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Critique de LaTheiereLitteraire


Faut-il le présenter ? le King est aujourd'hui connu et reconnu comme le grand maître du frisson, dont les innombrables oeuvres nourrissent notre imaginaire, et celui d'Hollywood qui rachète ses droits d'auteur à la pelle.

Très tôt, le petit Stephen – très souvent bousculé à l'école – trouve réconfort et évasion dans la lecture, après la découverte, par le plus grand des hasards, d'une panoplie de livres fantastiques dans le grenier de sa tante. Cette passion le pousse vers l'écriture. Carrie, publié en 1974 est un franc succès et lui apporte très vite une prestigieuse notoriété. Dans une interview très récente accordée au New York Times, Stephen King affirme “But I can say, with complete honesty, that I never had any choice. As a young man, my head was like a crowded movie theater where someone has just yelled “Fire!” and everyone scrambles for the exits at once. I had a thousand ideas but only ten fingers and one typewriter." [Mais je peux dire, avec une parfaite honnêteté, que je n'avais pas le choix. Quand j'étais jeune, ma tête était pleine comme une salle de cinéma bondée de gens criant « Au feu ! » et où tout le monde courait vers l'issue de secours en même temps. J'avais un million d'idées mais seulement dix doigts et une machine à écrire.] pour expliquer la publication de quatre oeuvres en moyenne par jour! Travailleur acharné, il avoue même avoir écrit Marche ou crève en une semaine!

Et quel plaisir de lire ses mots et de pénétrer dans son monde, où tout peut basculer d'un moment à l'autre! Référence incontestable de la littérature fantastique, Stephen King reste à ce jour un des auteurs les plus lus, qu'il soit publié sous son nom, ou celui de son alter-égo Richard Bachman (à qui il a donné un visage et une identité!), le succès est toujours au rendez-vous, à tel point que ses fans attendent avec impatience ses prochaines parutions !

Une oeuvre riche, des pensées envolées…

Trisha McFarland est une petite fille de 9 ans, déjà très lucide, et consciente d'être devenue, depuis le divorce récent de ses parents, un des derniers remparts qui évite à sa famille d'imploser davantage. Ses parents semblent se détester, et son frère et sa mère ne cessent de se disputer, ce qui fait de son quotidien – et des sorties qu'organisent obstinément sa maman – des cauchemars incessants. La petite fille qui aimait Tom Gordon, une critique sociale sous couverture ? Avec un père sympathique, autant qu'absent, qui n'hésite pas à dénigrer son ex-femme devant ses enfants. Avec une mère obsessionnelle qui noie tous ses problèmes sous des sorties hebdomadaires qui ne plaisent qu'à elle. Avec un frère blasé et quelque peu égoïste qui n'hésite pas à mettre ses besoins au-devant de la scène, même si cela signifie ruiner le quotidien de sa mère et de sa soeur. Stephen King peint le portrait de personnalités fortes et disparates qui ont oublié le véritable sens du mot ‘famille'.
Ce que la petite fille va leur rappeler, malgré elle…

Partis en randonnée, Trisha a l'impression d'être invisible, son frère étant complètement obnubilé par ses innombrables plaintes, et sa mère par ses interminables rengaines. Pourtant, Trisha prend plaisir à être là, et elle aimerait pouvoir en profiter… Mais soudain, elle ressent le besoin de faire une pause pour satisfaire une envie pressante. Bien évidemment, ses tentatives désespérées de prévenir sa famille restent inexorablement sans réponse, sa mère et Pete étant bien trop absorbés par leur belliqueuse conversation. Aussi, Trisha va seule faire pipi dans un bois trop dense – et personne ne se rend compte de son absence avant de longues heures –. Pendant ce temps, alors qu'elle pense rejoindre la piste des Appalaches par un angle adjacent, elle s'enfonce de plus en plus loin, jusqu'à être complètement perdue. Les bois sombres ne lui ont jamais paru plus lugubres et ruisselants de danger. Mais Trisha n'a pas le choix, elle doit continuer de chercher, parce que l'espoir est peut-être tout ce qui lui reste…

Angoisse insurmontable et peur saisissante…

Le récit nous plonge d'emblée dans une situation angoissante : celle d'une petite fille perdue dans les bois et de plus en plus persuadée que ses jours sont comptés. D'ailleurs, la première phrase de l'incipit a du mordant !



