AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
EAN : 9782376863137
350 pages
Editions ActuSF (16/10/2020)
3.32/5   73 notes
Résumé :
Vos nuits vont devenir blanches. Douze histoires de fantastique et de terreur vous attendent dans ce livre qui rassemble de grandes plumes mondiales de l'horreur, de Stephen King à Jack Ketchum, en passant par Clive Barker et Ramsey Campbell. Des histoires pour la plupart inédites en français. ce livre a été réalise à l'occasion des 20 ans du site de référence sur Stephen King : Lilja’s Library.

Avec une nouvelle inédite de Stephen King !
Que lire après Shining in the DarkVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (20) Voir plus Ajouter une critique
3,32

sur 73 notes
5
2 avis
4
4 avis
3
9 avis
2
5 avis
1
0 avis
J'annonce la couleur de suite : c'est du gris, pour une grosse déception à la lecture de ce recueil censé être un hommage à Stephen King, à l'initiative d'un site suédois dédié à l'oeuvre de Mister K, Liljas'Library pour fêter ses 20 ans d'existence. Et pourtant le directeur du site en question s'est visiblement démené pour obtenir les droits de publication de ces douze nouvelles, dont six inédites. Il lui fallait bien sûr un texte de Stephen King lui-même en ouverture du recueil, ce sera "Le compresseur bleu", jamais publié en français. Et bien, pour le dire gentiment, ce n'était pas bien grave, et c'est une admiratrice qui vous le dit ! Heureusement c'est très court.

Ensuite vient "Le réseau", de Jack Ketchum, un auteur admiré par S.K qui a d'ailleurs préfacé "The girl next door" ("une fille comme les autres", titre français), son roman le plus connu. Une histoire assez prévisible de relation par mails interposés, jusqu'à la rencontre In Real Life... Bof, vraiment rien de transcendant. Une petite référence à SK quand même.

On enchaîne avec "Le roman de l'holocauste" de Stewart O'Nan (inconnu pour ma part) où un auteur réécrit sa propre expérience d'un camp lors de la seconde guerre mondiale. Je n'ai pas compris ce que ce texte faisait là.

A suivre "Aeliana" de Bev Vincent, qui a beaucoup écrit sur S.K, notamment sur la série "La tour sombre". C'est la seule nouvelle dont l'héroïne est féminine, même s'il s'agit d'une métamorphe. C'est aussi un des seuls personnage de l'anthologie pour lequel j'ai ressenti une once d'empathie, ainsi que pour la policière qui intervient dans le même récit. L'histoire mêle pouvoir surnaturel, enquête sur un tueur en série et cannibalisme. Une des plus réussie à mon avis, malgré sa brièveté elle est bien construite et comporte une vraie fin.

"Charabia et Theresa" de Clive Barker (qu'on ne présente plus !) est le cinquième texte. Là je me suis dit "enfin on va avoir de l'horrifique, de la vraie terreur !". En réalité on a de ...la merde (au sens littéral du mot), ainsi qu'un perroquet et une tortue qui bénéficient d'une erreur de parcours. Ils appartenaient à un pédophile, malencontreusement sanctifié par un ange maladroit...je ne vous dis pas le reste, mais c'est plutôt glauque ! Et quand même un (petit) côté drôle. Dans la moyenne, sans plus.

"La fin de toutes choses", de Brian Keene, rien à dire, je l'ai déjà oublié.

"La danse du cimetière", Richard Chizmar (?) 5 pages dont on aurait pu se passer.

On arrive à "L'attraction des flammes" de Kevin Quigley (encore un "expert" de Stephen King), une nouvelle plus conséquente (75 pages), l'histoire de trois ados qui vont à la fête foraine en cachette de leurs parents, en quête de sensations fortes. Ils se font racoler par un individu qui leur propose , en vers s'il vous plaît, de les emmener visiter l'attraction en question.
L'histoire n'est pas très originale, hormis le vecteur de terreur utilisé (des papillons), mais efficace, l'ambiance monte graduellement et on accompagne les jeunes dans cette maison de l'horreur sans rester spectateur à la porte. Une de mes préférées, même si je n'ai pas vraiment eu la chair de poule, à peine le duvet hérissé.
On en arrive à une autre histoire de fête foraine, "Le compagnon" de Ramsey Campbell, auteur dans la mouvance Lovecraft. Une sombre histoire de foire abandonnée et de train fantôme que j'ai survolée sans m'y attarder.

Et après, surprise ! Edgard Allan Poe en personne s'est invité dans le bouquin, mais qu'est-ce qu'il est venu faire là ? Juste un bref passage, le temps de nous raconter l'histoire d'un crime pas vraiment parfait "Le coeur révélateur". Un style et un vocabulaire bien différent des autres textes, mais une histoire un brin frustrante car une fois de plus trop brève, il manque les tenants et les aboutissants, le "pourquoi" et la fin trop brutale à mon goût.

