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Gina Kim est une réalisatrice coréenne installée aux Etats-Unis. Lors d'un séjour à Séoul, où elle est née, en compagnie de son père et après le décès de son grand-père, elle commence à filmer, "des bouts de ville", improvisant, se souvenant. La ville la désoriente parfois, elle ne reconnait plus certains endroits. Elle compare Séoul à un "cyborg". Elle en scrute à travers quelques vestiges le passé : un palais transformé en zoo lors de la période coloniale, le temple Jogye au printemps, la prison de Seodaemun devenue un musée, la porte de Gwanghwamun, construite au XIVème siècle, démolie plusieurs fois, puis restaurée et déplacée. Gina Kim déambule dans la ville. Certains évènements refont surface : l'effondrement tragique d'un grand magasin en 1995, les manifestations d'avril 1960 réprimées dans le sang. A Itaewon c'est la présence américaine qui est soulignée. de cet ensemble Gina Kim réalise en 2009 un documentaire, un essai-vidéo, "Faces of Séoul", inédit en France (je n'ai pu voir qu'une bande annonce sur le site officiel de la réalisatrice). le commentaire de ce film est quasiment une oeuvre littéraire et l'atelier des cahiers en a réalisé un livre accompagné d'images. Cela peut paraître anecdotique et frustrant. Il y manque la matière du film. J'ai trouvé cependant le résultat intéressant et j'ai découvert à la fois une ville et une artiste.
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Pardonnez-moi : cette page représente plus que jamais un ressenti personnel et non celui d'un lecteur moyen, même me ressemblant. En effet, j'ai vécu presque trois ans à Séoul et partage ainsi avec Gina Kim des impressions et réflexions qui seront étrangères à la plupart des francophones.
Le livre reproduit le commentaire (j'imagine une voix off) que fait Gina Kim dans sa vidéo : Séoul, visages d'une ville.* le texte est ici publié en trois langues (dans la vidéo, Gina Kim utilise surtout l'anglais, sa langue d'usage professionnel, mais le début et la fin sont commentés en coréen). Il y a de nombreuses pages d'images (de faible résolution, paraissant être des copies d'écran de la vidéo), le texte traduit en français tiendrait sur moins de vingt-cinq pages, ce qui est court pour un film de 93 minutes ; lire ce petit volume ne donne donc qu'une idée très partielle du film : défi ?
Pari réussi, car le texte est autosuffisant. La cinéaste revient en Corée, pays quitté depuis cinq ans, pour une visite à son père. Caméra en main, elle redécouvre son père et sa ville, et nous fait partager ses impressions et réflexions. Ses pensées font des aller-retours entre le présent visible et ses souvenirs sur sa famille, différents quartiers de Séoul, la dure colonisation japonaise... le texte alterne entre la sensation (retrouver, grâce aux odeurs, ** sous des façades nouvelles la ville autrefois aimée) et la réflexion philosophique sur le temps, le développement, la perception, la révolution et la mort. Bref, différents visages.***
J'ai surtout aimé les chapitres sur la reconstruction permanente de la ville, le béton envahissant et la restauration des monuments anciens en bois ; ces parties approfondissent des sujets qui m'intéressaient déjà.**** Peut-être un autre lecteur sera-t-il surtout sensible aux innombrables lampions de la fête de Bouddha, aux feuilles d'or des ginkgos en automne, aux pétales des cerisiers au printemps.
J'ai choisi ce livre surtout à cause de son sujet, n'ayant pas conscience de la nature du texte proposé. Je remercie Babelio et l'Atelier des cahiers de me l'avoir offert pour l'opération masse critique. Son contenu, y compris les étranges images, à la fois belles et imparfaites, devrait intéresser surtout les amateurs de Corée et d'urbanisme. Ils y trouveront comme moi aussi bien des idées que du ressenti, et auront probablement comme moi un fort désir de voir la vidéo. La pensée de la vidéaste a une portée plus universelle, mais je ne suis pas capable de la jauger.

