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EAN : 9782226319418
600 pages
Albin Michel (12/10/2016)
3.76/5   517 notes
Résumé :
"J'ai confectionné quelques petites choses pour toi, Fidèle Lecteur. Viens, assieds-toi près de moi. Je ne mords pas. Sauf que... nous nous connaissons depuis très longtemps, toi et moi, et je me doute que tu sais que ce n'est pas entièrement vrai. Hein ? "

Un homme revit sans cesse sa vie (et ses erreurs), un journaliste provoque la mort de ceux dont il prépare la nécrologie, une voiture dévore les badauds... Dans ces 21 nouvelles, précédées chacune ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (103) Voir plus Ajouter une critique
3,76

sur 517 notes
Stephen est un vieil ami. J'aime en général tout ce qu'il fait a quelques rares exceptions.. et j'avoue que ce recueil de nouvelles m'a plu..sauf une : Ur !
je n'aime pas tellement quand les auteurs font de la publicité mal venue. Je trouve dommage qu'un auteur comme Stephen King "renie" les versions papiers des romans. Mais bon il est comme beaucoup et a besoin de payer des impôts.. donc passons... et puis je crois que je peux tout lui pardonner en fait.

En dehors de cela comme toujours le maître touche juste.. le frisson est présent sur certaines, l'horreur aussi, mais là ou il excelle par dessus tout c'est dans les sentiments humains : amour, souffrance, amitié,etc...
J'ai une affection toute particulière pour Batman et Robin ont un accrochage. Un fils s'occupe de son père atteind de la maladie d'Alzheimer. Comme beaucoup a l'heure d'aujourd'hui un membre de ma famille est lui aussi atteind par cette maladie. Et j'ai trouvé le King très bon dans sa façon de décrire les moments de lucidité du malade...
Je ne vais pas détailler toutes les nouvelles , elles sont bonnes voire très bonnes.
Je vais juste rajouter que pour ceux qui connaissent assez bien l'oeuvre de Stephen King c'est aussi un régal de retrouver des petites touches de ses vrais romans... la tour sombre par exemple. Il a aussi fait des clins d'oeil a pas mal de monde et j'ai été très touchée par celle faite à son fils dans mile 81 (c'est pas grand chose pourtant mais j'ai apprécié).
Et puis dans les recueils j'aime aussi beaucoup quand les auteurs prennent la plume pour donner quelques explications sur leurs textes.. et là, Stephen m'a bluffée sur certaines

Je tenais aussi a souligner la couverture de ce livre qui est juste merveilleuse...a tel point que j'envisagerais bien de m'acheter un chateau afin de pouvoir avoir une bibliothèque immense pour y ranger mes bouquins sur la face et non plus sur la tranche.. car c'est crime de lèse majesté de cacher une si belle couverture.
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Même si je pense que King n'est jamais meilleur que lorsqu'il écrit des romans fleuves, j'ai toujours apprécié ses nouvelles. C'est donc avec grand plaisir que je me suis plongée dans ce "bazar des mauvais rêves". Comme tout recueil, le résultat est inégal, il y a de l'excellent, du bon et du moins bon.

