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EAN : 9782365775687
192 pages
Urban Comics Editions (07/11/2014)
4.17/5   6 notes
Résumé :
Petit employé de bureau sans importance, Otto Ordinaire devient le champion de l'Agence Globale pour la Paix lorsqu'il est modifié en O.M.A.C. : ORGANISME MÉTAMORPHOSÉ en ARMÉE CONDENSÉE, guerrier redoutable et dernier espoir d'un futur déshumanisé.
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Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
Ce recueil regroupe les 8 épisodes de la série (arrêtée brutalement faute de ventes suffisantes), parus en 1974/1975. Jack Kirby réalise tous les scénarios et les dessins. L'encrage est assuré par Mike Royer pour les épisodes 1 et 8 ; les épisodes 2 à 7 sont encrés par Bruce Berry.

Dans un futur proche, une organisation mondiale (Global Peace Agency, en abrégé GPA) a établi la paix à l'échelle de la planète. Les armées sont proscrites sur Terre. Les agents de a GPA n'utilisent que des armes défensives. Pour toutes les opérations de police requérant l'usage de la force ou d'armes, la GPA fait intervenir OMAC (One Man Army Corps, en VO). Il s'agit d'un être surhumain qui est assisté par une intelligence artificielle logée dans un satellite en orbite autour de la Terre et dénommé Brother Eye.

Le premier épisode est consacré à l'origine d'OMAC, comment Buddy Blank, un petit employé de bureau, est devenu ce soldat exceptionnel. Par la suite OMAC est dépêché sur des missions impliquant une résurgence du crime organisé, un dictateur ayant organisé une armée illégale, un trafic d'organes à grande échelle, et un vol à grande échelle des ressources en eau de la planète.

Il s'agit donc d'une série de science-fiction de Jack Kirby, avec un parfum de superhéros lié au costume d'OMAC et à sa force gigantesque. Toutefois les situations conflictuelles imaginées par Kirby prennent avant tout leur source dans l'anticipation et une projection des risques éthiques générés par les avancées scientifiques. Dès la première page, Jack Kirby le scénariste et Jack Kirby le dessinateur en donnent pour leur argent aux lecteurs. Cette image de femme encadrée par ses 2 jambes nues forme une composition aussi troublante que dérangeante et étonnement sensuelle.

Le trafic d'organe propose également une forte probabilité de dérive des applications scientifiques et génétiques au profit de la couche de population qui dispose des plus forts revenus. le scénariste joue le jeu de l'anticipation pour aborder des thématiques qui restent encore d'actualité de nos jours.

La série reprend des codes de superhéros : les conflits réglés par la force physique, le héros courageux et désintéressé (presque dépourvu de personnalité après son remodelage en OMAC), les criminels commettant des actes définitivement répréhensibles, etc. Kirby utilise également Brother Eye à la manière d'un deus ex machina, un peu trop voyant. D'un coté il y a cette superbe idée de placer l'intelligence artificielle comme un oeil ayant vu sur la terre entière (l'oeil de Dieu). de l'autre il s'en sert pour donner plus de pouvoir à OMAC ou pour envoyer un rayon destructeur afin de faire basculer le rapport des forces en présence et de donner la victoire facilement à OMAC. Il y a également quelques passages dans lesquels les principes de base de la science sont accommodés à la sauce comics pour les besoins de l'intrigue.

Coté graphique, Jack Kirby est en grande forme. Les scénarios donnent l'impression qu'il peut enfin parler de choses qui lui tiennent à coeur, les dessins possèdent l'énergie légendaire du King, avec des scènes inventives et marquantes. Outre cette première pleine page d'une totale étrangeté, le lecteur retrouve la capacité de Kirby à aller vers l'épure, et même vers l'abstraction. Pour l'épure, il y a cet oeil artificiel en orbite qui flotte tel un disque géométrique au milieu d'énergies cosmiques impossibles. Kirby ne représente pas la réalité, il l'interprète, il la transforme en une source de merveilleux.

Brother Eye a droit à une double page dans l'épisode 4 qui exprime à la fois la naïveté du concept (des rayons d'énergie multi-usage transmis à OMAC sur terre, une myriade de corps spatiaux impossibles (de simples ronds de couleurs), et à la fois l'essence même de cette présence omnipotente. L'arrière plan cosmique se transforme en un tableau d'art abstrait exprimant l'idée du vide spatiale et des merveilles inconnues qu'il recèle. Et du coup Brother Eye apparaît pour ce qu'il est : un deus ex machina, l'incarnation même du créateur Jack Kirby dans son comics. Cette façon de dessiner les décors comme un élément pictural renforçant l'ambiance, débarrassé de toute obligation de réalisme (une spécialité de Kirby) imprègne les premiers épisodes et se généralise à partir de l'épisode 6 pour des pages magnifiques où la technologie d'anticipation, mais aussi les murs de maçonnerie, les bâtiments, les armes futuristes sont habitées par une vision conceptuelle suggérant qu'une dimension inconnue et ancienne est là sous nos yeux. L'environnement regorge de points de passage vers cet ailleurs.

