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Dans les Appalaches, Dellarobia assiste à un incroyable embrasement du ciel et de la forêt. Bientôt, le monde découvre ce phénomène extraordinaire : des millions de papillons orangés ont élu domicile sur la montagne.
Miracle ou danger ? Les esprits s'échauffent, les curieux affluent, les journalistes s'en emparent, des scientifiques s'installent. Et Dellarobia se retrouve malgré elle au coeur du phénomène et des théories.
Elle comprend que ces papillons ne sont pas une bénédiction, mais un symptôme. D'un problème bien plus grand.

C'est vraiment un roman marquant, à plus d'un titre. C'est un plaidoyer pour la planète et sa préservation, avec une idée selon laquelle l'écologie est aussi une histoire de classes d'une certaine façon. C'est fort tant la beauté est grande et porte en elle la tragédie. J'ai été triste pour ces papillons.
Il y a aussi la vie de cette femme, mère au foyer sacrificielle, dans un milieu rural et peu instruit. Tout dans son histoire est émouvant, et tant de choses sont dérangeantes.

J'ai déploré quelques longueurs et circonvolutions, ce qui a fait que ce n'est pas le coup de coeur absolu. Mais il sera de ces livres qui me marqueront longtemps, c'est certain.
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Imaginez cette partie du Tennessee au pied des Appalaches: des fermes éparpillées à quelques kilomètres du petit bourg le plus proche, constitué d'une école, une église, un café, un fast-food et une bibliothèque fermée.
Des pâturages à flanc de montagne, des moutons bruns et blancs, des fleurs au printemps, et une route qui sillonne entre les fermes, un bus scolaire, quelques pick-up, une moto de temps en temps.
La population: des familles de fermiers se réunissant le dimanche à l'église, des enfants qui arrêtent l'école à seize ans car les études, c'est pas pour eux et une méfiance généralisée de la culture, la science, de tout ce qui vient d'ailleurs et qui ne correspond pas à ce que la radio partage avec eux.
Dans l'une de ces fermes, Dellarobia, mariée en hâte à 17 ans au père du bébé qu'elle porte, partageant maintenant sa vie entre son mari gentil mais pas très dynamique et les parents de celui-ci, et ses deux enfants. Sur son CV: forte en gestion de conflits et en achats au plus bas prix pour tout, tout le temps.
Un jour, elle veut en finir. Pas avec la vie, mais avec son couple. Folle un instant, elle part dans la montagne rejoindre un jeune don Juan avant de se retrouver face à un événement incroyable: des millions de papillons orange et noirs ont colonisé la forêt!
Miracle, comme le pensent les paroissiens? Ou catastrophe environnementale comme le constatent une équipe de chercheurs venus observer ce phénomène?
Barbara Kingsolver nous parle avec justesse de cette Amérique à deux vitesses et plus particulièrement de la vie dans cette Amérique profonde si souvent moquée et critiquée, qu'elle ne revendique pas mais tente d'expliquer.
En parallèle, nous suivons la vie même de Dellarobia, entre déceptions, frustrations et sa soif de comprendre, d'apprendre, même si c'est pour y perdre ses dernières illusions.
J'avais beaucoup aimé le livre autobiographique Un jardin dans les Appalaches, et j'ai beaucoup aimé ce roman, très bavard certess (et parfois maladroitement traduit à mon avis) qui nous donne à penser de tous les côtés, nous fait revoir nos convictions et nous alerte sur la situation catastrophique vers laquelle nous nous dirigeons.
J'ai apprécié le fait que tout en voulant rester dans une narration aussi proche de la réalité que possible, elle a réussi à donner une tonalité poétique désespérée à ce récit. Une belle lecture militante et féministe.
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Le fond de l'histoire est le changement climatique avec ses conséquences. Ici, c'est le déplacement des papillons dans une forêt appartenant à une famille de pauvres gens, englués dans les dettes, leur vision sociale et intellectuelle. L'héroïne a en quelque sorte subit sa vie depuis toujours : mort des parents, mariage obligé parce qu'enceinte, perte du bébé, beaux-parents exécrables … Sa rencontre avec un scientifique passionné est l'occasion de superbes échanges. Elle comprend qu'elle est intelligente, que la société de consommation conditionne les gens et que cette société ne souhaite pas leur émancipation.
Dellarobia - quel beau prénom ! - doute, refléchit, et devient au fil des pages une amie proche. Très beau livre !

