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EAN : 9782846264020
388 pages
Au Diable Vauvert (31/05/2012)
3.73/5   79 notes
Résumé :
Terry English, skinhead propriétaire d'une petite société de taxis, se bat pour la réouverture de l'Union Jack Club. Nutty Ray, punk employé par Terry, lutte pour contrôler sa haine de la société. Lol, 15 ans, skater punk, est à la recherche de lui-même. A travers l'existence de ces trois personnages, l'auteur évoque la naissance de la culture skin, culture prolétaire enracinée dans la musique.
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Plus qu'un simple roman sur les skinheads anglais, c'est une réelle incursion dans leur monde que nous propose John King. L'occasion pour nombre d'entre nous sans doute (en tout cas pour l'auteur de ces lignes) de découvrir un univers et une culture plutôt mal connus. Nous avons en effet un certain nombre de clichés sur les « skins », les apparentant tantôt aux mouvements néo-nazis ou d'extrême droite, tantôt à des hooligans à la violence systématique ; nous découvrons sous la plume de King un monde beaucoup plus subtil et divers, et en son sein la spécificité des skinheads anglais.

Le livre suit les histoires de Terry, le personnage principal, de son neveu Ray, de son fils Laurel, dit « Lol », et d'autres personnes qui gravitent autour d'eux. Terry est skinheads depuis son adolescence, et cela fait partie de son identité, c'est un trait fort qu'il met un point d'honneur à revendiquer ; mais cette identité revêt aussi d'autres aspects : il est propriétaire d'une petite société de taxis, il entreprend d'ouvrir un bar, il est veuf, il est père, il est atteint d'une maladie. Chacun de ces éléments a son importance, et l'auteur les combien pour dépeindre un moment particulier de sa vie. Ray quant à lui est divorcé et peine à remettre de l'ordre dans sa vie et dans sa tête. Laurel enfin se fraye un chemin entre le monde de l'enfance qu'il vient de quitter, et le monde d'hommes dans lequel il évolue, maintenant que sa mère est décédée. A eux trois ils représentent trois générations d'anglais, trois générations de skinheads qui évoluent dans un univers social marqué par une forme de désolation, entre résignation face aux difficultés sociales de l'Angleterre du début du 21è, et tentation constante de la rebelion. Mais la désolation est aussi en partie psychologique : chacun est en proie à des difficultés personnelles qu'il parvient plus ou moins bien à canaliser.

S'il est écrit à la troisième personne, le livre nous donne cependant le point de vue des protagonistes : c'est en réalité comme si l'auteur nous plongeait dans leur tête, s'adaptant chaque fois à un nouveau langage et à de nouvelles expressions, pour mieux nous faire passer leurs ressentis. Quelque chose nous saisit tout de suite : il s'agit d'un monde d'hommes ; c'est un monde d'hommes au sens de la « nécessité » de mettre en avant la virilité (ils doivent montrer qu'ils dont des « durs », ils se battent, ils picolent, ils doivent faire face et ne pas avouer leurs faiblesses, ne pas faire part de leurs problèmes) ; et c'est aussi un monde d'hommes en cela qu'il est caractérisé par une certaine absence des femmes. Elles sont présentes dans le récit, interviennent dans certaines scènes, ont une forte prégnance lorsque nous sommes plongés dans les souvenirs ou les pensées des personnages. Mais elles ne sont que des personnages secondaires, comme une toile de fond. Il y a certes des femmes skinheads, cela est dit, montré, répété ; mais c'est l'histoire vécue par et à travers le prisme de plusieurs générations d'hommes qui est ici mise en scène. Les incursions intimes sont celles qui sont faites dans la tête des hommes : nous entrons donc dans le monde des skins à travers leur regard. John King les accompagne sans les juger, et sans non plus en faire les victimes d'un système social difficile qui légitimerait leur colère.