"L'amour d'une mère" de Brian James Freeman (auteur peu ou pas traduit en français à ma connaissance), avant-dernière nouvelle du recueil, est une histoire très courte sur la fin de vie et le placement en ehpad. Un peu plus de développement n'aurait pas nui, en plus j'ai deviné la chute tout de suite...

Et enfin "Le manuel du gardien", de John Ajvide Lindqvist, romancier d'horreur suédois, et ancien magicien. Ce texte inspiré par Lovecraft et notamment "L'appel de Cthulhu" constitue l'une des pièces maîtresses de "Shining in the dark" avec ses 60 pages en 3 parties. le Gardien, c'est Albert, un ado plutôt insignifiant passionné par les jeux de rôle qui va réunir un petit groupe de potes autour de parties endiablées dans son sous-sol, et va acquérir une réputation de créateur d'ambiances hors pair. Jusqu'au jour, ou plutôt à la nuit, où son talent va échapper à son contrôle...
Sans doute l'histoire que j'ai préféré, en raison de l'imaginaire très riche des personnages, et de l'incursion bien dosée du surnaturel. La longueur est bonne, plus court aurait été frustrant, plus long on aurait risqué l'ennui.

Pour clore le tout, une post-face de Hans-Ake Lilja qui remercie une fois de plus les auteurs contributeurs, et une présentation par chacun desdits auteurs de son histoire, si vous n'en avez pas encore assez ! !

Moi qui avait prévu de ne consacrer que quelques lignes à cet "Hommage", voilà que je me suis une fois encore laissée emporter ! Je ne sais pas si vous aurez la patience de me lire jusqu'au bout, mais dans le cas contraire, ce n'est pas bien grave...tout comme pour le bouquin !

Commenter  J’apprécie          3927
"Shining in the dark" est un recueil de nouvelles d'obédience fantastique, parfois flirtant avec la fantasy, publié en 2020 et ayant pour anthologiste Hans-Åke Lilja. Ce dernier tient un site qui m'était inconnu, Lilja's Library, traitant globalement de tout ce qui a trait à notre vieux conteur du Maine.

La joie de lire une anthologie de fantastique et d'horreur plus particulièrement est immense, tant j'affectionne ces genres et que je me désole régulièrement de leur représentation terne en rayon de librairie. Autant on fait la part belle à la science-fiction sur les étagères, autant le fantastique balbutie: que du Stephen King, un exemplaire de Dracula, et de la bit-litt. Direz-vous que je radote si je rappelle que la bit-litt est au fantastique ce qu'est Christophe Mae à la chanson d'auteur?
Alors, de surcroît, on peut s'émerveiller des grands noms réunis ici, avec la promesse d'une moitié de nouvelles inédites et d'autres semi-inédites. Si vous lisez les critiques de Babelio de la même façon que moi, vous n'aurez probablement pas eu le temps de constater mon admiration infaillible de Clive Barker, que j'érige depuis désormais depuis 2008 en "auteur favori", place qu'il partage avec Bret Easton Ellis (mais ça, je le dis moins, parce que je m'attire régulièrement la foudre des auto-martyrs du XXIème siècle). La simple mention de Barker m'aurait largement suffit à acheter le recueil, mais on y trouve aussi le grand Stephen King ("Ca", "Shining", faut-il vraiment citer ses oeuvres?), Jack Ketchum ("Une fille comme les autres", tentez le si vous pensez sincèrement avoir le coeur "bien accroché"), Ramsey Campbell (un adorateur lovecraftien), Edgar Allan Poe (eh oui!) ou encore John Ajvide Lindqvist ("Laisse-moi entrer": en ma possession, pas encore lu, mais l'adaptation au cinéma nommée "Morse" m'avait tellement bouleversé que je n'ai aucun doute sur les qualités de l'écrivain...).
Il faut donc se réjouir doublement, triplement! Une anthologie de l'horreur, quelle promesse venue d'un autre temps, que l'on n'attendait plus...

C'est sincèrement assez décevant malgré cette joie ne m'ayant pas quitté tout au long de la lecture.

