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Mi-Kyung Choi (Traducteur)Jean-Noël Juttet (Traducteur)
EAN : 9782843043147
148 pages
Zulma (01/06/2005)
3.8/5   20 notes
Résumé :
Chanceux est celui qui possède une femme : il dispose d'un outil de production, d'une monnaie d'échange. Il faut donc faire attention, lorsqu'on la bat, de ne pas la tuer. Les maris sont violents et alcooliques, les femmes n'hésitent pas à se prostituer, la tendresse amoureuse n'a pas deplace ou n'est qu'un simulacre. Il y a beaucoup d'humour dans ces nouvelles où les paysans sont tous plus bêtes et naïfs les uns que les autres, sans que l'auteur abandonne pour auta... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (7) Voir plus Ajouter une critique
Selon le proverbe français, après la pluie le beau temps, mais l'averse éponyme qui traverse le recueil de l'écrivain coréen Kim Yu-Jong semble ne jamais finir.

À travers neuf courts récits, Kim Yu-Jong brosse le portrait du monde rural coréen du début du XXe Siècle. Il dépeint les conditions de vie difficiles des paysans de cette époque souvent criblés de dettes et victimes des inégalités sociales aggravées alors par l'occupation japonaise.

Tour à tour burlesques, comiques et scabreuses, les nouvelles mettent en scène le quotidien des habitants de petits villages isolés qui tentent de survivre et de sortir de la pauvreté par n'importe quel moyen – souvent aux dépens des autres. Dans le récit « Automne », un homme n'hésite pas à vendre sa femme contre un peu d'argent tandis que dans « C'est le printemps », un père utilise sa fille comme appât pour faire travailler des hommes gratuitement. Les vies que Kim Yu-Jong décrit ne valent pas grand-chose, quelques wons tout au plus que les hommes se dépêchent d'aller noyer dans l'alcool et les jeux pour fuir leur quotidien avant de rentrer chez eux les poches vides. Si les hommes de ces récits sont pour la plupart grossiers, violents et sans scrupules, les femmes quant à elles, apparaissent sous plusieurs facettes, tantôt victimes, tantôt manipulatrices. Souvent souffre-douleur de leur mari qui les délaissent et les battent sans raison, ce sont elles qui subviennent aux besoins de leur famille et n'hésitent pas à voler, mentir et se prostituer pour payer les dettes de leur mari.

Peu de place pour l'amour et la tendresse donc dans ces récits. Pourtant les descriptions toujours pleines d'humour des personnages, le déroulement des intrigues savamment orchestré et l'écriture poétique de l'auteur nous offrent un tableau cru et coloré de la Corée traditionnelle et un témoignage sans complaisance de la vie difficile des paysans de cette époque.

Les moeurs que l'auteur décrit, les personnages dont il parle, il les connaît bien. Né en 1908 dans une famille aisée de la province de Gangwon, Kim Yu Jong devient orphelin assez tôt et abandonne ses études. Menant alors une vie de vagabond, il côtoie le monde rural, les paysans, les prostituées, les marchandes d'alcool ambulantes avant de mourir de tuberculose en 1937 à l'âge de 29 ans. La trentaine de nouvelles qu'il écrit durant sa jeune vie sont aujourd'hui des classiques de la littérature coréenne.

http://cahierdeseoul.com
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Des nouvelles de la Corée traditionnelle, un auteur qu'on dit « au panthéon de la littérature coréenne du XXe siècle ». Ce n'est pas sans une certaine appréhension qu'on aborde un classique d'une culture différente et des textes qui datent des années 30.

Ces nouvelles racontent la vie des paysans pauvres et surtout leur vie conjugale. Des relations de couple assez difficiles quand le quatrième de couverture choisit comme citation : « Chanceux est celui qui possède une femme : il dispose d'un outil de production, d'une monnaie d'échange. Il faut donc faire attention, lorsqu'on la bat, de ne pas la tuer ».

Mais le résumé de l'éditeur disait aussi qu'il y avait beaucoup d'humour dans ces nouvelles. Peut-être un décalage culturel, je n'ai rien trouvé de drôle à ces hommes qui battent leur femme pour se défouler de leurs conditions de vie abominables, de l'injustice des propriétaires terriens et de leurs métayers et de la faim qui fait partie de leur quotidien. Pas drôle du tout, d'autant plus que connaissant peu le pays, je peux difficilement évaluer ce qui tient de la réalité ou de l'exagération caricaturale.