Je vais commencer par ce qui fâche, une nouvelle qui m'a mise en rogne, tant par sa faible qualité que par son propos. Ecrite à l'occasion du lancement de la Kindle, "Ur" met en scène la liseuse d'Amazon. Je ne suis pas forcément hostile au concept, d'autant plus que l'intrigue est plutôt sympa. Mais, une fois n'est pas coutume, c'est le traitement qui pêche. Il y a de grosses longueurs, je me suis souvent ennuyée. Et le récit ressemble parfois à une longue publicité. Je n'ai pas compter combien de fois les mots "kindle" et "amazon" apparaissaient mais c'est juste insupportable et transforme une histoire qui aurait pu être efficace en un produit bassement mercantile. Quant à certaines réflexions, je ne les ai simplement pas digérées. Je suis adepte de la lecture sur support papier, et je n'ai aucune intention de me mettre à la liseuse. Je comprends tout à fait qu'on puisse lire de cette façon (gain de place, économies) mais je n'apprécie pas que mon choix soit moqué par l'auteur. Libre à moi de penser que rien ne peut remplacer un livre papier et je pense que cette opinion ne fait pas de moi une ringarde, ou une "ancienne" selon les termes de King. Lorsque le personnage principal, d'abord hostile avant de succomber à la liseuse, dit à ses élèves (il est prof de lettres) que les livres sont des objets réels, des amis, évoquant l'odeur et le bruit du papier, il se voit répondre que les livres ce sont des idées et des émotions et que seul le contenu compte. Certes, le contenu reste le plus important mais l'émotion ne vient pas que des mots. Les sensations viennent aussi d'un rituel de lecture. La 1ère émotion que je ressens avec un livre est sensorielle, le toucher, la vue, l'odorat... Et selon moi, un des trésors offerts par la littérature est l'échange. Vous me direz qu'on peut partager des livres numériques. Certes. Mais ce partage n'est pas tout à fait le même qu'avec un livre papier, tout comme l'échange de fichiers MP3 n'a pas la même valeur émotionnelle que celui d'un vrai disque. Et j'ai bondi lorsqu'au détour d'une phrase le narrateur dit qu'il va en librairie "en partie mû par la pitié" car "même le chat qui passait le plus clair de sa vie à somnoler dans la vitrine paraissait mal nourri". Alors là, Stephen, ça ne passe pas. Si les libraires sont "mal nourris" c'est en grande partie à cause d'Amazon et consorts. Et l'amour des livres, c'est là qu'il est, en librairie, pas dans les entrepôts géants d'Amazon. Ce n'est pas par pitié que j'achète en priorité en librairie. C'est d'abord pour moi un acte de résistance (à petite échelle). Ensuite, c'est pour moi un plaisir, une joie que d'entrer dans un endroit rempli à craquer de bouquins. Et puis, un libraire qui parle et conseille avec passion, c'est autre chose qu'un algorithme "si vous avez aimé cela, vous aimerez...". Bref, sur ce coup King m'a vraiment déçue.

Mais je ne peux pas rester fâchée longtemps avec mon vieux pote Stephen lorsque je lis des petits bijoux tels que "Mile 81", "Morale", "Herman Wouk est en vie", "A la dure" ou "Nécro".
Si on retrouve certains éléments très classiques chez King (l'alcoolisme qui est un thème récurrent, les portraits de l'enfance toujours aussi justes, les héros écrivains...), on sent aussi que King a vieilli. La nostalgie de l'enfance est un peu moins au coeur des récits. Les thèmes de la vieillesse et des liens familiaux prennent une place très importante (évolution déjà visible dans les derniers romans du maître). A l'instar de "Premium Harmony", récit sans aucun élément surnaturel qui évoque la banalité d'une vie ordinaire avec justesse et subtilité. "Batman et Robin ont un accrochage" fait également la part belle à l'intime avec ce portrait d'un homme et son père atteint d'alzheimer. le ton réaliste et émouvant de cette tranche de vie se conclut sur une explosion de violence suffocante.
Certaines nouvelles sont aussi l'occasion de découvrir un King différent. Ainsi "Eglise d'ossements", une poésie en prose, révèle une facette inattendue de l'auteur.

Mais la nouvelle qui m'a le plus interpellée est sans conteste "le petit dieu vert de l'agonie". Cette nouvelle que King a écrite à la suite de son grave accident et qui a pour sujet la douleur physique, n'est peut-être pas la meilleure du point de vue littéraire mais elle m'a remuée de façon très intime. C'est à la lecture de ce genre de récit que je me dis que King a un talent rare pour mettre des mots sur les sensations les plus difficiles à décrire. Pour avoir connu un épisode de souffrance physique extrême (même si pour moi, cela a duré beaucoup moins longtemps que pour King), j'ai perçu toute la vérité qui transpire de ce récit. C'est à moi que King parlait. Lorsqu'il parle de la douleur comme d'une entité palpable, tangible, qui palpite à l'intérieur de soi, j'ai retrouvé ce que j'avais vécu. Lorsqu'un personnage dit à l'infirmière qu'elle a, la faute à l'usure du métier, oublié la compassion et l'empathie face au malade qui souffre, j'ai lu les mots que j'aurais voulu dire aux infirmières et aux médecins. King évoque si bien la douleur physique, ces moments où le corps n'est que torture, où on a tellement mal que rien n'existe en dehors... On ne se sent pas seul au monde, on se sent dans un autre monde... Et même une fois le corps guéri, une fois la souffrance disparue, on se souvient de ce "voyage au pays de la douleur", on la revit en cauchemars, elle n'atteint plus le corps mais a laissé une marque indélébile sur l'âme.