Au rang des nouvelles les plus excitantes, nous retrouvons:
- "Aeliana", de Bev Vincent, qui a je pense eu le plus bel effet sur moi car appartenant à un genre que je lis réellement jamais: l'urban fantasy. Histoire d'une mystérieuse créature nocturne, féminine, errant dans les rues d'une ville violente où sévit un meurtrier. Aeliana va se "lier" à une policière afin de mettre fin aux agissement de cet "homme du crépuscule", pour le meilleur et pour le pire... C'est bien écrit, l'atmosphère citadine où plane le meurtre est extrêmement bien rendue, tout comme le rendu de ces évènements à-travers des yeux pas vraiment humains...
- "Charabia et Theresa", de Clive Barker. Histoire d'un sanctification ratée, les anges érigent un pédophile en tant que sain et dans le processus transforment son perroquet et sa tortue en humain. C'est irrévérencieux et blasphématoire au possible: du Clive Barker de la grande époque, survolant tous les interdits et laissant libre cours à son imagination complètement tordue. Ce n'est pas une de ses grandes réussites, attention, mais on a là une vraie voix s'extirpant de la morosité ambiante?
- "L'amour d'une mère", de Brian James Freeman, qui tend à rappeler ce à quoi une nouvelle "devrait ressembler". Histoire aisée à mettre en place, immersion immédiate et pleine du lecteur, courte pagination pour grand twist final. Ce n'est encore une fois pas un chef-d'oeuvre, mais ça fonctionne complètement. Si toutes les nouvelles avaient cette qualité d'exécution, la critique de ce recueil aurait été bien plus simple.
- "Le Manuel du Gardien", de John Ajvide Lindqvist. Il en fallait un, de récit lovecraftien! Et ma foi, c'est bien mené, bien écrit, angoissant et fidèle aux standards de Providence. On a en plus un déclaration d'amour non-voilée aux jeux de rôle sur plateau, ce qui est toujours on ne peut plus jouissif. Une nouvelle de qualité, donc, elle aussi garnie d'un twist final exécuté avec brio.

Malheureusement, on a le revers de la médaille avec ces quelques nouvelles:
- "Le Compresseur Bleu: un récit horrifique" de Stephen King. Si King est très probablement l'auteur que j'ai le plus lu, et que sincèrement je l'adore, force est de constater qu'il a toujours su faire cohabiter le très bon comme le catastrophique. Si j'ai vraiment vécu de grands moments de lecture à ses côtés (Duma Key, Simetierre, Brume, Shining, 22/11/63 sont ceux qui me viennent spontanément), j'ai aussi survécu à des calvaires (Sleeping Beauties, Carrie, Cellulaire...). Cette nouvelle, "inédite en France", n'est franchement pas bonne. Probable expérimentation littéraire entièrement vaine, tout tombe à plat et est malvenu. Cela n'est pas une catastrophe car c'est court, et c'est le seul point défendable du récit: l'agonie est succincte.
- "La Danse du cimetière" de R. Chizmar: ça n'est pas foncièrement mauvais, mais c'est très dispensable et comme beaucoup d'autres récits du recueil, un peu vain. Glissée ici pour faire "une nouvelle en plus, un auteur en plus"... Cela manque tout de même beaucoup de concrétisation.
- "Le Compagnon" de Ramsay Campbell: que dire... Ce n'est pas mal écrit, ce n'est pas inintéressant, mais ce n'est pas du tout abouti. On se perd dans cette nouvelle car comme en témoigne l'auteur en postface, il s'est lui-même perdu en l'écrivant. le résultat n'est pas bon: une vague orientation d'idée ne suffit pas à soutenir un propos, même si l'on souhaite rester "mystérieux" et écrire sans comprendre ce qu'on souhaite y déverser.

Le reste des récits stagne dans le moyen, le passable: "Le Réseau" de Ketchum n'est pas désagréable mais extrêmement prévisible et suranné, "Le Roman de l'Holocauste" développe pour le coup un concept passionnant mais peine à emporter le lecteur, "La Fin de toute chose" est une petite douceur de ténèbre et de mélancolie ne persistant pas deux heures en mémoire, "L'attraction des Flammes" est une nouvelle a priori assez appréciée par les autres lecteurs, que j'ai trouvée pour ma part assez longue et encore une fois complètement vaine, peu divertissante. Ensuite, la nouvelle de Poe est bonne, mais rien de nouveau sous le soleil, comme on dit...

