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EAN : 9782344014691
192 pages
Glénat (07/09/2016)
3.92/5   6 notes
Résumé :
La mère de la vertu est la femme la plus pure au monde. Pendant des siècles, elle a vécu sa vie au service des pauvres et des dés uvrés. Sa magie a soigné nombre d os brisés et de maladies. Elle a aimé et s est occupée d enfants qui n étaient pas les siens. Mais le jour où elle s autorise enfin une pensée pour elle, un simple v u de bonheur se transforme en cauchemar. Elle connaitra enfin la joie d avoir une fille, mais elle enfantera la personne la plus maléfique q... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (4) Ajouter une critique
Ce tome comprend une histoire complète, indépendante de toute autre, même si le premier chapitre d'une deuxième saison est paru. Il regroupe les 3 épisodes initialement parus en 2011 pour Conception, en 2013 pour Poursuite, et en 2015 pour Rédemption. L'histoire a été écrite par Lovern Kindzierski, dessinée et peinte par John Bolton, avec un lettrage réalisé par Todd Klein. Il commence avec un avant-propos d'une page rédigée par Colleen Doran et une préface d'une page rédigée par Lindzierski. Il comprend également les 8 premières pages du premier tome de la saison 2 consacrée à Hope, réalisé par les mêmes créateurs, ainsi qu'une discussion avec les 2 créateurs de 10 pages richement illustrées, et encore 10 pages montrant différentes étapes de réalisation d'une page à partir du script.

Dans un monde moyenâgeux, mère Vertu est une femme entre deux âges au visage particulièrement laid. Elle fait profiter les habitants de sa magie, de ses dons de guérisseuse, et elle aime et s'occupe les enfants qui en retour l'aiment énormément, qui n'éprouvent aucune hésitation à déposer un baiser sur son visage à la peau abîmée, avec de nombreux grains de beauté. En fin de journée, elle rentre chez dans une maison à l'écart avec un jardin de simples. Elle se prend à rêvasser d'avoir elle aussi une fille, pis se détourne de ce voeu sans lendemain. Mais ce voeu égoïste a fait son chemin jusqu'au coeur des ténèbres et a été entendu. Les jours passent, et elle commence à ressentir les transformations de son corps qui ne peuvent être ignorées. Un soir la créature Slur (Injure / Insulte) lui apparaît et lui fait l'annonce de la naissance à venir de sa fille qui sera appelée Shame (Honte). Mère Vertu sait que Insulte a dit vrai, et au fur et à mesure que la fécondité de son corps s'épanouit, la nature autour de son cottage devient plus luxuriante, les nymphes et les dryades viennent vivre alentours. le lieu prend le nom de Berceau. Finalement Shame vient au monde sans difficulté, et Vertu décide de l'abandonner au bon soin du Berceau, des nymphes et des dryades, de la nature luxuriante, en jetant un sort pour que tous soient au service de l'éducation de Honte, et que celle-ci ne puisse pas quitter Berceau.

Six ans ont passé et Honte est devenue une jolie enfant, jouant avec ces nymphes et ces dryades. Au cours d'un jeu de ballon, Honte prend conscience de son pouvoir sur les choses, et cela provoque un changement irrévocable dans sa relation avec le monde. Elle exerce son pouvoir pour transformer les choses et les créatures, en punir certaines, sans toutefois prendre la pleine mesure desdits pouvoirs. Comme tous les enfants, elle se lasse assez vite de ses méchancetés qui restent superficielles. Un groupe d'enfants plus enhardis que d'autres tentent de pénétrer dans la forêt entourant Berceau, mais ils renoncent rapidement tout en laissant derrière eux leurs ombres filiformes, terriblement effrayantes. Ces ombres continuent leur progression dans la forêt et se retrouvent devant Honte. Celle-ci constate que ses pouvoirs n'ont pas d'effet sur les ombres et l'une d'elle évoque sa véritable éducation qui commence à l'instant. Toutefois les sorts de Vertu remplissent leur office et les ombres commencent à disparaître. Honte se lance à leur poursuite et tue une dryade qui faisait obstacle sur son chemin. Les ombres en profitent pour s'échapper et retourner auprès de Insulte pour lui faire part de leur réussite. Progressivement, Berceau perd son caractère de jardin paradisiaque, son ambiance devenant moins riante.

