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Le tome précédent a rebattu les cartes et indiqué clairement la direction : il n'y aura plus de certitudes, tout pourra être remis en cause à n'importe quel moment, les plans prévus, non seulement ne se dérouleront pas sans accroc (ça c'est la base de la plupart des histoire) mais n'aboutiront tout simplement pas du tout !

Dans ce tome on continue à ajouter une communauté, un chef déjà introduit en fin de tome précédent, Ezechiel. Nous qui étions habitué à des face à face entre Rick et un méchant face à lui, on se retrouve avec plusieurs chefs... même s'il reste a priori un ennemi commun. Mais Rick est confronté à des "chefs" présentant tous certains troubles de la personnalité, certains défauts criants, qu'ils soient classés parmi les "gentils" ou les "méchants". Et du coup en effet miroir, il ne peut que se demander, et nous avec lui, s'il n'est pas lui aussi un peu dérangé (on avait quand même déjà des doutes sérieux depuis le tome où il parlait dans un téléphone pas branché...).

Rick en est arrivé au point critique où, quand on se compare, on se console... On est pas sûr d'être sain d'esprit (mais comment le rester dans un tel contexte) mais les autres ne cessent de vous répéter que vous êtes le moins taré de tous... même s'il y a toujours plus ou moins de doutes exprimés, même chez les amis les plus anciens.

Au delà de Rick, il est intéressant justement de voir évoluer ces personnages qu'on suit depuis les tout premiers tome: son fils Carl, le trio féminin Andrea, Michonne, Maggie, qui doivent se positionner dans le choix de comment elle souhaitent bâtir leur avenir de femme dans ce monde de violence où la force masculiniste est plus que jamais triomphante. le reste des personnages secondaires qui auraient pu prendre de l'importance sont tout de même plutôt relegués en arrière par le trio des "chefs", Gregory Le trouillard libidineux, Ezequiel le mégalomane secondé par son titre... et Negan le taré fini, l'imprévisible, celui qu'on aime détester. En marge, le personnage de Jesus a tout d'un futur premier rôle, on est soulagés que Rick trouve un nouvel allié rassurant et efficace !

Graphiquement, on sent qu'Adlard s'en donne à coeur joie sur les blessures bien détaillées infligées aux différents protagonistes. Il en oublierait presque de dessiner les zombies, étrangement absents de certaines scènes où les coups de feu ont pourtant bien retenti ! La vérité est ailleurs, dans les nombreux gros plans de ces personnages confrontés comme nous à des moments cruciaux face à leurs semblables !
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Le premier des trois tomes VF de Walking Dead de l'année 2014 est arrivé, et ça fait du raffut ! Negan, le nouvel homme fort des communautés de survivants, a dégainé sa Lucille dans le tome précédent, et il s'agit maintenant de panser ses plaies pour certains, de ruminer sa vengeance pour d'autres, de fourbir ses armes pour ceux qui restent.

Chagrins, peine et esprit de revanche, telles sont les ficelles habituellement utilisées par Robert Kirkman pour faire rebondir ses personnages. Cela se confirme avec ce dix-neuvième tome (épisodes 109 à 114 en VO) qui embraye sur un rythme lent et verbeux comme a pu longtemps nous habituer l'auteur. C'est pour nous l'occasion de retrouver des personnages un peu éparpillés entre différentes communautés et entre différents états d'esprit parfois peu compatibles. Une Maggie désemparée, un Rick revanchard, un Carl buté, un Ezechiel jovial, une Michonne incomprise : la galerie de personnages est toujours aussi développée et chacun d'eux voit son passé, même furtivement, être reposé intelligemment, que ce soit dans ses regrets ou dans ses projets.
Cette première phase de préparation à l'action future est avant tout magnifiée par les différentes poses clinquantes prises par ces personnages dès qu'ils déblatèrent une réplique cinglante. Ainsi, Charlie Adlard sait magnifier certaines scènes en nous offrant des pleines pages très prenantes, grâce notamment à son art des ombres et lumières et à un jeu subtil sur les yeux des personnages. Attention tout de même, certains seront surpris de voir un changement certain d'apparence concernant Carl, mais il évolue, il grandit, il s'assombrit, il fallait bien appuyer cette progression. Toutefois, ce n'est pas Carl qui fait, ce coup-ci, le sel de l'intrigue principale durant ce tome, mais bien Rick, l'éternel narrateur de cette série au long cours.
En effet, devant l'imminente nécessité de répondre à la violence de Negan et de son groupe, le leader-né de nos chers survivants se lance dans une opération « coup de poing » des plus risquées, qui peut toujours mener aux pires atrocités d'un côté comme de l'autre. Mais alors, et les morts-vivants dans tout cela, me direz-vous ? Ce n'est pas une surprise, ils sont toujours autant une simple toile de fond propice à faire ressortir les plus bas instincts du genre humain, celui des véritables zombies que sont les survivants. Dans ce tome-ci, c'en est tellement flagrant que ces créatures n'apparaissent en tout et pour tout qu'une seule et unique fois !

