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Walking Dead tome 31 sur 33
EAN : 9782413020530
153 pages
Delcourt (13/03/2019)
4.12/5   148 notes
Résumé :
Eugene rapporte le sabre de Michonne à Rick et celui-ci comprend alors qu'elle a choisi de rester au sein du Commonwealth au côté de sa fille. La Gouverneuse Milton arrive à Alexandria et Rick lui fait les honneurs de la visite. Tout semble se dérouler pour le mieux, mais il semble évident que les deux leaders ne partagent pas la même vision quant à la façon de gérer leurs communautés respectives...
Que lire après Walking Dead, tome 31 : Pourri jusqu'à l'osVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (18) Voir plus Ajouter une critique
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Les Zombies sont là !
Mais les 2 communautés sont déjà retranchées, bien, à l'abri...
La menace Zombi est éradiquée, ce n'est plus une Horde...


Les Zombis !
Enfin, vous ne les verrez que 2 fois. Et, à chaque fois, ils se font massacrer... D'accord, ils cherchent à vous manger, ( à manger simplement? ) mais remplacez les zombis par des pauvres, des révoltés, des étrangers...

La gouverneuse Pamela est en visite auprès de Rick, qui accepte le regroupement des 2 communautés. Bien sûr, rien ne se passera comme prévu ! Et, ce n'est pas la faute des zombies qui se font éclater la cervelle...

J'ai peur, que comme le titre, cette série ne soit déjà "pourrie jusqu'à l'os ! " et que ce ne soit réservé à des gamins ! Il manque quelques péripéties, car ce sont des clichés s'enchaînent et qui manquent de réflexion, de cervelle ? ( pardon, hein!)

Les 2 groupes s'opposent... Personne ne veut réfléchir, on doit montrer sa force... Il faut faire un choix, c'est une dictature qui s'affiche, sous un couvert de Liberté...etc.

Remplacez les zombies par des mendiants, des va-nu-pieds, des pauvres qui traînent dans la rue, qui quémandent, cherchent à manger. Puis mettez en face des soldats, vêtus comme des Stormtroopers, des soldats de l'Empire... Et, c'est un massacre !
Les "bons, les vivants" font même un détour afin de pouvoir exterminer les "méchants zombis"...


Vous aurez, comme dans d'autres pays pauvres du Monde, des déshérités qui se font tuer, quand ils manifestent... En "revenant" ( pardon encore !) sur les choix des personnages de la BD, on voit qu'ils n'ont aucun choix.
Tout comme les zombis, qui sont là seulement en toile de fond...

Lisez la BD, en écoutant Thriller de Michael Jackson.
Ou réfléchissez, avant... avant que les zombis ne vous mangent le peu de cervelle qui vous reste ! Aucun pathos, avec les personnages...


Mais, si c'est pour les "dzeunes", je vous concède qu'ils peuvent aimer!
Quoique que c'est réducteur ( de tête), de le penser.
Et, je me creuse la cervelle, pour savoir comment cette épidémie a gagné les scénaristes et a sclérosé cette série intéressante, au départ...
Un Passé décomposé, qui montrait Rick, un homme se frayer un chemin, à travers des hordes de Zombis, à la recherche de sa femme et de son fils, et d'autres survivants...

Le dernier homme sur terre, mais, " Je ne suis qu'une légende?"
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Ce tome fait suite à Walking Dead, tome 30 : Nouvel ordre mondial (épisodes 175 à 180) qu'il faut avoir lu avant. Il comprend les épisodes 181 à 186, initialement parus en 2018, écrits par Robert Kirkman, dessinés par Charlie Adlard (qui a également réalisé la couverture) et encré par Stefano Gaudiano, avec des nuances de gris appliquées par Cliff Rathburn.

Pamela Milton (la gouverneure du Commonwealth) reste sans voix devant le spectacle de la mer qu'elle contemple depuis une élévation de la communauté d'Oceanside, avec Rick Grimes à ses côtés. Elle ignore une remarque trop prosaïque de Maxwell Hawkins. Puis Grimes l'emmène voir Pete, le cuistot. Au Commonwealth, Michonne annonce la nouvelle à Elodie, à sa savoir sa décision quant à la proposition de Lance Hornsby de s'installer sur place. À Hilltop, Carl Grimes fait la connaissance de Joshua, un adolescent de son âge, nouvellement arrivé, dont les parents sont en train de passer les entretiens avec les responsables de la communauté. À l'intérieur d'un bâtiment, Maggie Greene discute avec Aaron et Paul Monroe (Jesus). Ils évoquent le fait que les parents de Joshua sont restés quelques temps avec les Chuchoteurs, la certitude de la mort de Beta, la rapidité de la reconstruction de Hilltop.