Lien : http://objectif-livre.over-b..
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Depuis l'âge de dix-sept ans, la vie de Dellarobia est confinée dans cette ferme du Tennessee, dans cette maison, partagée entre son mari et ses deux enfants. Insatisfaite de sa vie, elle étouffe, a soif d'autre chose et ne se sent plus la force de suivre sa raison. Pourtant bien consciente de son erreur et des dégâts qui vont en découler, elle se dirige vers la petite cabane de chasse, vers une aventure extraconjugale.
Cet automne des plus pluvieux a détrempé les lieux mais elle grimpe la piste raide et rocailleuse. Même les arbres couchés à cause de ce sol imbibé qui ne les retient plus ne l'arrêteront pas.
C'est en premier lieu une petite tache orange qui capte son attention dans la forêt de sapins puis, comme suspendus aux conifères, une multitude d'amas brunâtres, « telles d'énormes grappes de raisin » tremblant dans la canopée. À la percée d'un rayon de soleil, l'embrasement des arbres avec une couleur orange crépitant de toute part la cloue sur place et s'envole alors l'envie de l'adultère qui allait être commis.

Dellarobia revient dans son foyer et ne peut annoncer la nouvelle car il faudrait expliquer sa présence là-haut dans la forêt.
La famille vit sur les terres des parents de Cub, son mari. Dellarobia vit au rythme de ses deux enfants, allège sa routine monotone en se confiant à son amie Dovey. Ses tâches, en dehors du foyer, se résument à débarrasser des impuretés la toison fraîchement tondue des moutons. Ses plus proches voisins sont ses beaux-parents qui prennent toutes les décisions et son mari l'exaspère souvent par sa soumission envers eux. Hester, la belle-mère est sèche et fière, autoritaire, et pour elle toutes choses se rapportent à Dieu.
La ferme ne rapporte plus, enfin pas assez. Les emprunts contractés asphyxient la famille et l'unique remède financier est le déboisement de la forêt. Dellarobia va insister pour que Cub se rende sur place avant de concéder à la vente du bois afin qu'il constate la présence des papillons qui s'avèreront être des monarques. Ceux-ci on décidé de passer l'hiver dans le sud des Appalaches au lieu du Mexique en raison de catastrophiques glissements de terrain qui ont tout ravagé sur leur lieu de repli hivernal.
Cub, et par ricochet toute la congrégation, pensent qu'elle a été touchée par la grâce puisqu'elle a « senti » que quelque chose d'extraordinaire, de miraculeux, avait eu lieu sur leur petit bout de montagne. Cela donne lieu un chapitre entier, long comme un sermon, sur la lourde influence de la religion dans ces contrées.
La nouvelle de la présence des papillons attire une équipe de scientifiques qui s'installent sur la propriété. Dellarobia se passionne pour ces monarques et sa soif de connaissances lui permet de côtoyer un monde auquel elle aurait pu avoir accès si elle n'avait pas dû interrompre ses études en raison de sa première grossesse qui s'était pourtant terminée trop prématurément. Elle comprend que la vie de famille est trop étriquée pour elle. Elle va s'épanouir lorsqu'ils lui confieront certaines tâches. Son fils de sept ans sera aussi de la partie, avec sa maman, et il aura un comportement magnifique de maturité, un sacré petit bonhomme curieux du monde qui l'entoure !

Fatalement, nous aurons le cliché des évènements extraordinaires qui ameutent leur lot de curieux et de journalistes voyant là le prétexte à un scoop de plus en passant à côté de l'alerte climatique de cet évènement inhabituel.