Qu'on le veuille ou non, une terreur sourde s'insinue en nous… Parce que nous connaissons l'univers fantasmagorique propre à Stephen King, et parce qu'avec lui, la fin n'est jamais garantie. Nous le savons. Nous n'en tremblons que davantage pour cette enfant, à laquelle nous nous attachons très vite. Elle est si brillante, si forte, si plaisante avec ses réflexions personnelles, ses anecdotes, ses émotions à fleur de peau !



Très vite, nous sommes scotchés aux mots, irrésistiblement, pour savoir ce qu'il va advenir d'elle, si courageuse et surprenante, même dans les moments les plus sombres. Alors que dans les bois, chaque plante, chaque souffle de vent prend un air menaçant, nous croisons les doigts pour qu'enfin Trisha soit retrouvée saine et sauve. Mais le King sait y faire! Il choisit chaque mot avec soin, pour délicatement nous amener à nous inquiéter et frissonner pour la jeune demoiselle.



Un éloge sans borne au base-ball…

Le récit est construit et annoncé comme un match de base-ball, troquant le prologue contre des préliminaires, et des chapitres contre des manches. Mais là n'est pas l'essentiel de l'intrigue. Ce qui sauve Trisha, ce n'est pas seulement son courage exemplaire, ni même sa perspicacité, mais c'est un joueur de Base-ball dont le nom est Tom Gordon. Fan des Red Sox – une passion qu'elle partage avec son père – Trisha, portant un maillot à leur effigie et une casquette signée par la star, met toute son énergie à croire en lui. Il devient donc le héros absent, celui qui guide l'enfant dans la pénombre, qui la maintient éveillée quand la fatigue menace et qui se pose en garant d'un espoir infini. Celui de Trisha, celui de sa maman et de la populace à sa recherche, et enfin, le nôtre, sous-jacent, vivace, d'un bout à l'autre de cette lecture palpitante!



Tom Gordon n'est plus seulement le lanceur vedette des Red Sox, c'est un sauveur, et presque un être à part, superpuissant, presque à l'égal de Dieu... Et, dans la situation inquiétante dans laquelle Trisha est plongée, son walkman lui redonne de l'espoir. Elle suit le match Red Sox-Yankees, avec une fébrilité proportionnelle à sa passion sans faille pour ce sport. Et après ce moment intense, où la petite fille, seule dans les bois, vit avec le millier de spectateurs confortablement installés dans les gradins du stade chaque soupir, chaque émotion, chaque vertige, le grand Tom Gordon rapporte, encore une fois, la victoire. Elle va en vivre chaque minute. Et à partir de là, Tom Gordon ne va plus la quitter. Il sera avec elle jusqu'à la toute fin, lui tenant compagnie quand la lugubre forêt devient un espace terrifiant habité par la Teigne et la Chose...



J'ai palpité à chaque page - du début à la fin - et j'ai tremblé pour cette jeune fille tellement attachante. J'ai vu, à travers ses yeux, Tom Gordon, se concentrer, sur le petit monticule triangulaire, pour faire gagner son équipe. J'ai tremblé quand la nature ne lui faisait pas de cadeaux... Et je n'ai pu m'arrêter que lorsque j'ai lu le tout dernier mot, une note de Stephen King aux lecteurs: "Au cas où l'envie vous prendrait d'aller vous y balader pendant les vacances, n'oubliez pas de vous munir d'une boussole et de cartes...et tâchez de ne pas vous écarter de la piste."

Je l'avoue… Je suis conquise…
Lien : http://www.latheierelitterai..
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