Histoire d'une famille finlandaise qui s'ouvre en 1895 pour se refermer en 1996.
Là où se croisent quatre chemins, comme autant de portes entrouvertes sur les couloirs de vie des personnages de cette famille.
On s'engouffre dans ce labyrinthe d'instants du quotidien, traversés par la guerre, l'exil, les naissances, où les époques et les voix s'entremêlent, pour nous déstabiliser.
Les bribes du passé sont comme des flashs. Intenses, colorés, gris ou bleus.
Il faut être patient. Attendre d'avoir tous les morceaux pour tenter de les recoller, de comprendre ce que Maria, Lahja, Kaarina et Onni nous ont raconté. Chacun avec ses mots, ses émotions, ses secrets. Mais souvent aussi sans les mots. Les gestes seuls nous en disent long.
Des phrases courtes, des dialogues qui semblent flotter, on attend la suite, mais rien ne vient. Ils sont taiseux.
Des mots enfoncés comme des coups de marteau.
Une histoire familiale qui se construit comme une maison, ajoutant des planches pour construire de nouvelles pièces, ouvrant sur des portes qui sentent la solitude, le froid, la peur.
On s'y perd comme dans un labyrinthe. On marche en aveugle en se tenant aux cloisons. On a le vertige en grimpant jusque dans les hauteurs.
On a presque envie, une fois la dernière page tournée, de reprendre la lecture, pour se sentir moins oppressé, moins perdu, dans ces couloirs froids et noirs, cette fois-ci avec une bougie.
Saga familiale, histoire de femmes, et d'un homme qui voudrait « être différent, ou bien pareil, mais ailleurs », dans cette taïga finlandaise si austère et si grandiose.
Je remercie Babelio et les Éditions Albin Michel pour ce roman à la plume étonnante.