Mon enthousiasme pour ce roman est sans bornes. J'y ai trouvé l'exhaustivité des sujets qui me passionnent. On sent vraiment l'attachement de Barbara Kingsolver à la nature, au vivant, quand elle parle des ces papillons. Chaque évocation est féérique.
Le quotidien de Dellarobia est décrit longuement et précisément si bien que j'ai eu le sentiment d'être à ses côtés presque physiquement. Cette proximité en a fait une amie le temps du roman. Son complexe d'infériorité face aux étudiants et aux scientifiques m'a particulièrement émue.
On est vraiment dans le concret lorsque l'auteure aborde les préoccupations du monde agricole impacté économiquement par le climat et pris en tenaille par les banquiers et d'un autre côté le monde scientifique qui voit l'écosystème en péril et essaie de tirer l'alarme. Ils dénoncent une évidence exponentielle : «un monde qui se désagrège dans le feu et l'eau ». Même les saisons sont diluées.
Tous les passages liés aux monarques ont nourri mon intérêt pour la biologie dont l'extraction de leurs lipides, source énergétique pour leur survie face aux températures qui chutent. Quel prodigieux travail de documentation !

Pour terminer, le « pacte de durabilité » proposé par un sensibilisateur montre bien le décalage entre les propositions des gens bien-pensants et la réalité du quotidien des foyers modestes. Celui-ci cherche à expliquer à Dellorobia qui n'a pas un sou, ne sort jamais de sa ferme, comment maîtriser son empreinte carbone : « moins » d'avion ? Elle ne l'a jamais pris. Moins de voiture neuve ? Ils ont changé déjà deux fois le moteur de la leur pour la faire durer. Acheter d'occasion ? Elle ne fait que ça. Changer l'électroménager pour des moins énergivores ? Elle n'a pas du tout les moyens… Tout est dit : elle n'a pas les moyens de contribuer activement au dérèglement climatique ! Ce luxe destructeur est plutôt réservé à tous ceux qui gagnent trop d'argent.
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Barbara Kingsolver est une auteure dont j'avais adoré L'arbre aux haricots, Les cochons au paradis et surtout Les yeux dans les arbres. J'ai donc ouvert ce livre en toute confiance.
Au final ce n'est pas un livre qui m'a déplu, loin de là. Mais je ne sais pas si le style est différent ou si mes goûts ont évolué, toujours est-il que j'ai trouvé cette lecture extrêmement laborieuse. Pourtant j'ai beaucoup aimé le sujet, les personnages, l'environnement mais le rythme m'a paru vraiment très lent.
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Une sympathique écofiction, qui chante la splendeur des monarques, une espèce de papillon menacée par la déforestation et les dérèglements climatiques.
Le fond est intéressant bien sûr, mais Barbara Kingsolver m'ayant habitué à des mariages beaucoup plus réussis entre le côté militant de son écriture et sa capacité à offrir au lecteur un vrai plaisir de lecture, j'ai été déçue. En fait, ça marche assez bien quand elle parle de fracture sociale, quand elle évoque le mur d'incompréhension qui peut séparer le scientifique, l'universitaire, d'une communauté rurale frappée par la crise. Mais pour ce qui est d'alerter sur la cata écologique, sa forte motivation et son louable désir de provoquer une prise de conscience semble lui faire parfois un peu oublier de puiser dans tout son talent romanesque.
J'aime bien les personnages, surtout Dellarobia qui, enceinte à 17 ans, se retrouve coincée dans une vie qui ne lui convient pas vraiment, qui grâce aux papillons va sortir de sa chrysalide et prendre son envol. Mais niveau rythme, ce n'est pas ça. L'intrigue aurait eu besoin d'être sérieusement enrichie. Je me suis un peu ennuyée alors que je m'attendais à une histoire prenante.
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Barbara Kingsolver comme un Balzac américain. On ne comprendra rien à l'élection qui se profile sans lire ses deux derniers romans. "Dans la lumière" met face à face des personnages qui ne savent plus parler une langue commune, et qui ne savent plus lutter contre la dégradation du monde qui les entoure. La crise climatique est aussi une crise de l'intime, de l'existence. Les personnages assistent aux extinctions qui se succèdent sans possibilités de lutte. Celles de leur famille de leur métier (petit fermier ou scientifique), des papillons, du rêve américain d'ascension sociale et d'accès à l'éducation, et surtout d'un langage commun.Le combat est rude, deux mondes s'opposent, l'un rural et religieux, l'autre scientifique, « deux mondes qui se faisaient face, chacun se comportant comme si le sien était tout ce qui comptait. Avec une telle résistance à communiquer l'un avec l'autre. Pratiquement sans langage commun ». C'est magnifique et bouleversant parce que Kingsolver sait écrire et écrit pour inverser le déni généralisé. C'est stupéfiant de simplicité, de radicalité et de beauté.
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Je gardais un bon souvenir de « Un jardin dans les Appalaches » de Barbara Kingsolver et je cherchais un livre pour mon été, la couverture et la quatrième de « Dans la lumière » m'ont bien tenté.