Ce (déjà !) dix-neuvième tome engage donc, sous la forme d'une montée notable en adrénaline, la préparation d'une période particulièrement mouvementée pour le groupe de survivants assemblé autour de Rick. le slogan « We're going to war ! » semble raisonner dans toutes les têtes, en bien ou en mal c'est ce qui fait le goût des dialogues, mais dans tous les cas, le sang ne risque pas de s'arrêter de couler. Laissons d'ailleurs le suspens concernant la provenance des tripes qui maculent la couverture...
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"Walking Dead", le phénomène d'édition qui parvient à faire lire un comics violent avec des zombies à un très large lectorat, revient avec ce dix-neuvième tome. le rythme de parution est effréné (trois albums par an), ce qui est mauvais pour le porte-monnaie mais quand on aime, on compte pas.

Et justement, on avait très envie de voir se concrétiser l'affrontement entre le groupe de Rick et l'impitoyable Negan, dont le rictus ensanglanté s'offre en couverture. Kirkman tient en partie ses promesses : pas de digression par rapport à cette intrigue haletante, mais un rythme lent qui laisse un peu sur sa faim.

Le savoir-faire du scénariste n'est plus à démontrer. Il en use pour rendre aussi crédibles que possible les rapports entre ses différents personnages, notamment par un art des dialogues et des silences en plein dans l'air du temps. On peut difficilement faire autre chose que de mordre à l'hameçon : ainsi, on n'a pas pu lâcher ce volume alors qu'on prévoyait d'en lire une petite moitié avant de vaquer à d'autres occupations. C'est bon signe, c'est vrai, mais on aurait aimé que les choses avancent un peu plus. Kirkman maintient "Walking Dead" à un bon niveau d'intensité mais le rythme est un poil trop paresseux mais rien de bien grave.

On lira naturellement la suite, et cet "Ezéchiel" se lit tellement facilement qu'on est admiratif du travail de Kirkman, secondé habilement (enfin !) par Adlard. Mais les tomes s'enchaînent sans qu'on entrevoie un quelconque début de conclusion, au risque de lasser si la série devait confirmer son caractère interminable. Mais ne jouons pas les mauvais augures : pour l'instant, ça reste une série incontournable !
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« Survivre à la mort d'un proche, après un an, c'est un peu comme quand on se cogne un orteil. Ça fait un mal de chien... Et cinq minutes après, on n'y pense plus. » Triste constat que les héros de la série on tous, à un moment ou un autre, eux-mêmes expérimentés, à la plus grande tristesse du lecteur. Il faut dire que dans un monde peuplé de morts-vivants avides de chair fraîche, l'espérance de vie n'est désormais guère élevée. Après dix-neuf tomes on devrait cela dit effectivement commencer à s'habituer à voir disparaître les protagonistes les uns après les autres, ou du moins à les voir survivre à des événements traumatisants. Seulement non, personnellement je ne m'y fais toujours pas. Avec « Ezechiel », Robert Kirkman nous offre sans surprise un album dans la droite lignée des précédents : plein de rebondissements, de tension, d'horreur, mais aussi d'espoir. Alors certes, l'intrigue générale n'avance que très peu (Negan est toujours d'actualité et ses ennemis ne cessent de se multiplier), mais on se prend malgré tout rapidement au jeu, tant on est ravi d'enfin retrouver ces personnages que l'on suit maintenant depuis des années.