*La préface de Dominique Bluher indique qu'une telle publication a déjà été faite pour des « maîtres de l'essai cinématographique » comme Chris Marker.
**Très proustien !
***Étonnant : pendant mon premier court séjour à Séoul en 1995, l'effondrement d'un centre commercial a provoqué un drame ; ces images passaient en boucle sur toutes les chaînes de télévision, et Gina Kim raconte qu'elle était là, filmant en amatrice la panique et les secours.
****Ce mouvement continue aujourd'hui avec une perspective plus écologique, sujet absent du livre, comme est aussi absente, très curieusement, son origine : la destruction massive pendant la guerre de Corée.
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Jolie trouvaille que ce livre , un petit bijou sur le plan esthétique. Cet ouvrage a la particularité d'être un "journal-vidéo".
Les souvenirs de l'auteur, Gina Kim, s'égrènent au fil des redécouvertes de sa ville , Séoul, qu'elle a quittée depuis plusieurs années déjà. Caméra au poing , elle nous livre de très beaux textes qu'accompagnent des images floues, délavées, "tremblées" , comme cette mémoire qui se refuse parfois à collaborer, tant le Séoul qu'elle retrouve a changé...
Et quelle richesse dans ces retrouvailles : émotions, sensations. Une véritable symphonie d'odeurs, de couleurs, de bruits...
En voici un exemple :
" L'odeur des palourdes et des huîtres, des algues et des encornets séchés, des gâteaux de riz, de la viande marinée dans la sauce soja, du poulet frit, du porc et des boudins cuits à la vapeur, les effluves de l'huile de sésame mélangée au tofu frais, les relents d'anchois de la soupe de pains de poisson mêlés aux galettes de pomme de terre à côté... Je me retrouve coincée à l'intérieur d'une symphonie d'odeurs."
Dès les premières pages, le lecteur remarque le double volet : à gauche, le texte en coréen, de Gina Kim, à droite, la traduction française de Kim Simon. Les dernières pages du livre sont consacrées au texte anglais .
Un livre original, des textes et des images chargés d'émotion, une vraie découverte à faire. Merci à Babelio et aux éditions "Atelier des cahiers" pour ce choix.
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Bien que ce ne soit pas une couleur pour laquelle j'ai beaucoup d'appétence, le rose de la couverture attire indéniablement l'oeil tout comme ce visage qui se dessine en filigrane. C'est donc avec plaisir et curiosité que l'on se plonge dans cet ouvrage qui bénéficie d'un travail d'édition des plus soignés : papier épais et de qualité, format facile à prendre en main, texte aéré et mis en valeur…

La structure même du livre, simple mais efficace, concourt à rendre l'expérience de lecture plaisante. En effet, elle suit toujours le même schéma : on part d'un titre qui se réfère souvent à un lieu, puis l'auteur partage ses souvenirs, ses ressentis et ses pensées en deux ou trois pages. Chose intéressante, le texte est proposé dans sa version coréenne sur la page de gauche et dans sa version française sur la page de droite. Je ne parle pas coréen, mais je ne suis pas insensible à cette démarche.

En fin d'ouvrage, vous retrouverez également le texte intégral en anglais, la langue d'adoption de l'auteure qui vit dorénavant aux États-Unis, accompagné de flash codes.

Le livre est, en outre, émaillé d'images tirées du film de Gina Kim.

Pour ma part, j'ai aimé cette impression de flou qui se dégage de ces images quand vous les regardez de près, un peu comme si chacune d'entre elles était voilée par la propre vision de l'auteure. D'ailleurs, quand on prend de la distance, les images n'en deviennent que plus nettes.

L'important ici ne semble pas l'image en soi, mais l'impression qu'elle laisse chez le lecteur, et les émotions qu'elle fait ressurgir. Les images créent ainsi une sorte de lien entre Gina Kim, l'observatrice de la mémoire du passé et du temps présent, et le lecteur, observateur des pensées d'une femme qui, forte de son vécu et de ses émotions, se livre à nous.

Ceci est d'autant plus vrai que nous ne sommes pas dans un reportage sur la Corée et ses évolutions, du moins, pas seulement, nous sommes plutôt ici dans un essai portant la voix de cette femme qui, caméra au poing, arpente les rues et lieux de son enfance. Cette déambulation sur les traces de son passé l'amène à questionner ses souvenirs et de facto, sa mémoire, et à regarder, sous un jour nouveau, tous ces lieux et espaces jadis fréquentés.

