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EAN : 9782226319371
368 pages
Albin Michel (28/12/2016)
3.62/5   55 notes
Résumé :
Au nord de la Finlande, un village perdu au cœur de la taïga voit se nouer le destin d'une famille. Tout commence en 1895 avec Maria, qui élève seule sa fille et à qui la profession de sage-femme assure une certaine indépendance. Dans l'ombre de sa mère, Lahja cherche quant à elle à s'affirmer en réalisant son rêve : fonder un foyer. Mais Onni, l'homme qu'elle a choisi, revenu de la guerre en héros, cache un secret qui compromet toute promesse de bonheur. Des décenn... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (26) Voir plus Ajouter une critique
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Difficile d'imaginer que ces pays nordiques considérés aujourd'hui comme les pays les plus civilisés et démocratiques de l'Europe, étaient, il y a une centaine d'années et même moins, des pays de sauvages et de misère.

Au fin fond de la Finlande, au coeur de la taïga, un premier roman qui déroule la vie de quatre personnages, trois femmes et un homme,Maria, Lahja, Kaarina, Onni , sur un siècle complet (1895-1996 ). Un monde de femmes, où la place de l'homme est plus qu'incertaine ("se résumera-t-il à être un bibelot pour prouver que son propriétaire a tout réussi ?").

Deux portraits de femmes seules, indépendantes financièrement grâce à leur métier, de surcroît filles-mères dans la Finlande fin XIX éme , première moitié XX éme siècle , situation sociale des moins faciles.
Un troisième portrait de femme, forte, dans un passé plus récent, mariée, cohabitant avec la belle-mère, situation des moins idéales.
Quand à la figure de l'homme de la dernière partie, il est supposé être l'intrigue de l'histoire, la boîte de Pandore.....

Une structure intéressante.
Quatre personnages, quatre parties. Chaque partie contient de courts chapitres. Chaque chapitre se suit linéairement à interval de plusieurs années ( pas toujours facile à suivre) avec des titres de rues et chemins ( dont je n'ai pas compris tout à fait les sens par rapport aux textes des chapitres correspondants ) qu'on suivrait comme une carte routière pour arriver à destination, " là où se croisent quatre chemins ". Au final, malgré les sauts dans le temps et la brièveté des chapitres, l'auteur réussit à nous faire voir la situation dans son ensemble, sans qu'on perde le fil de l'histoire. Ce qui n'est pas évident vu qu'avec une économie de détails, chaque chapitre ne raconte qu'une seule épisode de l'année concernée.

Mais l'histoire dans l'ensemble est lourde, une atmosphère glaciale rappelant celle des films d' Aki Kaurismäki. Le fond de l'histoire n'a rien de particulier, l'intrigue supposée est bien mince et nous est révélée bien que discrètement, assez tôt, et la dernière partie est trop longue et étouffante.

Donc avis mitigé.
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Voici une saga familiale qui nous emporte au nord de la Finlande, au coeur de la taïga, un roman glacé , comme les paysages.....dans un village perdu où vont se nouer les destins de quatre personnages, quatre voix,(surtout de femmes), de 1895 à 1996, celles de Maria, sa fille Lahja, sa belle-fille Kaarina, Onni le mari de Lahja....
Le récit s'ouvre sur une plongée magistrale dans la vie de Maria, une personne qui désire être indépendante financièrement .
Elle s'établit comme sage- femme, dans des conditions très difficiles , l'exercice de ce métier , à l'époque, était trés rude.
Elle élève sa fille seule .....
Au contraire, sa fille Lahja, cherchera à s'affirmer en réalisant son rêve de toujours : fonder un foyer....
Onni, bon père, très présent pour ses enfants, cache un lourd secret qui compromet toute promesse de bonheur....
C'est Kaarina, leur belle-fille qui fera tomber silences, non-dits, transmis de génération en génération...
Voyage temporel et géographique, cette fresque intimiste complexe dresse un portrait saisissant de la société finlandaise au XX° siècle : rudesse, lutte contre la misère, influence très forte de la religion, Onni, le père relie tous les autres personnages....avec ses silences, ses secrets , sa honte ,ses fêlures..
La construction est déconcertante .
On saute à chaque fois plusieurs années au fil des chapitres et l'on s'y perd un peu ...
Scènes , coups bas, disputes, mesquineries jalonnent ce récit mystérieux, hanté par la peur, les préjugés, les remords, l'incompréhension, le désarroi, les tourments dissimulés, inavoués , un récit traversé par la guerre, l'exil, les naissances et les changements .
Un puzzle complexe tissé de situations minuscules à travers les péripéties d'une famille , sans compassion, ni fioritures .
Certains personnages sont antipathiques ....
Un roman à la fois froid et étouffant au climat lourd , même si l'on passe un bon moment ....
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Histoire d'une famille finlandaise qui s'ouvre en 1895 pour se refermer en 1996.