Rick, Andréa, Michonne, Carl..., on tremble encore de ce qui pourrait bien leur arriver chaque fois que l'un d'eux se retrouve en situation délicate (et autant dire que par les temps qui courent, on est pas près d'arrêter de s'angoisser !). Il faut dire aussi que Kirkman ne nous a jusqu'à présent que rarement fait de cadeau et nous a appris à ne jamais tenir la sécurité des membres du groupe pour acquise. le suspens est donc toujours là et cumule dans ce dix-neuvième tome lors d'une longue scène d'anthologie qui laissera le lecteur pantelant et ravira sans aucun doute les amateurs de la série. Comme son nom l'indique, cet album est également l'occasion d'en apprendre un peu plus sur le personnage d'Ézéchiel qui avait fait son apparition dans le volume précédent. Petite déception à ce niveau puisque, mis à part une intéressante discussion avec Michonne, le leader du « royaume » demeure aussi énigmatique et difficile à cerner qu'auparavant. du côté des derniers arrivants c'est encore une fois Jésus qui tire son épingle du jeu, en se révélant toujours aussi efficace et prompt à réagir, même s'il peine évidemment à arriver à la cheville de nos survivants d'origine, à commencer par Andréa, pour qui j'ai décidément beaucoup d'affection.

Un dix-neuvième tome encore une fois très réussi, alternant efficacement scènes d'action et moments plus intimes entre les protagonistes. L'album suivant, intitulé « Out of war », promet cela dit d'être beaucoup plus intense puisque l'heure de la confrontation entre Rick et Negan semble avoir enfin sonnée. Une question demeure : ce vingtième tome se révélera t-il aussi tragique qu'« Une vie de souffrance » dans lequel on assistait à l'attaque du fameux Gouverneur ?
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Dans un monde dévasté, les morts-vivants ne sont définitivement plus le principal danger: Négan, incarnation du Mal absolu, cynique, sanguinaire, imprévisible et sans pitié, sème la terreur et la mort partout où il passe.
La guerre se prépare, le Royaume prend parti aux côtés de la bande de Rick et une fois de plus Rick se retrouve dans le rôle du meneur et chef de guerre.
Un tome bien sombre qui présage une suite qui le sera encore plus. Jusqu'où l'Homme est-il prêt à aller pour assurer sa survie ? La guerre est-elle la seule option possible pour préparer un avenir de paix ? L'Homme n'est-il réellement qu'un loup pour l'Homme ?
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J'ai lu ce tome 19 après le tome 20, ce qui ne m'a pas empêché de beaucoup l'apprécier, je l'ai même préféré à sa suite !
Or donc, nous assistons ici aux négociations de Rick auprès des deux autres communautés (la Colline & le Royaume) pour allier leurs forces et attaquer Negan ! La préparation du plan d'attaque doit en outre s'effectuer en parallèle des missions de ravitaillement destinées à alimenter le racket de Negan, ce qui complique un peu la donne.

Rick parti avec ses membres les plus sûrs à la rencontre d'Ezéchiel, Negan arrive à Alexandria avec plusieurs jours d'avance pour le "troc". Il décide de prendre ses quartiers pour la nuit en attendant le retour de Rick, mais quelqu'un de la communauté se propose pour trahir le shérif...

La première partie de ce tome commence en douceur : on assiste à l'intégration de Maggie au sein de la Colline, facilitée par Jesus qui lui présente certains membres incontournables ; on découvre l'organisation et le fonctionnement du Royaume, dirigé par Ezéchiel. À propos de ce dernier, je n'en avais pas une opinion très favorable (il faut dire que je l'avais vraiment découvert à travers le tome 20 qui le révèle comme quelqu'un de pusillanime et de décevant), mais j'ai mieux compris ici sa psychologie et son parcours, et la raison pour laquelle je le trouvais un chouïa trop théâtral... même si je ne suis toujours pas convaincue par la présence du tigre Shiva !

Alors que tout semblait se mettre gentiment en place pour foutre sa dérouillée à Negan, la pression monte de plusieurs crans vers la deuxième partie du tome, quand Negan et Rick ont chacun une réaction imprévisible, remettant en cause le fragile équilibre de leur accord.