Lovern Kindzierski est un coloriste de renom ayant très souvent travaillé avec P. Craig Russell, ainsi que pour Marvel et pour DC Comics. John Bolton est un peintre et un artiste de comics de renom ayant travaillé avec Chris Claremont pour les X-Men, Marada the She-wolf, Black Dragon, ou ayant illustré The books of Magic écrit par Neil Gaiman. le lecteur comprend vite que les auteurs ont réalisé un conte pour adulte. Il note le jeu sur le nom des personnages : Vertu, Honte, Insulte, ce qui permet d'avoir des dialogues à double sens, selon que le lecteur considère que ces termes désignent le nom d'un personnage, ou le concept portant ce nom commun. L'histoire regorge de conventions propres aux contes : une forêt impénétrable, des créatures magiques ou mythologiques comme les nymphes et les dryades, une maison perdue au fond des bois, un être des ténèbres, une princesse, un enfant abandonné, un (presque) chevalier. Il remarque aussi que la nudité joue un rôle primordial dans le récit : la nudité comme état naturel, comme étant l'absence de dissimulation, mais aussi la nudité mise en scène par des vêtements révélateurs, comme outil de distraction et de séduction.

Dès les premières pages, le lecteur est plongé dans un monde qui lui apparaît très réel grâce à la consistance des dessins au réalisme criant, jusqu'à parfois donner une impression de photoréalisme, et même de photographie retouchée. Cette impression se produit en regardant certains bâtiments, certaines vues en intérieur. Elle n'est pas très fréquente, et quand bien même l'artiste aurait utilisé une photographie comme point de départ de son dessin, il l'a travaillée à la fois sur les traits saillants à retenir, à la fois sur la mise en couleur pour parfaitement l'intégrer au reste de la page, et pour que les personnages ne ressortent pas comme s'ils avaient été plaqué sur une toile de fond. L'artiste dessine de manière descriptive, avec un bon degré de détails, détourant certaines formes d'un trait de contour fin et léger, réalisant d'autres éléments en peinture directe. Il réalise des dégradés et des camaïeux doux, très agréables à l'oeil, rendant compte du relief de chaque forme, ainsi que de l'ambiance lumineuse. le corps féminin occupe une place centrale dans le récit. Tout d'abord les corps des nymphes et des dryades nues tout étant habillées de lumière, un érotisme très doux. Puis le lecteur découvre une partie du corps potelé de Vertu, plus chaste qu'érotique. Honte s'amuse à déformer un peu le corps des nymphes et des dryades avec des hypertrophies mammaires et des tailles beaucoup trop fines, plus des monstres que des séductrices. C'est ensuite au corps de toute jeune femme de Honte d'être mis en valeurs, mais cette fois-ci par des tenues révélatrices, et plus par une nudité frontale. D'une certaine manière, le lecteur a plus souvent l'impression qu'il s'agit de naturisme sans charge érotique que d'opération de séduction sauf en ce qui concerne Hope mais elle en fait de trop pour être crédible.

Le lecteur plonge donc dans un monde étrange, un monde de conte, de Fantasy, de bas moyen-âge, mais aussi un monde original semblant vibrer d'une vie apportée par des énergies à peine discernable, tout en étant omniprésentes. Il prend le temps de déguster des visuels impressionnants comme les ombres serviteurs de Insulte, la révélation de la forme complète de Insulte, les tenues extravagantes de Honte, sa consécration lorsqu'elle est enceinte, la méchante reine dans son château, l'étrange confiance en lui de Merritt, et bien d'autres. Il peut aussi bien lire l'histoire au premier degré que s'amuser du jeu métaphorique sur la vertu, l'insulte et la honte. le récit est raconté de manière chronologique, se divisant en deux fils narratifs, l'un suivant Honte, l'autre Vertu, avec un troisième intermittent relatif au chevalier Merritt. Il s'agit donc d'un conte où une jeune femme succombe à la tentation du pouvoir et impose sa volonté aux autres par ses pouvoirs, séduite par le discours d'un conseiller souhaitant la domination. Les dessins et les situations s'adressent à des adultes, pas seulement du fait de la nudité, et le lecteur se retrouve entraîné dans cette narration visuelle riche et envoutante pour savoir comment Vertu pourra contrer sa fille et son père, si tant est qu'il s'agisse d'un conte qui finit bien.

