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Guillemette Belleteste (Traducteur)
EAN : 9782743612610
560 pages
Payot et Rivages (01/04/2004)
4.18/5   314 notes
Résumé :
Dans le décor sauvage et grandiose des Appalaches, Un été prodigue tisse trois histoires de femmes. Celle de Deanna, employée par l'office des forêts, dont la solitude va être bouleversée par l'arrivée d'un jeune chasseur. Celle de Lusa, une intellectuelle qui, devenue veuve, décide de rester dans la vallée et de gagner le cœur d'une famille hostile. Celle de Nannie, enfin, dont les opinions en matière de religion ou de pesticides suscitent des querelles de voisinag... >Voir plus
Critiques, Analyses et Avis (48) Voir plus Ajouter une critique
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Le comté de Zebulon, une petite parcelle de terre des Appalaches dans le Kentucky. Un territoire sauvage que l'homme doit domestiquer jour après jour. C'est ici que Lusa a posé ses valises après son mariage avec Cole. Une union trop brève, interrompue tragiquement par la mort de Cole dans un accident. Lusa, fille de la ville, scientifique spécialiste des insectes, mélange atypique de cultures juive et palestinienne, doit faire face à son deuil intolérable, à la ferme endettée, à sa belle-famille hostile. Un choix s'offre à elle : partir et retrouver sa vie d'avant ou devenir fermière, faire fructifier ses terres, trouver un nouveau mode de fonctionnement, moins polluant moins destructeur et arrêter le tabac qui était la principale source de revenus de son mari, et bien sûr, apprivoiser ses belles-soeurs...
Plus bas, dans la bourgade d'Egg Fork, Nannie Rawley, 75 ans, continue d'exploiter sa ferme à sa manière, sans désherbants, sans pesticides, comptant sur la seule nature pour réguler insectes et plantes. Elle tient à son mode de vie et à son label bio et ne s'en laisse pas compter par son voisin, le grincheux Garnett Walker, troisième du nom. Ce veuf, pieux et rigide, ne croit ni en la théorie de l'évolution, ni en la capacité de Nannie de gérer correctement une ferme. Ces deux-là s'affrontent quotidiennement pour des vétilles.
Plus haut, dans la forêt du comté de Zebulon, sur les pentes des Appalaches, vit Deanna. Cela fait deux ans qu'elle a quitté le monde des hommes pour vivre en ermite dans un refuge de l'office forestier. Elle entretient les chemins, tance les braconniers et surtout, elle suit la piste d'une famille de coyotes. L'espèce semble vouloir se réimplanter dans la région après des années d'absence. Passionnée par le prédateur, Deanna ne pense qu'à le protéger, le cacher aux yeux du monde et même si elle s'amourache d'Eddie Bondo, un jeune et beau chasseur, elle sait qu'elle est prête à tout pour sauver les coyotes.

Le temps d'un été, Barbara Kingsolver nous invite à partager la vie des habitants du comté de Zebulon, une terre de fermiers touchés par la crise qui tentent de survivre à la mondialisation. Certains ont perdu leur ferme ou l'ont vendu pour aller travailler à l'usine et s'assurer un revenu et des horaires fixes. D'autres s'accrochent au tabac et aux anciennes valeurs, pour eux il s'agit de dompter la nature, de la mater, en devenir le maître. Et puis il y a ces femmes qu'on regarde d'un oeil mauvais parce qu'elles ont décidé de vivre en harmonie avec tout ce qui les entoure, soucieuse de préserver plantes et animaux, de cohabiter avec toutes les espèces, de réinventer l'agriculture. Car ce livre est un véritable hymne à la nature, à l'écologie, à l'agriculture raisonnée. Ce petit comté de Zebulon est le royaume des papillons, des libellules, des oiseaux en tout genre, et aussi des prédateurs comme le coyote. Au milieu d'une flore luxuriante, dans le décor somptueux des montagnes, tout ce petit monde évolue, le temps d'une journée pour certains papillons ou plus longtemps pour ceux qui survivent aux chasseurs. Barbara Kingsolver raconte ici la beauté de la Nature qui sait si bien créer, réguler, sélectionner, supprimer.