Là où se croisent quatre chemins, comme autant de portes entrouvertes sur les couloirs de vie des personnages de cette famille.
On s'engouffre dans ce labyrinthe d'instants du quotidien, traversés par la guerre, l'exil, les naissances, où les époques et les voix s'entremêlent, pour nous déstabiliser.

Les bribes du passé sont comme des flashs. Intenses, colorés, gris ou bleus.
Il faut être patient. Attendre d'avoir tous les morceaux pour tenter de les recoller, de comprendre ce que Maria, Lahja, Kaarina et Onni nous ont raconté. Chacun avec ses mots, ses émotions, ses secrets. Mais souvent aussi sans les mots. Les gestes seuls nous en disent long.

Des phrases courtes, des dialogues qui semblent flotter, on attend la suite, mais rien ne vient. Ils sont taiseux.
Des mots enfoncés comme des coups de marteau.
Une histoire familiale qui se construit comme une maison, ajoutant des planches pour construire de nouvelles pièces, ouvrant sur des portes qui sentent la solitude, le froid, la peur.
On s'y perd comme dans un labyrinthe. On marche en aveugle en se tenant aux cloisons. On a le vertige en grimpant jusque dans les hauteurs.

On a presque envie, une fois la dernière page tournée, de reprendre la lecture, pour se sentir moins oppressé, moins perdu, dans ces couloirs froids et noirs, cette fois-ci avec une bougie.

Saga familiale, histoire de femmes, et d'un homme qui voudrait « être différent, ou bien pareil, mais ailleurs », dans cette taïga finlandaise si austère et si grandiose.
Je remercie Babelio et les Éditions Albin Michel pour ce roman à la plume étonnante.
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1895-1996. Dans un village du Nord de la Finlande, Maria, Lahja, Onni et Kaarina tentent de survivre. Survivre aux hivers rigoureux, à la guerre, aux médisances, au poids de l'Eglise, au temps qui passe et aux secrets qui les empêchent d'avancer, de toucher le bonheur. du temps où Maria, sage-femme indépendante, mère célibataire, aborde le XXè siècle en se battant contre les préjugés, l'absence de contraception, les morts en couches à l'époque de Kaarina qui découvre les silences et dénoue les non-dits de sa belle-famille, s'étalent 100 ans d'heurs et de malheurs pour cette famille et son village perdu dans la taïga.

Quatre voix, celle de Maria, de sa fille Lahja, de son gendre Onni et de Kaarina, la femme de son petit-fils. Maria, donc, l'indépendante, la féministe avant l'heure, qui en remontre aux matrones et aux maîtres de maison, qui n'hésite pas à dire ce qu'elle pense aux hommes qui engrossent leurs épouses sans fin, qui n'a pas peur des sermons des bien-pensants et qui n'a certainement pas besoin de partager la vie d'un homme. Sa fille Lahja est toute autre. Après une enfant née hors mariage, elle s'unit à Onni, un homme bien, un bon père pour Anna, l'aînée et les deux suivants. Lahja a besoin d'une épaule masculine sur laquelle se reposer. Mais ses rêves de bonheur se heurtent à la culpabilité d'Onni qui cache un lourd secret. Car Onni n'est pas un homme comme les autres. Il a beau faire de son mieux, être présent pour ses enfants, bâtir pour sa famille la plus grande et la plus haute maison du village, au fond de son coeur, il sait que c'est un rôle qu'il joue, qu'il n'est pas pleinement lui-même en mari et père. Et puis, il y a Kaarina qui en épousant son fils doit aussi partager la vie de Lahja, une Lahja mauvaise, aigrie, qui fait le vide autour d'elle. Les disputes, les scènes, les coups bas sont le quotidien des deux femmes qui finissent par créer un lien au delà des rancoeurs.
Une écriture sobre, fragmentaire, des ellipses dans la narration, et pourtant une belle fluidité. Des évènements décrits différemment selon la personne qui les raconte mais qui donne une belle vue d'ensemble. On pense un peu à Herbjørg Wassmo, à ces grandes sagas familiales du Nord avec ces gens rudes, ces taiseux qui luttent contre les éléments, contre la misère, contre Dieu lui-même. C'est un grand et beau roman aux personnages forts.

Un grand merci à Babelio et aux éditions Albin Michel.
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Nous voilà embarqués dans une saga familiale en Finlande, entre 1895 et 1996.
Tour à tour, nous allons suivre quatre personnages.