Rien que pour ce genre de miracles littéraires, Stephen King aura toujours pour moi une place à part, dans ma bibliothèque et dans mon coeur de lectrice.

Challenge Pavés 2016-2017- 4
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Stephen King nous donne de ses nouvelles. Vingt au total, accompagnées d'un gros supplément d'âme. Dix huit histoires inédites et deux déjà connues en français (« A la dure » édité dans la version poche de Nuit noire, étoiles mortes, et « Sale gosse » sorti en numérique pour marquer la venue du Maître à Paris en 2013). le tout accompagné d'une longue introduction et d'un texte introductif pour chaque nouvelle. Et ça, ça change tout.

Un mot sur ces textes de présentation, tout aussi passionnants que les nouvelles elles-même. L'auteur y fait preuve d'une telle proximité avec le lecteur qu'on a littéralement l'impression qu'il s'adresse directement à nous. Comme s'il nous susurrait à l'oreille la genèse de chaque histoire. Ça permet de poser un oeil différent sur son travail et ce qu'il a voulu proposer, et une autre perspective sur son inspiration. C'est juste fabuleux d'ainsi entrouvrir la porte de l'esprit du King et de découvrir techniques, motivations et mystères de son écriture.

Vingt histoires donc, certaines courtes, d'autres proches de la novella. du King pur jus mais pas seulement, du King à l'ancienne mode ou plus moderne, du King défendeur et intercesseur de la littérature américaine aussi.

L'auteur s'amuse dans ce bac à sable qui porte bien son nom. Un bazar, un bric-à-brac où l'on découvre pêle-mêle des univers aussi variés que ludiques, aussi étonnants que sombres.

Certaines histoires sentent fort le terreau des premiers amours de l'écrivain, alors que d'autres explorent des contrées inédites pour lui. Il ne s'en cache pas et propose pour certaines de véritables exercices de style où il s'amuse à écrire « à la manière de » sans jamais perdre sa spécificité, ni singer. C'est sa manière de déclarer son amour pour la littérature américaine, ancienne ou contemporaine, traditionnelle ou de genre. Son amour fou des livres et des histoires des autres.

Mine de rien, ce fut un bel exercice pour moi aussi, en tant que lecteur. Découvrir ou me confirmer les styles d'écriture que j'aime et ceux que j'aime moins, tant il sait passer de l'emphase au style sec avec talent. le bazar des mauvais rêves ou un pur moment ludique tout autant qu'un voyage dans toutes les littératures, dans LA littérature tout court.

Chacun aura ses préférences tant les récits sont diversifiés, tant les émotions sont de couleurs diverses (avec une prédominance pour les teintes sombres, bien évidemment).

J'ai été touché par sa Morale (huitième histoire du recueil), emballé (c'est pesé) par son Après-vie, électrisé par son Nécros spirituel. Et j'ai applaudit des deux mains pour sa nouvelle Ur qui est tout autant un magnifique hommage aux auteurs qu'il adore (dont Hemingway) qu'un récit franchement provocateur. Il fallait oser proposer un texte sur l'amour des romans et du pouvoir de la littérature au travers d'une histoire sur… la Kindle d'Amazon. Sacré King !

Qu'ils soient basés sur un fait divers ou d'inspiration plus fantastique, qu'ils parlent de douleur ou de relations humaines, les récits de ce pavé de 600 pages ont tous (à des degrés divers) leur propre personnalité. Avec comme point commun le talent unique de Stephen King. le bazar des mauvais rêves n'est en rien une plongée poussiéreuse dans d'obscurs textes, mais bien de nouvelles preuves du talent protéiforme et unique du Maître.
Lien : https://gruznamur.wordpress...
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Ce que j'ai ressenti: …Des cauchemars, à dévorer des yeux…

J'aime beaucoup l'incipit de ce synopsis, et finalement, ce qui rend cette lecture si intime avec cet auteur grandiose, ce sont toutes ses introductions qu'il nous livre juste avant, ces petits plaisirs de lecture délicieuses et qui accompagnent merveilleusement nos pires peurs…En effet, on apprend que le King était stressé de venir au Grand Rex devant ses fans, pendant que nous , nous trépignions d'impatience, de cette venue exceptionnelle à Paris…*ah ♫souvenir, ♫souvenirs♫* … Des jolis clins d'oeil, des infos inédites, des instants partagés, cela rend cette ballade dans ce Bazar plus immersive dans l'imaginaire de cet écrivain génialissime!