Ce mode de représentation qui accentue les figures géométriques et les ombrages déconnectés des sources de lumière va jusqu'à transfigurer la nature également : une double page hallucinée des fonds sous-marins privé d'eau dans l'épisode 7. Pour le plus grand plaisir du lecteur, Bruce Berry encre de manière respectueuse les crayonnés de Kirby (il y a quelques pages crayonnées sans encrage dans le volume, en plus des épisodes), même s'il manque un peu de sensibilité. Les 2 épisodes (1 & 8) encrés par Mike Royer sont parfaits : il parachève les dessins de Kirby en respectant ses traits et en les épurant discrètement.

Bien sûr cette manière de transformer les décors en composants artistiques proches de l'abstraction n'est pas spécifique à la série OMAC, il est possible de l'observer dans d'autres séries de Kirby. Mais ce tome en contient un exemple remarquable. Cette approche graphique plus sophistiquée qu'il n'y paraît (peu de dessinateurs de comics maîtrisent cette technique d'abstraction) est encore renforcée par une imagination visuelle exceptionnelle.

Jack Kirby (le scénariste) concocte des situations à fort potentiel visuel, magnifiées par Jack Kirby le dessinateur : ces femmes objets à monter soi même, des mannequins à tabasser pour employés de bureau stressés, 2 tueurs costumés pour mardi gras, un monstre fantasmagorique dans une réalité virtuelle (double page inoubliable, avec une texture à mi-chemin entre la peau et la pierre), un camion démesuré porte-hélicoptères, une batterie de tank congelés, des coelacanthes antédiluviens, etc. L'imagination de Kirby ne connaît aucune limite et il marie avec brio une anticipation perspicace avec des archétypes jungiens.

Malheureusement OMAC s'est arrêté en cours d'histoire et il aurait fallu un épisode pour boucler la dernière intrigue. Toutefois, ne vous laissez pas arrêter par ce détail de peu d'importance au regard du plaisir exceptionnel de lecture que procure cette oeuvre d'anticipation adulte, aux illustrations en prise directe avec une réalité fantastique, ce qui fait facilement oublier quelques facilités naïves du scénario.
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Prenant place dans la galerie des super-héros de comics, OMAC est le "One-man Army Corps", garant de la paix dans le monde. Jack Kirby imagine ce personnage en 1974 et dont il dessine 8 aventures. OMAC évolue dans un monde futuriste où les armées n'existent plus et où le progrès contente, en théorie, tous les besoins de l'homme. Mais des menaces subsistent, terrifiantes. OMAC, lui-même produit de la science, est le bras armé de l'Agence planétaire pour la paix (APP).

Urban Comics édite en un seul volume - beau et bien documenté, comme d'habitude - ces albums. On y découvre les origines d'OMAC : un homme simple, Otto Ordinaire (Buddy Blank en anglais) métamorphosé en arme de guerre par le professeur Forrest et sa création, un satellite intelligent en orbite au-dessus de la Terre, L Oeil. Les aventures s'enchaînent, démontrant sans cesse la force et la résistance surhumaines d'OMAC, doué également d'une agilité hors-norme et protégé par l'Oeil, sorte de divinité d'un nouveau genre. Faisant face à la pègre internationale, au trafic d'êtres humains, à un général criminel de guerre et même à un voleur d'océans, OMAC est le sauveur d'un "monde qui vient" et qui, il faut le dire, rebute quelque peu.

Les rapports humains sont déterminés par la technologie et la rationalité - ainsi les parents adoptifs que l'on attribue à OMAC, ainsi les membres de l'APP ont le visage masqué pour, paradoxalement, représenter l'humanité - et la technologie permet aux pires criminels de menacer l'humanité : ainsi le professeur Skuba emprisonne l'eau dans le but de la revendre à des hommes assoiffés, ainsi la Cabale du Crime kidnappe des jeunes gens pour prendre littéralement possession de leurs corps. Les thèmes développés par Kirby sont certes des thèmes classiques de la science-fiction mais le trait de Kirby leur donne une densité nouvelle. de manière générale, le dessin de Kirby ravit également pour l'expression des visages, les grandes doubles pages densément remplies, la vie des scènes de combat. Evidemment, on pourra s'agacer des facilités narratives usées par le maître du comics - notamment le début quand Otto Ordinaire devient, sans coup férir, le redoutable OMAC - et de la naïveté de certains dialogues mais ce serait faire fi du contexte d'écriture : tant l'époque d'écriture que le rythme effréné auquel Kirby sortait ses histoires expliquent ces menus défauts.