La tension est à son comble quand un 2ème retournement de situation vient rapidement remettre en cause le premier. Vous me suivez ?
En tout cas, on se demande comment Rick et les siens vont se sortir de leur méchante posture, on craint également que d'autres membres d'Alexandria ne choisissent la voie de la trahison et ne cèdent aux menaces proférées par Negan.

Bizarrement, on se rend compte malgré tout que ce dernier a un certain sens de l'éthique et accorde une grande importance à la loyauté. Ouais, ça me fait bizarre d'écrire ça mais c'est la stricte vérité ! Ce qui fait qu'il y a une infime part de notre conscience qui nous pousse à éprouver de la pitié pour ce personnage tordu et compliqué... Vivivi, vous avez bien lu !

Bref, le dérapage à Alexandria précipite les choses, que ce soit du côté des méchants comme des gentils... et la suite risque de se révéler sanglante (je connais déjà l'issue de cette guerre mais bon...^^)

Pour conclure, cela faisait longtemps que je n'avais pris autant de plaisir à lire un tome de Walking Dead. La tension monte graduellement en puissance pour exploser sans que l'on s'y attende en des scènes d'une très grande violence, que ce soit du point de vue psychologique comme physique. Carl se révèle de plus en plus comme un dur-à-cuir que rien n'effraie. Et l'on tremble plus d'une fois pour la survie des personnages emblématiques de la saga...

Seul petit bémol : Jesus, que j'adore, se met à délirer d'une manière grandiloquente sur les qualités de chef de Rick qui serait irremplaçable. Mais qu'est-ce qu'ils ont tous à lui vouer un culte ? (cf Maggie dans le tome 20 )
Lien : http://parthenia01.eklablog...
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Ce tome fait suite à Walking Dead, tome 18 : Lucille... (épisodes 103 à 108) qu'il faut avoir lu avant. Dans la mesure où il est régulièrement fait référence à des événements antérieurs, il faut avoir commencé la série par le premier tome. Celui-ci contient les épisodes 109 à 114, initialement parus en 2008, écrits par Robert Kirkman, dessinés et encrés par Charlie Adlard, avec des nuances de gris appliquées par Cliff Rathburn.

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- Attention ce commentaire révèle des points clé du tome précédent. -
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Dans la communauté Hilltop, Maggie Green est en train de se recueillir sur la tombe d'un de ses proches. Elle est abordée par Brianna qui lui explique qu'elle a eu droit à un traitement de faveur car le rituel de cette communauté est plutôt d'incinérer les corps des défunts. Elle évoque l'étrange lien qui lie tous les survivants, à savoir avoir perdu un ou plusieurs proches. Un peu plus tard, Maggie est examinée par le docteur Harlan Carson, et Grégory (le responsable de la colonie Hilltop) pénètre dans la salle d'examen sans égard pour la pudeur ou l'intimité de Maggie. Puis elle rentre chez elle où l'attend Sophia qui lui dit vouloir retourner dans la communauté d'Alexandria parce qu'elle ne veut pas aller à l'école. Maggie découvre également que Paul Monroe s'est introduit en catimini dans son appartement. Il a une mission à lui confier : épier les faits et gestes de Gregory, et éventuellement avertir Kal s'il donne des signes de vouloir contacter Negan.

Après son entretien étonnant avec Ezekiel, Rick Grimes est de retour dans la communauté d'Alexandria. Il commence par expliquer à Andrea ce qui s'est passé, et quel est le plan d'action qui a été arrêté pour passer à l'attaque contre Negan et ses troupes. Il en informe également Carl, car il estime qu'il fait preuve d'assez d'autonomie pour avoir le droit de savoir. Il passe ensuite avertir Michonne qui ne le reçoit pas avec un grand enthousiasme. Il va voir ensuite Olivia la responsable des réserves pour constater qu'il n'y aura jamais assez de produits pour le prochain tribut à verser à Negan. Il se confronte ensuit à Spencer (le fils de Douglas & Regina Monroe) et doit se justifier sur la manière dont il dirige la communauté et ses absences à répétition. À Hilltop, Paul Monroe doit se lancer à la poursuite de Kal. Puis vient le temps pour Rick Grimes et quelques membres triés sur le volet de se rendre au Royaume (une autre communauté) pour rencontrer Ezekiel et son tigre Shiva.