Au final, ces paysans pauvres qui dépensent le peu qu'ils ont en alcool, qui peuvent vendre leur femme ou lui proposer de se prostituer, c'est une misère sociale bien noire… Il me faudra lire d'autres auteurs coréens pour découvrir d'autres nuances.
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Un recueil de 9 nouvelles , dont le dénominateur commun est la vie très difficile des paysans, dans la campagne coréenne, dans les années 1920-1930 ( l'auteur est mort en 1937). Et hormis la mention a un moment très bref d'une voiture, les récits pourraient vraiment se passer à n'importe quelle époque, tant la campagne reculée est déshéritée.
Les hommes y vivent dans une misère noire, qu'ils tentent d'oublier en se saoulant et en battant leurs femmes. Les femmes ont la vie encore plus dure, vivant dans la même misère que leurs maris qui les houspillent, mais travaillant double, car évidemment, les époux voyant leur force de travail en profitent pour se faire entretenir sans se bouger, dilapider les maigres sous du ménage et se plaindre sans cesse. La débrouille y est érigée en art de vivre même s'il faut pour celà faire une entorse à la loi, ou a des principes qu'on a de toute façon pas assez d'argent pour avoir.

Dans la première nouvelle, "une averse", la femme de Chunho se voit contrainte, en pleine canicule, d'aller emprunter de l'argent à sa riche voisine, afin que son mari paye ses dettes. La solution du mari étant évidemment d'aller miser l'argent emprunté. Sa riche voisine, qui d'après la femme, roule sur l'or, c'est à dire qu'elle s'est vantée un jour d'avoir 4 paires de chaussettes et 3 jupes. Oui, c'est toute l'ironie de la chose: on est dans un monde tellement pauvre que la richesse, c'est d'avoir des chaussettes.
Dans " la marmite", un pitoyable antihéros s'est mis en tête de quitter sa femme pour une marchande d'alcool ( apparemment le métier qui fait le plus fantasmer les pauvres hères du coin: elle travaillera et le nourrira et il n'aura plus rien à faire), à qui, pour la séduire, il offre tout ce que possède le ménage, y compris la marmite chèrement acquise lors de son mariage, et des sous-vêtements de sa femme.
"Canicule " est vraiment la plus sombre: une femme malade est amenée à l'hôpital par son mari, dans l'espoir que la maladie soit suffisamment rare pour être non seulement prise en charge gratuitement par la médecine, mais surtout, qu'on la paye pour l'étudier. Tout le long du trajet, il échafaude des plans avec l'argent qu'on va lui donner pour soigner sa femme, il en est sûr. Or non seulement elle n'a aucune maladie rare, mais besoin d'une opération immédiate et vitale. Qui coûte de l'argent.
"c'est l'printemps" est plus légère: un ouvrier agricole attend désespérément que son employeur, et futur beau-père règle les choses au sujet de son mariage, mais à chaque fois que le sujet revient sur le tapis, même réponse " ma fille est trop petite", excuse pipeau, car la fille semble avoir fini sa croissance depuis longtemps et issue d'une mère minuscule, n'a pas beaucoup de chance de grandir plus. Mais le futur beau-père sert à chaque fois la même excuse et ce que découvre le prétendant, c'est qu'il est en fait le 3° futur fiancé: le beau père fait marner son " beau-fils" gratuitement, jusqu'à ce qu'il finisse par partir, et en reprend un autre, toujours étranger au village, sous le même prétexte. Et comme il plusieurs filles, la même combine dure depuis des années, jusqu'à ce que la fille ait atteint l'âge "limite" de fraîcheur où elle est négociable avec une futur époux.

On y trouve régulièrement ce genre de notation d'un humour acerbe, voire noir, mais tellement désespéré. L'auteur porte un regard lucide sur ces paysans, pas foncièrement méchants à la base, mais rendus sauvages par la difficulté de leurs conditions de vie, qui ne leur laisse pas la possibilité d'envisager des relations harmonieuses, en famille ou avec les voisins: on se querelle pour un rien, on se jalouse pour une poule ou une paire de chaussette, on devient mesquin et aigri lorsqu'on a perpétuellement le ventre et le porte-monnaie vides.

Toutes les nouvelles ne sont pas passionnantes, l'ambiance y est grave malgré les quelques touches d'humour, donc ce n'est certainement pas le titre que je conseillerai à quelqu'un qui trouve disons, Zola, trop pessimiste par contre. Mais j'ai bien aimé dans l'ensemble, même si les notations d'humour grinçant, au lieu d'alléger l'ensemble, le rendent encore plus sombre.
Lien : http://chezpurple.blogspot.f..
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Neuf textes courts écrits par Kim Yu-Jong dans le milieu des années 30 (il est mort à 29 ans en 1937).
L'auteur nous raconte la vie misérable des paysans dans les campagnes coréennes du début du XXème siècle.
Entre misère, alcool, jeux, prostitution, il ne nous épargne rien.
De ces hommes qui battent leurs femmes, de ceux qui les vendent comme une vulgaire marchandise.
De ces femmes qui s'éreintent pour essayer de tenir un foyer, d'élever leurs enfants.
De ces propriétaires terriens et de leurs métayers qui font de ces hommes leurs esclaves qui n'ont qu'une peur qui est de déplaire à ces hommes puissants et qu'ils leur suppriment le lopin de terre qui leur permet de donner à manger à leur famille.
Vie terrible que celles de ces petites gens qui ne connaissaient que misère et désespoir et n'avaient aucune chance de voir leurs conditions de vie s'améliorer.
Il n'est pas étonnant qu'ils aient fini par répondre aux sirènes de ceux qui quelques années plus tard leur promettront une nouvelle politique sociale et la suppression de la propriété privée au profit de la propriété collective.
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Recueil de nouvelles traduit du coréen par Choi Mikyung et Jean-Noël Juttet
Editions ZULMA, 2000, 148 pages