Si je ne devais me rappeler que d'une seule, je choisirai Ur…J'aimerai bien justement trouvé ce Kindle rose et lire tous les inédits réels et fictifs de Stephen King justement!!!!Je pense que c'est le plus joli pouvoir qu'il est donné à un objet, et cette nouvelle m'a, non seulement plu, mais donné envie de découvrir Hemingway…Et sincèrement si je l'avais eu, moi je me serai contentée de garder jalousement ce secret, et de partager mes lectures d'un autre monde, avec ma binomette chérie… (mais qu'elle est chou, ma Stelphique ! ©Cannibal)…Qui a dit qu'au Bazar des Mauvais Rêves, on ne pouvais pas rêver tout court???!!!

Stephen King nous régale toujours de mettre en scène Objet ou Personnages exceptionnels, pour toujours repousser plus loin les limites de nos peurs. Que ce soit la voiture dévoreuse de Mile 81, Une Dune de sable devin , ou les enfants de Sale Gosse ou de Billy Barrage, son imagination nous emmène toujours plus loin. D'un rien, il refait un monde rempli d'ombres et de prédateurs à l'image de A la dure et Une mort ou Un Bus est un autre monde. Tout est fait pour qu'on ne voie plus le quotidien comme il se doit, mais comme il pourrait devenir ( Premium Harmony, Morale, Après_vie, Nécro, le tonnerre en été) . Il est aussi un fin connaisseur de la nature humaine et de ses travers, et nous donne tout en douceur des reflets de notre société malade ( Batman et Robin ont un accrochage, Feux d'artifice imbibés, Hermann Wook est toujours en vie, Tommy le petit dieu vert de l'agonie). Bref, vous l'aurez compris, c'est un grand panache de bonnes nouvelles et de jolis moments de lecture…

Et là, je suis juste agréablement surprise de savoir que le King écrit de la poésie!(Eglise d'ossements)!!Il est donc parfait cet auteur à mes yeux!!!Je vous l'avais bien dit!!!! Maintenant allez zou, piocher votre nouvelle préférée avant que des dents ne se referment sur vous…

Ma note Plaisir de Lecture 8/10
Lien : https://fairystelphique.word..
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Je n'ai pas envie de radoter, et je ne vais même pas utiliser cette bonne vieille technique qui dit « Je ne vais pas répéter une millième fois » et aboutit à une mille-et-une-ième répétition. Car nous en sommes arrivés à ce stade : plus personne n'a besoin de vanter Stephen King. Vous dire que cet homme est un des plus grands auteurs que cette vaste Terre ait fait germer est inutile ; et vous décrire son talent très unique à vous toucher avec la précision d'un sniper est presque démodé. Les faits sont là : un seul auteur est capable de battre Stephen King sur son terrain, et c'est Stephen King lui-même.
Il y a une époque où je vantais encore et encore un certain Clive Barker. Et loin de moi l'idée de le dénigrer désormais, il reste pour moi une influence majeure. Je le disais plus original que King, et offrais cette explication aussi banale que surfaite : Clive Barker nous entraine dans ses peurs, ses angoisses alors que King se contente de travailler une peur commune à tous. Deux erreurs, dans ce propos : 1) « se contente » sonne bien faux ici, tant l'art de foutre les chocottes également à tout le monde est difficile, 2) après bien des livres de King lus, c'est une assertion globalement fausse, puisque Stephen King possède des peurs bien particulières, lui aussi, et une manière de les raconter unique, et surtout 3) Stephen King est bien plus qu'un « écrivain qui fait peur ». Alors bien sûr que certains de ses écrits relèvent d'une certaine forme d'« horreur », et il n'y a rien de honteux là-dedans, tant cet auteur livre ses lettres de noblesse au genre. Mais d'une manière plus globale, Stephen King est juste un bon écrivain. Un excellent, un sublimissime conteur. Et c'est là le principal.

le Bazar des Mauvais Rêves ne déloge pas à la règle, et j'irai même jusqu'à dire que c'est un de ses meilleurs recueils de nouvelles. Il est tout bonnement excellent. Je pense que j'aurai bien du mal à vous en parler comme je voudrais... Ce que je sais, c'est que le plaisir que j'ai eu à la lecture de ce bouquin n'est pas quantifiable. Cette période de l'année n'y était pas pour rien : quand les nuits deviennent froides et les journées grises, il n'y a rien, mais alors rien de mieux qu'un Stephen King (ou bien : un Stephen King et un thé noir avec du miel).
Je ne vais pas user de ce mode de critique que j'avais utilisé lors de mes premières critiques de recueil de nouvelles, qui consistait simplement, et avec une certaine fainéantise, à dérouler linéairement le programme. Je vais tenter de regrouper un peu, et de vous donner un aperçu de la pépite en papier que vous pouvez tenir entre vos mains, si vous le décidez.

