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Louis Fabulet (Autre)Robert d' Humières (Autre)
EAN : 9782070368594
240 pages
Gallimard (08/12/1976)
3.33/5   15 notes
Résumé :
Considérée comme l'une des meilleures nouvelles de l'auteur de Kim et du Livre de la Jungle, Les Bâtisseurs de ponts met en scène la confrontation de l'ingénieur Findlayson, héraut de la civilisation occidentale, avec les réalités insondables de l'Inde. L'idéal victorien se voit réduit à de dimensions bien dérisoires, et toutes les idées reçues sur l'adhésion supposée pleine et entière de Kipling aux idéaux de l'Empire britannique volent en éclats.
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Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
Chacun de nous a son petit panthéon des livres qui l'ont marqué, et j'aime puiser dans le mien pour mes critiques multiples de cent. Pour la trois-centième, j'en appelle à Kipling ! J'ai toujours aimé ses nouvelles indiennes, mais ce recueil-ci comporte peut-être les plus abouties. Comme toujours, on peut les classer en trois catégories : celles qui ne parlent que des indigènes, celles qui ne parlent que des européens, et celles qui traitent de la complexité des rencontres entre les deux.

Les européens, avec leur technologie et leurs infrastructures, n'hésitent pas à mettre leurs grands pieds et leurs piles de ponts dans le lit sacré du Gange. Furieux, celui-ci a déchainé toute la puissance de sa crue… Mais le pont a tenu ! Perplexes, les dieux se demandent que faire. Kali, comme toujours, veut tuer. Ganesh constate que, grâce à ces ponts et ces chemins de fer, ses marchands sont de plus en plus gras et lui brûlent toujours plus d'encens. Hanuman s'amuse de leurs efforts. Bairon, le dieu des populaces, est ivre. Mais il manque encore Krishna le bien-aimé, le prince-berger, le dieu des amoureux…

Dans d'autres nouvelles, la rencontre entre les deux mondes est terrifiante. Comme pour cet homme qui met un éperon dans son lit la nuit, car s'il s'endort quelque chose l'attend dans ses rêves… Mais même la réalité prosaïque peut être éprouvante. Quand les famines se propagent, comptables et ingénieurs du service des eaux se retrouvent à mener des chariots de grains à des milliers de squelettes humains, puis à les ramener chargés d'enfants abandonnés. C'est que l'Inde est dure, comme vous le dirait Petit Toobrah, orphelin abandonné par son frère ainé, qui a poussé leur petite soeur aveugle dans un puit car cela valait mieux pour elle que de mourir de faim…

Mais parfois aussi l'amour s'en mêle, empruntant les chemins les plus tordus et les plus tortueux jusqu'aux petites villes de garnison où l'on tue le temps à coup de polo et d'exercices militaires. Parfois il ramènera un jeune officier vers les rivages verdoyants de la Vieille Angleterre, parfois il fixera dans quelque village du Ladakh un irlandais teigneux, qui engendrera toute une lignée de petits tibétains roux au caractère joyeux et rebelle.

