S'il existait un prix de la pus mauvaise quatrième de couverture,
La leçon du mal serait au moins nominée.
Tout d'abord parce qu'elle nous annonce d'emblée que le professeur Hasumi est un psychopathe alors que cette psychopathie, et c'est l'un des mérites du livre, ne nous est révélée que par touches successives, dans un crescendo de petites touches, qui nous conduit au final terrifiant (que pour ma part j'ai trouvé un peu grand-guignolesque, mais passons. Au point que dans les premières pages, le personnage apparaît normal et même sympathique, ce qui m'a plongé dans un certain trouble en raison de ce que l'on m'avait énoncé.On m'a parfois reproché de spoiler à l'excès dans mes chroniques, cela peut arriver à un critique, mais plus rarement à un éditeur. Cela peut s'expliquer par une simple maladresse, et après tout certains « prière s'insérer » sont visiblement dus à un rédacteur qui n'a pas lu ce livre , mais peut-être aussi parr un souci commercial bien compris : le psychopathe tueur en série ou de masse, c'est vendeur !
Cette deuxième explication est d'autant plus probable que la quatrième de couverture nous promet carrément un «
American psycho japonais » ; ça aussi c'est vendeur.
C'est vendeur et c'est faux, et là est mon deuxième reproche ; parce que si Hasumi est bien un tueur en série, Patrick Bateman n'en est pas un, contrairement à ce qui ont mal lu le livre de
Brett Easton Ellis (*)
Bon, assez digressé et critiqué l'éditeur, passons maintenant au fond du livre.
Je ne vais pas vous raconter l'histoire, la quatrième de couverture vous en a bien assez dit comme çà.
Disons pourtant que la narration est très habile ; la vérité du personnage, comme je l'ai dit, nous est révélée par touches successives et dans une progression très habile ; alors qu'au départ, si l'on avait pas été prévenu à son sujet, on le trouverait presque sympathique, au final il apparaît comme un monstre froid.
Ledit final, d'ailleurs, grand-guignolesque, n'est certainement pas la meilleure partie du livre, et, malgré quelques twist assez réussis à la toute fin, je m'y suis un peu ennuyé.
Un autre intérêt du livre est de permettre de découvrir une société japonaise surprenante, et assez différente de ce que nous croyons en savoir généralement, beaucoup moins policée et plus brutale dans les rapports entre individus, finalement plus violente que la nôtre, moins respectueuse de l'autorité et de la tradition.
L'action se déroule principalement dans le cadre d'un lycée, qui ne semble pas si différent des nôtres, sauf une sélection beaucoup plus forte.
Le tout constitue finalement un ouvrage intéressant et méritant d'être lu.
Un autre roman de l'auteur, que je n'ai pas encore lu, vient de paraître en tançais sous le titre «
La maison noire » ; mais ce n'est pas son deuxième livre ; en effet
La Maison Noire est parue au Japon en 1996 alors que
La leçon du mal date de 2010.
Un troisième ouvrage de
Yusuke Kishi doit paraître en avril.
(*)A ce sujet, Ellis écrit dans
LUNAR PARK: « il n'y avait personne dans le monde réel qui fût aussi dérangé et vicieux que ce personnage de fiction. de plus, Patrick Bateman était un narrateur notoirement indigne de confiance et si vous aviez réellement lu le livre, vous en veniez à douter que ces crimes aient été commis. Il y avait des indices insistants qu'ils n'existaient que dans l'esprit de Bateman. Les meurtres et la torture étaient en fait des fantasmes nourris par sa rage et sa fureur contre la façon dont la vie était organisée en Amérique et la façon dont il avait été – en dépit de sa fortune – piégé par ça. Les fantasmes étaient une échappatoire. C'était la thèse du livre. Ça parlait de société, des modes et des moeurs, et non de découpage de femmes. Comment quiconque avait lu le livre ne pouvait voir ça ? «