Après la tension insoutenable du tome précédent, le lecteur n'a d'autre choix que de continuer au moins pour ce tome. Il est impossible de résister à l'envie de savoir comment les choses vont dégénérer, car ça ne peut pas bien se passer. le lecteur n'a donc qu'une hâte, celle de savoir ce qui va se passer après. Robert Kirkman a parfaitement su construire et dérouler son intrigue vers une confrontation inéluctable qui peut partir dans n'importe quel sens, où le vent peut tourner à chaque page. le lecteur reconnaît bien les caractéristiques de l'écriture de ce scénariste. Il prend un malin plaisir à faire en sorte que plusieurs personnages prennent des initiatives à des moments clé où tout peut tout basculer, où un mot de travers peut renverser la situation. Alors que Rick Grimes a enfin trouvé l'ouverture qu'il espérait, ainsi que des alliés, les plans les mieux préparés peuvent finir en eau de boudin. le premier individu que Paul Monroe met dans la confidence n'a qu'une hâte, celle d'avertir Negan. Michonne n'a aucune envie de repartir au combat. Bien sûr, Negan lui-même ne respecte pas le planning qu'il a exposé aux communautés qu'il rackette. Tout est fait pour tenir le lecteur sur le rebord de son siège, convaincu que ça va foirer dans les grandes largeurs, mais sans savoir d'où ça viendra.

Quoi que le lecteur puisse penser des tics d'écriture du scénariste, de sa propension à penser qu'il faut expliciter au maximum ce qui se passe, de son recours systématique aux moments choc et aux traumatismes basiques, il est la proie de ce thriller machiavélique. Charlie Adlard n'est pas en reste pour les effets chocs, à commencer par les visages qui peuvent arborer une expression de désespoir accablant, une forme de culpabilité dévorante, une surprise intense, une colère rageuse, ou encore une angoisse irrépressible. Quand la violence s'exprime, elle est aussi visuelle que d'habitude, que ce soit les intestins qui se déversent d'une plaie au couteau, ou le visage tuméfié après une pluie de coups de poing. Souvent les dialogues sont mis en scène à base de plan poitrine sur celui qui parle, pour focaliser l'attention pleine et entière du lecteur dessus, afin d'accentuer l'importance de ce qui est dit, et l'intensité de l'expression.

Le lecteur finit par remarquer que ce tome met en scène un nombre très réduits de zombies, juste une nuisance toujours présente, mais reléguée en second plan, pas si inquiétante que ça. D'un autre côté, tous les personnages subissent les conséquences de l'épidémie de zombie, ne serait-ce que par l'état du monde autour d'eux. En particulier la lutte de pouvoir qui est en train de se jouer découle directement de l'absence de nation constituée, de lois et de structures sociales. Depuis plusieurs tomes, Robert Kirkman a fait passer son intrigue à un autre niveau. D'un côté, il s'agit toujours de suivre les modalités de survie d'un groupe de personnages ; de l'autre côté, il s'agit de voir comment se développent les relations entre plusieurs communautés. de ce point de vue, le thème central de la série reste bien de nature politique. Si le tome 16 avait pu laisser supposer que lesdits liens se développeraient sous une forme commerciale, les tomes suivants avaient bien vite ramené le lecteur à la réalité, en rétablissant un rapport de force, sur la dynamique dominant/dominé. C'est cet état de fait qui conduit les communautés à la guerre.

Ce n'est pas le seul commentaire politique contenu dans ce tome. Dans le précédent, les auteurs avaient présenté Ezekiel, le dirigeant de la communauté se faisant appeler le Royaume. le lecteur avait eu une forte réaction en découvrant l'apparence singulière de ce personnage, encore accentuée par la présence d'un tigre à ses côtés, qu'il tient en laisse. Il apprécie de constater que le dessinateur maîtrise aussi bien l'anatomie de cet animal que celle des chevaux, et que le félin semble crédible. D'un autre côté, il soupire en y voyant une volonté tape-à-l'oeil des auteurs pour en rajouter une couche dans le spectaculaire. le scénariste a beau donner une explication quant à la présence de l'animal et à son comportement, le lecteur reste à moitié convaincu. Par contre, il apprécie la critique effectuée vis-à-vis des différents meneurs. Charlie Adlard montre qu'Ezekiel a une présence formidable, pas seulement du fait de Shiva à ses côtés, mais aussi du fait de sa chevelure, de son accoutrement. Au premier regard, Michonne le prend en grippe du fait de l'image qu'il projette. le lecteur peut lire son dégout sur son visage. Cela finit par déboucher par une discussion un peu hostile entre les deux, au cours de laquelle Ezekiel argumente son choix d'apparence. À nouveau il est question de représentativité pour un individu dont le rôle comprend une forte dimension de représentation publique. Ezekiel a choisi de satisfaire à cette obligation dans le cadre d'une mise en scène.