Si je suis très reconnaissant à Hans-Åke Lilja de nous proposer un ouvrage de nouvelles fantastiques à plusieurs auteurs, force est de constater que la tentative est tout de même un semi-échec. Et rien n'y fera: ni les déclarations de l'anthologiste nous vantant maintes et maintes fois la qualité de ses nouvelles, ni les postfaces d'auteur qui à l'image de leurs récits ne seront pas franchement éclairées.
Le vrai premier point négatif de l'ouvrage est l'absence d'un petit chef-d'oeuvre, qui parfois suffit à justifier un recueil entier. En tous cas, étant un grand amateur de recueils de nouvelles, je fonctionne comme cela: une quinzaine de page miraculeuse peut m'enchanter pour 25 autres récits. Là, on a quelques nouvelles qui se défendent, mais on est loin dela démonstration de force. Même notre bon Clive Barker livre ici une nouvelle de seconde zone, bien en-deça de sa maestria des Livres de Sang.
Le deuxième point négatif est bien la nouvelle du King. Pourquoi? Mais parce que dans cet ouvrage, on nous rabâche au moins quatre ou cinq fois les oreilles avec cette nouvelle, tant est qu'on finit par l'attendre. Et elle est tristement mauvaise, ce qui peine pour une anthologie célébrant les vingt ans d'un site consacré à Stephen King.
Le troisième point négatif est cet amoncellement de nouvelles fades ou parfois mauvaises, qui détone avec ce qu'on attendait du recueil. On est parfois assez loin du fantastique ou de l'horreur (cf les quelques récits "mélancoliques", pas vraiment à leur place: le Roman de l'Holocauste, La Fin de toutes choses", "La Danse du cimetière"...), et même lorsqu'on est dans le registre, c'est pas folichon ("L'attraction des flammes": bon exemple d'une réponse exemplaire au cahier des charges mais molle du genou).

Bref, je n'ai vraiment pas été convaincu par "Shining in the dark". Il n'empêche que ce type d'exercice est tellement rare que j'achèterais les vingt tomes suivants s'ils existaient. Car malgré cette déception, j'ai pris plaisir à me plonger dans ces univers fantastiques.
Commenter  J’apprécie          51
Pour célébrer les vingt ans de Lilja's Library, un site spécialisé sur les oeuvres de Stephen King, son fondateur, Hans-Ake Lilja, a souhaité publier une anthologie rendant hommage à l'auteur. Composé de douze nouvelles, l'ouvrage alterne entre récits d'horreur, de fantastique, voire de fantasy, et réunit à la fois des auteurs méconnus du grand public (en tout cas francophone) et d'autres plus réputés (Clive Barker, Ramsey Campbell, Edgar Allan Poe...). L'intention est louable et on sent bien l'immense enthousiasme du directeur de cette anthologie, seulement le tout se révèle malheureusement très moyen. En effet, sur les douze nouvelles présentent au sommaire, seules deux valent à mon sens vraiment le coup d'oeil, tandis qu'une poignée d'autres seulement parvient à susciter l'intérêt du lecteur. La plupart des autres textes baignent dans une ambiance sordide qui n'est absolument pas agréable et donnent l'impression d'une surenchère permanente dans le glauque. La page « faits divers » du journal n'aurait finalement pas d'autres effets. Autre aspect particulièrement gênant : le manque de diversité des personnages (dans une anthologie, c'est quand même dommage) puisque, sur les douze nouvelles, onze mettent en scène des hommes, tandis qu'une seule met en avant un personnage féminin. Dans la plupart des autres nouvelles, les femmes sont mesquines, superficielles, encombrantes, voire carrément monstrueuses, et servent, au choix, de potiches ou de catalyseurs à la frustration du personnage masculin. Tous les protagonistes sont quant à eux à peu près façonnés dans le même moule : des hommes (ados ou adultes) blancs, peu sûrs d'eux, susceptibles, rancuniers, et colériques. On a vu mieux en terme de diversité, et cela ne facilite pas l'attachement du lecteur… Certaines nouvelles m'ont, par cet aspect, énormément fait penser au recueil « Fantômes » de Joe Hill (le fils de Stephen King, justement) dans lequel j'avais souligné les mêmes défauts, mais j'ignore s'il s'agit d'une caractéristique des récits du maître de l'horreur.

Parmi les textes les moins réussis de l'anthologie figure « Le compresseur bleu », seule nouvelle de Stephen King présente au sommaire, et sans doute la plus mauvaise de l'anthologie (ce qui la fout un peu mal...). L'auteur s'y livre à un pseudo exercice de style en mêlant une intrigue sordide et ses propres considérations en tant qu'auteur. C'est court (heureusement) et glauque, et on comprend sans mal pourquoi cela n'avait, jusqu'à présent, jamais été publié. Plusieurs autres textes pâtissent aussi de leur brièveté comme « La danse du cimetière » de Richard Chizmar (six pages…) ou encore « L'amour d'une mère » de Brian James Freeman (même s'il faut admettre que la chute est plutôt surprenante). J'ai également peu apprécié « Le Roman de l'Holocauste » de Stewart O'Nan qui amorce pourtant une réflexion intéressante sur la part de lui-même et de son histoire personnelle que chaque auteur met dans ses ouvrages, mais l'ensemble donne le sentiment d'être trop inabouti. Même chose avec « Le compagnon » de Ramsey Campbell qui nous offre de belles scènes de frayeur dans une maison hantée mais exploite trop peu la psyché et les démons de son personnage pourtant prometteur. Bev Vincent fait mieux avec « Aeliana », seule nouvelle mettant en scène deux personnages féminins et se déroulant dans un cadre de fantasy urbaine. Deux caractéristiques qui permettent d'amener un peu de variété mais qui ne s'avèrent pas suffisantes pour combler les attentes du lecteur. La faute à une intrigue trop mince et une exploitation trop superficielle des protagonistes. J'ajouterais enfin au nombre des ratés « Charabia et Theresa », nouvelle de Clive Barker à côté de laquelle je suis complètement passée en raison du mélange très particulier entre un ton extrêmement léger et des scènes glauques et malaisantes (pédophilie, déferlement d'excréments…).