La délégation du Commonwealth a repris la route et Juanita Sanchez (Princess) en profite pour remercier Rick Grimes de l'avoir acceptée aussi rapidement dans leur communauté. Il est toujours autant déstabilisé par son babillage incessant. Un peu en avant, Dwight signale l'arrivée d'une harde de zombies. Rick Grimes prend la tête des opérations et requiert l'aide de Mercer et de ses soldats du Commonwealth. Après une courte discussion, Mercer accepte et les cavaliers dépassent la harde pour capter son attention et changer sa direction pour s'assurer qu'elle ne se dirige pas vers Oceanside. Contrairement à la consigne qui lui avait été donnée, Pamela Milton demande à son cocher de suivre les cavaliers et de rapprocher son attelage des zombies. le tour des sites des communautés de Grimes continue par le Sanctuaire sous la responsabilité de John, puis par le Royaume toujours sous la responsabilité de William. La visite guidée se termine par un bref séjour à la communauté Hilltop, où Rick retrouve son fils.

En finissant le tome précédent, le lecteur savait que c'était plié : depuis le début, Rick Grimes a oeuvré pour construire une société plus juste que la précédente, à l'opposé de celle du Commonwealth rétablissant les individus dans leur position sociale précédente. Il ne fait donc pas un pli que la simple présence de Rick Grimes dans la cité du Commonwealth va provoquer des remous et que cette incompatibilité politique va se solder par un affrontement. Sans surprise ce tome confirme la chose, mais pas du tout comme le lecteur pouvait l'imaginer. Come à leur habitude, Robert Kirkman & Charlie Adlard se montrent bien plus intelligents que ça et en même temps bien plus directs. Avec la découverte du Commonwealth, la série a franchi un nouveau palier, et la civilisation a fait un bon en avant. Au sein du Commonwealth, tous les biens de consommations semblent à nouveau disponibles, ainsi que des appartements et des maisons de haut standing, avec électricité et appareils ménagers. Côté communautés reliées à Alexandria, le commerce a repris entre ces embryons de cités états toutes inféodées à la vision de Rick Grimes, avec une autonomie plus ou moins importante. La menace zombie semble jugulée pour ne plus apparaître qu'épisodiquement. Dans ce tome, elle permet à Rick Grimes de tester son ascendant sur les forces armées du Commonwealth, à Michonne de faire une démonstration de son habileté au sabre devant un membre de sa famille qui n'en revient pas, et à Pamela Hamilton de prouver qui est la cheffe. le lecteur a droit à un dessin en double de page d'une harde de zombies en train d'avancer, ne faisant plus trop peur. Il se rappelle que le terme de morts marchants avait également été utilisé par Rick Grimes pour désigner les individus ayant survécu.

Le lecteur sait bien que les auteurs prendront le temps qu'ils veulent pour arriver à la phase de conflit inéluctable entre Rick Grimes et le Commonwealth. Il prend son mal en patience en suivant le cortège de la gouverneure faire le tour des cités d'Alexandria : Oceanside, le Sanctuaire, le Royaume, Hilltop, Adlard et Gaudiano réalisant des arrière-plans où le lecteur reconnaît immédiatement les 2 caractéristiques principales de chacun de ces lieux. Il observe les manoeuvres de Milton et de Grimes pour s'impressionner l'un l'autre et faire la démonstration de leur force de manière déguisée. le scénariste entremêle des scènes tirées d'autres endroits avec d'autres personnages pour donner des nouvelles de plusieurs personnages. Dès la première, la paranoïa du lecteur se manifeste sans demander la permission. Qu'est-ce que c'est que cette histoire d'un couple avec leur fils qui ont vécu un temps avec les Chuchoteurs ? Pourquoi Maggie Greene est-elle si inquiète à l'idée que plusieurs d'entre eux aient pu survivre ? Que va penser Pamela Milton en écoutant l'histoire de Negan racontée par Rick Grimes ? Pourquoi Maggie Green se montre-t-elle agressive vis-à-vis de Pamela Milton ? Pourquoi Eugene Porter se pose encore la question de l'effectif de la population du Commonwealth ? le babillage incessant de Juanita Sanchez cache-t-il quelque chose de sinistre ? Carl serait-il tenté de tromper Lydia dont le lecteur se souvient que la personnalité n'est pas forcément très équilibrée et qui a été une Chuchoteuse ? Autant de raisons de s'inquiéter. Bien sûr, le lecteur n'est pas dupe : il sait très bien que Kirkman installe ces situations équivoques pour le déstabiliser et que le moment venu, il développera la situation d'une autre manière. Mais quand même…