Il est impossible de ne pas penser à un second niveau de lecture tout du long, ne serait-ce que du fait du jeu de langage sur le nom des personnages, et du coup des phrases à double sens selon qu'elles s'entendent comme les concernant ou parlant vraiment de la vertu, de l'insulte, de la honte. Ce jeu se prolonge d'une mise en abîme du fait que Vertu entretient une relation de mère à fille avec Honte, que Insulte est le père de Honte, et que Vertu bénéficie d'une réincarnation qui vient complexifier ces relations familiales. le récit entre alors dans le domaine de l'inné et de l'acquis, de ce qu'une génération transmet à une autre, du fait que les qualités puissent sauter une génération, d'une forme de conflit entre ce que veut le père et ce que veut la mère, du sacrifice d'une mère pour le bien de sa fille. le lecteur s'amuse également de la manière dont les auteurs tordent la convention du chevalier qui vient délivrer la princesse prisonnière : il participe bien à l'amélioration de son sort, mais il ne sauve pas la situation à lui tout seul, et la demoiselle en péril n'a pas vraiment son âge, et ils ne se marient pas à la fin pour vivre heureux et avoir beaucoup d'enfants.

Shame est un récit ambition d'une excellente facture, avec une narration visuelle riche et sophistiquée, tout en restant accessible, et un conte pour adulte dans lequel la nudité est un élément narratif important sans être exclusif, avec un jeu sur les conventions du conte, et sur le nom des personnages qui ne sont pas loin d'incarner des qualités et des défauts. En terminant le récit, le lecteur peut trouver que la mise en abîme reste un peu timorée par rapport au potentiel du dispositif.
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Vertu est une femme pure et guérisseuse. Elle n'a pas d'âge et est très populaire car grâce à sa grande bonté, elle soigne les gens autour d'elle. Le seul regret de sa vie, n'avoir pas été mère. Un démon n'attendait que ce souhait pour s'introduire dans sa vie et lui donner l'enfant qui manquait au bonheur de Vertu. Mais l'enfant qui naît est l'extrême contraire de sa mère et sans autre choix, elle se nommera Honte. …

Il y a des bandes dessinées qui méritent d'être invitée dans nos bibliothèques et celle-ci fait partie de ces VIP. Bon, il faut avouer que nous sommes dans la basique confrontation du mal contre le bien, de la lumière qui combat les ténèbres, du yin yang. Sur les dessins, je suis entre deux chaises. Les deux personnages principaux, Vertu et Honte, semblent être des photographies coloriées alors que les personnages secondaires, qu'ils soient démons ou ombres, semblent n'être issus que de l'imagination de l'auteur. Nous sommes donc dans la confrontation des contraires, celle qui nourrit la base des dogmes. Lumière alliée à Vertu, Ombre alliée à Honte. La mère abandonne la fille à son sort, l'enfermant dans un monde dans lequel elle ne peut nuire à l'extérieur. Ensuite, la fille devient à son tour la mère de sa mère et reproduit le même schéma d'éducation, si ce n'est qu'elle la prive de bien-être et de confort. Ensuite, la fille qui est devenue la mère de sa mère et la mère qui est devenue la fille de sa fille vont entrer en lutte pour tenter d'imposer l'une le mal, l'autre le bien mais le monde a besoin d'équilibre, la lumière absolue et les ténèbres totaux ne rendent t'ils pas tout deux aveugle ? Est-ce que le monde sera victime de cet ultime combat des extrêmes ou trouvera t'il le juste chemin du milieu, fait d'un peu d'ombre et de lumière ?

Voilà donc une bande dessinée riche, qui nous laisse méditer sur nos choix et sur les chemins de la vie qu'il nous faut emprunter. Bref, une très belle lecture.
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En feuilletant cette bande dessinée, j'avais du mal à dire si j'adorais ou détestais les dessins. J'ai donc décidé de craquer et d'acheter cette intégrale pour voir si l'histoire m'aiderait à me décider !