Le thème des nouvelles de ce recueil sont tout à la fois le couple - cette désastreuse entreprise - et la condition paysanne en Corée au début du XXème siècle.

Kim Yu-jong (1908 -1937) connait parfaitement son sujet puisqu' il abandonne à 23 ans la ville et l'université pour retourner à Sille, son village natal. Il y mène une vie vouée aux petites gens et à l'écriture, avant de mourir de la tuberculose à l'âge de 29 ans.

Côtoyant les ouvriers, les paysans et les marchands d'alcool ambulants, il prend conscience de la misère qui règne en milieu rural, situation aggravée par l'occupation japonaise.
Il fonde alors une école du soir pour permettre aux personnes analphabètes d'apprendre à lire et à écrire.

Auteur de 30 nouvelles et de 12 essais, il fut membre du groupe littéraire Guinhoe créé en 1933 et remporta en 1935 deux concours de jeunes écrivains organisés par les journaux Chosun Ilbo et Joseon Joongang Ilbo.

Sources : Note de l'éditeur et KBS World.

Une averse est un recueil de neuf nouvelles :
- Une averse
- Automne
- Les Camélias
- La Marmite
- C'est l'printemps !
- Ma femme
- Amour conjugal
- La Vagabonde
- Canicule

Un court lexique à la fin du recueil donne les définitions des quelques mots coréens figurant dans ces nouvelles.

Début du XXème siècle : Kim Yu-jong nous livre ici des scènes de la vie paysanne coréenne, où la misère quotidienne laisse peu de place à la tendresse. La discorde est au coeur de chacune de ses histoires, hommes et femmes passent leur temps à se déchirer.
Avec un sens de l'humour qui peut surprendre vu le contexte, mais parfaitement maîtrisé, l'auteur nous dépeint sans fard ni complaisance une réalité où la survie est un combat quotidien, avec toutes les dérives qui en découlent : criblés de dettes, les hommes se réfugient dans l'alcool et le jeu. Battues par leur mari, les femmes sont acculées à la prostitution (Une averse) ou sont vendues (Automne). À 16 ou 19 ans, elles n'ont la plupart du temps connu que la misère et sont exploitées par les hommes, que ce soit leur mari ou leur propre père (C'est l'printemps).
Dans La Marmite, le mari dépouille peu à peu sa femme au profit d'une marchande d'alcool ambulante avec laquelle il espère s'enfuir.
Néanmoins les femmes ne sont pas toujours présentées en victimes. Certaines se montrent retorses et manipulatrices.

Mais il y a parfois des retournements de situation et l'arroseur se retrouve arrosé.


Le style est vivant et haut en couleur, l'auteur n'hésitant pas à parler cru mais sachant aussi décrire avec poésie et délicatesse.

La dernière nouvelle, Canicule, est un peu à part, et, racontée sans fioritures, elle est aussi tragique que bouleversante.

Un recueil édifiant qui mérite d'être lu.

Lien : http://0ceanonox.blogspot.fr..
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Citations et extraits (3) Ajouter une citation
Elle releva les épaules, eut même un sourire.
Elle n'avait beau n'avoir jamais connu pareille humiliation, et avoir le sentiment que ce qu'elle venait de subir était la chose la plus horrible qui fût, elle avait les meilleures raisons du monde d'être satisfaite.
Tout bonheur exigeant un tribut, elle aurait bien accepté de subir cent autres fois cet affront si c'était le prix à payer pour que son mari cesse de la battre et qu'ils vivent en paix
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… si elle avait été mieux foutue, y a longtemps qu’elle serait partie avec un autre, un riche, en me plaquant là. Sûr, les jolies filles, leur minois, elles s’y entendent pour le vendre, et pas pour rien! Quand j’y pense, qu’elle soit mal fichue, ma femme, c’est peut-être une chance…

(Zulma, p. 102)
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Une femme, c’est bien quand on peut l’insulter, la battre, lui filer des coups de pied, c’est fait pour ça. C’est du moins ce que pense un homme qui n’a pas une vie bien facile, qui enrage de sa condition de misère…

(Zulma, p.94)
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