Ça ne rate pas non plus : Kirkman, Adlard, Gaudiano et Rathburn continuent de réaliser des visuels choquants, des scènes spectaculaires pour être sûrs de conserver l'attention du lecteur avec une image choc, un comportement inattendu. Alors que Grimes et les soldats se lancent pour détourner la harde de zombies, il se produit un événement perturbateur qui fait que 2 personnes sont entourées, puis submergées par des zombies, avec une dramatisation visuelle de la situation. Quand Pamela Milton demande à Rick Grimes s'il va poser des problèmes, il a un sourire en coin des plus ambigus. le lecteur n'échappe à deux rivières de larmes abondantes, comme Adlard en a le secret, une pour Michonne, une pour Grimes, pour être sûr que le lecteur comprenne bien l'ampleur de leur trouble intérieur. Quand Pamela Milton revient de sa tournée des communautés, elle trouve sa ville avec un feu et de la fumée abondante. le lecteur tique un peu devant cette coïncidence qui veut qu'elle revienne pile à ce moment-là pour être témoin de ce spectacle. Il sourit plus quand lorsque le nom de Negan est évoqué, une petite case en bas à droite de la page se focalise sur une raquette de ping-pong, évoquant son ancienne profession. Les auteurs sont toujours des maîtres dans l'art de la dramatisation, et ils n'oublient jamais qu'ils racontent avant tout un récit de divertissement.

Ce sens du spectaculaire ne les empêche en rien de se montrer subtiles et sensibles dans les relations entre les personnages, ou dans l'évolution globale de la situation. Depuis plusieurs tomes, le lecteur peut éprouver la sensation de perdre un peu d'empathie vis-à-vis des personnages. Les raisons sont multiples. Pour commencer leur nombre va en augmentant, avec un taux de renouvellement qui reste significatif. Kirkman & Adlard savent présenter de nouveaux personnages de manière à ce qu'ils s'installent immédiatement dans la mémoire du lecteur : impossible d'oublier Juanita Sanchez (mais est-elle vraiment bien dans sa tête ?) ou l'insupportable Sebastian Milton (le fils gâté de Pamela Milton). Dans le même temps, comment s'appelle la dame qui accompagne Eugene Porter ? Cela finit par revenir et Adlard et Gaudiano font en sorte dans ce tome que le lecteur n'oublie plus le prénom de Stephanie, pas simplement pour sa relation avec Eugene Porter, mais aussi une particularité totalement inattendue de sa chevelure. le lecteur n'est pas près non plus d'oublier le nom de Mercer, le responsable des forces de maintien de l'ordre du Commonwealth. Par contre, il se rend compte qu'il avait déjà oublié Kayla et il se demande bien pourquoi elle a été intégrée dans le cercle rapproché de Maggie Greene.