Un été prodigue est un livre de sensations, on ressent la chaleur du soleil, on frémit sous un orage de montagne, on sent le chèvrefeuille, on goûte les conserves de tomates. Et c'est aussi un livre de sentiments, on s'attache à ses femmes, Lusa et ses chèvres, Nannie et ses pommiers, Deanna et ses coyotes. Une immersion en pleine nature qui a un parfum des étés de l'enfance, un très beau roman.
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Plus qu'un roman, « Un été prodigue » est un manifeste pour la véritable écologie. Pas celle des boudoirs parisiens ni des foires politiques, pas celle des polémiques imbéciles sur le tour de France, le sapin de Noël, le barbecue etc…, pas celle non plus du terrorisme vert d'une poignée de fanatiques hystériques qui se servent du véganisme, du féminisme pour élaborer des théories loufoques, pour servir leurs propres ambitions politiques et leur image médiatique.
Barbara Kingsolver est une botaniste et son écologie renoue avec le principe même de ce mouvement : le respect de l'environnement par l'homme, le respect de la chaîne alimentaire qui permet l'équilibre et le renouvellement des ressources de notre planète.
« Un été prodigue » raconte cette écologie à travers trois femmes qui vivent dans cette magnifique région du sud des Appalaches. Deanna est garde forestière. Elle vit recluse dans sa cabane jusqu'au jour où elle croise la route d'Eddy Bondo, un chasseur de coyotes de 24 ans. Lusa vient de perdre son mari Cole. Elle hérite de la ferme de son mari et va essayer de se faire accepter par sa belle-famille en rendant l'exploitation familiale rentable. Nannie est une vieille écologiste qui cultive un verger bio et a maille à partir avec son voisin Garnett, farouche consommateur de produits chimiques qu'il utilise pour soigner ses plantations de châtaigniers qu'il essaye de réimplanter dans la région…
La lecture du roman de Barbara Kingsolver est très agréable, pleine de fraîcheur, c'est une promenade en pleine nature. Ses personnages sont attachants et on est rapidement séduit par leurs histoires. Sa vision de l'écologie est plus que convaincante, elle charme, elle envoute.
La terre est une arche de Noé qui traverse l'univers. Il semblerait stupide à un capitaine de vaisseau et son équipage de saborder son vaisseau, et pourtant…
Traduction de Guillemette Belleteste.
Editions Rivages, poche, 559 pages.
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Barbara Kingsolver met en scène trois femmes d'âges différents qui vont incarner chacune un aspect des âges de la vie, pas forcément celui auquel on s'attend. Deanne Wolfe, 45 ans, employée de l'État comme garde-forestier et garde-chasse, s'est isolée dans les Appalaches après une difficile séparation. Elle vit seule depuis deux ans, en pleine montagne, et se passionne pour les coyotes, prédateurs auxquels elle avait consacré sa thèse. Lusa Landowski, d'origine palestino-polonaise, 28 ans, vient d'épouser Cole Widener, qui cultive du maïs et du tabac dans ce coin du Kentucky. Ils s'aiment, mais leurs désaccords sont nombreux : universitaire spécialiste des insectes, elle est persuadée des bienfaits d'une agriculture bio alors que lui n'hésite pas à continuer à utiliser certains pesticides. Ils vivent dans la ferme dont Cole a hérité, et les cinq soeurs de celui-ci ne sont pas vraiment accueillantes avec la pièce rapportée citadine, intellectuelle et étrangère… La dernière de ces femmes, Nannie Rawley, 75 ans, se fera attendre par le lecteur, car l'autrice nous présentera tout d'abord son voisin de 80 ans, Garnett Walker, grincheux, de mauvaise foi, pudibond, créationniste, fervent amateur de Roundup et autres poisons. Nannie, pour sa part, cultive écologiquement des pommiers dont elle vend les produits dans un marché bio. Les différends entre ces deux-là et leurs engueulades orales ou épistolaires amènent beaucoup de sel à leurs relations. On pourrait ajouter à ces trois femmes une petite fille de 10 ans, Crystal. On comprend vite que sa vie déjà bien compliquée ne sera pas un jardin de roses…