Commençons par ce qui est peut-être « le moins bon » du recueil, en tous cas ce que j'ai trouvé le moins réussi. Ces nouvelles-ci, loin d'être mauvaises, sont simplement d'un niveau un peu inférieur au sentiment de chef-d'oeuvre globale. Je parle du poème « Eglise d'ossements » qui, s'il est riche en images marquantes, est un peu brouillon et ne gagne pas la qualité de l'autre poème du recueil. Je parle également de « Morale » qui est à coup sûr une nouvelle très réfléchie, et qui donne honnêtement à réfléchir, mais qui n'a pas cette qualité d'histoire si chère à Stephen. C'est intéressant, ça bouleverse, et c'est très réussi, mais encore une fois, ça n'atteint pas le sommet des autres récits. La nouvelle qui lui succède, « Après-vie » n'est pas non plus spécialement remarquable, même si je le répète pour la dixième fois, cela reste très bon.

Viennent ensuite un groupe de nouvelles, qui feront plaisir aux fans de King de la première heure, et même de la dernière (je plaisante, elle n'existe pour l'instant pas, cette dernière heure !) : des nouvelles divertissantes, avant tout d'excellentes histoires, qui n'en perdent pourtant pas une pour faire réfléchir son lecteur. C'est le cas de « Mile 81 », qui renoue avec les monstres originels de Stephen King : je parle bien sûr des démons mécaniques. le petit personnage que King met en scène tombe juste et lance le recueil de nouvelles sur les chapeaux de roue, prouvant d'ores et déjà que King est au sommet de son art. « La Dune », moins enthousiasmante, revêt quand même l'habit de ce bon vieux recueil « Brume », dont elle semble tout droit être sortie. L'histoire d'un vieux monsieur qui jour après jour, va sur sa plage personnelle pour y lire les noms écrits sur le sable, promesses de morts prochaines... « Sale Gosse » est excellente dans la pure veine King : ça fait frissonner, ça fait se sentir mal à l'aise, et c'est toujours extrêmement bien raconté. J'ai trouvé « Une Mort » très maline, et d'une certaine manière, ça change de lire du King avec cette écriture aussi froide et dépourvue. C'est plutôt bon. « A la dure » jour avec son lecteur, lui faisant prendre de l'avance quelques pages avant le dénouement, et le faisant se sentir plus mal à l'aise que jamais : excellent ! « Ur » et « Nécro » vous combleront à souhait, tant elle regroupe la grande qualité de divertissement du King, autant qu'une écriture assimilée à un régal.
J'aimerais aussi vous parler d'un autre groupe de nouvelles, plus personnelles, et affirmant devant l'éternel à tous ses détracteurs que King est un putain d'écrivain : des nouvelles qui s'attachent à parler de scènes de vie, pour le coup pas forcément « fantastique » ou horrifique. Cela fait des travaux superbes : « Premium Harmony », très touchante, « Batman et Robin ont un accrochage » : encore plus touchante. « Mister Yummy » est également une belle réflexion sur la mort et bien des thèmes s'y rapportant. C'est beau.

Et pour conclure, les meilleures d'après moi. « Billy Barrage », histoire de baseball extrêmement maitrisée. Je n'y connais rien en baseball et c'est là la magie de King : il m'a fait vivre pour ça le temps de quelques dizaines de pages. C'est magique. « le Petit Dieu Vert de l'Agonie » est également un récit de Stephen King excellent, très, très réussi. Réflexion sur le thème de la douleur, difficile d'y être insensible. Surtout que comme d'habitude, King ne s'y prend pas comme un manchot pour vous faire aller où il veut que vous alliez. « Feux d'artifice imbibés » est une nouvelle pleine d'humour, et d'amour aussi. L'histoire d'un gars et de sa mère, qui n'hésitent pas à s'en envoyer deux trois dans le cornet, et pour qui s'est engagée une sorte de guerre avec leurs riches voisins le jour de fête nationale. Une guerre à coup de feux d'artifice.