Quelques textes sortent, heureusement, du lot, à commencer par les deux plus longs (ce qui n'est sans doute pas un hasard) : « L'attraction des flammes » de Kevin Quigley et « Le manuel du gardien » de John Ajvide Lindqvist. La première nouvelle met en scène un trio de jeunes garçons amateurs de frissons et sur le point de visiter une maison hantée vantée comme terrifiante par la publicité. Seulement le jeu vire au cauchemar lorsque nos trois héros réalisent qu'ils sont piégés à l'intérieur, et qu'ils risquent bel et bien leur peau. L'auteur parvient à faire grimper efficacement la tension et entretient savamment le suspens tout au long du récit qui s'avère éprouvant pour les nerfs. Une belle réussite, qui vous fera cependant voir d'un autre oeil les papillons de nuit. « Le manuel du gardien » est quant à elle la plus belle nouvelle de l'anthologie et met en scène un adolescent amateur de jeux de rôle découvrant l'univers de Lovecraft. Seulement, au cours d'une partie où il assume, comme chaque fois, le rôle de maître du jeu, quelque chose d'imprévu va se dérouler et fracasser toutes ses certitudes. Là aussi la construction du texte est remarquablement maîtrisée, même si c'est la chute qui lui donne vraiment toute sa saveur. La nouvelle d'Edgar Allan Poe, « Le coeur révélateur » est elle aussi réussie car très angoissante, l'auteur parvenant à créer une ambiance oppressante en très peu de mots. « La fin de toutes choses » de Brian Keene manque quant à elle d'un peu d'épaisseur mais reste bien écrite et repose sur une idée touchante (après une série de deuil, un homme se lève chaque matin en imaginant la fin du monde qu'il attend avec impatience). Enfin, Jack Ketchum et P. D. Cacek signent une nouvelle sympathique quoiqu'un peu maladroite avec « Le réseau » qui met en scène la rencontre virtuelle entre deux internautes. Mais peut-on vraiment savoir à qui on a affaire lorsqu'on n'échange qu'à travers un écran ? La fin est prévisible et la thématique classique mais l'ensemble reste de plutôt bonne facture.

Bilan très mitigé pour cette anthologie rendant hommage à Stephen King mais qui manque sacrément de diversité et dont la plupart des nouvelles se révèlent décevantes. « L'attraction des flammes » et « Le manuel du gardien » viennent heureusement sauver la mise, mais cela reste trop peu pour un ouvrage qui comporte douze nouvelles.
Lien : https://lebibliocosme.fr/202..
Commenter  J’apprécie          130
Hans-Åke Lilja, responsable du site de référence Lilja's Library consacré à Stephen King, a eu l'idée pour fêter les 20 ans de son site, de produire une anthologie en hommage à l'auteur du Maine . Il a donc contacté un certain nombre d'écrivains spécialisés dans les récits fantastiques et d'horreur, et tous ceux qui ont répondu présents ont concocté une nouvelle récente ou donné une plus ancienne. C'est le cas du King lui-même, avec le compresseur bleu, jamais publié en anthologie depuis 1981. Nous avons donc 12 nouvelles, 13 auteurs, 6 inédites. Comme toujours dans une telle compilation, il est impossible de faire un résumé global, il n'y a d'ailleurs pas vraiment de fil conducteur entre elles. certaines sont très courtes, d'autres plus longues, plusieurs ont pour thème la fête foraine, mais ça s'arrête là. Je vais essayer de faire un résumé succinct de chacune:

- le compresseur Bleu de Stephen King raconte l'histoire d'un écrivain qui loue une chambre dans une vieille maison tenue par une grosse femme… Enfin, apparemment pas assez grosse. Histoire assez noire, mais moyenne, on sent qu'elle date, et l'intervention de l'auteur à la première personne n'ajoute rien.
- le Réseau de Jack Ketchum et P.D. Cacek, met en scène un couple par réseau interposé. Ils échangent, d'abord de façon formelle, puis de plus en plus enflammée, tombant amoureux sans même se connaître. Leur première rencontre basée sur le mensonge va forcément tourner au drame… Une histoire très intelligemment menée, une conclusion très violente.
- le Roman de l'Holocauste de Stewart O'Nan: l'auteur et le roman, intimement liés, sont invités sur un plateau de télévision américain pour parler justement du livre. C'est l'occasion pour l'auteur de mesurer le chemin parcouru, ce qui l'a poussé à écrire le roman. Nouvelle plus sur la réflexion que véritablement fantastique, je suis passé à côté.
- Aeliana de Bev Vincent: une de mes préférées. Une rencontre entre une policière qui traque un meurtrier sordide qui abandonne ses victimes dans une ruelle sombre, et une petite fille au pouvoir très étrange. du surnaturel, une créature fantastique, le genre d'ambiance que j'adore.
- Charabia et Theresa de Clive Barker: Sans doute la nouvelle la plus loufoque du recueil, avec une ambiance très Jean Ray, elle conte l'histoire d'un homme dont l'âme est emmenée par erreur par un ange en raison des bienfaits qu'il est supposé avoir accomplis envers les enfants. Lorsque l'ange se rend compte de son erreur, il tente un retour sur terre en catastrophe. Mais lors du transfert, les deux animaux de compagnie du soi-disant saint, une tortue et un perroquet, ont pris forme humain et s'enfuient… Amusante avec tout le talent de Barker qui m'a plus habitué à de l'horreur.
- La fin de Toutes Choses de Brian Keene: le summum de l'émotion dans cette nouvelle. Tous les matins, un homme se lève et accompli les mêmes rituels. Il boit son café, sort, et va jusqu'au ponton qui borde la rivière. Et il attend la fin du monde: une apocalypse zombie, une bombe nucléaire, une réchauffement climatique, un astéroïde. Peu importe. En fait, il attend de rejoindre son fils qui s'est noyé à cet endroit, et sa femme qui ne l'a pas supporté. Mais il n'a pas le courage de mettre fin à ses jours. Très sombre et très triste, poignante même.
- La Danse du Cimetière de Richard Chizmar: Un homme, un cimetière, une tombe d'une femme dont il est responsable de la mort. Ce soit il a décidé de la rejoindre en lui demandant pardon. Macabre également, mais moins poignante que la précédente.
- L'attraction des Flammes de Kevin Quigley: LA nouvelle d'horreur du recueil. 3 gamins qui débarquent dans une fête foraine, où un mystérieux monsieur LaRue leur propose le monde de la peur dans un vieille bâtisse en ruines envahie de papillons, sans espoir d'en sortir. Parfaitement géniale d'un bout à l'autre.
- le Compagnon de Ramsey Campbell: encore une histoire de fête foraine. Stone, le protagoniste, se retrouve dans une vieille foire en partie abandonnée, fuyant le contact du public et de ceux qui pourraient lui vouloir du mal. il erre de manège en manège jusqu'à un train fantôme dont le wagon ne semble pas vouloir s'arrêter… Un sorte d'allégorie de la mort, un peu trop compliquée à mon goût, comme souvent dans les histoires de cet auteur que j'ai eu l'occasion de lire.
- le Coeur révélateur de Edgar Poe: le fantastique par un de ses pionniers. le narrateur raconte comment il a décidé de tuer son voisin, un vieillard, dont il ne supporte pas le regard. Mais tout ne va pas se terminer comme il l'espérait. Une belle histoire d'horreur comme savait si bien les écrire l'auteur de Boston.
- L'amour d'une mère de Brian James Freeman: Celle-ci est indiscutablement la perle du noir de ce recueil. le narrateur a tout fait pour assurer une fin de vie pour sa mère malade. Il cherche désespérément une place dans un foyer d'accueil, l'hospice Saint-Clair. Pour son amour il va prendre une décision terrible… je vous laisse le plaisir de découvrir la fin !
- le Manuel du Gardien de John Avide Lindqvist : la plus longue de l'anthologie, elle met en scène un gamin imbu de lui-même parce que plutôt bien doté d'un point de vue QI, qui organise des parties de jeux de rôles inspirées de l'univers de Lovecraft. Il décide de créer son propre jeu sur la recherche d'un livre maudit. Tout ne se passera pas comme prévu, bien sûr… jusqu'à une fin à rebondissement. j'avais apprécié le Laisse-moi entrer du même auteur qui confirme ici tout le bien que je pense de lui.
Voilà en résumé les douze nouvelles qui composent ce Shining in the Dark. Assez inégales, je retiendrai surtout le Réseau, Aeliana, la Fin de toutes choses, L'attraction des flammes, le Coeur révélateur , l'amour d'une mère et le Manuel du Gardien. La nouvelle de Stephen King qui donne sa raison au recueil est publiable, et je suis passé à côté des autres.
Je remercie infiniment ActuSF pour leur confiance
Commenter  J’apprécie          20
Shining in the dark se compose de douze nouvelles dingues, d'auteurs plus ou moins connus, voire parfois incontournables, comme Stephen King, ou intemporels, comme Edgar Allan Poe. Pour fêter les vingt ans de Lilja's Library, l'un des sites de références sur l'oeuvre de Stephen King, des écrivains de talent se sont réunis pour nous offrir des textes horrifiques, à suspens fou, noirs ou cauchemardesques. Autant de récits à ne pas lire avant de se coucher, mais à dévorer sans modération. Attention aux âmes sensibles : certains passages ne laissent pas de marbre et font de l'effet, les insectes en couverture participent à l'atmosphère inquiétante. Vous êtes prévenus !