Kirkman, Adlard, Gaudiano et Rathburn sont également toujours aussi doués pour représenter les scènes du quotidien et pour faire passer les émotions nuancées. le lecteur sourit de bon coeur quand il voit Carl Grimes encourager Sophia à se rapprocher de Joshua. Il comprend le malaise de Michonne qui se rend compte qu'elle a fait une gaffe carabinée en parlant du statut de serveuse, en présence d'une serveuse. Il suffit d'un regard de Michonne pour comprendre sa confusion et le regret qu'elle ressent à avoir ainsi rabaissé cette profession. Les auteurs se montrent encore plus subtils lorsque 2 personnes croisent Rick Grimes dans une rue du Commonwealth et lui font part de leur intention d'intégrer l'une des villes d'Alexandria. Visuellement la scène est d'une banalité et d'une évidence confondantes, avec un naturel décontracté, et le visage affable de Rick Grimes. Cela fait ressortir avec acuité le fait qu'il se retourne après qu'ils l'aient quitté, attirant l'attention sur l'énormité de l'échange. Ces scènes normales font également ressortir celles qui dépeignent des moments sortant de l'ordinaire, comme le visage tuméfié de Michonne, après avoir été battue comme un plâtre. Finalement, le lecteur se rend compte qu'il ressent avec force de nombreuses émotions et qu'il éprouve de l'empathie pour l'état d'esprit de nombreux personnages. Il peut aussi compter sur Kirkman & Adlard pour le cueillir au moment où il ne s'y attend plus.

C'est à se demander comment les auteurs réussissent encore à surprendre le lecteur pourtant habitué à ces moments chocs, sachant qu'ils vont survenir, les guettant. Pourtant la fin de ce tome le surprend par un acte de violence énorme, découlant du comportement d'un personnage qui se montre agressif depuis plusieurs tomes, ne réussissant pas à gérer ses difficultés à se conformer aux exigences sociales d'Alexandria, c'est-à-dire une évolution organique sur le long terme. Dans le même ordre d'idée, Kirkman dépasse les attentes du lecteur en ce qui concerne la dimension politique du récit. Avec le Commonwealth, le retour à une civilisation moderne est déjà entamé, y compris par le rétablissement de catégories sociales, avec des individus bénéficiant de plus d'avantages que d'autres en fonction de ce qu'ils apportent à la société instituée. le lecteur s'attend tout naturellement à ce que Rick Grimes manifeste sa désapprobation quant à cette société inégalitaire et injuste, contre cet état policier dans lequel les forces de maintien de l'ordre sont casquées de sorte à ce que le visage et les yeux des policiers ne soient pas visibles. En outre, Pamela Milton a opté pour un état policier, avec un maintien de l'ordre pouvant s'avérer violent, évoquant une forme de répression des citoyens. C'est plié.

En fait, la situation est beaucoup plus nuancée et compliquée que ça. Depuis le départ, Rick Grimes est le compas moral du récit, et il ne se conduit pas comme les autres l'attendent. Il y a donc peu de chances qu'il prenne la tête d'une potentielle rébellion. D'ailleurs, Robert Kirkman joue habilement sur la réalité du degré d'insatisfaction des citoyens du Commonwealth. Son scénario joue adroitement sur la différence qui existe entre se résigner à son sort, ou l'accepter. Certains citoyens refusent de se soumettre à une autorité policière ; d'autres se souviennent de leur vie avant le Commonwealth et ont bien conscience de la sécurité que leur procure cette société. Il y a alors un jeu entre le lecteur et les auteurs, de savoir quel est le degré de mécontentement de ce peuple et s'il est suffisant pour inciter les individus à passer à l'action. Ce pan du récit questionne directement le lecteur sur sa propre attitude vis-à-vis de la société dans laquelle il vit, de son acceptation des inégalités et des injustices, de l'imperfection du système. Kirkman continue de jouer sur l'ambiguïté de ce que montre Adlard. Quand Pamela Milton rejoint Grimes dans la rue pour aider à ramasser les déchets, est-ce sincère, ou est-ce un comportement démagogique à seule fin de redorer son image ?

La finesse du discours politique de Robert Kirkman ne se limite pas à mettre en scène la tolérance de l'individu vis-à-vis des imperfections de sa société. Il place également Rick Grimes dans une position très inconfortable. Au-delà de ses valeurs morales, il se retrouve à questionner les actions et les choix de Pamela Milton qui a été élue par un peuple, alors que lui-même a pris le rôle de meneur par la force des choses, dans un état d'urgence, sans démarche démocratique. Il est devenu le responsable d'une communauté parce qu'il était le plus à même d'assurer sa survie, et parce que la tentative de prise de décision par comité s'était soldée par un échec. Il n'en reste pas moins que sa légitimité de représentant du peuple n'est pas aussi bien établie que celle de Pamela Milton. Dans ces conditions, toute démarche qu'il voudra entamer à son encontre relève plus d'une forme de coup d'état par la force que d'un processus démocratique.