Chaque époque (le récit est fait de va-et-vient permanents entre souvenirs et moments présents) et chaque ambiance sont fixées par le recours aux chansons, aux odeurs, aux saveurs. Et on découvre alors, autour notamment de « l'aventure » dans laquelle se lance Terry en décidant de rouvrir un bar abandonné, le fort aspect culturel et identitaire qui mêle au fond des éléments très divers : la forte importance de la musique comme élément originel autour duquel se fédère le mouvement skins, le football comme élément de rassemblement mais aussi d'affrontement, la fierté identitaire mêlée d'accents nationalistes. Les personnages sont en effet fiers d'être anglais, forts attachés à leur drapeau l'Union Jack, et désireux de garder leur spécificité insulaire, éloignée du reste de l'Europe. Enfin, l'auteur nous rappelle les racines populaires du mouvement skins, qui nous permet d'éclairer différemment cet enracinement identitaires : « Marston était différent d'eux, il sortait des universités, avait sans doute dû suivre des cours consacrés à l'empire, à l'esclavagisme. L'Union Jack lui parlait différemment, pour lui il symbolisait l'impérialisme et la droite dure, alors que pour les mecs ici présents c'était beaucoup plus fondamental que ça, c'était une part de leur identité, ça n'avait pas la même signification. Tout dépendait simplement du point de vue, du regard que l'on portait sur les choses ».

Cet aspect identitaire est également marqué par l'idée latente au fil des pages de liens et de transmission entre les générations, mais aussi inquiétude des plus âgés qui perçoivent des formes de « dérives » des plus jeunes vers une violence plus systématique. Car, si les personnages sont comme « pris » dans un univers empreint de violence, ils aspirent en réalité au fond d'eux à une vie plus tranquille, une vie de mari et de père de famille, faite de musiques, de potes, de bons moments : « Terry mit une livre dans le juke-box et sélectionna les quelques titres convenables. le plus jeune était assez bon au billard et le rattraperait sans problème. La voix de Desmond Dekker emplit soudain la salle, tout le monde se réveillant sur Israelites, qu'il mit à un volume correct, bien fort, bien sympa. Terry sourit et avala le tiers de sa pinte tandis que Hawkins revenait du bar, traversant le pub en articulant les paroles du refrain. Les gars se préparaient à un après-midi tranquille. Et c'était ça le plus important dans la vie ».

On regrettera peut être la longueur de certains passages et de certains chapitres, ainsi que la lourdeur du style par moment (si John King parvient à nous plonger totalement dans la tête de ses personnages en adoptant des formes de langage particulières et bien maniées, il tend cependant à en abuser, ce qui peut rendre la lecture un peu pénible par moments) ; Mais au final, le lecteur reste accroché par cette fresque d'une certaine facette de l'Angleterre, violente et attachante à la fois, qui, tout en demeurant dans le registre de la fiction, nous en apprend plus que bien des ouvrages savants.

Léa Breton
Lien : http://madamedub.com/WordPre..
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Skinhead
L'oeuvre de John King n'est pas complètement traduite. Elle traite essentiellement des minorités rebelles, punk, skin et autres générés de la Dame de fer. Il faut lire « football factory » et « Human punk » et ce
« skinhead » aussi qui apporte un éclairage différent sur ces éclosions sociales qui perdurent depuis trente ans, sous estimées et caricaturées.

Les skinheads sont patriotes et défendent plutôt l'intervention anglaise en Argentine, ils sont contre la drogue et les dealers. Ils boivent de la bière anglaise (pas de la pisse d'âne française) et adorent se foutre sur la gueule après les matchs.

Terry a cinquante ans et des enfants à charge ainsi qu'un neveu qu'il a recueilli, April sa femme est décédée. Il dirige une boite de taxi et offre des emplois à tous ceux qui le souhaitent.

Les skinheads se reproduisent donc et mènent une vie assez régulière assimilable à celle de n'importe quel anglais moyen. Pas de chômage, une idée de la réussite sociale avec un angle droit.

Terry est malade et se pose la question de la survie. A cheval sur deux générations le récit s'emballe lorsqu'on aborde les souvenirs et se calme dans le contemporain. Cette littérature très personnelle sait convaincre par le style et par le choix des mots et des situations.