Très différents, inégaux en longueurs et en substance, les narrations nous plongent dans des univers étonnants qui possèdent tous des visuels et messages intéressants, qui sauront toucher différents coeurs de lecteurs aux goûts divers.

ActuSF a sublimé les textes par des explications qui décortiquent chaque nouvelle, et qui nous aident à mieux les appréhender. Des dessins sublimes et une mise en page agréable terminent de compléter cette édition magnifique.

Le compresseur bleu
Premier texte et récit original de Stephen King, qui n'avait jamais été traduit en français jusqu'alors. Les fans de l'auteur se retrouveront sans doute dans ses descriptions brutes et son vocabulaire cru. Pour les autres, ça passe ou ça casse ! La violence et les scènes de torture s'enchaînent sans que le lecteur ne comprenne les tenants et aboutissants du scénario alambiqué et curieux qui se déroule sous nos yeux ébahis. Pas vraiment de chute pour clôturer ce récit terrifiant où l'horreur humaine prend tout son sens : de l'effroi, du dégoût, de l'incompréhension et une violence qui semble gratuite.

La plume reste prenante et forte, à l'image des romans saisissants de l'auteur qui n'est plus à présenter.

Le réseau
Cette nouvelle se veut écrite comme un échange de mails. On se croit véritablement devant notre PC, comme si nous lisions ces messages d'amour échangés entre Andrew et Cassie. le lecteur se prend au jeu : les phrases vibrantes et les mots choisis nous transportent dans cette relation typique de notre société du 21e siècle. Leur quotidien sans surprise nous happe malgré nous. Les échanges humoristiques, attendrissants et sarcastiques se lisent avec plaisir.

La chute, bien plus retentissante que celle du récit précédent, nous laisse sans voix. Une fin bien horrible, mais cohérente, et rondement menée. Chapeau bas !

L'attraction des flammes
Dans cette histoire, nous suivons des adolescents en pleine fête foraine. Dit comme ça, le pitch apparaît cliché, déjà vu et revu. Pourtant, on se plaît à suivre ces aventures folles. L'ambiance est réussie, tout comme les descriptions des attractions, des clowns dantesques et des émotions fortes qui assaillent nos héros.

Un contraste s'installe entre le dirigeant de l'endroit et les ados : les uns sont touchants, mignons et naïfs, quand l'autre, cynique, s'amuse à les malmener sans culpabilité ni regrets. On le déteste d'emblée, alors que l'on s'attache irrémédiablement aux jeunes.

Longue, prenante et haletante, terrible et effrayante, cette nouvelle nous offre des scènes horrifiques de haut vol, qui marquent les esprits. Certainement le texte le plus percutant de ce recueil, car il prend tout son temps, même alors que des images effroyables se dessinent en permanence sur nos pupilles. La chute reste plutôt décevante comparée à tout le reste, mais on l'oublie vite pour ne retenir que le meilleur.

Le manuel du gardien
Cette nouvelle, divisée en trois parties, nous raconte l'histoire d'un jeune garçon passionné de jeu de rôle. On a l'impression de retrouver la série Stranger Things, ainsi que les oeuvres de H.P. Lovecraft avec les références aux dieux anciens.

Le parcours du héros nous fascine d'emblée, il est sensible et torturé par son quotidien adolescent, qui nous prend aux tripes. Même s'il dérape, on le suit, même s'il regrette, on le pardonne et même s'il tombe, on le soutient. Les parties s'enchaînent dans un suspens intenable, le lecteur n'a qu'une envie : savoir ce qui va se passer et comment il va s'en sortir ! Des ténèbres enveloppent ce récit tout du long, des filets noirs qui nous enchaînent dans un cocon presque réconfortant tant on est transportés.

Les autres textes
D'autres récits étonnants s'ouvrent à nous : des créatures ténébreuses soumises à leurs pires instincts, des métaphores touchantes de vies qui nous ressemblent, des histoires d'amour poignantes, des héros différents de d'habitude, des futurs sombres emplis de questionnements intérieurs ou sociétaux, et des plumes particulières, plaisantes à découvrir ou redécouvrir.