Tome après tome, les auteurs démontrent leur capacité épatante à réaliser un récit de divertissement intelligent. Charie Adlard & Stefano Gaudiano sont passés experts dans l'art de doser leurs effets, allant de la mise en scène naturaliste, à la dramatisation intense. Robert Kirkman poursuit son ambitieuse oeuvre politique, sans sacrifier à la dimension humaine et émotionnelle de son récit.
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À priori, il s'agirait de l'avant-dernier volume de cette saga - que je quitterais avec une pointe de regret, bien que je sois contente que ça prenne fin. Nous retrouvons donc Rick, Michonne et les autres peu de temps avant le bouquet final. La nouvelle communauté, Commonwealth, rassemble 50 000 personnes et, à vue de nez, semble être l'endroit rêvé.

Seulement... Certaines personnes se plaignent et d'autres se rendent compte que tout n'est pas si rose. En effet, la hiérarchie est extrêmement présente à Commonwealth, se basant sur les principes de la société que nous connaissons, celle qui existait avant l'invasion de zombies.

C'est peut-être pour cela que j'ai trouvé ce trente-et-unième tome particulièrement politisé. En effet, Robert Kirkman évoque largement les conflits et problèmes que nous connaissons. Ainsi, je n'avais même plus l'impression de lire un comics post-apocalyptique, puisque les morts-vivants sont plus-que-jamais mis au second plan, laissant la psychologie des vivants faire le travail.

Et ça marche. J'ai trouvé ce tome vraiment intéressant, j'étais plongée dans l'histoire et j'avais envie qu'elle continue. Il y avait de quoi faire un nouvel arc narratif, et je me demande comment le scénariste, Robert Kirkman, toujours accompagné de Charlie Adlard pour les illustrations, va s'y prendre pour arrêter la série.
Lien : http://anais-lemillefeuilles..
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Cette bande dessinée me replonge un peu par hasard dans l'univers graphique des Walking Dead. Le dessin est toujours assez réaliste, malgré certaines maladresses dans les ombres et les traits des visages, à moins que ce soit voulu. Le parti-pris du noir et blanc fait bien sentir la laideur affreuse de ce monde d'après l'apocalypse, et la violence des personnages, mutilés, émotifs et brutaux, marqués par les stigmates de la catastrophe. La menace des Rôdeurs morts-vivants passe ici au second plan sans disparaître, puisque le récit se concentre sur l'engagement des héros au milieu des complexités de la vie communautaire. Dans les premiers volumes, je crois, les horreurs de la vie, le déchaînement des volontés de puissance faisaient apparaître l'ordre ancien comme souhaitable : un pouvoir central protégeait les citoyens en se réservant le monopole de la violence armée. Mais le monde normal s'est effondré, et ceux qui lui ont survécu ont tenu bon parce qu'ils savaient prendre les armes contre les morts et surtout contre les vivants. Comment revenir à la situation d'avant, comment renoncer à la liberté que donne la possession d'une arme, pour jouir à nouveau du confort confiant d'une vie policée ? Cette question, déjà posée dans d'autres volumes de la série, est rendue plus aiguë encore ici, car les héros voient bien que l'ordre ancien, pour rassurant et confortable qu'il soit, est aussi profondément injuste et inégalitaire. Or la vie sur la route, la lutte pour la survie, favorisent la coopération de tous les membres d'un petit groupe à égalité de devoirs et de droits. Comment renoncer à cette vie dans les bois, sauvage, dangereuse et fraternelle, et accepter l'injustice sociale pour prix du confort ?