En ressortiront un certain nombre de réflexions personnelles et une introspection que l'auteure partage avec les lecteurs sans retenue. Cette intrusion dans sa tête se fait naturellement sans avoir l'impression de jouer aux voyeurs. Cela s'explique peut-être parce que si elle parle du passé, Gina Kim évite l'écueil de la nostalgie chagrine qui fait regretter ce qui fut sans apprécier ce qui est. On la suit donc avec plaisir et intérêt dans son voyage autant physique que mental.

Je lis peu d'essais et ai donc craint, avant de me lancer dans cet ouvrage, de ne pas accrocher au texte ou de ne pas tout saisir. Fort heureusement, le style vivant et concis de l'autrice apporte une telle fluidité dans la lecture que mes craintes quant à ma faculté de compréhension se sont envolées aussi vite qu'elles étaient apparues. Les réflexions parfois philosophiques de l'auteure restent, en effet, très claires et facilement compréhensibles que vous soyez amateurs de textes teintés de philosophie ou non. J'aurais d'ailleurs aimé que Gina Kim aille un peu plus loin dans ses réflexions, qu'elle étaye un peu plus sa pensée. Mais cela aurait peut-être nui à la fluidité de l'ouvrage…

Si j'ai aimé suivre le cheminement des pensées de l'auteure, ce sont surtout les liens qu'elle fait entre les différents endroits de son enfance qu'elle visite dans le cadre de son film et l'histoire coréenne qui m'ont conquise. La Corée du Sud étant un pays encore assez peu connu en France et son histoire quasiment ignorée par la plupart d'entre nous, ce fut un réel plaisir d'en apprendre plus sur différents événements marquants comme l'effondrement d'un immeuble, une révolution réprimée dans le sang ou encore, les traces dans la mémoire collective de la colonisation japonaise. D'ailleurs, j'ai retrouvé chez l'auteure cette blessure quant à ce passé de colonisé que j'ai eu l'occasion de voir chez des amies coréennes. Je dois cependant avouer avoir été un peu frustrée, car cet essai n'étant pas un essai historique, l'auteure ne fait qu'effleurer ces sujets. Si en apprendre plus sur l'histoire coréenne vous intéresse, il vous faudra donc compléter cette lecture par d'autres ressources.

J'ai beaucoup apprécié cette lecture, mais j'aurais souhaité découvrir pourquoi l'auteure a choisi de visiter tel quartier plutôt qu'un autre et quel cheminement de pensée l'a conduite à nous proposer sa visite dans cet ordre précis. Avec ce livre et sans plus d'explications, il m'a été impossible de dégager un axe conducteur qui relierait les endroits visités les uns aux autres ou les pensées entre elles. Mais finalement, cela semble assez logique puisque la pensée a cette merveilleuse faculté de gambader sans que notre volonté n'y puisse grand chose. Il en résulte ce que nous propose ici l'auteure, des instants de vie et des idées simplement saisis au vol.

En conclusion, Séoul, visages d'une ville est un essai qui plaira à toutes les personnes curieuses de découvrir les différentes facettes de Séoul, vue par Gina Kim, dans le temps ou l'espace. Il permet une incursion intéressante et vivante dans l'esprit d'une femme qui, sans se perdre dans un passé révolu, prend le temps d'observer, de confronter la Séoul de ses souvenirs avec celle du présent et d'en tirer des réflexions parfois teintées de philosophie, mais toujours très personnelles.

