« QUAND KING S'EN PREND AU HOLD UP ET AU KIDNAPPING, SA VISION »
Le suspense est très bien mené, comme dans des films d'actions ou policier. Ce livre – Blaze – (dont plus tard, je ferai une analyse des personnages) narre l'histoire d'un kidnapping d'enfant assez spécial. L'auteur nous donne beaucoup de caractéristiques du personnage principal. L'intrigue nous plonge dans un univers particulier, froid, glacial et plein de mystère. A lire pour les amateurs de Stephen King.
Le personnage principal, Blaze, doit kidnapper un bébé, sans son partenaire... Notons que le nom du héros fait penser à un valet car il est décrit comme étant « bête » mais intelligent. Tout au long du roman, le héros – et le kidnappeur – commet plusieurs erreurs car son passé est troublant, mais très intéressant. Je vous parle d'un valet car le nom rappelle celui de la pièce de théâtre Ruy Blas, « Blaze » étant peut-être une référence à V. Hugo. D'autre part, le nom rappelle un des protagonistes principaux dans la Folie des Grandeurs de Gérard Oury (1971) avec De Funès et Yves Montand (rôle de Blaze). Remarquons aussi que le héros doit tout à George étant donné que c'est lui qui a eu l'idée de monter le kidnapping, et qui est un des autres personnages principaux de l'histoire. Dans le roman, George et Blaze sont coéquipiers et l'un dit à l'autre ce qu'il doit faire. Rappelons que George peut être identifié au héros de La Folie des Grandeurs, Don Salluste, riche noble aimant à maltraiter son valet. Donc George et Blaze, du fait de leur complicité, rappellent les héros de la Folie des Grandeurs et l'auteur rend ainsi hommage à deux personnes importantes, l'une de la littérature, et l'autre du cinéma : Victor Hugo (pour sa pièce de théâtre Ruy Blas) et Gérard Oury (pour la Folie des Grandeurs). D'ailleurs, un des prénoms du bébé (le deuxième) est Gerard (référence inconsciente peut-être au cinéaste), le premier étant Joe ou Joseph.
Il est décrit comme un costaud, un « géant », un « colosse » aux allures douces, pas comme son acolyte, violent. L'auteur fait référence à plusieurs films dont la Ligne Verte (œuvre du même auteur), sauf que dans celle ci, il s'agit d'un géant aux allures douces et celui ci (La Ligne Verte) traite de la peine de mort tandis que dans « Blaze », le sujet diffère totalement - le kidnapping étant au cœur de cette histoire. Soulignons aussi que la taille du héros fait référence à Yves Montand, dans la Folie des Grandeurs.
Rappelons maintenant le prénom de son acolyte – George – mort lors d'une partie de dés, soupçonner d'avoir triché. Ce dernier fait référence au roman Des Souris et des Hommes de John Steinbeck. Notons que Blaze est l'ami de George, tout comme Lenny Small. La complicité du héros nous fait penser au héros du roman cité précédemment, tout comme son allure et son passé (bien que le passé de Lenny ne soit pas révélé). Tout au long de l'histoire, le héros se réfère à George pour lui demander conseil. Sa musculature et sa taille de « géant » nous font penser à deux acteurs : John Malkovich (Des Souris et des Hommes, 1991) et surtout à Michael Clarke Duncan (La Ligne Verte, 1999). Il faut savoir que le héros se nomme comme ceci car, en argot, le mot blaze up signifie s'énerver et il a un côté nerveux. Précisons que Blaze est le surnom du héros – son vrai nom étant Clay Blaisdell Jr – et que c'est pour cela qu'il nous fait penser à Ruy Blas. L'originalité du héros réside dans le fait qu'il est une référence à Lenny Small (sa taille, son âge mental d'un gamin d'une dizaine d'années...), et sa complicité avec George (conseils, ordres...) Nous voyons qu'il (George) est décrit comme un « loubard », du fait de son passé trouble, de son langage vulgaire (Ta gueule, Blaze... le mot « embrouille » et « branlette » revenant souvent dans le livre) et des années écopées en prison (organisation d'un « casse » lors de ses 13 ans...) Bien que le héros et son comparse soient en communication, le héros n'est pas toujours d'accord avec lui (ce qui lui fait faire de multiples erreurs).
Comme je vous l'ai dit précédemment, George est pourtant mort, ce qui n'empêche pas à Blaze de communiquer avec lui. On voit une référence historique – celle de Jeanne d'Arc, qui crut entendre la voix de Dieu et qui fut brûlée car on la croyait sorcière – son plan va se retourner contre lui. Donc nous voyons que Blaze a besoin, non seulement des conseils de son acolyte pour l'aider à s'en sortir, mais d'une présence externe. Sans George, Blaze n'existe pas. Parfois, on vient à se demander si notre héros n'a pas un double (George) qu'il refuse d'écouter. Néanmoins, il est très intelligent, malgré qu'il se fasse prendre, étant donné son comportement doux. Il réussit à kidnapper le bébé mais n'arrive pas (et ne veut pas) lui faire du mal car il a été dans des familles d'accueil (chez les Bowie) et en maison de redressement (Hetton House). Au fond, le bébé ne souligne-t-il pas l'enfant voulu ? Est-ce pour cette raison que Blaze refuse d'obéir à son double et qu'il ne fait pas de mal au bébé ? Nous percevons ironiquement une morale de J. De la Fontaine, le Lion et le Rat, nous avons toujours besoin d'un plus petit que soi. Parmi ce célèbre dicton, on trouve aussi la nuit porte conseil. Durant tout le roman, on a cette sensation qu'une voix intérieure – celle du héros ou de son double ou même de l'auteur ? - nous dit de continuer car on ne sait jamais ce qui peut arriver,...
Parlons un peu de la première de couverture. Elle représente la nuit et à l'extérieur, sur le devant d'une voiture (probablement volée), est inscrit le surnom du héros, en bleu, tracé avec des doigts sans doute pour nous mettre dans cette atmosphère mystérieuse. Nous voyons aussi une main sur le devant de la voiture – probablement celle du héros. Soulignons que le noir est une couleur relevant du mystère – parlant souvent de meurtres ou de mort – et que le bleu est une couleur froide – pour nous attirer dans cette ambiance glaciale – qu'est le livre. La couleur bleue a longtemps été prise pour représenter des saints, des martyres ou des rois (dans les églises, la couleur revenant le plus souvent est le bleu). Cela signifierait donc que Blaze a été martyrisé durant sa jeunesse mouvementée et qu'il est considéré comme le martyre de George. Est-ce à dire que Blaze se prendrait pour un personnage historique important genre Saint-Louis ou le Christ ? Ce roman vous surprendra et avec Stephen King, vous n'êtes jamais au bout de vos surprises,...
Je vous ai parlé de George – le double, en quelque sorte – de Blaze. Notons que S. King a signé son roman Richard Bachman (Stephen King alias Richard Bachman). Ne serait-ce pas le « double » de l'auteur qui aurait écrit le roman ? Ou R. Bachman ne se confondrait-il pas avec le personnage de George étant donné qu'il est le compère de Blaze et son double – et donc le double de S. King ?
Bref, un suspense mené en quatrième vitesse dont le style fait penser à James Cain ou à Jim Thompson. Le duo King/Bachman est très réussi. Si vous aimez les romans de kidnapping, lisez ce roman qui vous plongera dans une ambiance glaciale, mystérieuse et sans fin... Un conseil : lisez le jusqu'à la fin...
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