***
Quatrième roman de Barbara Kingsolver pour moi, et le même plaisir chaque fois… Un été prodigue est un roman plus lent, plus contemplatif, infiniment poétique, mais tout aussi passionnant que mes précédentes lectures. Babelio nous dit, dans la bio de B. Kingsolver, qu'elle a fait des études universitaires en écologie et en biologie. On comprend vite qu'elle sait de quoi elle parle et qu'elle a assurément l'habitude de la vulgarisation. L'amour de la nature, sa beauté, sa fragilité, l'importance de sa protection, l'opposition entre traditionnalistes et écologistes occupent une place majeure dans le récit. On y trouve aussi d'autres thèmes de prédilection de l'autrice : les difficultés et les joies de la famille, l'acceptation de soi et de l'autre, l'acquisition de l'indépendance, la richesse de la différence, le chagrin du deuil, etc. Les liens entre les différents personnages se font jour petit à petit, et ils éclairent un aspect du présent de chacun, explicitant souvent une attitude ou une réaction qui pouvait paraître étrange ou incongrue. Les personnages de Barbara Kingsolver sont, je trouve, infiniment touchants, les femmes comme les hommes dans ce roman-ci, même ce vieux macho de Garnett. Cette autrice sait magnifiquement nous faire partager la beauté de cet été qui va révéler sa prodigalité pour tous les êtres vivants dans un décor magique et plein de surprises. Un hymne à la nature et à la vie sous toutes ses formes.
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J'ai entamé ce livre sur un étonnement, habitué au rythme endiablé des road movie colorés qui ont fait le succès des premiers romans de Barbara Kingsolver. Ici il faut prendre son temps, se laisser bercer par le tempo saisonnier des récoltes, de la vie forestière, du climat capricieux parfois, des habitudes de cette petite communauté rurale du Kentucky.

Lusa, spécialiste des insectes, en particulier des papillons, vient de la ville et peine à trouver sa place dans la grande fratie de son mari, et sur les terres à tabac de la ferme familiale.
Deanna, garde forestier, vit de solitude et d'eau fraîche, dans son refuge de la montagne de Zebulon, où elle observe le retour d'une faune depuis longtemps disparus de ces contrées. Sa vie bascule à l'arrivée d'un visiteur passionné de chasse.
Nannie est une pionnière du biologique dans cette région du Kentucky où les pesticides sont rois. Elle travaille d'arrache-pied dans son verger de pommes, malgré son âge. Tout irait pour le mieux s'il n'y avait ce vieux grincheux de voisin pour lui chercher querelle...
C'est l'histoire de trois femmes, trois vies de labeurs, d'amour, de choix à faire. Trois femmes qui, chacune à leur façon, ont su composer avec la nature pour en tirer profit sans y porter atteinte.

L'écriture, entièrement tournée vers la nature, est poétique et raconte merveilleusement les Appalaches mais aussi (surtout !) les femmes. Il est beaucoup question de phéromones, de cycles, d'amour et d'électricité dans l'air... Avec ce rapport très féminin à la terre que l'autrice suggère dans chacun de ses livres.
Alors, malgré quelques longueurs (langueurs ?) je me suis laissé charmer par l'ambiance sensuelle de cet intermède estival.
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Un été dans les Appalaches.
Trois femmes confrontées à des moments clés de leurs vies et autour d'elles, la nature qui souffre par la faute de l'homme.
Je n'en dirai pas plus…

Il y a des surprises comme ça, des petits miracles.
