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Critique de lafilledepassage


Parfois, je m'amuse à imaginer ce qui a poussé un écrivain à écrire tel ou tel livre. Imaginer, c'est vraiment le verbe qui convient, car c'est bien plus un jeu qu'une réflexion rondement menée, bien plus une intuition qu'une pensée … Pour ce « Jardin du repos », il me plait à imaginer Pa Kin dubitatif sur le sens de sa vie, lui l'écrivain « improductif » dans cette Chine laborieuse. L'écrivain obnubilé par ce besoin d'écrire à tout prix, et en même temps conscient de la futilité de son travail, de ses écrits, de sa vie. Tout n'est-il que néant? Ecrire pour qui et pour quelles raisons ? Y a-t-il moyen par le pouvoir des mots et des histoires d'alléger le poids de la détresse humaine ? En lisant la page 90 (édition de poche chez Folio), je le voyais presque, attablé à son petit bureau, le front couvert de sueur, les mots jaillissant de sa plume. J'entendais sa respiration courte et rapide. Plus loin, une centaine de pages plus loin, il propose une justification au métier d'écrivain. Et à nouveau, son excitation est presque palpable dans ses mots, dans ses lignes.

Alors je me dis même que peut-être il a commencé son roman par cette page-là. Et ensuite il n'y avait plus qu'à imaginer toute l'histoire autour de cette page. La chair autour de l'os, pour paraphraser l'un de mes profs. Ce passage était tellement vivant, tellement parlant, tellement habité, … qu'au final je pense que c'est le souvenir que je garderai de ce roman.

Bon tout ça m'éloigne en fait de l'interprétation généralement faite de ce livre, c'est-à-dire un témoignage de l'intérêt, de la sympathie, de l'attachement même de l'auteur pour les petites gens. Oui, c'est vrai, il est ici aussi question de cela. Et de la Chine à la fin de la deuxième guerre mondiale, une Chine en pleine mutation, en pleine évolution (et quel siècle que ce vingtième siècle pour cet immense pays), à la croisée entre confucianisme (où, entre autre chose, la loyauté filiale est essentielle. Loyauté que l'on retrouve dans la relation entre le petit Yang et son père Yang-le-troisième) et course débridée aux richesses matérielles, entre capitalisme bourgeois et société égalitaire.
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