Quelles que soient ses convictions, le lecteur ressent une réaction face à ce choix de mise en scène de la fonction de dirigeant par Ezekiel, qu'il l'approuve ou non. Forcément il établit le parallèle avec la manière dont le conçoit Rick et dont il le met oeuvre. Lorsque les Sauveurs (des membres masculins de la communauté de Negan) se tournent vers lui pour lui demander comment il va riposter, il se dit que là aussi Negan se doit de répondre par une mise en scène de son pouvoir, parce que c'est ce qu'attendent ses hommes. D'ailleurs depuis 2 tomes, il se pose la question de ce qui relève du caractère de Negan, et de ce qui s'apparente à de la mise en scène dans son comportement. Ce questionnement est entretenu par des éléments visuels, comme la tenue immuable de Negan, presqu'un uniforme, par ses postures très maîtrisées, comme s'il voulait donner l'impression d'un calme intérieur inébranlable.

Le lecteur est un peu pris par surprise quand Kirkman aborde de front la question de l'image projeté par Gregory, le dirigeant de la colonie Hilltop. Adlard en a fait un monsieur un peu falot, pas vraiment négligé, mais qui n'essaye pas de se donner un air, un individu un peu débonnaire, dépourvu d'aura d'autorité. Il se laisse dépasser par l'initiative de Paul Monroe. En s'adressant à Maggie Greene, Brianna le traite d'idiot, mais explique que personne d'autre ne veut de sa place, et donc de ses responsabilités. le lecteur est déstabilisé par un regard si décillé sur cet individu, par la description honnête d'une personne qui se retrouve au pouvoir, sans en avoir les compétences, ou même l'envie, mais accepté par ce qui s'apparente aux citoyens, sans velléité de prendre sa place. Pour un peu, le mode de gouvernance de Gregory apparaît plus participatif que celui de Negan, Ezekiel, ou Rick Grimes. Les auteurs achèvent de brouiller les cartes quand Gregory effectue le même geste qu'Ezekiel pour révéler une blessure au même endroit sur l'abdomen, mais causé par d'autres circonstances. Tout aussi étonnant, Gregory ne semble pas tirer d'avantage personnel de sa position de chef de la communauté, pas même de reconnaissance. Bien sûr ce thème boucle sur Rick Grimes, le personnage principal de la série. C'est Paul Monroe qui s'adresse à lui à la fin du tome, dans une mise en scène bien appuyée, les 2 hommes face-à-face, avec le soleil couchant derrière eux. Il énonce clairement l'une des qualités qui fait de Rick, un meneur hors pair, outre que le fait que lui non plus ne cherche pas l'enrichissement personnel par sa situation.