Et il y a « le Tonnerre en été ». Je ne vais pas m'étaler : cette histoire m'a ému aux larmes. Et ce n'est pas une tournure de langage, ce n'est pas un artifice : j'ai vraiment été très touché. C'est simplement magnifique, sans contraste dans mes sentiments. Un chef-d'oeuvre, tout simplement. Il vaut parfois mieux ne pas tenter de mettre des mots sur l'inexplicable (même si King me démentirait probablement...).

Bon, alors, que vous dire en conclusion ? Est-ce utile de vous conseiller ce livre ? Car j'ai nommé cette critique « Par ces nuits froides... », évidemment pour souligner le fait que dans l'immensité obscure de la nuit, les histoires de King ont un écho tout à fait délectable. Mais il y a aussi un tout autre sens : me croiriez-vous si je vous disais que ce livre, à lui seul, vous donne une motivation pour vous lever et aller braver le froid et la brume ? Si je vous disais que ce livre est un appui sur lequel construire votre quotidien, le temps de sa lecture ? Je n'aime pas trop classer des « auteurs préférés », ça n'a pour moi pas de sens. Ce qui en a en revanche, c'est qu'aucun auteur, et même pas Bret Easton Ellis ou Clive Barker, ou même J. K. Rowling, n'a eu un impact si large sur ma vie. Stephen King est pour moi l'auteur par excellence.
Je me suis demandé ce que pensait King de l'élection de Donald Trump, ce jour. Je crois qu'on le saura très vite, lorsqu'il décidera de prendre la plume pour régler ses comptes.
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critiques presse (2)
Telerama
23 novembre 2016
Une chaleureuse expérience de « littérature commentée », une berceuse complice au seuil des « mauvais rêves ».
Lire la critique sur le site : Telerama
LaPresse
03 novembre 2016
Le maître de l'horreur y donne... bien sûr, dans l'horreur, mais également dans le fantastique, la science-fiction et dans le drame psychologique.
Lire la critique sur le site : LaPresse
Citations et extraits (151) Voir plus Ajouter une citation
Je l'ai déjà dit et je le répète, les histoires sont pareilles aux rêves : si saisissantes soient-elles tant qu'elles se déroulent, elles s'évanouissent vite une fois le travail terminé. Vous venez de lire un prologue maladroit (mais vrai) à l'énoncé d'un simple fait : j'ai dû savoir naguère ce qui a inspiré celle-ci, mais je ne m'en souviens pas. Peut-être une phrase entendue au hasard. Ou la vision d'un pot à biscuits sur lequel était marqué NE JAMAIS LAISSER SE VIDER, ou quelque chose comme ça. Je n'en sais rien du tout.
Je suis allé récemment au cinéma en matinée, avec très peu d'autres spectateurs dans la salle. Deux employés jouaient avec un canard en peluche trouvé après la projection du dernier dessin-animé destiné aux enfants. Je me suis dit : "Peut-être est un canard magique qui accorde des voeux quand on appuie dessus." Je vais donc écrire dès que j'en aurai l'occasion une nouvelle intitulée « Le canard en peluche ». Et si quelqu'un me demande dans un an ce qui a inspiré cette histoire-là, je ne m'en souviendrai pas.
Sauf, bien sûr, si je me réfère à cette introduction.