Lien : https://lightandsmell.wordpr..
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Tout d'abord je voudrais remercier la masse critique Babelio et les éditions L'Atelier des Cahiers pour cet envoi.
Une découverte très surprenante puisqu'il s'agit d'un essai rédigé à partir d'un documentaire vidéo. Au moment où j'ai proposé d'écrire une chronique sur ce livre, je ne me doutais pas du côté atypique de ce que j'allais lire et voir ! Des photos, une page en coréen et sa traduction en français (bien sûr!). de courts chapitres. Voilà pour la forme. Au niveau du contenu, nous sommes dans l'essai (presque) philosophique. L'auteure retourne en Corée et tente avec sa caméra de capter, de nouveau, des images de son enfance. Des ambiances. Des odeurs. Des souvenirs. Quelque chose de familier et d'étrange à la fois, comme tous ces lieux qu'on a hantés par le passé et où l'on ne retourne plus régulièrement. Comme nous, ils ont changé.
Le Séoul d'aujourd'hui est bien différent du Séoul d'Antan. Tournée vers le passé, Gina Kim comprend au fil des images captées par sa caméra ou son appareil photo que le présent ne pourra rendre hommage à sa mémoire qui, comme nous le savons tous, nous joue souvent bien des tours.
Une belle façon de démontrer à quel point notre monde n'est pas immuable.
La cinéaste finit même parfois, par lâcher sa caméra pour « regarder ». Elle semble fortement préoccupée par l'époque coloniale, une période qu'elle n'a pas connue mais qui a laissé de fortes séquelles dans son esprit. Elle retourne voir certains lieux qui l'ont marquée.
Un livre très vite lu qui m'a donné envie de voir le documentaire ! Un petit bémol : je n'ai pas trouvé les photos très attrayantes. Certes, elles représentent à la perfection l'esprit de Gina Kim. Néanmoins, elles ne flattent pas sur le papier.
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Ce livre se compose de deux parties, à gauche le texte en coréen et à droite le texte en français, nous pouvons également retrouver à la fin le texte en anglais agrémenté de flash code. J'ai adoré la composition de ce livre, pouvoir avoir accès à la langue d'origine (le coréen) et au français rend d'autant plus le texte enrichissant et m'a donné envie d'apprendre le coréen afin de relire ce livre dans sa langue originelle.

Ce livre est aussi agrémenté de photo, d'abord flou au premier abord puis à mesure que l'on lit le souvenir qui référence la photo, on a l'impression que le flou s'estompe à mesure que l'auteur évoque son souvenir. On en apprend beaucoup sur la culture coréenne, ainsi que sur son histoire.

On retrouve également beaucoup de réflexion philosophique, en effet l'auteur a passé un long moment en dehors de la Corée et la ville de Séoul a beaucoup évolué avec le temps, l'auteur à travers ce livre recherche la ville qu'elle a connut étant jeune. On retrouve d'ailleurs beaucoup l'évocation des cinq sens à travers ce récit : je vois, je sens, j'entends.
Lien : http://l-univers-d-ocseve.bl..
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Avec « Séoul, Visages d'une ville », je découvre les éditions Atelier des Cahiers, dont les publications tournent autour de la Corée du Sud. Je les remercie, ainsi que Babelio, pour l'envoi de ce livre. Ce dernier part d'un concept peu commun : celui de retranscrire sur papier la narration d'un film documentaire, « Faces of Seoul » de Gina Kim, présenté à la Mostra de Venise en 2009. A priori, l'intérêt de ce changement de support présente peu d'intérêt surtout pour ceux qui ont déjà pu voir le film. Ce n'est heureusement pas mon cas et j'ai pu me plonger dans ce petit ouvrage sans avoir une impression de redite.


Le contenu se présente comme une visite de Séoul à travers les yeux et les souvenirs de la réalisatrice. Partie à vingt-trois ans pour vivre aux Etats-Unis, Gina Kim revient dans la ville de son enfance, nous transmet ses émotions, son ressenti en ciblant quelques lieux précis. Caméra à la main, elle donne peu de détails descriptifs puisque son outil de base est visuel. C'est là la principale limite du livre et de cet exercice de retranscription. L'image fait défaut et les nombreuses photographies extraites de la vidéo sont trop laides et floues pour pouvoir les apprécier.


L'immersion dans la capitale du Pays du Matin Calme ne se fait malheureusement pas et on ne peut pas se raccrocher à sa dimension instructive. le but n'est pas de nous en apprendre plus sur Seoul et ses habitants. Gina Kim se livre avant tout à des réflexions philosophiques plus ou moins intéressantes.


A mon avis, le rendu doit être nettement meilleur en vidéo. Cette version imprimée m'a laissé de marbre même si sa lecture fut rapide.
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