Et bien j'ai été un peu déçu par ce roman.
Le sujet est bien traité et la rigueur de l'auteure permet de mieux connaitre les papillons Monarque et les conséquences du réchauffement climatique.
Mais des passages traînent en longueur et la vie de certains personnages plombent le plaisir et alourdissent le récit. J'ai sauté des paragraphes pour avancer plus vite et connaitre la destinée de ces papillons.

Pour ne pas rester sur cette déception, je retenterai quand même un roman de Barbara Kingsolver. Les sujets de ces livres étant intéressants.
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Après un début ou plutôt, une mise en jambes de ma part un peu laborieuse, et même une période d'échouage sur ma table de nuit, je me suis raccrochée à ma lecture pour ne plus m'arrêter. A mon avis, c'est vraiment du bon Kingsolver. Il y a une peinture sociale édifiante, une réflexion environnementale, en bref une observation de classes et plus généralement du milieu terrestre, ainsi qu'un versant davantage contemplatif. On reconnait sans se mouiller la biologiste qu'est l'auteur ainsi que son intérêt pour la nature, et peut-être "sa" nature, son environnement de vie plus immédiat. J'ai lu quelque part sur la toile qu'on ne reconnaissait pas B. Kingsolver à travers ces dialogues. C'était très négatif. C'est drôle car je me suis faite la même réflexion mais en étant emplie d'admiration. Elle sait manier les registres de langue et de situation avec brio, et nous emmener avec elle dans cette campagne américaine sinistrée et pathétique, chez, pour certains personnages, des beaufs de 1ère catégorie, qui luttent ou subsistent, avec un ton et des mots qui sonnent vraiment justes. Donc oui, quand on quitte d'autres protagonistes de ses romans, on baisse de plusieurs crans sur une échelle de la préciosité... mais moi je dirai plutôt "Bravo, et merci pour ce roman.".
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Dellarobia, jeune mère de famille, est embourbée dans un mariage et dans une vie qui ne lui conviennent pas. Son quotidien est loin d'être facile entre deux jeunes enfants, un mari gentil mais mou, une belle-famille oppressante, et une vie dans un coin perdu et pauvre des Appalaches. Un jour, elle découvre dans les collines près de chez elle des milliers de papillons, ce qui va bouleverser sa vie.

Le récit tourne autour du changement climatique, de ses conséquences sur les populations animales (en particulier), et des réactions d'adhésion (à travers la science et le militantisme), de scepticisme, voire de rejet que cause ce sujet. Mais ce n'est qu'un des nombreux thèmes qu'aborde le roman. L'auteur nous parle aussi de la manipulation des médias qui abordent un sujet pour lui faire dire ce que les patrons des chaînes souhaitent entendre, de l'influence de la religion, des différences de perspectives d'avenir selon le milieu d'où l'on est issu, du courage de prendre sa vie en main...

Bref, un roman très riche: nombreux thèmes, personnages complexes... J'ai eu du mal à rentrer dans cette histoire au départ (j'ai même failli refermer le livre après avoir lu quelques pages). J'avais du mal à accrocher au personnage de Dellarobia, de par ses décisions à l'encontre desquelles je m'inscrivais. Mais, même si je suis loin d'adhérer à tout son caractère, j'ai fini par m'attacher à elle en quelque sorte. C'est une jeune femme qui a un énorme besoin de changement car sa vie est loin de la satisfaire et elle ne se sent pas en accord avec elle-même et le chemin qu'elle souhaitait prendre plus jeune. Et elle va avoir le courage d'agir pour aller là où elle le désire. C'est une thématique qui me parle beaucoup.
J'ai par contre adoré le personnage de Preston, petit bout de chou de maternelle gentil comme tout, un peu trop sérieux pour son âge parfois, mais plein d'enthousiasme et de curiosité pour les sciences et le monde qui l'entoure, et toujours prêt à en apprendre plus.
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