Ce nouveau tome capture également toute l'attention du lecteur par la présence de Negan. Il y a à nouveau une scène menant vers une utilisation de la batte de baseball Lucille, dans les mêmes conditions que le tome 17 : des individus à genoux à la merci du caprice de Negan, de son humeur du moment, de son comportement sadique et égocentrique. Si la qualité d'un héros s'évalue à l'aune de celle de son ennemi, alors Rick Grimes est l'un des plus grands héros de son époque. Robert Kirkman et Charlie Adlard ont créé un personnage hors norme avec Negan. Bien sûr, le lecteur est fasciné et horrifié par cet individu qui se conduit comme s'il était tout puissant, avec une nonchalance pleine de confiance, et pouvant basculer dans une rage froide destructrice totalement désinhibée. Ses attitudes posées en font un individu très séduisant et rassurant. La soudaineté de ses actions en fait un homme dangereux. Son apparente absence de tout remords (après avoir éventré un membre de la communauté d'Alexandria) en fait un monstre. Cet homme fait preuve d'un sadisme méchant sans une once d'empathie, d'une cruauté perspicace, alliés avec une intelligence pénétrante, et une vivacité de réaction exceptionnelle. le lecteur n'est jamais tenté de cautionner ses actions, mais il ne peut pas s'empêcher de l'admirer pour sa présence d'esprit, les résultats qu'il obtient et son détachement. Il est impossible de ne pas acquiescer quand il déclare qu'il ne veut pas transformer Rick Grimes en martyr en le mettant à mort, car alors ce dernier acquerrait une stature légendaire. Il est impossible de ne pas ressentir le même dégout que lui vis-à-vis de l'opportunisme de Spencer. N'oublions pas que Charlie Adlard lui donne une classe folle en plus, tout en transcrivant à la perfection ses sautes d'humeur et son imprévisibilité.

Le lecteur est donc hypnotisé par la puissance de séduction narrative du récit, entièrement fasciné par les personnages, envouté par la richesse de leur relation et du thème principal, incapable de se détacher du suspense. Il identifie facilement les tics narratifs des auteurs, et dans le même temps il en reconnaît la pertinence et il se laisse aussi surprendre par des passages inattendus. Il n'aurait jamais imaginé observer les gestes machinaux d'un maréchal-ferrant, criant de naturel. Il se doutait bien qu'un autre personnage se retrouverait en situation de danger mortel, l'un des membres de premier plan de la communauté d'Alexandria, débusqué par l'un des sbires de Negan. Il s'en suit un corps à corps brutal et bestial de 6 pages parsemées dans la narration d'une autre séquence haletante. Charlie Adlard s'en donne à coeur joie pour montrer des coups assénés avec force et maladresse et des visages tuméfiés, tâchés de sang. le lecteur encaisse les coups, même s'il sait que quelques heures plus tard les mêmes personnages ne porteront plus trace de ces coups. Robert Kirkman est également déchaîné avec une initiative non prévue de Rick Grimes pour profiter d'un moment de faiblesse de Negan et en finir rapidement, jouant le tout pour le tout, le lecteur ne pouvant pas arrêter sa lecture, quand bien même le monde s'écroulerait autour de lui, une pure merveille.

Ce tome 19 est une pure merveille en termes d'histoire, de tension narrative, de sensibilité vis-à-vis des personnages, de violence de sadisme, de réflexion sur le poids de la responsabilité qui accompagne le rôle de chef de communauté, d'aventure, de rebondissements, de moments à couper le souffle, etc.
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Pfff... Après cette lecture je suis un peu KO.
Je n'ai pas envie d'y retourner. Tout comme après la lecture du Tome 7. Je viens de monter en tension sur 2 tomes, et je sais déjà que le suivant sera encore pire. Et compte tenu du titre du Tome 21, cette tension ne va pas s'arrêter après la prochaine lecture.
Donc je crois que je vais devoir attendre quelques semaines avant de poursuivre...
Mais j'ai l'impression que depuis le début de la série, cette mini série (depuis le tome 16) est certainement la meilleure : ça me semble plus élaboré, plus travaillé, plus détaillé.... un peu comme la stratégie du groupe de survivants, qui se développe.
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En accordant une grande importance à vos retours, je remarque que le nombre de lecteurs diminue à chaque nouveau tome depuis le début de la série. Cependant, c'est particulièrement depuis l'arrivée de nos héros à Alexandria que cette baisse s'est accentuée.

Lors de sa sortie en version française, l'éditeur publiait 3 tomes par an, ce qui pourrait potentiellement être lié à cette tendance...

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Je crois que c'est l'album où on voit le moins de zombies, 3 vignettes à tout casser ; tout ça pour se consacrer aux préparatifs de la guerre contre Negan.
Un l'humour où on découvre toute l'importance de Rick mais aussi toute son impulsivité qui peut être contre productive.
Un épisode avec une scène encore sanglante (j'imagine si Walking Dead était couleur, de quoi vomir son quatre heure) et avec une scène intense dont on se demande comment cela va finir... c'est la force de walking Dead, un cliffhanger permanent plein de rebondissements.
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