S.F. sombre, super-héros a priori invincible, OMAC est un petit condensé de comics.
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« O.M.A.C » est une belle surprise et un superbe projet assez méconnu, né de l'imagination fertile de Jack Kirby qui impose sa vision du future et son style puissant et grossier dans des aventures toutes plus extraordinaires les unes que les autres.

Omac est une sorte de Captain america du futur, affublé d'une crête d'iroquois à la Gladiator/Savage dragon, doté d'une mâchoire carrée et d'une musculature d'athlète.

Face aux militaires, criminels ou savants fous usant de technologies pour menacer l'ordre mondial, ce héros relié à un Oeil ange gardien, livre des batailles titanesques déroulées sur un rythme d'enfer.

Certes les intrigues sont simplistes, les personnages assez caricaturaux mais Omac demeure un héros attachant, courageux et affublé de nobles idéaux.

Alors un nouveau grand coup de chapeau pour le génie créateur de Kirby !
Lien : https://lediscoursdharnois.b..
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critiques presse (4)
Telerama
25 mars 2015
Souffle épique et impact visuel garantis !
Lire la critique sur le site : Telerama
BullesEtOnomatopees
11 décembre 2014
Ce volume compile les 8 épisodes de la série O.M.A.C. publiée en 1974 et 1974, dans laquelle Jack Kirby laisse libre cours à son imagination débridée. [...] Avec son trait plein de force et d’énergie, ces aventures parfois certes un peu naïves, sont toujours distrayantes et présentent en filigrane une réflexion sur la science, ses bienfaits mais aussi ses dangers.
Lire la critique sur le site : BullesEtOnomatopees
ActuaBD
17 novembre 2014
Une lecture vivement conseillée, avant de retrouver le roi en janvier, pour le début de la publication de l’intégrale du légendaire Quatrième Monde !
Lire la critique sur le site : ActuaBD
Sceneario
27 octobre 2014
C'est incroyable de modernité et d'audace, un monde qui rappelle 1984, qui renvoie vers les bases du comics de super-héros (le bien contre le mal) tout en produisant quelque chose bourré de potentiel ! J'avoue que cette lecture fut vraiment enthousiasmante et m'a redonné la foi pour cet artiste !
Lire la critique sur le site : Sceneario
Citations et extraits (1) Ajouter une citation
Petit employé de bureau sans importance, Otto Ordinaire devient le champion de l'Agence Globale pour la Paix lorsqu'il est modifié en O.M.A.C.: ORGANISME MÉTAMORPHOSÉ en ARMÉE CONDENSÉE, guerrier redoutable et dernier espoir d'un futur déshumanisé.
Cet album inédit rassemble pour la première fois l'intégralité de l'étonnante et subversive série de Jack Kirby, le roi des comics.
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Videos de Jack Kirby (6) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Jack Kirby
La brillantez que genera la obra de los grandes artistas los aísla en una genialidad aparentemente solitaria. Pero esto no es así. Todos ellos llegaron a su arte admirando, a veces copiando, la obra de sus predecesores antes de emprender su propio camino. Escuchar a los artistas hablar de sus predecesores, que han tenido un profundo impacto en ellos, es una buena manera de hacerse una idea de su cultura gráfica. Aquí proponemos descubrir una generación de artistas a través de los ojos de la siguiente. Tomando prestado el título de uno de los primeros libros de PLG, Anabel Colazo, Kim y Paco Roca nos hablarán cada uno de los autores que les iniciaron en el cómic, y que les han acompañado. Y nos mostrarán las imágenes.
Nos cruzaremos con Dan Barry (más que con Alex Raymond), Harold Foster, Frank Robbins, los ilustradores de Mad, Richard Corben, la pandilla de El Juves, Tardi, Peyo, Kasumi Yasuda, Vittorio Giardino, Ambros, Francisco Ibáñez, Albert Uderzo, Jack Kirby, Moebius, Bruce Tim, Jaime Hernández, Hayao Miyazaki, además de películas, series, novelas y videojuegos...
Los tres artistas pertenecen a generaciones diferentes, pero, por supuesto, tienen distintas fuentes de inspiración, lo que da lugar a una interesante confrontación. La conversación, iniciada durante las mesas redondas de SoBD 2023, está dirigida por Manuel Barrero.
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