On aime ou pas

Moi j'aime.
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Un roman/témoignage sur une "sous-culture" britannique authentiquement prolo, loin des clichés et des amalgames véhiculés par de nombreux médias : en gros, skinheads= néo-nazis ,point.
Comme nous l'apprend l'auteur, la réalité est un peu plus complexe, et quelque part ce genre de roman est salutaire, car il permet de remettre les choses au point, en nous apprenant que la culture Skin, s'est construite autour de la passion pour la musique de la Jamaïque les tondus de 1969, étant parmi les premiers blancs à écouter du ska et le reggae naissant. Bien sûr, le foot et la violence font aussi parties du mouvement, King, ne cache rien, les skinheads, n'ont jamais prétendu être de gentils Garçons !
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C est avant tout l histoire d'une famille anglaise issue de la classe ouvrière,dont on découvre à travers le père, le neveu et le fils l' évolution de la pensée , du ressenti skinhead. Il est bien sûr question de musique, de très bonne musique,du ska originel datant des années 70 époque label trojan au punk de Green day,de pubs, de bière ,des valeurs de l union jack, de la place de l Angleterre dans l Europe,de foot mais qui comme le reste de la société part en couille.
C'est un livre qui traite aussi, je dirai même surtout, de sentiments affectifs, de l'esprit clan, famille,de l' honneur d appartenir à une communauté, d'avoir des valeurs,toute l' importance de ces choses , traits qui sont très accentuées dans les classes populaires anglaises et notamment dans la culture skin.
Un livre à lire pour tout amoureux de culture anglaise, et un tant soit peu curieux du sujet skinhead.
Pour se dire peut être après réflexion il est vrai que tout n est pas si évident que ça.
Que tout n est pas pas tout blanc mais pas tout noir non plus.
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La culture skinhead, au même titre que la culture punk ou le hooliganisme est un phénomène de mode qui marque la classe ouvrière britannique depuis la fin des années 1960. Ce livre se propose de nous conter l'histoire de ce phénomène à travers trois personnages principaux qui représentent trois générations de skins. Ce que ce roman réussit très bien c'est à rendre l'humanité de ces personnages. En effet, de notre point de vue Français les skinheads sont des néonazis violents. Il s'avère qu'outre-manche les choses ne sont pas aussi simples, même si la violence et le nationalisme ne sont jamais bien loin. Par son procédé naturaliste, John King ne fait pas dans le manichéisme mais réussit à rendre la complexité de ces natures humaines, et la lecture est toujours agréable, les enjeux sont modestes mais profondément humains une fois de plus. Après avoir lu England away et Human punk on retrouve les obsession de King qui tournent autour des contre cultures, du hooliganisme, avec une ouverture sur le monde.
Un livre intéressant et une lecture enrichissante que je vous recommande sans hésiter.
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Citations et extraits (5) Ajouter une citation
il se demandait à quoi ressemblerait le monde sans bagnoles, (...) on achetait une auto, on faisait ronfler le moteur et on jouait de l’embrayage, laissant la moitié de la gomme des pneus sur le bitume, pour se faire assassiner par les péages, l’assurance, le contrôle technique, l’entretien, l’essence et tout le reste, et cela un peu plus chaque année. Ils peignaient des signes sur les arbres et dressaient d’innombrables panneaux indicateurs, ajoutaient encore des radars, vous collaient une amende pour avoir lambiné au carrefour ou dépassé de cinq à l’heure la vitesse autorisée. Un jour il n’y aurait plus de carburant et les gens ne se déplaceraient plus autant, se remettraient à bosser près de chez eux. Le résultat serait le même, mais la vie serait plus douce, plus personnalisée, plus intéressante.
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il approchait de la quarantaine et se demandait si ça ne faisait pas partie du problème, si les anniversaires et les souvenirs qui s’accumulaient n’avaient pas quelque puissance cachée, une énergie qui finissait par vous ronger comme une maladie. L’avenir paraissait vide, mou, inculte. Le passé vous donnait des leçons, prouvait ce qui marchait ou ne marchait pas, mais l’addiction au profit voulait dire qu’il fallait tout détruire et reconstruire, réemballer, comme si cela faisait avancer quelque chose.
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Ses DM et un Harrington, noir. On n'avait encore jamais fait mieux que cette association.
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_la musique murit bien avec le temps, vous ne trouvez pas ?
elle se bonifie avec l'age, sans arret.
enfin, au moins le ska et le blue beat.
_je suis d'accord, mais tout le monde pense que les premiers disques qu'on a écoutés ado sont forcément les meilleurs. c'est sans doute naturel comme réaction.
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"N importe quel skinhead savait ce que c'était que de se sentir invincible, hors d'atteinte de tout. Cela collait à la peau toute une vie , et c'était ça qui distinguait les skins de la masse de gens"
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