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Critique de Electra


Il me tardait de découvrir la prose de Thomas King et je n'ai pas été déçue ! L'homme est un vrai conteur comme je les aime – on se sent tout de suite chez soi en compagnie de ses personnages ! Quelle facilité possède l'auteur pour nous inviter à le rejoindre lui et Will du côté de Medicine River, dans l'Etat de l'Alberta au Canada. le romancier, né à Sacramento et de père Cherokee a grandi en Californie. le romancier a obtenu un poste d'enseignant en littérature indienne en Ontario et a obtenu la nationalité canadienne. Il a publié ce roman, Medicine River en 1989. Cette date a son importance. Elle est liée au statut des « métis » ou à celui des femmes indiennes qui ont épousé des hommes blancs – ces femmes et de fait, leurs enfants n'avaient plus accès au statut fédéral d'Indien. Sans ce statut, ces personnes ne pouvaient prétendre à aucune aide gouvernementale et surtout elles ne pouvaient plus vivre sur la réserve. Cette loi discriminatoire fut finalement abrogée en 1985.
Mais revenons au roman – le personnage principal que nous suivons s'appelle Will. Ce dernier a tout juste quarante ans. Il est métis, d'une mère blackfoot et d'un père blanc, champion de rodéo. Will et son petit frère James ont grandi hors de la réserve (la fameuse loi) – leur mère s'est finalement installée à Calgary pour y trouver de quoi nourrir sa famille. Leur père, qu'ils ne voyaient jamais – l'homme allant de rodéos en rodéos, d'un côté ou de l'autre côté de la frontière – est décédé sans avoir revu ses fils. Will, devenu photographe, s'est installé à Toronto mais lors du retour il y a quelque temps pour l'enterrement de sa mère – une rencontre a changé sa vie.

Will a fait la connaissance d'Harlen Bigbear – l'homme, farfelu, très bavard, l'accueille à l'aéroport et lui dit que la ville aurait bien besoin d'un photographe indien – Will est surpris par le gentillesse et la bonté de cet homme mais un peu gêné par sa manière d'entreprendre sans son avis les démarches pour l'ouverture d'un studio de photographie ! Mais de retour à Toronto, Will perd son job et sa vie amoureuse s'écroule. Installé dorénavant à Medecine River, Will aime sa vie plutôt calme mais Harlen ne le laisse pas souffler une seconde. Ainsi Will finit par rejoindre l'équipe locale de basket-ball qu'entraine Harlen, mais cela ne suffit pas : ce dernier est obsédé par l'idée de trouver une femme à Will – d'ailleurs il l'a déjà trouvée, c'est Louise, qui vient de quitter son amant et est enceinte de deux mois.

Que dire ?! Un énorme coup de coeur pour ce roman qui sent bon « la maison », oui – j'ai eu l'impression d'être chez moi alors que pourtant ma vie ne ressemble en rien à celle de Will. Pas de Harlen en vue – mais on s'y sent tellement bien ! le roman de Thomas King est profondément humain et drôle du début à la fin. Et surtout les personnages sont terriblement attachants – impossible de résister à Will ou Louise et même à Harlen Bigbear – malgré son côté farfelu, sa manière de se mêler de tout et de rien. Jamais à court d'idées, Harlen cache aussi un secret – tous les personnages sont ainsi profondément humains, faillibles et indiens ! Et quel plaisir de retrouver à nouveau ici l'humour qui les caractérise tant. J'ai tourné les pages le sourire aux lèvres.

Thomas King aborde ici la question indienne – à travers celle des métis, privés de droits – de ceux qui vivent en dehors de la réserve – de cette génération qui aspire à autre chose, de ceux qui partent et reviennent, de l'image des indiens au jour d'aujourd'hui, comme ce vieil homme, Lionel James, qui donne des conférences à travers le monde pour parler de sa culture – mais surtout de « l'ancien temps » mais qui hésite toujours à ouvrir un compte bancaire …Thomas King tord le cou à bien des préjugés mais sans jamais se moquer du lecteur.
suite sur mon blog
Lien : http://www.tombeeduciel.com/..
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