes seules au monde
C'est une lettre que Hyeonju entame quand elle est au chevet de son père mourant. Elle fait le récit de leur relation fusionnelle de plus en plus addictive qui l'a séparée des siens et l'a empêchée de vivre sa vie. La mort du père va-t-elle la délivrer ?

2) Je ne suis pas un épi de maïs
Cela commence par une bonne blague sur un fou qui se prend pour un épi de maïs poursuivi par des gallinacés (voir citation). Et puis on comprend bien vite que l'épi de maïs c'est le narrateur, un écrivain coréen en panne d'inspiration poursuivi par son ex, son boss (un agent qui a fait fortune en Amérique) et plus...La nouvelle est bien barrée, pleine d'humour et comme ce brave écrivain nous sommes menés en bateau de A à Z.

3) Je cherche mon enfant
Yunseok et Mira perdent leur petit Seongmin âgé de deux ans au supermarché. Il a été enlevé. Les dégâts sont immenses, Mira est brisée et Yunseok déclassé dans son travail et seul. Dix ans plus tard, le gamin réapparaît. Ils ne se reconnaissent pas. Une nouvelle poignante avec une fin pleine d'espoir toutefois.
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Ce recueil de nouvelles en comporte 3 dont la première donne le titre du livre.
Deux personnes seules au monde raconte la relation presque fusionnelle entre un père et une fille au détriment du reste de la famille. Cette dernière essaye d'analyser sa relation de l'extérieur, avec sa mère et sa soeur après les avoir rejoint aux Etats-Unis. Une relation très difficile, on sent la jeune femme très solitaire...
Je suis un épi de maïs, une nouvelle assez burlesque sur un écrivain qui cherche de l'inspiration pour un prochain roman suite à une rupture sentimentale. J'ai du mal à comprendre la direction de cette nouvelle et même la fin est assez étrange mais pourtant, j'ai bien aimé.
Je cherche mon enfant, la dernière nouvelle du recueil raconte les déboires d'un couple qui perd leur jeune enfant de presque 2 ans dans un centre commercial et à qui on annonce onze ans plus tard, avoir retrouvé celui-ci. Très déstabilisante cette nouvelle. Comment retrouver ces années perdues, cet enfant qu'ils avaient ? Les retrouvailles ne se passent pas exactement comme prévu... Malgré la tristesse d'une telle situation, l'auteur arrive à le rendre risible.
J'ai beaucoup aimé ces nouvelles qui parlent de la solitude au milieu des autres, d'amours finissants, de situations étonnantes et déstabilisantes.
Un recueil un peu étrange, j'ai regretté les fins un peu abruptes, j'aurais aimé en savais plus sur eux.
J'essayerai de lire un de ses romans prochainement...
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Ce livre est un recueil de 3 nouvelles provenant de la littérature coréenne contemporaine. 

La première, DEUX PERSONNES SEULES AU MONDE, Hyeonju revient sur la relation fusionnelle qu'elle entretenait avec son père. Elle réalise que pour briller à ses yeux, elle est passée à côté de sa vie, de ses propres attentes, ne les laissant jamais poindre, les étouffant afin d'être là pour lui seul. Ils ont une langue bien à eux. Une langue que personne ne comprend. 

La seconde, JE NE SUIS PAS UN ÉPI DE MAÏS.
Dans un hôpital psychiatrique, un patient se prend pour un épi de maïs… Pas besoin de vous en dire plus. C'est une nouvelle burlesque, étonnante !

La dernière, JE CHERCHE MON ENFANT.
Un petit garçon est kidnappé. Onze années plus tard, l'enfant est restitué à ses parents. Retour sur la vie du couple pendant ces longues années. Se sont-ils habitués à leur malheur ? Leur vie de famille va-t-elle reprendre naturellement son cours ? Ou alors… sont-ils devenus étrangers les uns pour les autres ?

Ces nouvelles traitent de la solitude, de la détresse, de la folie, du deuil, sur un ton parfois burlesque, ironique ou tendre. Avec énormément de profondeur. Une plume fluide. 
Je vous conseille ce petit livre que j'ai apprécié.
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J'ai découvert cet auteur avec l'excellent "Ma mémoire assassine", roman riche malgré sa brièveté, et c'est encore dans un format court que j'ai continué sa découverte, puisque "Deux personnes seules au monde" est un recueil de trois nouvelles.
Celle qui donne son titre au recueil est une longue lettre, que la narratrice adresse suite à la mort de son père à celle qu'elle désigne comme "ma très chère amie" (et dont nous ignorerons l'identité).

Elle revient à cette occasion sur sa relation à ce père, qui a vampirisé sa vie. Dès sa jeunesse, elle a été sa préférée, celle en qui il plaçait de grandes ambitions, justifiées par ses excellents résultats scolaires. Son frère, sa soeur, et même sa mère, conçurent de la rancune de cette injustice, et finirent par s'éloigner du duo formé par le père et la fille, l'épouse ayant demandé le divorce une fois les enfants devenus adultes.

Car c'est bien comme un couple que vivaient père et fille -sans la dimension incestueuse toutefois-, avec l'instauration de rituels qui leur étaient propres, allant au cinéma tous les week-end, parlant philosophie autour de diners dans des restaurants chics, faisant les magasins…

La narratrice n'a finalement jamais vécu pour elle-même. Les quelques relations qu'elle eut avec d'autres hommes se sont soldés par des échecs, ses petits amis trouvant son père trop présent dans sa vie. Ce dernier à l'inverse a fini par se mettre en couple avec une nouvelle compagne, et sa fille a alors réalisé que son sacrifice était unilatéral, et pire, que son père était déçu qu'elle n'ait finalement pas répondu à ses attentes, puisqu'elle est devenue enseignante d'histoire sociale dans un institut privé quand lui la rêvait professeure d'Histoire de l'art à l'université.