Maria s'établit comme sage-femme à la fin du XIXe siècle, au nord de la Finlande, les conditions d'exercice de son métier sont difficiles d'autant qu'elle est une femme libre : elle choisit d'élever seule sa fille Lahja.

Devenue adulte, cette dernière aspire à une vie différente : elle souhaite se marier pour fonder une famille, la deuxième guerre mondiale viendra bousculer ses rêves d'harmonie.

Sa belle-fille Kaarina occupe la troisième partie et enfin Onni, le mari de Lahja qui est probablement le personnage principal de ce roman, avec ses secrets et ses fêlures.

Les ingrédients restent classiques. Au menu, des scénarios de répétition : Maria a un enfant qu'elle élève seule fièrement, Lahja a aussi un premier enfant sans père ; des secrets de famille : Maria reçoit des courriers et les range entre deux piles de linge sans les lire, Onni part régulièrement à la ville sans donner le détail de son séjour, il reçoit aussi des lettres…
C'est la belle-fille Kaarina qui va dénouer les secrets et mieux comprendre la lourdeur de l'atmosphère de la maison familiale dans laquelle tous vivent plus ou moins entassés.

Si la recette du roman polyphonique n'est pas neuve, l'auteur parvient à donner de la consistance à tous ses personnages et à insuffler une âme à ce livre. Il nous propose un récit intimiste, crée une véritable ambiance feutrée et tisse surtout une intrigue dense qu'on ne lâche pas et qui se lit comme une saga.

J'ai été gênée cependant par une chronologie bousculée m'obligeant à revenir en tête de chapitre pour me repérer dans l'espace-temps. Malgré cela ce fut une très belle lecture.

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Citations et extraits (22) Voir plus Ajouter une citation
" Les bouleaux avaient déjà pris des teintes jaunes et les branches des myrtilles étincelaient de rouge. Cette année arbres et buissons se pareraient peut-être en même temps des couleurs de l'automne, et la nature entiére fêterait son arrivée revêtue de ses atours les plus chaleureux .
Cela n'arrivait pas toujours, tantôt les feuilles étaient déjà tombées quand les buissons commençaient à changer, tantôt les arbres brillaient de tous leurs feux, mais la végétation brunissait sous la pourriture. .....
Les uns et les autres se trouvaient rarement en couleurs au même moment .

Quand cela arrivait, on s'en souvenait longtemps" ........
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Maria est bien contente de ne pas s’être attaché un mari, même si elle a voulu son enfant, bien sûr. L’idée que quelqu’un la commande la faisait frémir. Qu’un gras du bide lui grimpe dessus quand il en aurait envie, et le reste du temps lui dise quoi faire et comment.
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Maria pense que la vie est un bâtiment, une grande maison qui possède maintes chambres et salles, toutes dotées de portes nombreuses. Chacun choisit son chemin, traverse cuisines et vérandas, cherche dans les vestibules de nouveaux passages, et il n'y a pas de bonne ou de mauvaise porte, ce ne sont que des portes. D'aucuns parfois s'avisent qu'ils sont arrivés en des lieux bien différents de ceux où ils prévoyaient de se rendre.
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Onni grimpe sur la pile de planches et monte sur le toit.
La cadence revient vite. Un coup - deux - trois - nouveau clou - un coup - deux - trois - déplacement. Comme si ses idées s'étaient envolées, comme s'il ne restait plus qu'un homme au travail et le travail de cet homme. Le monde entier n'est plus qu'une béance blanche balayée par la bise et un toit en construction. Rien d'autre que la table d'un marteau et la tête de clous avides de ses coups. Tout ce qui importe, c'est de savoir si le clou va s'enfoncer en deux coups ou en trois, rien d'autre. Onni ne voit ni le soleil livide, ni le vent, ni la neige fraîche.
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Et rien ne soude comme la peur de mourir. Quand vous êtes allongés ensemble dans un trou d’obus et que vous entendez monter le cri d’attaque de l’ennemi. Quand, au beau milieu d’un marais, vous voyez une centaine d’hommes se lever ensemble sur la lande en face de vous et lancer la contre-attaque. Quand vous voyez sauter l’arrière du crâne du fiancé de votre voisin Marjatta et que sa cervelle est projetée sur les bouleaux nains et les buissons d’airelles. Quand vous sentez sous le feu roulant votre merde couler le long de vos cuisses. Quand tout vous est indifférent. Quand vous ne voyez plus rien. À l’intérieur de chaque homme il y a tant de cris prisonniers.
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