[Je publie des chroniques littéraires sur lavisqteam.fr et celle de ce roman est présente au lien suivant : https://www.lavisqteam.fr/?p=62645

J'ai mis la note de : 17/20]
Lien : https://www.lavisqteam.fr/?p..
Commenter  J’apprécie          30


critiques presse (1)
Elbakin.net
30 octobre 2020
Un recueil vite lu et vite oublié. Dommage, car la qualité des différents auteurs réunis n’est, elle, certainement pas à prouver.
Lire la critique sur le site : Elbakin.net
Citations et extraits (12) Voir plus Ajouter une citation
- "La plupart des histoires d'horreur sont de nature sexuelle.
Je suis désolé de vous interrompre avec cette information, mais je m'y sens obligé afin de déblayer le chemin pour la sinistre conclusion de ce récit, lequel est (du moins psychologiquement) une claire métaphore de mes propres peurs d'impuissance sexuelle. La grande bouche de Mme Leighton symbolise le vagin ; le tuyau du compresseur est un pénis. Sa masse féminine, avec son immensité écrasante, est une représentation mythique de la peur sexuelle qui vit en chaque mâle, à des degrés divers : celle que la femme, avec son ouverture, est une dévoreuse.
Dans les œuvres d'Edgar Allan Poe, de Stephen King, de Gerarld Nately et d'autres adeptes de ce genre littéraire spécifique, nous sommes amenés à trouver des pièces fermées, des souterrains, des manoirs abandonnés (tous symboles de l'utérus) ; des personnes enterrées vivantes (impuissance sexuelle) ; des morts qui sortent de leur tombe (nécrophilie) ; des monstres ou des êtres humains grotesques (externalisation de la peur de l'acte sexuel lui-même) ; de la torture et/ou des meurtres (une alternative viable à l'acte sexuel).
Ces possibilités ne sont pas toujours valides, mais le lecteur et l'écrivain post-freudiens doivent les prendre en considération quand ils abordent ce genre.
La psychologie anormal est devenue partie de l'expérience humaine."

~ Le Compresseur bleu. ~

* Stephen King *
Commenter  J’apprécie          00
- "Mon nom à moi est Steve King, bien sûr, et vous voudrez bien excuser mon intrusion dans votre esprit - du moins je l'espère. Je pourrais arguer que la rupture du pacte de lecture entre le lecteur et l'auteur est admissible puisque c'est moi l'écrivain : i.e., étant donné que c'est mon histoire, j'ai bien le droit d'en faire ce que je veux, mais cet argument n'est pas valide. La règle numéro un pour tous écrivains, c'est que le conteur ne vaut pas un pet de lapin comparé à l'auditeur."

~ Le Compresseur bleu. ~

* Stephen King *
Commenter  J’apprécie          10
- "Tous les auteurs qui prétendent ne jamais avoir rien plagié sont des menteurs. Un bon auteur commence avec des mauvaises idées, des improbabilités, puis les façonne pour en faire des commentaires sur la condition humaine.
Dans une histoire d'horreur, il est impératif que le grotesque soit élevé au rang de l'anormal."

~ Le Compresseur bleu. ~

* Stephen King *
Commenter  J’apprécie          10
- "OMG ! J'ADORE les chats et Cujo, c'est un super nom ! (Par contre, ne me dis pas qu'il/elle est aussi gros/se que le chien dans le bouquin de Stephen King. Si c'est le cas, tu ferais bien de changer sa litière genre tout de suite !)"

~ Le Réseau. ~

* Jack Ketchum & P.D. Cacek *
Commenter  J’apprécie          10
- "Seuls ou à trois, suivez mes conseils,
tant de frissons ici s'éveillent !
Si vous voulez affronter la peur,
L'Attraction des Flammes fera votre bonheur !

L'Attraction des Flammes n'est pas un jeu,
C'est un lieu infâme, déconseillé aux peureux...

C'est la plus effrayante de toutes, comme vous allez le découvrir !
Elle vous glacera jusqu'à la moelle des os, je peux vous le garantir !


~ L'Attraction des Flammes. ~

* Kevin Quigley *
Commenter  J’apprécie          00

Videos de Stephen King (200) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Stephen King
« Holly » de Stephen King, traduit par Jean Esch, lu par Colette Sodoyez l Livre audio
autres livres classés : nouvellesVoir plus
Les plus populaires : Imaginaire Voir plus


Lecteurs (182) Voir plus



Quiz Voir plus

Le quiz Stephen King !

Quel est le premier livre de King a avoir été publié ?

Shining
Dead Zone
Carrie
Le dôme

10 questions
1717 lecteurs ont répondu
Thème : Stephen KingCréer un quiz sur ce livre

{* *} .._..