C'est une double perte qu'elle évoque ainsi dans sa lettre à son amie. Celle d'un père qui fut la personne la plus importante de sa vie, celui avec qui elle avait l'impression de partager une langue commune, que personne ne parlait plus, mais c'est aussi celle de la femme qu'elle aurait pu être -même si ce sentiment de perte est inconscient, la narratrice refusant d'admettre l'ampleur de l'emprise paternelle- sans cet
attachement aliénant, qui l'a isolée du reste du monde.

Dans "Je ne suis pas un épi de maïs", on change de ton et de genre. Park Mansu, écrivain, traverse une mauvaise passe. Son ex-femme travaille dans sa maison d'édition, qui vient de changer de patron, le nouvel arrivant -un ancien de Wall Street- fonctionnant à l'ultimatum. le narrateur, qui a perçu un à-valoir sur son prochain roman, se voit ainsi contraint de rendre son manuscrit au plus vite. Son ex lui fait alors une proposition : puisqu'il a besoin de se rendre aux Etats-Unis afin de collecter de la documentation, et que son nouveau patron est un grand admirateur de son travail, il acceptera sans doute den lui prêter son appartement new-yorkais… Et de fait, Park Mansu se retrouve à New-York. L'apparition dans l'appartement de l'ex de son éditeur, une superbe créature, fait prendre un tournant inattendu à son séjour.
Cette nouvelle à l'ambiance étrange est celle que j'ai le moins appréciée, en raison de sa chute complètement loufoque…

"Je cherche mon enfant" clôt le recueil sur une note bien sombre. L'enlèvement de son fils de deux ans détruit la vie d'un couple, qui passe les années suivant ce drame à le rechercher. Les conditions de vie des parents sont devenues précaires, car ils ont dû démissionner pour se consacrer à cette quête. La mère tombe peu à peu dans la démence, se coupant du monde réel, parcourant la ville à la recherche d'un fils qui aura éternellement deux ans…
Or, l'enfant est retrouvé plus de dix ans après sa disparition : la femme qui l'avait kidnappé, et s'en est occupé comme de son propre fils, s'est suicidée en laissant une lettre avouant son crime.

Mais les retrouvailles n'ont pas vraiment le goût du bonheur. le pré-adolescent au ventre gras et à la physionomie "rapace et colérique" ne colle pas à l'image que ses parents avaient gardé de leur fils. Alors que le père espérait que cette issue allait tout résoudre -la folie de sa femme, leur précarité-, leur nouvelle vie à trois est à peine supportable, pesant d'incommunicabilité, chacun s'enfermant dans ses propres souvenirs, ses attentes déçues, ses manques.

Un texte fort, troublant, et très triste…

J'ai dans l'ensemble beaucoup apprécié ce recueil -malgré le bémol à propos de la deuxième nouvelle- pour sa diversité, et l'écriture aussi efficace qu'éloquente de Young-ha Kim.
Lien : https://bookin-ingannmic.blo..
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Citations et extraits (7) Voir plus Ajouter une citation
-Alors si tu permets, moi j'ai une autre idée.
-Dis voir ?
-Tu ponds un roman hermétique et désordonné, quelque chose que le boss ne pourra pas publier. Genre Ulysse de Joyce, un pavé de mille pages, sans intrigue et à peu près dépourvu de sujet.
-Dans Ulysse l'intrigue est claire et les sujets sont nets.
-Sincèrement, je ne l'ai pas lu. C'est quoi le sujet ?
-Les songes érotiques et désordonnés d'un type médiocre d'âge moyen.
-Ah comme dans Eyes Wide Shut ?
-Si tu veux, c'est ça. Le magistrat US qui avait condamné Ulysse pour obscénité avait tout compris lui (...)
-Super. Donc tu n'as qu'à écrire un truc dans ce genre. Et si c'est obscène, c'est encore mieux. Avec un peu de chance, ça mènera le boss en prison !
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Dans un hôpital psychiatrique, un patient se prenait pour un épi de maïs. Après de nombreux entretiens, après une longue thérapie, il finit par comprendre qu'il n'était pas un épi de maïs. Et il fut autorisé à rentrer chez lui. Pourtant, quelques jours plus tard, il revint à l'hôpital dans un état de grande confusion et d'angoisse extrême.
"Que vous arrive-t-il ? l'interrogea son psychiatre.
-Je suis poursuivi par les poules, j'ai tellement peur."
Le patient, tremblant, se retournait sans arrêt comme pour s'assurer qu'aucun gallinacé ne s'apprêtait à fondre sur lui. D'une voix douce son psy tenta de le rassurer.
"Vous n'êtes pas un épi de maïs, vous êtes un homme. Vous le savez, n'est-ce pas ?
-Moi, je le sais bien sûr, mais elles, docteur?"

(Début de la nouvelle "Je ne suis pas un épi de maïs")
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«  —— Tu sais , je suis un de ces écrivains Proustiens désireux de tout savoir .
Mais alors, explique - moi, si c’est une fois par mois, à l’approche du rendez- vous, le concept de «  Faire l’Amour » doit encombrer tous les «  coins » de ta grande âme comme une ville pendant une longue grève des éboueurs , ça doit empester là- dedans » ……
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J’avais arrêté quelque chose d’autre en venant en Amérique. Oui, quelque chose qui n’était pas bon pour moi, nocif et extrêmement addictif : mon père.
(Nouvelle éponyme)
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Mira était pour lui comme un chameau pour la caravane. Nul besoin d'avoir un but ou un espoir en commun, peu importait qu'elle ne puisse plus ni parler ni sourire. Tout ce qu'il lui demandait, c'était de rester en vie. Jusqu'à ce que s'achève la traversée du désert.
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