Le volume comprend les trois tomes de Shame – La trilogie de la Honte : Conception, Poursuite et Rédemption. On suit l'histoire de Mère Vertu, une vieille femme pleine de bonté et de gentillesse qui n'a qu'un seul regret : ne pas avoir eu d'enfant. Son voeu prononcé à voix haute, quelqu'un l'entend mais pas la bonne personne ! le démon Injure l'exauce mais son enfant – Honte – est appelée à devenir la personne la plus maléfique du monde. Pour essayer d'éviter l'inéluctable, Vertu construit un lieu clos, nommé Berceau, et fait appel aux nymphes de la nature pour l'aider. Mais tout le monde sait qu'une prophétie se réalise toujours…

Si je devais décrire cette lecture en un mot, ça serait « originalité« . Cette bande dessinée n'a pas arrêté de me surprendre, autant au niveau des twists scénaristiques que des illustrations mêlant diverses techniques de dessin. L'univers ainsi que les protagonistes ont réussi à me séduire. J'ai particulièrement aimé le personnage de Honte. Elle est née dans un univers féérique mais n'était au final pas désirée par sa mère, qui l'a abandonnée pour la laisser aux soins des nymphes. Pour moi, c'est l'abandon de sa mère qui l'a poussée à devenir telle qu'elle est et à pervertir le monde qui l'entoure. Elle est habitée par une rage de vengeance, une puissante colère et surtout une grande incompréhension : pourquoi Vertu l'a-t-elle abandonnée alors qu'elle prenait soin de tous les autres enfants? Cet amour maternel aurait-il pu la sauver? Vertu passe pour la gentille héroïne qui essaie de délivrer le monde de la noirceur de sa fille mais au final, n'est-elle pas responsable de toute cette cruauté et de cette rancoeur?

Cette bande dessinée n'est pas à mettre entre toutes les mains. Beaucoup des illustrations ont un caractère érotique. La violence, la trahison et la cruauté sont des thèmes centraux au récit – avec une protagoniste maléfique, il fallait s'y attendre. :p Certaines parties de l'histoire sont aussi clairement malsaines : pour vous donner un exemple, le démon Injure – père de Honte – organise la fécondation de sa fille – alors qu'elle est encore très jeune – avec une entité démoniaque afin de perpétrer un rituel. Les nymphes évoluent également. de belles déesses de la nature, elles deviennent des ombres aux formes grotesques, perversions de l'esprit torturé de Honte, qui peut changer sa réalité à souhait.

Les illustrations sont des crayonnés colorés à l'aquarelle. L'ensemble donne un résultat étonnant, que je n'avais encore vu nulle part ailleurs. Je n'ai pas trop aimé les premières pages d'illustrations car elles représentaient Vertu dans sa forme « vieillesse » et étaient dans des tons bruns/orangés. J'ai préféré les dessins dans le reste du livre, avec une préférence pour les représentations de Honte et de Vertu (dans sa forme « jeunesse »), le contraste entre leurs deux univers est détonant !

Une trilogie originale, une histoire étrange additionnée d'illustrations d'un genre unique. Je recommande cette bande dessinée, qui n'est cependant pas à mettre entre toutes les mains !
Lien : https://livraisonslitteraire..
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L'auteur place son récit dans une période non-défini, mais qui pourrait s'apparenter à la fin du XIXème siècle, il revisite les contes en mettant au coeur de son scénario l'éternelle lutte entre le bien et le mal, il ose même la pire confrontation, mettant en scène la bonté incarnée accouchant du mal absolu, un coup de maître très bien exploité...
Lien : http://www.psychovision.net/..
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critiques presse (3)
BoDoi
08 décembre 2016
Celles et ceux que n’intéressent ni Œdipe, ni les postérieurs féminins rebondis risquent, pour leur part, de ne pas y trouver leur compte…
Lire la critique sur le site : BoDoi
BDGest
08 novembre 2016
Dans ce conte pour adulte, les auteurs revisitent un genre où le merveilleux peut être sombre et le maléfique innocent. La trame faussement classique entraîne le lecteur dans un tourbillon esthétique envoûtant, qui le laissera longtemps rêveur.
Lire la critique sur le site : BDGest
BDZoom
18 octobre 2016
Une histoire diaboliquement originale, qui surprend le lecteur au point de l’attacher, si l’on peut dire, au récit, d’une manière peu commune.
Lire la critique sur le site : BDZoom

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