Ce trente et unième volume est une mise en images de la pensée de Thoreau, en somme, et de réflexions sociales proprement, profondément, américaines. L'Amérique, ne l'oublions pas, a été peuplée d'émigrants, rompant avec la tyrannie et la misère de la vieille Europe, et qui rêvaient autant de liberté et de justice, que de prospérité.
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L'émeute.
Comme naguère le roi en son époque révolue, Pamela Milton, gouverneuse de la Communauté forte de ses 50 000 âmes, prend carrosse et parcourt le vaste monde zombifié, en visite diplomatique avec Rick Grimes afin de constater de visu l'existence d'Alexandria et de ses satellites, potentiels groupements ruraux aptes à pourvoir en produits de bouche son bel Etat policé. Il faut que le péquenot montre patte blanche. Malgré quelques escarmouches en chemin, tout semble se jouer sur du velours jusqu'au retour dans la Communauté où le système des castes a généré suffisamment de frustration pour qu'émeutes explosent et mort s'ensuivent.
Pamela, lisse et propre, la frange fofolle mais domptée a su reproduire un système politique basé sur la hiérarchie, l'exploitation et la jouissance des nantis au détriment d'une masse laborieuse cadenassée dans ses aspirations sociétales. Au prétexte de bénéficier d'une relative prospérité et d'une sécurité assurée, les membres de la Communauté perdent leurs libertés. Qu'une querelle personnelle éclate et dégénère entre un civil et un policier, les émeutes embrasent la rue, aussi sec qu'un coup de trique !
Le scénariste Robert Kirkman, fort du succès de sa série phare déclinée à l'envi (série télévisée, romans, jeux vidéo), prend le temps d'installer ses ambiances, d'instiller ses poisons, d'insuffler le doute. En donnant à voir simultanément la vie dans différentes communautés, il permet que les lectures se chevauchent et s'enrichissent, confrontant diverses situations, entre reconstruction et gâchis, amour et discorde, progrès et dégringolade, une lutte constante entre l'ordre et le chaos. Que faut-il abdiquer pour être protégé ? Un système liberticide est-il tenable à long terme ? Comment contrecarrer les dérives d'une organisation ? Bien des questions sont posées en filigrane, bien des comparaisons avec l'actualité se font, même si la bande dessinée prévaut. L'action jaillit, sporadique mais elle est préparée, accompagnée. Elle fait sens et induit des conséquences. Charlie Adlard a nettement progressé dans le rendu des expressions faciales, moins figées la bouche grande ouverte et l'oeil révulsé, plus riches de sous-entendus. Sa mise en page et ses cadrages intensifient les échanges entre les personnages. Bien plus pernicieuse que son homologue masculin, feu le Gouverneur, Pamela Milton, femme à poigne incapable de contrôler son fiston, prend le temps de gagner la sympathie et le coeur de ses futures ouailles mais les illusions sont tenaces et la lucidité déflagrante. le suspense en fin de volume n'annonce pas des lendemains de fête.
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critiques presse (3)
SciFiUniverse
23 janvier 2020
Toutes ces failles, toutes ces hésitations, tous ces emportements sont présentés au sein d'un album qui alterne les séquences d'action surprenante avec les moments plus intimes.
Lire la critique sur le site : SciFiUniverse
ActuaBD
26 avril 2019
Une fois encore, Walking Dead parvient à prolonger l’aventure de manière renouvelée et pertinente. La réflexion sur la société offerte par ce monde post-apocalyptique paraît sans fin et Robert Kirkman continue à nous proposer un reflet déformé et grinçant de notre propre monde.
Lire la critique sur le site : ActuaBD
Sceneario
03 avril 2019
Adlard et Gaudiano font toujours de l'excellent ouvrage. Les artistes nous offrent quelques bonnes scènes chocs, mais aussi une construction très réussie qui insiste sur la pression dégagée par cette intrigue. On peut aussi admirer les superbes couvertures dont la mise en couleurs est signée Dave Stewart.
Lire la critique sur le site : Sceneario
Citations et extraits (8) Voir plus Ajouter une citation
On a besoin de combien de soldats dans les rues pour se sentir "en sécurité" ? Vous croyez qu'on est aveugles ?
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On ne peut pas laisser les gens perdre foi en nos agents... Ou en la protection qu'ils nous apportent... Ou en notre capacité à les juger dignes d'être armés.
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- Il y avait un très bon vin et des fromages très chers.
- Désolée. Ils en avaient plus besoin que nous.
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Ce serait chouette, mais tu sais comment ça se passe. Les périodes calmes...c'est juste une façon de tuer le temps entre deux moments d'horreur.
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- alors, ça y est ? Les chuchoteurs ont disparu ? C’est vraiment fini ?
- à moins qu’il y en ait eu d’autres qu’on ne connaissait pas, ouais. Ils sont tous morts.
Sans un cri, si je puis dire.
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