Des lectures qui arrivent à point nommé, qui vous apportent des réponses à des questions que vous ne saviez même pas que vous vous posiez, qui touchent vos cordes sensibles et apaisent ce sentiment d'angoisse diffus face à la course absurde du monde.
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Citations et extraits (18) Voir plus Ajouter une citation
Ce qui se présentait à elle, ici, dans cette montagne, c’était une occasion qui ne se reproduirait plus pour personne : le retour d’un important prédateur canidé et la réorganisation des espèces qu’il entraînerait peut-être. D’autant plus significatif que le coyote se trouverait être ce que R. T. Paine qualifiait de prédateur clé. Elle avait lu et relu avec soin ses célèbres expériences des années 60 au cours desquelles il avait vu décroître radicalement la grande diversité des espèces après avoir retiré toutes les étoiles de mer de flaques d’eau marine. En leur absence, les moules, dont elles étaient consommatrices, avaient proliféré et dévoré presque toutes les autres espèces, ou en avaient réduit la quantité. Personne, avant ça, n’avait découvert à quel point un seul carnivore pouvait influer sur des éléments aussi éloignés de son règne. Bien entendu, l’expérience s’était reproduite indéfiniment, par hasard : l’élimination des couguars du Grand Canyon, par exemple, avait favorisé une plus grande prolifération de cervidés, plus voraces et plus féconds que d’autres herbivores, provoquant ainsi une usure du paysage jusqu’au granit. Beaucoup avaient vu et enregistré les dégâts qu’entraînait l’élimination d’un prédateur dans un système.
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Cher monsieur Walker,
Puisque vous me posez la question, oui, je crois que le genre humain occupe une place particulière en ce monde. La même que celle que tient le geai (à son avis) et la salamandre (selon ce qui lui tient lieu d’esprit). Chaque être vivant en est persuadé : « Le centre de tout, c’est moi. » Chaque existence a sa propre religion, je pense, mais croyez-vous qu’une salamandre vénérerait un Dieu qui ressemblerait à un grand bonhomme sur deux pattes ? Allons ! À ses yeux, l’homme ne représente qu’un vague inconvénient (si tant est qu’il le soit), en comparaison de l’entreprise sacrée qu’est celle de trouver de la nourriture, un compagnon et d’avoir une progéniture afin de régner sur la vase pour l’éternité. Pour elle, comme pour les autres, cette vaseuse petite existence de salamandre est tout.
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Elle tira les couvertures sur sa tête, ne laissant qu'un petite fenêtre à travers laquelle elle pourrait observer ses mains précises, sûres, en train de charger du petit bois dans le poêle. Elle pensait à ce que faisaient les gens avec leurs mains, si précieuses: allumer des feux qui s'éteignaient, scier des arbres pour construire des maisons qui pourriraient et s'effondreraient avec le temps. Tout cela était il comparable avec la grâce d'un papillon de nuit sur une feuille, pondant d'impeccables rangées de minuscules œufs vitreux? Ou à une moucherolle tissant un nid de mousse dans lequel elle couverait sa nichée?
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C'était une heure extraordinaire pour être réveillée, pour peu que l'on s'y abandonnât : ces heures d'obscurité confirmée, lorsque les insectes se calmaient, que l'air fraîchissait et que des parfums montaient délicatement du sol.
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Dans la dernière heure de plein jour, tandis que les hémérobes cherchaient une consolation à leurs vies brèves dans la haute atmosphère lumineuse de la forêt et que l’enveloppe de sa parka vide gisait mêlée à la sienne dans la boue, leurs deux corps soyeux terminèrent de faire connaissance sur le plancher de la galerie. Un coup de brise fit dégoutter la pluie de jeunes feuilles sur leurs cheveux, mais dans leur quête d’éternité, ils n’en remarquèrent aucunement la fraîcheur.
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Videos de Barbara Kingsolver (29) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Barbara Kingsolver
Marie-Madeleine Rigopoulos et Delphine Valentin présentent le nouveau roman de Barbara Kingsolver : Des vies à découvert.
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