Page 821 - Introduction de l'auteur à la nouvelle « Cookie Jar ».
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p.471-2.
« J’en suis persuadé, l’apaisa-t-il. Et je suis persuadé que vous faites bien votre métier. Je suis persuadé que vous avez vu votre lot d’imposteurs et de comédiens. Vous connaissez leur engeance. Et je connais la vôtre, mademoiselle, parce que j’en ai vu maints spécimens auparavant. Rarement aussi jolis que vous » - finalement une trace d’accent : choli au lieu de joli - « mais leur attitude condescendante vis-à-vis de la douleur, une douleur qu’ils n’ont jamais éprouvée eux-mêmes, une douleur dont ils n’ont même pas idée, est toujours la même. Ils travaillent dans des chambres de malades, ils travaillent avec des patients qui connaissent divers degrés de détresse, de la douleur légère à la plus profonde et fulgurante agonie. Et au bout d’un certain temps, cela finit toujours pas leur paraître ou bien exagéré ou bien carrément fabriqué, n’est-il pas vrai ?
- Non, ce n’est pas vrai du tout », dit Kat.
Qu’arriverait-il à sa voix ? Subitement, elle était devenue toute petite.
« Non ? Quand vous pliez leurs jambes, et qu’ils crient à quinze degrés - ou même à dix - est-ce que vous ne pensez pas, d’abord dans un coin de votre tête, plus de plus en plus frontalement, que ce sont des tire-au-flanc ? Qu’ils refusent de faire leur dur travail ? Peut-être même qu’ils cherchent à se faire plaindre ? Quand vous entrez dans leurs chambres et que leurs visages pâlissent, est-ce que vous ne vous dites pas : "Ah, il faut encore que je me coltine cette espèce de limace feignasse." N’êtes-vous pas - vous qui un jour êtes tombée d’un arbre et vous êtes cassé le bras, pour l’amour du Ciel - de plus en plus dégoûtée chaque jour quand ils implorent qu’on les rallonge dans leur lit et qu’on leur donne un peu plus de morphine ou autre ?
- C’est trop injuste », dit Kat... mais à présent sa voix était à peine plus haute qu’un murmure.
« Il fut un temps, lorsque tout ceci était encore nouveau pour vous, vous saviez reconnaître l’agonie, dit Rideout. Il fut un temps où vous auriez cru ce que vous allez voir d’ici à peine quelques minutes, parce que vous saviez au fond de votre cœur qu’un intrus malsain était logé là. Je veux que vous restiez afin que je vous rafraîchisse la mémoire... et votre sens de la compassion égaré en chemin par la même occasion.
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- "Votre vrai boulot de journaliste, consiste à donner aux gens les faits qui leur permettront de prendre des décisions et d'avancer. Alors n'en faite pas des tonnes. Pas de chichis ni de prétention. Commencez par le commencement, exposez la suite clairement, de manière à ce que le récit de chaque événement s'enchaîne logiquement avec le suivant, et finissez par la fin. Qui, en journalisme, est toujours la fin pour le moment. Et ne sombrez jamais dans ce truc de fainéant qui consiste à dire que certaines personnes pensent ou l'opinion générale veut. Une source pour chaque fait, voilà la règle. "

- Nécro -
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À chaque fois que tu vois un truc qui brille, il faut que quelqu’un allume la machine à pleuvoir. Le truc qui brille résiste jamais à l’eau.

(p. 328, Herman Wouk…)
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p.562.
« Vous pensez que ces trucs vont faire taire ces Ritals ? Je lui ai demandé.
- Et comment, m’a dit Howard. Seulement, préférant moi-même être appelé Amérindien plutôt que Peau-Rouge ou Tomahawk Tom, j’apprécie pas trop les termes péjoratifs du genre Ritals, métèques, bougnoules ou bronzés. C’est des Américains, tout comme vous et moi, et ça sert à rien de les dénigrer.
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Pour sa cinquième édition, le Prix des lecteurs Babelio a une nouvelle fois récompensé 10 livres dans 10 genres différents, lors d'une soirée de remise des prix avec pour thème le Livre de la Jungle. Félicitations aux lauréats et un grand merci aux 14 000 votants !
Retrouvez ici les 100 sélectionnés pour le Prix 2023, ainsi que les 10 lauréats par catégorie : https://www.babelio.com/prix-babelio Plus de détails sur le Prix Babelio : https://www.babelio.com/article/2355/Prix-Babelio-2023--Decouvrez-les-laureats
Et voici les lauréats dans les 10 catégories : - Jeune adulte : Nine Gorman et Mathieu Guibé pour Just wanna be your brother (Albin Michel) - Non-fiction : Simone Veil pour Seul l'espoir apaise la douleur (INA/Flammarion) - Littérature française : Mélissa Da Costa pour Les Femmes du bout du monde (Albin Michel) - Manga : Ichigo Takano pour Orange, tome 7 (Akata). - Jeunesse : Baptiste Beaulieu et Qin Leng pour Les gens sont beaux (Les Arènes) - Bande dessinée : Joris Chamblain et Anne-Lise Nalin pour le Coeur en braille (Dargaud) - Imaginaire : Stephen King pour Conte de fées (Albin Michel). - Roman d'amour : Sarah Rivens pour Captive, tome 2 (Hachette Lab) - Littérature étrangère : Bernhard Schlink pour La Petite-Fille (Gallimard) - Polar & Thriller : Maxime Chattam pour La Constance du prédateur (Albin Michel)
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