Histoires d'européens qui ne connaissaient que leur cher Yorkshire ou Surrey, brutalement transplantés et saisis par l'immensité et la diversité de cette Inde brûlante et multiforme. La politique n'est pas leur fait. Ils construisent leurs ponts ou leurs canaux, et essayent de s'adapter au monde qui les entoure.
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"Les Bâtisseurs de Ponts", De Rudyard Kipling est un court récit remarquable, de par le caractère expressif de l'écriture de l'auteur de "Kim" et des "Histoires comme ça". Il a le don de faire surgir devant nous, à l'aide de son écriture imagée, une Inde peut-être rêvée, une Inde qui n'est sans doute qu'une fable qu'il a inventé pour cette manière de conte et, grâce à cette Inde, il nous fait rêver, rêver à une Inde imaginaire et à des aventures imaginaires…
Il a le don typiquement anglais, le don des Stevenson, des Emily Brontë, des Virginia Woolf, pour faire surgir soudain des images, dans des récits haletants, passionnants, plein d'idées et de rebondissements.
Excellent !...
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Ces nouvelles de Kipling confirment qu'il est bien l'écrivain de l'Inde britannique, la confrontation des hommes venus de l'Angleterre avec ce pays plus qu'étranger est son horizon.
A le lire on comprend qu'autrefois on parlait à juste titre des Indes ce qui correspond mieux à la réalité de ce territoire immense et tellement divers.
Même s'il le fait avec subtilité, s'il ne cache pas leurs faiblesses, Kipling écrit à la gloire de ces anglais qui cherchent à construire, qui luttent pour que la vie soit moins dure sinon moins injuste. Ils érigent des ponts réels ou symboliques entre deux civilisations que tout sépare.
La première et magnifique nouvelle "Les bâtisseurs de ponts" donne la clé de l'ouvrage : le pont construit par les anglais va t'il résister à la colère de la rivière en crue ? L'anglais rationnel n'a rien à opposer aux éléments, les indiens eux prient les Dieux qui vont tenir conseil et devoir arbitrer entre le respect envers la nature et les forces du progrès. On a là le symbole du modernisme occidental confronté au divin, les forces de l'esprit contre les plans des architectes.

Au passage Kipling montre sa grande connaissance de la mythologie de l'Inde et de sa Pensée, on peut lui reprocher de montrer les hommes du pays sous un jour peu favorable, ils sont souvent fatalistes, sans volonté ou bien opportunistes par opposition aux britanniques qui semblent poussés par des valeurs qui les forcent à se dépasser.
Au fond on pourrait dire que dans ces nouvelles Kipling aime plus l'Inde que les Indiens, ce qui n'enlève rien à leur grandes qualités et la force d'évocation qui s'en dégage.
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Citations et extraits (5) Ajouter une citation
- Fils du ciel, en ma pauvre opinion, celui qui fut mon maître est descendu aux Pays Sombres, et là fut pris pour n'avoir pas pu échapper avec assez de rapidité. Nous avons l'éperon pour preuve qu'il a lutté contre la Crainte. J'ai vu faire de même à des hommes de ma race avec des épines quand on leur avait jeté un charme pour les surprendre pendant leur sommeil et qu'ils n'osaient pas dormir.
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Une crocodile femelle - le Mugger du Gange, au nez camus, qui hante les gués - rampa dans la boue jusque devant les bêtes, en faisant siffler furieusement sa queue de droite et de gauche.
- Ils l'ont fait trop solide pour moi. De toute la nuit, je n'ai arraché qu'une poignée de planches. Les murs tiennent ! Les tours tiennent ! Ils ont enchainé ma crue et mon fleuve n'est plus libre. O immortels, levez ce joug ! Rendez-moi mon flot libre de rive à rive ! C'est moi, Gunga, la Mère, qui parle. Justice des dieux ! J'invoque la justice des dieux !
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Pour nous, s'il est un ciel et s'il est un enfer
Le second est trop loin et le premier trop cher.
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Enfin, par une aube aride et chaude, en un pays de mort éclairé par de longs feux rouges, des feux de traverses de chemin de fer sur lesquels on brûlait des cadavres, ils arrivèrent à destination et furent reçus par Jim Hawkins, le chef de la famine, non rasé, non lavé, mais de bonne humeur et incontestablement maitre de la situation.
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D'autres ombres allaient et venaient en arrière du cercle, parmi lesquelles un homme ivre qui brandissait un épieu et un flacon. Alors un beuglement rauque s'éleva de terre :

— La crue diminue déjà, prononça-t-il. Heure par heure l'eau tombe, leur pont tient encore !

« Mon pont, se dit Findlayson à lui-même. Ce doit être une bien vieille histoire à présent. Qu'est-ce que les dieux ont à faire avec mon pont ? »
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Quel roman d'apprentissage, devenu un classique, mêle à la fois la critique du colonialisme et l'éloge de l'éducation ? Par l'auteur du « Livre de la jungle » ?...
« Kim », De Rudyard Kipling, c'est à lire en poche chez Folio.
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